Dans notre société de confort, et souvent d’oubli, la fin des vacances sonne généralement comme un rappel austère. Quel qu’ait été le contenu réel de la période écoulée, nous l’avons vécue comme une grande respiration, traversée comme un espace de liberté.

 

Et puis voici que les règles sociales revendiquent leur place. Nous allions à l’aventure, il nous faut retrouver des rails bien familiers. Alors, après la grandeur des libres horizons, la petitesse du quotidien ? Après la richesse des couleurs du monde, la grisaille des villes ? Autant dire que le jour céderait la place à la nuit et le goût du bonheur à l’acceptation d’une forme de désespérance. Mais, cette année, tout prend avec éclat un autre sens.

Cette rentrée est liée à un nom qui lui donne comme un titre de noblesse : Elloul. Le dernier mois de l’année juive a commencé et il nous reste à en parcourir l’essentiel avant les grands rendez-vous d’automne : Roch Hachana et Yom Kippour.

Certes, ce mois, semble-t-il, n’est constitué que de jours profanes rythmés par le Chabbat. Cela n’est qu’apparence. Il est ce temps privilégié où nous sommes invités à faire retour vers D.ieu et sur nous-mêmes.

Le Cantique des cantiques le dit au fil de sa métaphore inspirée : « je suis à mon Bien-Aimé et mon Bien-Aimé est à moi. » Ce sont les mots venus du plus profond du cœur, de l’essence de l’âme que chaque Juif adresse à son Créateur en ces jours si particuliers. Car nous en avons reçu la force. Les treize attributs de la miséricorde Divine illuminent le monde à présent plus que jamais, soulignent les commentateurs.

C’est dire que le monde vient juste de changer de couleur. Peut-être l’été a-t-il été le moment de repos utile, voici venu celui de l’action indispensable et éternelle.

Car il ne faut pas se méprendre. Nous sommes tous tendus dans l’attente de l’année rêvée, cette année nouvelle qui verra le couronnement de tous nos espoirs ; c’est aujourd’hui que cela se joue. Le mois d’Elloul en est la clé d’entrée. Et, toute force d’ores et déjà présente, le chemin nous est de longtemps tracé. Il porte des noms familiers : prière, charité, étude. Mais ces mots brillent d’une lumière nouvelle : ils incarnent l’œuvre d’Elloul.

Cela ne dépasse pas nos capacités car elles aussi ont changé de dimension. Le « Bien-Aimé » attend chacun, allons à Sa rencontre. Le meilleur est au-devant de nous.