La renaissance du judaïsme en région parisienne est indissociable du Rav Chmouel Azimov et de son épouse, la Rabbanite Batia Azimov, Chlouhim du Rabbi à Paris. Leur dévouement absolu et leur vision ont profondément marqué la communauté juive parisienne, contribuant à son renouveau spirituel et à son épanouissement. Leur héritage se mesure non seulement aux institutions qu’ils ont bâties, mais surtout à la transformation spirituelle qu’ils ont initiée, redonnant à la communauté juive parisienne sa vitalité et sa fierté.
Le Rav Chmouel Azimov est né à Samarkand dans l’État soviétique d’Ouzbékistan en 1945. Il quitte la Russie en 1947 et transite par la Tchécoslovaquie et l’Allemagne avant que sa famille ne s’installe définitivement dans la région parisienne. Il étudie à la Yéchiva de Brunoy sous la direction du Rav Nissan Nemanov. Dès son plus jeune âge, il montre un profond engouement pour l’étude de la Hassidout et l’attachement au Rabbi.
Très jeune, alors qu’il parle un français approximatif, il prend contact avec de nombreux jeunes juifs auxquels il donne des cours de Torah, en les attachant aux traditions hassidiques et au Rabbi. Il a des contacts réguliers avec eux, les invite à passer des Chabbatot à la Yéchiva. C’est le début de ce qu’on appellera « le groupe ».
À 17 ans, il souhaite comme ses camarades passer quelques années d’études chez le Rabbi à New York, mais au vu de ses activités, le Rabbi lui demande, par l’intermédiaire de la direction de la Yéchiva de Brunoy, de rester en France pour continuer son œuvre auprès des jeunes. Pendant l’été, il organise deux mois d’études à la Yéchiva de Brunoy. Il ne restera finalement que 7 mois auprès du Rabbi.
À 22 ans vient le moment du mariage avec la fille du Hassid renommé Rav Bentsion Shemtov, émissaire du Rabbi en Angleterre. Le mariage a lieu à New York et quelques semaines après, le Rav Chmouel Azimov et son épouse Batia sont en route pour Paris à la demande du Rabbi. C’est le 30 avril 1968 qu’ils arrivent à Paris, à la veille de la Révolution étudiante de Mai 68.
Ils se mettent immédiatement au travail et organisent de nombreux cercles d’études pour hommes et pour dames. C’est le début du fameux cours de dames du mardi soir. Il développe les Talmud Torah fondés par son père Rav Yrahmiel Azimov. C’est le début de cette révolution juive de la communauté française.
Son premier grand événement est organisé en janvier 1969 à l’Hôtel Moderne de la République à l’occasion du jour de l’accession du Rabbi à la direction du mouvement. Le Rabbi demande à cette occasion à un homme d’affaires américain de passage à Paris de transmettre son salut et ses bénédictions à l’assemblée.
Nombreux sont les lycéens et étudiants qui sont séduits par l’authenticité et l’attention extrême pour chacun que le Rav Azimov incarne. Ces Farbrenguens touchent profondément les participants. Il voyage ensuite chez le Rabbi avec un premier groupe de jeunes qui seront enthousiasmés par ce séjour inoubliable. Le Rabbi les reçoit individuellement puis collectivement en les comblant de bénédictions.
L’année 1970 est marquée par une augmentation significative du groupe. Pour les fêtes de Tichri de cette année, le Rav Azimov ne peut pas voyager chez le Rabbi mais il envoie un groupe de jeunes qu’il accompagne lui-même à la gare du Nord pour rejoindre un charter de Londres qui les conduira à New York. Le Rav Azimov danse avec ces jeunes gens sur le quai de la gare, les larmes aux yeux. À l’époque, le Rabbi n’autorisait ses émissaires à venir qu’une fois tous les deux ans pour les fêtes de Tichri.
En 1971, un jardin d’enfants Pardess Hannah ouvre ses portes à Orly. Le groupe s’agrandit et en 1972, il devient nécessaire d’acquérir un grand local pour accueillir les jeunes pour les cours de Torah et pour la planification des campagnes de Mitsvot à travers toute la région parisienne. Ce sera l’inauguration du Beth Loubavitch de la rue Lamartine.
Dès lors, on assiste à une croissance encore plus rapide du groupe. Les jeunes gens et les jeunes filles rapprochés par le Rav Azimov et son épouse, ainsi que par leur cercle, fondent des foyers hassidiques. Les invitations du Chabbat permettent à des centaines de jeunes de découvrir la vie juive dans toute sa beauté et sa sainteté. La synagogue Loubavitch du 17 rue des Rosiers accueille de très nombreux jeunes le Chabbat qui assistent aux réunions hassidiques de « Chmouel » (diminutif affectueux du Rav Azimov).
