Les sept jours qui séparent Roch-Ha-Chana de Yom Kippour correspondent aux sept jours de la semaine de l’année entière. Avec l’aide d’Hachem, pendant chacun de ces sept jours nous réparons tous les jours de l’année qui vient de passer. Le lundi des 10 jours de Téchouva nous réparons tous les lundis de l’année passée, le mardi nous réparons tous les mardis de l’année, ainsi de suite pendant tous les autres jours de la semaine…Enfin, pendant le Chabbat Chouva nous réparons tous les Chabbat de toute l’année, avec l’aide dHachem.
Le Chabbat a ceci de particulier qu’en ce jour sacré tous les mondes retournent à leur source, à leur racine céleste. C’est pour cela que le Rabbi souligne dans le Dvar Mal’hout que les lettres de ‘Chabbat’ sont les mêmes que celles de ‘Téchouva’ car ‘Chouva’ signifie ‘Retour’. Le contenu profond du ‘Chabbat Chouva’ met donc en évidence la mission de chaque juif d’agir afin que ce monde matériel ‘retourne’ vers son état spirituel, le niveau du Chabbat. C’est à cela que se rapporte la déclaration de l’Admour Hazaken selon laquelle ‘la mission d’un Juif est de faire du spirituel à partir du matériel’ (Hayom-Yom).
Plus précisément et plus profondément, pendant les 10 jours de Téchouva, chaque Juif fait tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre et dévoiler la racine de son âme. C’est précisément le sujet que nous avons étudié dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Lè’h-Lé’ha. En effet, Rabbi Yossef-Itzhak nous a enseigné que ‘Lè’h-Lé’ha’ (‘Va pour toi’) signifie de manière profonde : ‘Lè’h lé-atsmé’ha’ c’est à dire ‘Va jusqu’à toi-même !’ et ‘toi-même’ désigne l’Essence de l’âme.
‘Lè’h-Lé’ha’ exprime l’action d’Avraham de quitter physiquement sa terre natale pour se rendre sur la Terre d’Israël, mais de manière profonde ‘Lè’h-Lé’ha’ exprime l’action de s’élever spirituellement, de quitter un niveau spirituel pour atteindre un niveau qui lui est infiniment supérieur car il s’agit d’atteindre le plus haut niveau de l’âme Juive : l’Essence de l’âme.
Autrement dit, ‘Lè’h-Lé’ha’ exprime la Téchouva de l’âme, son retour vers l’endroit où elle est ‘enracinée dans l’Essence divine’, pour enfin révéler en nous- même sa puissance ; pour faire de nous-même et de ce monde matériel une demeure pour l’Essence divine. Ainsi, tout ce que nous accomplirons pendant les 10 jours de Téchouva connaîtra l’élévation le jour du ‘Chabbat Chouva’, et aura pour effet de réparer tous les jours, et tous les Chabbat, de l’année qui viennent de passer.
Dans le Dvar Mal’hout (page 369) le Rabbi explique que la Paracha Nitsavim fait allusion à l’âme divine telle qu’elle ‘se tient devant l’Eternel’ avant de descendre dans le corps. Puis, par le fait que l’âme s’habille dans le corps et grâce au travail qu’elle accomplit ici-bas dans ce monde, elle connaît une élévation considérable. Cette ascension de l’âme, d’un niveau vers un niveau supérieur (jusqu’à atteindre l’Essence de l’âme), est allusionnée par la Paracha Vayélè’h. De fait, la Paracha Nitsavim évoque l’âme avant sa descente dans le corps et la Paracha Vayéle’h évoque le travail que l’âme dans le corps accomplit dans ce monde. Aussi, ces deux Parachiot ne sont pas sans nous rappeler que ‘toute descente a pour but une élévation considérable, vers un endroit supérieur à celui d’où elle a commencé sa descente’.
Il est écrit (Vayéle’h, 31, 1, 2) : ‘Moché alla et adressa ces paroles à tout Israël. Il leur dit : c’est âgé de 120 ans que je suis aujourd’hui’.
