בבא בתרא י׳ א
תַּנְיָא, רַבִּי יְהוּדָה אוֹמֵר: גְּדוֹלָה צְדָקָה שֶׁמְּקָרֶבֶת אֶת הַגְּאוּלָּה, שֶׁנֶּאֱמַר: ״כֹּה אָמַר ה׳, שִׁמְרוּ מִשְׁפָּט וַעֲשׂוּ צְדָקָה, כִּי קְרוֹבָה יְשׁוּעָתִי לָבֹא וְצִדְקָתִי לְהִגָּלוֹת״.
הוּא הָיָה אוֹמֵר, עֲשָׂרָה דְּבָרִים קָשִׁים נִבְרְאוּ בָּעוֹלָם:
הַר קָשֶׁה – בַּרְזֶל מְחַתְּכוֹ, בַּרְזֶל קָשֶׁה – אוּר מְפַעְפְּעוֹ, אוּר קָשֶׁה – מַיִם מְכַבִּין אוֹתוֹ, מַיִם קָשִׁים – עָבִים סוֹבְלִים אוֹתָן, עָבִים קָשִׁים – רוּחַ מְפַזַּרְתָּן, רוּחַ קָשֶׁה – גּוּף סוֹבְלוֹ, גּוּף קָשֶׁה – פַּחַד שׁוֹבְרוֹ, פַּחַד קָשֶׁה – יַיִן מְפִיגוֹ, יַיִן קָשֶׁה – שֵׁינָה מְפַכַּחְתּוֹ; וּמִיתָה – קָשָׁה מִכּוּלָּם [וּצְדָקָה מַצֶּלֶת מִן הַמִּיתָה] – דִּכְתִיב: ״וּצְדָקָה תַּצִּיל מִמָּוֶת״.
Traité Baba Batra, feuillet 10 a : « Tanya (enseigné dans une Braïta), Rabbi Yéhouda dit : ‘Grande est la tsédaka (charité) car elle rapproche la Rédemption.’ Comme il est écrit : ‘Ainsi dit D.ieu, observez le jugement et faites la tsédaka, car mon salut est proche à venir, et ma justice à être révélée’ (Isaïe 56:1).
Il disait aussi : Dix choses dures ont été créées dans le monde, l’une plus dure que l’autre.
- La montagne est résistante, mais le fer, est plus résistant qu’elle, car il la coupe ;
- le fer est résistant, mais le feu le ramollit ;
- le feu est résistant, mais l’eau l’éteint ;
- l’eau est résistante, mais les nuages la portent ;
- les nuages sont résistants, mais le vent les disperse ;
- le vent est résistant, mais le corps humain le tolère (Rachi : le corps est rempli d’air) ;
- le corps est résistant, mais la peur le brise (en le paralysant);
- la peur est résistante, mais le vin (l’alcool) l’adoucit ;
- le vin est résistant, mais le sommeil le surmonte ;
- et la mort est plus résistante que tous ces éléments.
[Et la tsédaka sauve de la mort]’ car il est écrit : ‘Et la tsédaka sauve de la mort’ (Proverbes 10:2, Proverbes 11:4). »
Ce texte, provenant de la tradition juive, explore des thèmes profonds relatifs à la nature humaine, la charité (tsédaka) et la puissance des forces cosmiques et spirituelles.
- La tsédaka et la Rédemption: Le texte commence par souligner l’importance de la tsédaka en la liant à la Rédemption, un thème central dans la spiritualité juive. Selon Rabbi Yéhouda, la pratique de la charité a le pouvoir non seulement d’apporter un bienfait immédiat, mais aussi de rapprocher la venue du Machia’h et la réalisation du plan divin. Il cite Isaïe pour étayer ce point, ce qui ajoute une autorité prophétique à son affirmation.
- Dix Choses résistantes: La seconde partie du texte présente une chaîne d’éléments résistants qui sont surmontés par d’autres forces ou éléments. C’est une méditation sur la relative puissance des choses dans le monde physique et métaphysique. Chaque élément mentionné possède une certaine résistance, mais est à son tour « brisé » ou « adouci » par un autre élément.
- Relation entre les parties: Le texte semble vouloir faire un lien entre ces deux sections apparemment distinctes. Dans le monde, où la dureté et la résistance existent à de nombreux niveaux, la tsédaka apparaît comme une force qui transcende toutes les autres. Elle est même capable de vaincre la mort, selon la citation des Proverbes.
- Portée symbolique: Chaque élément « résistant » peut également être vu comme une métaphore de divers obstacles ou défis dans la vie humaine. Le fer qui coupe la montagne pourrait symboliser la persévérance, le feu qui ramollit le fer peut représenter la passion, et ainsi de suite. La tsédaka, en tant que force suprême, peut donc être vue comme un impératif éthique qui a le pouvoir de transformer et de transcender tous les autres aspects de la vie.
- Rôle de la peur et de la mort: La peur et la mort sont souvent vues comme les forces les plus résistantes qui influencent le comportement humain. Le texte souligne que même ces forces résistantes sont vaincues par la tsédaka, renforçant ainsi son importance.
En résumé, ce texte offre une vision profonde et nuancée de la puissance relative des forces dans l’univers et de la place exceptionnelle qu’occupe la tsédaka. Il nous encourage à pratiquer la Tsédaka non seulement comme un acte de justice mais aussi comme un moyen d’apporter une transformation spirituelle et cosmique.