La vie juive authentique reprend ses droits dans cette ville où le judaïsme orthodoxe avait disparu depuis des siècles. À nouveau, des Juifs portant chapeau et barbe sont désormais visibles dans la ville des Lumières – lumières qui ont maintenant un autre éclat.
1973 marque une année charnière. La campagne des Mitsvot bat son plein. Le Gan Pardess Hannah de Paris est créé. Pendant l’été, le Rabbi demande de réunir le plus d’enfants possible pour prier, étudier et donner de la tsédaka. Le Rabbi déclare que seuls les enfants peuvent annuler les décrets pesant sur le peuple juif. Le Rav Azimov envoie de nombreux jeunes dans tous les centres de vacances.
Lors de Yom Kippour de cette année éclate en Israël une guerre difficile et tous réalisent alors la prophétie du Rabbi qui avait anticipé le danger en mobilisant les enfants juifs. Cette année marque un tournant dans la vie juive française puisqu’au mois de Tichri, pendant la fête de Simhat Torah, le Rabbi adapte la Marseillaise avec des paroles de louange à Dieu, expliquant que ce chant est destiné à réaliser une révolution spirituelle dans le judaïsme français.
En 1974, en plus de la Sidra de la semaine, de nouvelles revues sont publiées : Harata, La Maison Juive et plus tard Rencontre. En 1975, les séminaires d’été ne peuvent plus se tenir à la Yéchiva en raison du nombre très important de participants. Ils se tiendront cette année dans les locaux du Beth Rivkah, puis dès 1976 jusqu’à nos jours dans la campagne ou les montagnes françaises.
1978 inaugure une chaîne ininterrompue de création de centres Habad dans Paris et sa région – il y en a aujourd’hui plus de 200. De nombreux émissaires (Chluchim) s’installent dans les arrondissements de Paris et en banlieue.
En 1979, l’école de jeunes filles Beth Rivkah est ouverte. Elle sera dirigée par le Rav Meir Shlomo Mellul pendant plus de 40 ans. 1980 voit la première grande parade de Lag Baomer sur la place de la République en présence de 5000 enfants. En 1981, sous l’impulsion du Rav Azimov, a lieu le premier spectacle de Hanoukka dans un grand théâtre parisien.
1982 : l’école de garçons annexe de Beth Rivkah ouvre ses portes. 1983 verra l’ouverture du collège Beth Rivkah. Les éditions du Beth Loubavitch sont créées, diffusant de nombreux ouvrages hassidiques en français.
En 1984, les activités du mouvement Loubavitch se multiplient dans tous les segments de la communauté. Les personnes du 3ème âge ont désormais leur cercle d’étude et d’activités. En 1985 a lieu le premier Siyoum HaRambam au Palais des Congrès en présence de nombreuses personnalités.
1986 marque la première campagne de panneaux publicitaires à l’occasion de Hanoukka, qui perdure jusqu’à aujourd’hui. En 1987, les dames sont à l’honneur avec la soirée « Vivre » qui inaugure une longue série de grands événements féminins dirigés par Madame Azimov.
1988 : ouverture du lycée de jeunes filles Beth Rivkah. 1989 : premier allumage intercontinental de Hanoukka sur les Champs-Élysées. Les années 90 voient fleurir de nouveaux projets : le Judé Hollande au Parc Floral pour découvrir les grandes valeurs du judaïsme, l’ouverture du lycée de garçons (1991), une action humanitaire pour les communautés de l’ex-URSS.
En 1993 commencent les travaux de l’école Beth Haya Mouchka, le plus grand complexe scolaire juif d’Europe occidentale. En 1994, malgré la douleur causée par le départ physique du Rabbi, le Beth Loubavitch amplifie son action. En 1995, il est reconnu d’utilité publique et ouvre le Beth Midrash Beth Menahem au centre de Paris.
1999 : inauguration de l’école Beth Haya Mouchka en présence des autorités municipales et communautaires. Elle accueille près de 2000 élèves. Les années 2000 voient l’inauguration de nombreux Beth Habad. Le premier congrès des Chluchim a lieu en 2000, suivi du premier gala en 2002.
De nouveaux projets voient le jour : sédarim publics, cantines cachères, Beth Habad pour étudiants, caravanes mobiles devant les universités, projets pour adolescents, séminaires pour jeunes filles, programmes de bourses.
Le Rav Azimov quitte ce monde le 12 Hechvan 5775 (2015). Des centaines de disciples l’accompagnent en Israël jusqu’au Mont des Oliviers. Sa présence spirituelle continue d’inspirer et de guider les Chluchim qu’il a formés. Sous la direction de ses enfants, le Beth Loubavitch poursuit et amplifie son œuvre en région parisienne, dans l’attente de la venue imminente du Machia’h.