Le Rabbi nous enseigne que ce verset évoque la situation de Moché lorsqu’il parvint à la perfection et au terme de sa mission. En effet, ‘Moché alla’ est une allusion à l’élévation de l’âme de Moché vers la perfection de son service divin. Cependant, ce verset n’est pas sans nous rappeler notre propre mission, car chaque juif possède en lui-même une étincelle de Moché (Tanya, début du chapitre 42). Aussi, du fait que le Rabbi est lui-même le Moché de notre génération et du fait que lorsqu’un juif se tient dans les 4 coudées du Rabbi cela provoque le dévoilement de l’Essence de son âme, il apparait clairement combien il est important de s’attacher profondément au Rabbi.
Il est publié dans les Ma’hzorim de la prière de Roch-Ha-Chana et de Yom Kippour un discours ‘hassidique de l’Admour Hazaken intitulé ‘Ha Kol Kol Yaakov’ (La voix est la voix de Yaakov). Dans ce discours, l’Admour Hazaken nous enseigne que la Tsédaka est le moyen d’attirer et de ‘révéler ‘la Lumière de la Face du Roi’ dans ce monde matériel, et de redonner ainsi la vie à tous les esprits abattus’.
A présent, pendant ce dernier exil, le monde reçoit sa vitalité de ‘Klipat Noga’, et de ce fait sa matérialité nous empêche de voir ‘la Lumière de la Face du Roi’. Or, le fait de donner la Tsédaka consiste à ‘planter une graine’ qui aura le pouvoir de ‘faire pousser’, c’est-à-dire de faire naître dans l’obscurité de ce monde inférieur, ‘la Lumière de la Face du Roi’.
‘La voix est la voix de Yaakov’, ‘Ha Kol Kol Yaakov’, et le nom de ‘Yaakov’ se décompose en ‘Youd-Ekev’. Aussi, l’Admour Hazaken nous enseigne ici que la lettre ‘Youde’ de ‘Yaakov’ représente ‘La lumière de la Face du Roi’ que l’on dévoile à partir de la matière de ce monde inférieur : ‘Ekev’, dans laquelle elle se cache. C’est au moyen de l’attribut de la miséricorde, qui est l’attribut de Yaakov, et par l’accomplissement de La Mitsvah de la Tsédaka que l’on parviendra à dévoiler cette lumière qui n’a pas de fin, ‘la Lumière de la Face du Roi’. L’Admour Hazaken dit dans son discours que cette lumière jaillira de l’obscurité ‘comme un éclair qui sort des nuages épais et obscurs dans lesquels il était caché, pour jaillir et éclairer le monde entier.
Cette image n’est pas sans nous rappeler que la Délivrance finale elle-même surgira de l’exil ‘en un clignement d’œil’, à l’exemple de l’éclair qui jaillit dans le ciel en un instant furtif. Dans ce cas ‘la lumière de la Face du Roi’ illuminera notre âme et ce monde pour un Chabbat éternel, dès-à-présent avec l’aide de D.ieu. En un clignement d’œil.
La ‘Hassidout nous enseigne que le Nom divin ‘Elokim’ correspond au niveau du divin qui s’habille dans ce monde, ainsi qu’il est dit (Béréchit, 1,1) : ‘Au commencement, Elokim créa le ciel et la terre’. A l’opposé, le Nom divin ‘Havayé’ désigne le niveau du divin qui transcende les mondes. A ce sujet, dans le Hayom-Yom du 3 Tichri 5704, ‘Chabbat Chouva’, le Rabbi rapporte un enseignement de l’Admour Hazaken. Pendant le Chabbat Paracha Tavo 5528 (1768), l’Admour Hazaken reçut le Tséma’h Tsédek, et lui raconta que son Maître le Maguid de Mèzeritch donna un commentaire qui commençait par les mots ‘Et tu retourneras jusqu’à L’Eternel (Havayé) ton D.ieu (Eloké’ha)’. (‘Eloké’ha est la contraction de l’expression ‘Elokim chel’ha’: ‘ton D.ieu’)
L’Admour Hazaken expliqua que par sa ‘Téchouva’, c’est-à-dire par son ‘Retour’ (‘Chouva’) vers D.ieu, un Juif doit parvenir à ce que ‘Havayé’ (le niveau du divin qui transcende les mondes), devienne ‘ton D.ieu’, ‘Eloké’ha’.
