(Pour l’élévation de l’âme du Rav Leibel ben Morde’haï Avraham Yeshaya Groner)

Au chef du conseil municipal de la ville de Tchébialinsk et membre influent du K.G.B qui lui demandait :
– Quel est votre titre ? Rabbi Yossef Itz’hak répondit :
– Juif !
Le chef, étonné par la réponse du Rabbi, s’exclama :
– Tous ceux qui descendent d’Israël sont juifs. Est-ce là un titre ?
– Absolument. Tous ceux qui descendent d’Israël sont juifs. Et c’est cela qui est leur véritable titre, car il ne s’interrompt pas, il ne se change pas. Tous les autres titres sont perdus par leurs détenteurs s’ils commettent des fautes. Alors que celui de Juif n’est même pas perdu par celui qui agit mal, ainsi qu’il est dit : ‘Un Israël qui a commis une faute reste un Israël ‘, car l’étincelle juive qui réside dans le cœur est éternelle !’

Cette déclaration du Rabbi précédent s’accorde à l’un des enseignements du Rabbi extrait du Dvar Mal’hout sur la Paracha Chemini dont nous commencerons la lecture avec l’aide d’Hachem pendant la prière de Min’ha de ce Chabbat.

Pendant sept jours Moché monta et démonta le Michkan, et seulement le huitième jour il ne le démonta pas. Ce huitième jour, la présence divine se dévoila dans le Michkan (le Temple portatif dans lequel l’Éternel se dévoilait à Moché durant le séjour des enfants d’Israël dans le désert).

Le Rabbi nous enseigne la signification du chiffre sept et du chiffre huit. Le chiffre sept représente la perfection de ce monde, car le monde fut créé en 6 jours et le septième jour, qui est le jour du Chabbat, apporta le repos en ce monde. Ainsi, le chiffre sept symbolise la lumière divine qui s’habille dans la Création, dans ce monde matériel, et qui de ce fait est une lumière limitée.

Le chiffre huit symbolise la lumière divine qui est au-delà du monde, et le huitième jour fut celui de la révélation de la Présence divine. Le point souligné par le Rabbi est que la lumière du huitième jour ne fut pas séparée du monde, car au contraire le monde devint un réceptacle du dévoilement divin. Ce monde limité devint le réceptacle d’une lumière illimitée. La Présence divine unifia deux contraires, l’illimité et le limité.

Aussi, du fait que le Michkan est construit par les mains de l’homme, il apparaît que c’est par son œuvre que l’homme attire le dévoilement de la Présence divine à l’intérieur du Michkan, et que cette lumière peut ensuite se dévoiler dans l’univers entier.

Cet enseignement du Rabbi s’applique au sujet de l’âme. Simplement par le fait que la mission de chaque juif consiste à faire de soi-même un Michkan (un réceptacle) capable de recevoir le dévoilement de l’Essence divine. En ce sens, les sept jours des Milouim, qui précédent et constituent la préparation au dévoilement du huitième jour, correspondent au travail nécessaire pour ce dévoilement, lequel correspond au dévoilement de l’essence de l’âme Juive.

Le chiffre sept correspond donc à la partie de l’âme qui s’habille dans le corps (comme la lumière divine qui s’habille dans le monde) et le chiffre huit à la partie de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps (comme la lumière infinie qui ne s’habille pas dans le monde).

La ‘Hassidout aborde longuement le sujet du dévoilement de l’Essence divine (symbolisée par le chiffre huit). Or, la réponse du Rabbi Rayats au membre du K.G.B, exprime avec clarté ce dévoilement. Le Rabbi répond en effet que le véritable titre d’un enfant d’Israël est celui de ‘Juif’ et que ce titre ‘ne se change pas’.

De fait, l’Essence divine a pour qualité de ne pas changer, ainsi que déclare l’Eternel : ‘Je n’ai pas changé’.

L’Admour Hazaken explique dans le Likouteï Torah que l’expression ‘de toute ton âme’ (prière du Chéma) désigne la force de ‘messirout néfech’, la capacité de chaque juif de faire don de sa propre vie pour sanctifier le Nom de D.ieu. Or, cette force ne découle absolument pas de l’intellect. C’est pourquoi nous employons l’expression ‘au-delà de l’intellect’, car cette force découle de l’essence de l’âme, laquelle est bien au-delà de l’intellect, puisque l’essence de l’âme fusionne avec la lumière d’Ein Sof.

Cependant l’Admour Hazaken explique que ‘de toute ton âme’ a également un autre sens. Il enseigne que l’intellect est un réceptacle de l’essence de l’âme. Comme pour les mondes supérieurs, la séfira de ‘Ho’hmah ilaa du monde d’Atsilouth est un réceptacle de la lumière d’Ein Sof.

En effet, la Torah est la Sagesse de D.ieu du monde d’Atsilouth dans lequel s’habille la lumière divine infinie. L’attribut de ‘Ho’hmah du monde d’Atsilouth illumine l’attribut de ‘Ho’hmah des mondes de Bria, Yetsira et Assyia, et s’habille dans les Halakhot de la Torah. De ce fait, quand un Juif étudie une Halakha, alors sa ‘Ho’hmah s’unit à la ‘Ho’hmah divine contenue dans cette Halakha.

Aussi, ‘de toute ton âme’ ne désigne pas seulement la force de ‘messirout néfech’ mais symbolise également l’union des pensées des paroles et des actes de l’homme à la pensée la parole et l’action divines. Par le fait d’unir son intellect à la Sagesse de la Torah, un juif unit l’essence de son âme à l’Essence divine.

Cet enseignement de l’Admour Hazaken s’accorde avec l’enseignement du Rabbi. L’intellect est une force limitée, à l’image du chiffre qui représente ce monde limité comme il a été expliqué précédemment. Or, c’est précisément par l’étude de la Halakha que l’intellect devient un réceptacle de l’essence de l’âme, laquelle est comparable au chiffre huit qui représente la lumière divine infinie, dévoilée dans le Michkan.

De la même façon, nous devons agir dans ce monde limité dans le but d’attirer la lumière de la Délivrance finale et la venue du Machia’h qui dépassent toutes les limites de ce monde. Il convient pour cela de s’attacher à l’exemple du Rabbi précédent, tout simplement, en agissant comme un ‘Juif’.