Chabad.org, traduit par Hassidout.org

 

Curaçao est l’une des îles Sous-le-Vent aux Petites Antilles (Caraïbes), formant un État autonome au sein du royaume des Pays-Bas depuis la dissolution de la fédération des Antilles néerlandaises en 2010. Elle compte environ 150 000 habitants pour une superficie de 450 km2. Sa capitale est Willemstad.

Curaçao abrite une communauté juive depuis 1651, lorsqu’un petit groupe de colons à la recherche de débouchés économiques – des descendants de Juifs espagnols et portugais installés aux Pays-Bas après avoir été expulsés en 1492 – s’embarquent pour cette île hollandaise. dans les Caraïbes. La communauté sépharade, très soudée, s’installe rapidement dans leur nouveau monde et, en 1732, elle construit une magnifique synagogue, un Mikvé, qui existe encore aujourd’hui et est visitée quotidiennement par des milliers de touristes chaque année.

 

Selon la tradition locale, le premier juif ashkénaze est arrivé à Curaçao par accident en 1920. Cet homme qui rêvait du Nouveau Monde a embarqué dans un paquebot pour l’Amérique en destination de New York. Il ne savait pas que lorsque le capitaine accueillait ses passagers à terre, il les accueillait sur une île des Caraïbes, et non New York leur destination finale. Il réalise que cette île a un grand potentiel et decide de s’y installer. Une deuxième communauté a commencé à se former.

La population juive a reçu un coup de pouce important peu de temps après, quand ils ont été rejoints par des parents qui avaient survécu à l’Holocauste, amenant la communauté ashkénaze à sa taille maximale de 230 familles.

Les deux communautés juives ont conservé des synagogues séparées avec leurs propres coutumes et traditions respectives. Pendant de nombreuses années, la vie religieuse sur l’île a été vibrante, les deux communautés comptant de nombreux membres. Mais au fil du temps, la vie juive a commencé à décliner.

Cependant, la présence de représentants Loubavitch a été une constante au fil des ans. Déjà en1940, le futur Rabbi de Loubavitch commença à envoyer des étudiants rabbiniques itinérants dans des communautés isolées du monde entier chargés de lourdes valises de livres de Torah et de produits Cachers. Depuis les années 50, les îles des Caraïbes, y compris Curaçao, ont reçu des visites régulières de jeunes Chlou’him.

Eli Groisman a grandi à Curaçao dans les années 1980. « Il n’y avait pas d’école juive sur l’île à l’époque. Mes parents m’ont donc inscrit à l’école protestante locale», rapporte Eli, qui est devenu aujourd’hui un Hassid Habad.

« J’ai passé des moments très difficile dans cette école », poursuit-il. « Bien qu’avoir été élevé dans un foyer non-pratiquant, j’ai obstinément refusé de participer aux services religieux et aux cours de catéchisme qui faisaient partie du programme. Les autres élèves se moquaient de moi tous les jours et provoquaient des bagarres. J’ai senti que mes professeurs et le directeur de l’école prenaient leur parti. Mes parents étaient très préoccupés au point d’envisager de me retirer de l’établissement ».

Peu de temps après, mon père rêve qu’il se voit, à l’âge de 3 ans, assis sur les genoux de sa grand-mère qui lui dit: « Liuvu [‘mon amour’ en russe], lorsque tu as des ennuis, le seul qui peut t’aider est le Rabbi de Loubavitch! ». C’était la première fois que son père entendait parler du Rabbi de Loubavitch.

Le lendemain, il entre dans la petite synagogue ashkénaze et verse son cœur dans la prière. En sortant de la synagogue, un rabbin vient à sa rencontre et lui dit: « Nous avons été envoyés par le Rabbi de Loubavitch. Nous voulons avoir des informations sur la communauté. » C’était le Rav Moshe Kotlarsky.

« Mon père raconte alors au Rav Kotlarsky ma situation critique dans l’ecole et me présente à lui », poursuit Eli. « Ma première question au Rav Kotlarsky était: » Est-ce que l’on est autorisé à te défendre si quelqu’un vous frappe et vous traite de sal juif? « J’avais été impressionné de voir que dans les films et les émissions de télévision sur l’Holocauste, les Juifs étaient faibles et ne se défendaient pas. Il répondit: ‘Vous devez vous défendre et faire de tels dégâts qu’ils ne recommenceront jamais!’ J’ai pensé que ce rabbin était vraiment cool. » Eli Groisman s’envole donc pour New York le même été pour aller au Camp Gan Israel et commence ses études à la Yechivah.

Il y a vingt ans, le Rav Ariel Yeshurun et son épouse ​​ont déménagé à Curaçao pour diriger la communauté ashkénaze. Sous la direction du Rav Yeshurun, un magnifique centre communautaire « Shaarei Tsedek » a été construit. Mais le Rav et son épouse sont partis en 2011 et depuis, les 350 Juifs de Curaçao se sont retrouvés avec des synagogues mais sans rabbin. Les étudiants rabbiniques Loubavitch ont continué à organiser des programmes et des services de vacances plusieurs fois par an, mais une présence permanente était nécessaire. C’est le Rav Raphael et Hanni Silver (qui a grandi à New York et à Paris, respectivement) et leur petite fille Haya qui viennent finalement s’installer dans la petite île.

«Notre communauté rétrécissait», a déclaré Ivan Becher, président du Centre Communautaire « Shaarei Tsedek ». « Mais après avoir rencontré le Rav Raphael Silver, j’ai bon espoir que nous grandirons à nouveau. Je sais que les Loubavitch apportent le succès!  »

La famille Silver a atterri à Curaçao une semaine avant Rosh Hachana. Ils travailleront au Centre Communautaire Shaarei Tsedek et répondront aux besoins de toute la population juive de Curaçao: les sépharades, les ashkénazes, les non-affilés, les touristes et tous les autres.

« Le tourisme s’est beaucoup développé ces dernières années », rapporte le rabbin, « en particulier l’année dernière avec l’ajout de vols directs et la construction d’une jetée supplémentaire pour les bateaux de croisière. Nous avons déjà rencontré des centaines de touristes juifs du monde entier.  »

Dans les semaines à venir, ils lanceront des programmes tel que «Mommy & Me», des déjeuners-conférences hebdomadaires et des cours pour hommes et femmes.

« Nous sommes très heureux que le Rav Silver soit arrivé », déclare Armand Elmaleh, un habitant de l’île. « ils font déjà des choses incroyables. »

Le rabbin a été présenté au Premier ministre de Curaçao, Eugene Rhuggenaath, pour ce qui était initialement une réunion de cinq minutes et qui a duré près d’une heure. M. Rhuggenaath a révélé qu’il était impressionné par les projets de Habad de mobiliser les communautés juives sur l’île et de favoriser le développement de la pratique religieuse parmi les résidents et les touristes.

« Tout cela est très exaletant. Les Silver conviennent à Curaçao comme un gant », explique Rabbi Mendel Zarchi, co-directeur du Beth Habad de Porto Rico. « Ils degagent un enthousiasme et une vigueur, et la communauté les a embrassés avec amour.

Raphael et Hanni Silver reçoivent chaque Chabbat 10 à 15 invités à leur table. « Nous essayons d’atteindre chaque juif, » ajoute Raphael, « des familles qui sont ici depuis des centaines d’années aux touristes qui s’y promènent, ne sachant pas grand-chose de leur judaïsme. Nous sommes ici pour chacun d’entre eux.  »