Or, les mots employés par l’Admour Hazaken pour décrire cette Téchouva sont à peu près identiques à ceux prononcés par Yaakov. En effet, l’Admour Hazaken explique ‘qu’un Juif doit parvenir à ce que ‘Havayé’ soit ‘ton D.ieu’ (‘Eloké’ha’), et Yaakov déclare que ‘l’Eternel (Havayé) sera pour moi D.ieu (Elokim)’.
De fait, le retour de Yaakov à la maison de son père n’est pas sans évoquer le retour de l’âme à sa source. Ce ‘Retour’ représente le dévoilement de l’Essence de l’âme dans les pensées les paroles et les actes d’un Juif. Lorsque la lumière infinie et illimitée de D.ieu (le niveau d’Havayé) descend et se dévoile dans les limites de l’homme, et dans les limites de ce monde (dans le niveau d’Elokim).
L’idée du dévoilement de l’Essence divine est constamment présente dans tous les enseignements de toutes les Parachiot du Dvar Mal’hout. Sur la Paracha Vayéle’h, le Rabbi écrit que ‘le monde est dans une situation de ‘Ma’hloket’ (‘Désaccord’) avec D.ieu’. Le monde est ‘en désaccord’ avec D.ieu, signifie que L’Eternel et le monde semblent être séparés l’Un de l’autre. Ainsi, du fait que L’Eternel Se cache dans le monde, sans S’y dévoiler, il nous semble que le monde est en ‘désaccord’ avec D.ieu.
Le Rabbi nous enseigne que c’est précisément par l’action des enfants d’Israël, que la paix est établie entre le monde et D.ieu. C’est par leur étude de la Torah, et par leur accomplissement des Commandements divins, que les enfants d’Israël révèlent D.ieu dans le monde. Chaque Juif détient la capacité de réconcilier le monde avec D.ieu.
C’est à cela que se rapporte ces propos du Rabbi dans le Dvar Mal’hout :
‘Ils attirent et dévoilent, non pas seulement le niveau de la Torah qui est lié à ce monde, mais aussi le niveau de la Torah qui est au-delà de ce monde, jusqu’à dévoiler le niveau de la Torah qui se trouve dans Son Essence’.
Dans le même ordre d’idée, le Rabbi nous donne une explication du verset (Dévarim, 1, 2) : ‘Onze jours depuis ‘Horev (le Mont Sinaï) par le chemin de la montagne de Séir jusqu’à Kadèche Barnéa’.
Les ’11 jours depuis ‘Horev’ sont une allusion à la Couronne, Kéter, qui surplombe les 10 Séfirot du monde d’Atsilout.
Les enfants d’Israël reçurent les 10 Commandements sur le Mont-Sinaï. C’est le niveau du divin qui est lié à ce monde (et aux 10 Séfirot). Puis Les enfants d’Israël quittèrent le Mont-Sinaï, et les ’11 jours depuis le Mont ‘Horev’ représentent donc l’ascension à partir du niveau du divin qui est lié à ce monde (le Mont ‘Horev) jusqu’au niveau du divin qui est au-delà de ce monde.
L’ascension des enfants d’Israël, ‘pour atteindre un niveau supérieur aux 10 Séfirot, et aux 10 Paroles qui correspondent avec ces 10 Séfirot, et par lesquelles le monde fut créé, jusqu’à atteindre même un niveau qui est au-delà des 10 Commandements, eux-mêmes liés à ces 10 Paroles’.
Ainsi, par leur travail, les enfants d’Israël parviennent au niveau de la Couronne qui surplombe tout l’enchaînement des mondes : ‘Kéter’.
