Rachi, de son vrai nom Rabbi Chlomo ben Itshak HaTsarfati, est l’une des figures les plus importantes du judaïsme médiéval. Né vers 1040 à Troyes, en France, il était un rabbin éminent, exégète, talmudiste, poète, légiste et décisionnaire. Son nom est en réalité un acronyme formé par les initiales de Rabbi Salomon fils d’Isaac le Français (en hébreu : רבי שלמה בן יצחק הצרפתי).

Rachi était principalement connu pour ses commentaires sur la quasi-totalité de la Bible hébraïque et la majeure partie du Talmud de Babylone. Ses commentaires étaient considérés comme des outils indispensables pour la compréhension de ces textes, et ils étaient largement répandus dans le monde juif. Rachi occupait donc une place de choix parmi les autorités rabbiniques du Moyen Âge. Il était également un témoin privilégié de la France septentrionale du XIe siècle, car ses écrits mêlaient l’hébreu rabbinique à l’ancien français, reflétant ainsi l’état de la langue orale de l’époque.

Non seulement Rachi a eu une influence significative au sein de la communauté juive, mais il a également influencé le monde non-juif. Son commentaire biblique a inspiré des penseurs tels qu’Abélard, Nicolas de Lyre et Martin Luther, qui s’en sont servis dans leurs propres travaux.

Peu de détails précis nous sont parvenus sur la vie de Rachi. Sa date de décès, le 13 juillet 1105, est connue grâce à plusieurs manuscrits médiévaux. Son père, Isaac, est mentionné dans certains textes, mais on ne sait pas grand-chose à son sujet. Rachi avait également un oncle maternel, Simon l’Ancien, qui avait étudié auprès d’un érudit renommé de l’époque.

Bien que les noms de sa mère et de sa femme restent inconnus, les noms de ses trois filles sont connus. Il les a toutes instruites, ce qui était exceptionnel à l’époque médiévale. Ses filles se sont mariées avec certains de ses meilleurs élèves, qui ont continué à perpétuer son savoir et ses commentaires. Les descendants de Rachi, tels que le Rashbam, Rabbénou Tam et le Rivam, sont devenus des figures importantes dans l’histoire juive.

Rachi est reconnu pour avoir utilisé la langue française dans ses écrits, ce qui était rare pour l’époque. Il commentait certains mots ou expressions difficiles en français, afin de rendre ses explications plus accessibles. Ses commentaires contiennent environ 1 500 mots français dans le commentaire de la Bible et environ 3 500 mots français dans le commentaire du Talmud.

Son œuvre a eu un impact considérable, tant chez les Juifs que chez les non-Juifs. Il est considéré comme l’un des plus grands commentateurs de la Torah et du Talmud, et ses écrits ont été largement étudiés et diffusés. Rachi a ouvert la voie à l’utilisation du français dans les travaux religieux et a contribué à la préservation de la langue française médiévale.

Aujourd’hui, Rachi reste une figure vénérée dans la communauté juive et un symbole de la richesse intellectuelle de la France médiévale. Des monuments et des lieux lui sont dédiés à Troyes, sa ville natale, et sa renommée continue de croître grâce à diverses initiatives culturelles et académiques. Son influence perdure, et ses commentaires continuent d’être étudiés et appréciés dans le monde entier.

 

Extrait du livre de Daniel TOLEDANO « Cinq ans, savoir étudier le Commentaire de Rachi sur la Tora »
publié aux éditions Kehot-France

Il est pertinent de remarquer que Rachi, « Rabbi Chélomo ben Yits’hak -ר’ שלמה בן יצחק » a les mêmes initiales que « Rabbi Chim’on bar Yo’hay – ר’ שמעון בר יוחאי » (encore appelé par son acronyme Rachbi), l’auteur du livre fondamental de la mystique juive, le Zohar.

Par excellence, ils sont tous les deux les commentateurs, respectivement, du Pchat et du Sod, et tout comme le Pchat et le Sod, sont intimement liés. Il apparaît que Rachi est au Pchat ce que Rachbi est au Sod.

A ce propos, il est écrit dans le Zohar, ces paroles adressées à Rabbi Chim’on bar Yo’hay : « Par ton œuvre, le livre du Zohar, les enfants d’Israël sortiront de l’Exil avec miséricorde ».

De fait, il est dit au sujet de l’épopée égyptienne, que les enfants d’Israël sortirent avec une main haute, en hébreu « béyad rama – ביד רמה ».

Et Onkelos de comprendre avec la tête haute, en araméen  « bérech guéli – בריש גלי ». Les Sages voient dans cette formule d’Onkelos une allusion à Rabbi Chim’on bar Yo’hay préfigurant la Délivrance ultime : « bérech – בריש » est l’acronyme de  « Rabbi Chim’on bar Yo’hay », ce qui signifie qu’avec Rabbi Chim’on bar Yo’hay, nous allons sortir de l’Exil.

Dans un même esprit, il serait juste d’y voir aussi une allusion à Rachi, si bien qu’on pourrait ajouter qu’avec Rachi, nous allons sortir d’Exil !

Une heureuse allusion qu’on trouve précisément dans le Targoum Onkelos, la traduction araméenne de la Tora, la langue symbole de l’Exil d’Israël, et qui à cet endroit met en relief la manière dont les enfants d’Israël sortirent de l’exode égyptien.

Providentiellement, ce verset qui permet l’allusion « Les enfants d’Israël sortirent avec la tête haute – bérech guéli – בריש גלי » est également rappelé à la fin du livre des Nombres, au ch. 33 verset 3, dans la section hebdomadaire Mass’é, qui tombe dans la période où Rachi a quitté ce monde, le 29 tamouz.

Rachi a quitté le monde en 4865, à l’âge de 65 ans, un jeudi, le 5ème jour de la semaine. Cet évènement a eu lieu à la veille de la néoménie du mois d’av, le mois ayant connu la destruction du Temple, et où il nous est enjoint, pour cette raison, de diminuer la joie. Depuis, son Commentaire fait œuvre de Sanctuaire spirituel et agit comme une consolation, qui aide à traverser et surmonter l’Exil pour enfin arriver à la Délivrance ultime.