En direct, chaque vendredi, étude du Likoutei Si’hot
avec le Rav Levi Azimov de 10h30 – 11h30
Tél.: +330756753993 – code: 33 41 593#
ET SUR RADIO HASSIDOUT
RADIO HASSIDOUT

Ha’azinou – Passation de pouvoir
Source : Likouté Si’hot volume 29, Si’ha sur Ha’azinou

 

1 – Introduction : Dans quel cas Rachi fait-il appel aux interprétations midrachiques ?

Likouté Si’hot : L’approche de Rachi, dans son commentaire sur la Torah est, selon ses propres termes : « je ne suis venu que pour le sens simple du texte » (Rachi sur Berechit 3, 8) ; et même quand il cite une interprétation a priori midrachique, lorsqu’on approfondit on s’aperçoit que cette interprétation était nécessaire pour comprendre le sens simple du texte (sauf si Rachi introduit l’interprétation par la mention : « nos maîtres commentent » etc.).

2 – Dans notre Paracha : La passation de pouvoir entre Moché et Yéhochoua

Ha’azinou 32, 44 : Moché vint et dit au peuple toutes les paroles de ce cantique, lui et Hoché’a, fils de Noun.

Rachi : Lui et Hoché‘a, fils de Noun. Ce Chabbat était celui du « Diozgui (de la paire) », le pouvoir a été retiré à l’un (Moché) et conféré à l’autre (Yehochoua). Moché mit en place un porte-parole pour Yehochoua, afin qu’il professe de son vivant, pour que les enfants d’Israël ne disent pas : « tu n’osais pas, du vivant de ton maître, élever la tête ! » Et pourquoi le texte l’appelle-t-il ici « Hoché‘a » ? Pour signaler que son esprit ne devint pas hautain et que, malgré la grandeur qui lui a été conférée, il resta aussi humble qu’à ses débuts.

3 – Analyse : L’origine du commentaire de Rachi, dans trois sources différentes !

Guemara Sotta 13b : « Et Moché alla, avec Yehochoua, se placer dans la tente d’assignation » (Vayélè’h 31, 14) – on enseigna : Ce Chabbat était celui du « Dio Zougé » (deux paires, ils étaient deux membres : le début de la journée [était] pour Moché et la fin pour Yehochoua – Rachi) . Le pouvoir a été retiré à l’un et conféré à l’autre.

Sifri sur Vayélè’h : D.ieu dit à Moché : installe un porte-parole à Yehochoua, afin qu’il commente et donne des instructions [hala’hiques] de ton vivant ; ainsi, lorsque tu quitteras le monde, les enfants d’Israël ne diront pas : « du vivant de ton maître, tu ne prenais pas la parole et maintenant tu prends la parole ?! »

Sifri sur Ha’azinou : Le verset « lui et Hoché’à, fils de Noun » nous apprend la piété de Yehochoua, qui, après avoir accédé au pouvoir, aurait pu avoir l’esprit qui « flotte » [et qui s’enorgueillit] ; c’est pourquoi le texte précise que même avoir été nommé Parnass (dirigeant) d’Israël, il est resté [le même] « Hoché’a », pieux.

4 – Explication : Entre l’annonce d’un passation de pouvoir et son début effectif

Likouté Si’hot : Dans la Paracha Vayélè’h, Rachi n’explique pas que c’était « un Chabbat de la paire » car rien ne prouve, à ce stade, que la direction de Yehochoua avait effectivement démarrée. Par contre, dans notre Paracha, lorsque la Torah précise que « Moché prit la parole, lui et Hochéa », cela soulève un étonnement : que fait là Yehochoua ? C’est pourquoi, Rachi précise ici que c’était « un Chabbat de la paire », littéralement : ils formaient ensemble une « paire » de dirigeants. C’est pourquoi Rachi ajoute que Moché « avait installé un porte-parole à Yehochoua », pour signifier que Yehochoua s’adressa au peuple, comme le ferait un chef : avec un porte-parole.

5 – La nomination d’un successeur impose-t-elle une phase de direction en tandem ?

Likouté Si’hot : Yehochoua avait besoin d’un « rehaussement » particulier car, du vivant du Moché, sa conduite était complètement à l’opposé : il était complètement effacé, connu comme « le serviteur de Moché, le jeune homme » (Ki-Tissa 33, 11). Il fallait donc empêcher qu’Israël ne lui dise « qu’il n’osait pas, du vivant de son maître, élever la tête » ; c’est pourquoi Moché lui nomma un porte-parole, pour « qu’il enseigne de son vivant » !

6 – Cela explique l’étonnement de Rachi : « Pourquoi l’appeler, ici, Hochea ?! »

Rachi sur Chela’h 13, 16 : Et Moché appela Hoché’a, fils de Noun : Yehochoua. Il a prié pour lui : « veuille Hachem te sauver (qa yochi‘a’ha) du complot des explorateurs (conseil des espions) ! »

Rachi sur Pin’has 27, 20 : Le visage de Moché était comme le soleil et celui de Yehochoua comme la lune.

Likouté Si’hot : La nature humaine veut que, lorsqu’un homme accède au pouvoir, ses traits de caractère et son comportement changent, du fait de la transformation qui s’est opérée en lui, de sa grandeur. A plus forte raison, lorsqu’un homme accède à la direction du peuple juif, cela éveille en lui un sentiment de grandeur et d’éminence, que la Torah exige. Pourtant, la Torah raconte, que même si la grandeur fut donnée à Yehochoua, et qu’il reçut certainement de Moché l’éminence exigée d’un dirigeant, pourtant, il ne devint pas hautain et « il resta aussi humble qu’à ses débuts » : on pouvait toujours reconnaitre en lui une conduite de « réceptacle » [comme la lune].

7 – Enseignement : La conduite à adopter lorsqu’on accède à une grande bénédiction

Likouté Si’hot : Lorsqu’un Juif accède à la grandeur, dans un poste de direction ou dans d’autres choses – il pourrait penser que le fait même qu’il a été « sélectionné » pour mériter ces grandes bénédictions divines indique que c’est bien lui qui les mérite, cela pourrait éveiller en lui un sentiment de largesse d’esprit et de hauteur. A ce propos, nous apprenons de Yehochoua, qu’au contraire : c’est précisément lorsqu’on accède à la grandeur qu’on doit « rester humble comme à ses débuts », et cela est un « réceptacle » pour que cette grandeur se maintienne.

8 – Annexe : Le lien avec la période entre Roch Hachana et Yom Kippour

Likouté Si’hot : Le service divin de Roch Hachana consiste à ce que les enfants d’Israël couronnent D.ieu en tant que Roi sur le peuple juif et Roi sur tout l’univers. Il est possible que, suite à cela, un Juif ait un sentiment qui est « à l’opposé de la soumission » ; l’enseignement est donc, qu’au contraire : cela doit éveiller en nous un sentiment d’effacement absolu, et cela même augmentera les bénédictions divines pour tout ce qui est nécessaire, pour être scellé définitivement pour une bonne et douce année, d’un bien révélé et visible ici-bas : [être bénis dans les domaines des] enfants, de la santé et du gagne-pain dans la largesse, et le tout dans la largesse !