Ce sont donc précisément les âmes d’Israël qui peuvent assouvir le désir de D.ieu de faire de ce monde une demeure pour Son Essence. Chaque Juif détient la capacité d’aller ‘de prodiges en prodiges’, à l’exemple de Moché au sujet duquel il est dit (Vayéle’h, 31, 1) : ‘Moche alla et adressa ces paroles à tout Israël’.
Le chiffre 11 représente en effet l’accession à l’aspect le plus profond du divin. Or, ce n’est que par son attachement au Rabbi qu’un Juif peut atteindre ce niveau. Ce n’est que par son attachement à ses enseignements qu’il peut dépasser l’aspect extérieur de la réalité, pour atteindre la perception du divin qui dépasse cette réalité. Evidemment, notre travail consiste avant tout à nous attacher à la partie révélée de la Torah, tout en dévoilant les forces de la partie révélée de notre âme (dévoiler les forces de notre l’intellect, les sentiments qui naissent dans le cœur, et nos actions qui en découlent).
Mais, le Rabbi nous permet de parvenir à la Couronne qui surplombe l’enchaînement des mondes. Il nous permet d’accéder à l’Essence divine, à la partie profonde de notre âme, à la partie profonde de la Torah. Ce Chabbat Téchouva, est donc celui du retour vers l’Essence de notre âme qui est enracinée dans l’Essence divine. Un retour vers l’Essence de la Torah du Rabbi.
Dès-lors, sans aucun doute nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour ‘répandre à l’extérieur’ les forces qui nous seront données pendant ce Chabbat, afin de faire totalement don de nous-même pour provoquer la venue de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.
Un Hassid du Baal-Chem-Tov se rendit quelques temps après le saint jour de Yom Kippour chez son Maître. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Pendant le saint jour de Kippour, il avait versé d’abondantes larmes. Il avait regretté amèrement ses fautes, et avait pris la ferme décision d’abandonner toutes fautes, de laisser derrière lui tout ce qui pouvaient devenir un voile qui le sépare du Saint béni soit-Il et de Sa Volonté bénie.
Or, peu de temps après avoir été lavé de tous ses péchés, le ‘Hassid succomba à un désir inspiré par son mauvais penchant. Il se rendit donc chez le Baal-Chem-Tov, et lui fit part de son désarroi. Comment avait-il pu succomber ? Il avait pourtant prié d’un cœur sincère et ses larmes versées pouvaient témoigner en sa faveur, en disant à quel point son intention de faire le bien et de s’éloigner du mal était véritable.
Le Baal-Chem-Tov écouta son Hassid et lui fit la réponse suivante :
‘Certes tu as pleuré le jour de Yom-Kippour ! Tes larmes ont effectivement coulé, mais elles ne sont pourtant pas parvenues à t’empêcher de fauter à nouveau après cela. La raison est simple, tu n’as pas compris que lorsque tu pleurais, c’était un cadeau divin ! Hachem t’a permis de pleurer, Il a ouvert ton cœur, et grâce à cela tu as pu libérer tes larmes, tu as pu pleurer. Sans l’aide du Saint béni soit-Il, ton cœur se serait endurci et tu n’aurais pas pu verser une seule larme ! Au lieu de cela tu as cru être le seul responsable de tes larmes, et tu as ressenti de l’orgueil en te disant que tu as fait une Téchouva sincère, que tu étais parvenu à pleurer au moyen de tes propres forces, et c’est pour cela que, peu de temps après, tu es tombé !
Cette histoire n’est pas sans nous rappeler cet autre enseignement du Baal Chem Tov, selon lequel ‘tout vient de D.ieu, même une feuille fragile qui tombe d’un arbre obéit à l’ordre divin’, et cela est aussi vrai pour une simple larme qui coule.
*Note : en hébreu le mot Niggun (le chant) et le mot Dima (larme) ont la même valeur numérique : 119. Mais le Rabbi nous enseigne que les 10 jours de Téchouva doivent être vécus dans la Joie ; des larmes de Joie ? peut-être..