La Barbade est une île relativement plate d’une superficie de 431 km2, se relevant doucement dans la région centrale montagneuse, le point le plus élevé est le mont Hillaby à 336 m. Son littoral a une longueur de 97 km.

Célèbre pour les plages blanches immaculées, le temps tempéré et les habitants amicaux, la Barbade a longtemps été un lieu touristique préféré. Maintenant, la nation insulaire des Caraïbes orientales a une autre attraction: son propre centre Habad -Loubavitch, dirigé par Rav Elie Chaikin et son épouse Sterna qui ont déménagé sur l’île l’hiver dernier.

« Les Chaikin ont été une bénédiction pour moi et mes enfants », dit Liz Amsili, qui est née en Israël, a grandi en Colombie et vit à la Barbade depuis 16 ans. « Nous aimons beaucoup passer le Chabbat avec eux. Ils sont un couple charmant, jeune et énergique; nous sommes si chanceux de les avoir ici. »

Le Rav Elie Chaikin, 26 ans, est né à Cleveland, Ohio. Son épouse, Sterna (Gurewitcz), 25 ans, est originaire de Brunoy en France. Ils se sont mariés en 2015 et ont une fille de deux ans.

Les deux fils d’Amsili, âgés de 11 et 4 ans, viennent régulièrement chez les Chaikin où ils participent à une école hébraïque informelle, apprenant à lire l’hébreu et les prières juives de base ainsi que la Paracha de la semaine et les fêtes juives.

La longue et impressionnante histoire juive de l’île remonte à 1628. Juste un an après que les Britanniques y aient établi leur colonie, un juif du Brésil est venu sur l’île. En quelques années, une communauté de commerçants séfarades actifs, s’est développée, dont les compétences et le leadership faisaient de la Barbade le premier exportateur mondial de sucre.

Avec le temps, ils construisirent une synagogue, un mikve et un cimetière, établissant leur communauté – qui atteignit 800 habitants au XVIIIe siècle – en tant que bastion du judaïsme dans l’hémisphère nord.

Le désastre frappe en 1831, lorsqu’un ouragan dévastateur déchire l’île et décime une grande partie de l’infrastructure. La communauté juive a diminué et la synagogue a officiellement cessé de fonctionner lorsque le dernier Juif est parti en 1929.

Quatre ans plus tard, en 1933, un Juif de Lublin, en Pologne, est venu sur l’île, découvrant un refuge sûr et prometteur contre l’antisémitisme qui déferlait alors sur l’Europe. Au cours des deux décennies suivantes, une nouvelle communauté s’est développée, cette fois dans la tradition ashkénaze.

En 1959, le Rabbi de Loubavitch envoya des étudiants rabbiniques pour visiter les juifs de l’île. Un an plus tard, une délégation de Loubavitch qui comprenait un Mohel a visité l’île, et 18 jeunes hommes ont été circoncis. Le Rabbi accordait une attention particulière à la communauté juive barbadienne, leur prêtant même son propre rouleau de la Torah pendant que le leur était réparé.

Mais la deuxième moitié du 20ème siècle a vu la communauté diminuer de nouveau, la plus vieille génération ayant décédée et les jeunes Juifs étant partis ou ayant été assimilés.

«Il y a une petite communauté juive stable ici», dit Eric Bowman, un avocat à la retraite, qui partage son temps entre Toronto et la Barbade. « Il y a beaucoup plus de juifs qui viennent ici passer l’hiver. Les Chaikins travaillent dur pour rendre la vie juive plus accessible aux juifs de l’ile comme aux touristes. »

Bowman dit qu’il attend avec impatience que le Rav Chaikin organise les services du matin du Chabbat en hiver, quand il y a assez de touristes sur l’île pour former un Minyan (quorum de prière). Quand a la viande Casher, « la seule viande que nous avons pu avoir était à la fête de Pourim dans la maison des Chaikin. Même un morceau de poulet pour le vendredi soir me rendrait heureux », dit Bowman, qui est arrivé sur l’île dans les années 1980, et dont la femme, Penny Bowman, a développé le programme de design d’intérieur pour un collège local.

Le Rav Chaikin se rend régulièrement à une ferme de chèvres pour assister la traite de lait Cacher ‘Halav Israël.

« Je dois dire que l’une des choses les plus agréables pour moi, » dit Bowman, « sont les délicieuses ‘Hallot maison que Sterna nous apporte avant Chabbat. »

Bowman et le Rav Chaikin ont également commencé une étude hebdomadaire de la Paracha et il rapporte que Chaikin est « un excellent professeur ».

Le Rav et sa femme ont également distribué des Matsot Chemourot avant la fête de Pessa’h aux résidents juifs locaux, dont beaucoup sont devenus des invités de Chabbat fréquents à leur domicile.

En plus d’organiser des célébrations de fêtes et des cours de Torah, les Chaikin offrent des repas casher aux voyageurs et fournissent d’autres agréments juifs. Les touristes bénéficient de délicieux repas casher livrés dans leurs chambres d’hôtel, et le Rav Chaikin cachérise les maisons de vacances pour les visiteurs avant leur séjour, ce qui rend leur séjour sur l’île beaucoup plus facile qu’auparavant.

L’hiver dernier, le Rav Chaikin a passé beaucoup de temps au complexe historique de la synagogue de Bridgetown, où un mikve (bain rituel) a récemment été découvert par des archéologues.

« Il y a de nombreux visiteurs qui viennent voir la synagogue, située non loin du port de croisière. Bien sûr, presque tous les touristes juifs y vont, ce qui me donne l’occasion de les rencontrer et d’interagir avec de nombreuses personnes », rapporte le Rav Chaikin. « Nous sommes arrivés à Hanoucca, au plus fort de la saison touristique, et les gens étaient tellement surpris de nous voir là-bas. »

La Barbade est la onzième île des Caraïbes à avoir un centre permanent de Habad, dit le Rav Mendel Zarchi, fondateur du Beth Habad de Porto Rico en 1999.

Le Rav Mendel Zarchi note que plusieurs donateurs se sont engagés à fournir un financement partiel pour le nouveau centre à la Barbade. Il mentionne le « Rebbe Partnership Fund », ainsi que la générosité des frères Gad, propriétaires de Diamonds International, qui accordent des subventions substantielles à de nombreux centres Habad situés dans les îles qui ont leurs boutiques de bijoux de luxe omniprésentes. Le Beth Habad de la Barbade a également reçu un soutien important de Merkos L’Inyonei Chinuch, la branche éducative du mouvement Loubavitch et a reçu un Sefer  Torah de la Fondation de la famille Jaffa.

«Dans les Caraïbes, où les Juifs sont souvent disséminés, nous constatons que lorsque les gens se réunissent, le résultat est bien supérieur à la somme totale», explique le Rav Zarchi. « Dans presque tous les cas, vous avez des locaux, des vacanciers et des gens d’affaires qui se réunissent pour planter des graines de spiritualité. Et ces graines portent de beaux fruits. »

Les Chaikins sont optimistes quant à leurs perspectives. « Nous travaillons avec diligence pour faire une différence ici. La communauté locale nous a chaleureusement accueillis et nous sommes impatients d’accomplir de grandes choses. »

Mais pour Amsili, ce sont les petites choses qui comptent le plus. «J’étais malade il y a quelques semaines, et Sterna est venue avec des repas chauds pour nous», se souvient-elle. « Cela ne fait que réchauffer votre coeur. Nous nous sentons tellement bénis. »