Du temps de Zola, un « j’accuse » aurait été de circonstance. Le plaidoyer aurait peut être ému le peuple et changé la donne.

Aujourd’hui les réseaux sociaux sont devenus des tribunes où chaque homme a son mot à dire sur tous les faits de société, du plus dramatique au plus dérisoire. Tout le monde entend, plus personne n’écoute.

Tout le monde voit sans voir, swipe d’un coup de pouce furtif et expéditif, et balaye la souffrance du monde  tout en finissant de déguster le dîner  ou au détour d’une soirée familiale.

On partage des vidéos de célébrités qui s’insurgent contre l’hypocrisie et la démence d’une justice française au bout du rouleau. Et on se sent impliqué dans la grande affaire judiciaire « Sarah Halimi ».

Certains iront manifester avec de grands panneaux et seront interviewés par les chaînes à la mode.

On fera du bruit, certes, on criera à l’antisémitisme, on dira « j’ai mal à ma France « ou « je suis Sarah Halimi » après avoir posté « je suis Charlie «, un drapeau d’Israël et un drapeau de la France, et puis on chantera La Marseillaise et peut être un couplet de l’hymne israélien.

Ça vous étonne, que la bête immonde qui a tué Sarah soit disculpée et internée dans une petite clinique avec télévision et repas chauds ?

Ça vous étonne, que Sarah Halimi soit passée aux oubliettes, oubliée des programmes et des infos au moment du drame, oubliée des grands titres et des magazines?

Sarah Halimi, c’est la religieuse de service, portant perruque et tailleur old school, la petite bonne femme pieuse et sans histoires, vivant dans un quartier populaire.

Sarah Halimi, c’est la juive trop juive pour faire bonne presse. Ni femme libérée, ni rescapée de la Shoah, aucun symbole fort pour attirer les foules.

Sarah Halimi c’est un fait divers. C’est triste mais c’est comme ça.

Alors criez mes amis, criez autant que vous pouvez. Mais n’oubliez pas. Les gouvernements du monde sont engouffrés dans le mensonge et la corruption. Tout est commercial et publicitaire. Même la vie des hommes.

Seules nos bonnes actions et nos prières ont le pouvoir de changer les choses.

Seul l’amour immense au sein de nos communautés peut prodiguer le bien et engendrer de bonnes nouvelles.

Nul ne peut s’indigner et continuer à vivre comme il vivait hier. Chaque juif est le gardien de son frère.

Oui, que ce monstre soit condamné par la justice humaine. Mais que chacun d’entre nous prenne une bonne décision (se réconcilier avec tel ou untel, dire une prière avec ferveur, donner de la Tsedaka en cachette, étudier un verset de Torah) pour que l’âme de Sarah repose en paix.

Pour que plus jamais dans l’histoire de France  un juif ne soit la proie de barbares antisémites.

Pour que D… Lui-Même, comme un prodige des Temps anciens, condamne tous les meurtriers tapis dans l’ombre.

Et que sur les linteaux de nos portes, la Mezouza soit un bouclier qui nous mette à l’abri de la folie des hommes.

Sarah Elbaze