Ce qui doit vraiment nous préoccuper, c’est l’aspect juif de l’État d’Israël. Qu’advient-il des valeurs juives ? Dans quelle mesure l’identité juive est-elle ancrée dans le cœur des jeunes ? L’éditorial du Rav Menahem Brod.

 

Lors de la création de l’État d’Israël, la proclamation a retenti dans le monde entier : « Nous déclarons par la présente la création d’un État juif en Terre d’Israël ». Soixante-quinze ans ont passé, et un observateur étranger pourrait avoir l’impression que l’État est déjà « entièrement juif » et qu’il faut maintenant se battre pour la démocratie…

Tout Juif pratiquant sourirait amèrement à cette description, mais il y a certainement beaucoup de gens qui partagent ce sentiment, même s’il est loin de la réalité. C’est le résultat d’une propagande incessante, qui dépeint un portrait imaginaire d’une domination religieuse croissante et rampante, jusqu’à ce que même les personnes intelligentes se laissent prendre.

Des faits, pas de la propagande

L’exemple le plus frappant est la « loi sur le Hamets », qui a suscité d’énormes réactions de colère et même des provocations consistant à répandre du Hamets dans les centres médicaux pendant la fête de Pessah. Pour beaucoup de gens, cette loi est un exemple d’oppression religieuse croissante et de mépris du public non pratiquant. (Selon le projet de loi, pendant la période de Pessa’h, aucune nourriture de ‘Hamets ou tout autre aliment ne sera introduit ou conservé dans un établissement médical sauf selon les instructions du chef Conseil rabbinique. Il est également proposé d’établir que le directeur de l’établissement peut autoriser un salarié à empêcher le revenu ou la possession de tels aliments.)

Quelle est la vérité ? Eh bien, pendant toutes les années d’existence de l’État, il était admis que les centres médicaux étaient nettoyés de Hamets avant Pessah, afin de permettre aux Juifs pratiquants de séjourner pendant la fête. Dans certains centres, les visiteurs étaient priés de ne pas apporter de Hamets pendant Pessah, et tout se passait sans heurts.

Jusqu’à ce qu’il y a cinq ans, un groupe de personnes anti-religieuses a déposé une pétition devant la Cour suprême, demandant d’autoriser l’entrée de Hamets dans les centres médicaux pendant Pessah. La Cour a décidé, à la majorité de deux juges contre un, que les centres médicaux n’étaient pas autorisés à interdire l’entrée de Hamets sans y être autorisés par la loi. En d’autres termes, la Cour a renvoyé l’affaire à la Knesset.

La Knesset a répondu au défi en adoptant un amendement à la loi, accordant aux centres médicaux cette autorité. Même cet amendement a été rédigé dans un langage minimaliste, et il ne fait que donner à chaque directeur de centre médical le pouvoir de déterminer les règles concernant l’interdiction d’introduire du Hamets dans son établissement. L’amendement ne permet même pas d’empêcher réellement l’introduction du Hamets, mais seulement d’informer les visiteurs des règles. Rien de plus !

Mais qui se soucie des faits quand il est possible d’organiser une protestation comme s’il y avait une oppression religieuse et de transformer le pays en un État halakhique ? Ainsi, les politiciens et les médias ont répandu des slogans qui ont provoqué l’indignation du public et ont conduit à de laides provocations.

Face au risque d’assimilation

C’est précisément l’histoire de toute l’agitation qui a eu lieu récemment. Au lieu de s’asseoir ensemble, comme c’est le cas dans la tentative actuelle de la Maison du Président, pour écouter les préoccupations et les douleurs de l’autre côté et parvenir à un accord, des acteurs sont entrés en scène qui ont décidé de monter sur ce cheval et d’enflammer tout le pays.

Non, la démocratie n’est pas en danger. Elle est vivante et vibrante. Même si le pouvoir de la cour est légèrement réduit, l’État restera démocratique à tous égards. Ce qui devrait vraiment inquiéter, c’est l’aspect juif de l’État. Que se passe-t-il avec les valeurs juives ? Dans quelle mesure l’identité juive est-elle enracinée dans le cœur des jeunes ? Connaissent-ils des concepts juifs fondamentaux ? Dans quelle mesure une jeune génération capable de résister aux tentations de l’assimilation a-t-elle grandi ici ?

Dans tous ces aspects, il y a eu un sérieux recul au fil des ans, et c’est le grand défi qui se présente à nous : établir et renforcer l’État juif !

L’article est publié en Israël dans « Shi’hat HaShavoua »

 

Menahem Brod est né en 1959, en Union soviétique. À l’âge de cinq ans, en 1965, sa famille a immigré en Israël. Il a étudié dans les yeshivot Habad à Lod Kfar Habad et Migdal Haemek. À la fin de 1980, il est allé étudier au 770 à New York. En 1983, il s’est marié à Miriam fille d’Isaac Ruderman, a commencé à travailler pour l’organisation Habad en Israël et a été nommé éditeur de publications et d’éditions. En 1986, il a été nommé porte parole de l’organisation.

Menahem Brod est le rédacteur en chef de l’hébdomadaire ‘Si’hat Hachavoua’  et est responsable de la stratégie de publication de la jeunesse Habad. Il a été le modérateur de la revue de communication entre les années 1996-2009. Il a écrit des livres. Entre 2007 et 2008, il a écrit un éditorial régulier dans le journal « Kiryat Habad » sous le nom de « Pas de secret chez Brod ». En 2009, il a présenté le programme radio en direct « En public chez les croyants ».