Les offrandes des princes
L’histoire de notre Paracha poursuit un récit que nous avons commencé à lire dans le livre de l’Exode. Dans les parachiot de l’Exode, nous lisons comment D.ieu a ordonné de construire le Tabernacle et comment les enfants d’Israël ont généreusement apporté les matériaux nécessaires à son édification. Ils ont fait don d’immenses quantités de métaux précieux et de matières premières de grande valeur. L’esprit de volontariat était si grand que Moïse a dû faire passer une annonce dans le camp pour stopper le flot des dons.
Mais alors que le peuple faisait preuve d’une grande générosité, les chefs des tribus pensaient attendre que le peuple ait fini d’apporter ce qu’il pouvait, puis fournir ce qui manquerait. Cependant, ils n’ont pas eu cette opportunité car les enfants d’Israël ont apporté tous les matériaux nécessaires au Tabernacle avec une grande diligence. Les princes ont dû se contenter d’une contribution bien moindre : ils ont offert les pierres précieuses pour décorer les vêtements sacerdotaux.
La Torah poursuit en relatant l’inauguration du Tabernacle par Moïse, qui eut lieu environ un an après la sortie d’Égypte. Le livre du Lévitique décrit en détail la cérémonie festive de l’inauguration, les événements de ces jours-là ainsi que le début du service dans le Sanctuaire.
Dans la Paracha Nasso, nous lisons un autre événement qui s’est produit lors des festivités d’inauguration, où les princes corrigent leur conduite. Cette fois, ils se hâtent d’apporter des cadeaux spéciaux au Tabernacle en l’honneur de l’inauguration. En plus des sacrifices qu’ils ont offerts pendant les jours d’inauguration de l’autel, les princes apportent un don supplémentaire pour le service du Sanctuaire :
וַיַּקְרִיבוּ נְשִׂיאֵי יִשְׂרָאֵל שֵׁשׁ עֶגְלתֹ צָב וּשְׁנֵי עָשָׂר בָּקָר ״עֲגָלָה עַל שְׁנֵי הַנְּשִׂאִים וְשׁוֹר לְאֶחָד״ וַיַּקְרִיבוּ אוֹתָם לִפְנֵי הַמִּשְׁכָּן.
‘Les princes d’Israël apportèrent… six chariots couverts et douze bœufs, un chariot pour deux princes et un bœuf pour chacun, et ils les amenèrent devant le Tabernacle.’ (Nombres 7:3)
Les ‘chariots couverts’ sont des chariots robustes, et les ‘douze bœufs’ sont des animaux forts destinés à tirer ces chariots, une paire de bœufs pour chaque chariot. Par un simple calcul, que la Torah prend aussi soin de préciser explicitement, chacun des princes des douze tribus s’est porté volontaire pour donner un bœuf et ‘un demi-chariot’ (chaque paire de princes a apporté un chariot en commun).
À quoi servaient ces moyens de transport dans le Tabernacle ? Rappelons que le Tabernacle était un sanctuaire mobile qui accompagnait le peuple d’Israël pendant des décennies de voyage vers la Terre d’Israël. À chaque étape, il était assemblé et érigé à nouveau, puis démonté pour continuer le voyage. Les familles de la tribu de Lévi étaient responsables du transport du Tabernacle. Une famille était en charge des objets sacrés, une autre s’occupait des tentures servant de toit et de cloisons, et une troisième était responsable du transport des murs du Sanctuaire. ?!
Cela comprenait plusieurs parties. Tout d’abord les planches – il s’agissait de quarante-huit poutres de bois géantes, d’un mètre de diamètre et de cinq mètres de haut chacune. Avec les planches, on transportait aussi cent socles en argent, servant de bases stables sur le sol dans lesquelles se dressaient les planches. Chacun des socles pesait environ cinquante kilogrammes, soit un poids total de cinq tonnes pour l’ensemble. En outre, il y avait soixante piliers de bois et soixante socles en cuivre, qui soutenaient les tentures de lin de la clôture extérieure entourant le Tabernacle.
Il va sans dire que pour des éléments aussi grands et lourds, des moyens de transport robustes et stables sont nécessaires pour permettre de les transporter lors du voyage dans le désert – et c’est à cela que servait l’offrande des princes des tribus.
D.ieu guide Moïse pour accepter le don et lui explique comment l’utiliser. Moïse exécute les instructions et répartit les chariots et les bœufs entre les familles de la tribu de Lévi en fonction de leur charge :
וַיֹּאמֶר ה׳ אֶל מֹשֶׁה לֵּאמֹר: קַח מֵאִתָּם וְהָיוּ לַעֲבֹד אֶת עֲבֹדַת אֹהֶל מוֹעֵד״ וְנָתַתָּה אוֹתָם אֶל הַלְוִיִּם אִישׁ כְּפִי עֲבֹדָתוֹ וַיִּקַּח מֹשֶׁה אֶת הָעֲגָלתֹ וְאֶת הַבָּקָר״ וַיִּתֵּן אוֹתָם אֶל הַלוְיִםִּ אֵת שְׁתֵּי הָעֲגָלוֹת וְאֵת אַרְבַּעַת הַבָּקָר נָתַן לִבְנֵי גֵרְשׁוֹן כְּפִי עֲבֹדָתָם״ וְאֵת אַרְבַּע הָעֲגָלתֹ וְאֵת שְׁמֹנַת הַבָּקָר נָתַן לִבְנֵי מְרָרִי כְּפִי עֲבֹדָתָם בְּיַד אִיתָמָר בֶּן אַהֲרֹן הַכהֵֹּן
‘L’Éternel parla à Moïse et dit : Accepte ces dons de leur part, afin qu’ils servent au service de la Tente d’Assignation, et tu les donneras aux Lévites, à chacun selon son service.
Moïse prit les chariots et les bœufs, et les donna aux Lévites. Il donna deux chariots et quatre bœufs aux fils de Gershon, en raison de leur service, et il donna quatre chariots et huit bœufs aux fils de Merari, en raison de leur service, sous la direction d’Ithamar, fils d’Aaron le prêtre.’
Les fils de Merari, responsables du transport des planches, reçurent deux tiers de l’offrande, car ils portaient les charges les plus lourdes. Les fils de Gershon, chargés des tentures, reçurent la moitié de ce qu’avaient reçu les fils de Merari. Quant aux fils de Kehath, ils ne reçurent aucun chariot ni bœuf car ils avaient l’ordre de porter les ustensiles sacrés sur leurs épaules, à l’aide de longs barreaux fixés aux ustensiles du Tabernacle.
En fin de compte, il ne fait aucun doute que les ‘camions’ offerts par les princes furent très utiles aux Lévites et les aidèrent à accomplir correctement la tâche qui leur avait été confiée. Mais s’agit-il d’une offrande impressionnante témoignant de générosité ?
בנדבת המשכן מצינו שנתינת בני ישראל הייתה בנדיבות לב ביותר״ עד שהנדבות היו דַיָם (לכל המלאכה לעשות אותה) והותר.
ואיך יתכן שדווקא נשיאי ישראל צמצמו בנדבת העגלות״ וכל אחד מהם לא נידב אלא חצי עגלה״ עגלה אחת על שני הנשיאים?!
יתרה מזו:
נדבת הנשיאים ״ביום כלות משה להקים את המשכן״ באה כדי לתקן את מה שלא התנדבו תחילה כנדרש, ולבטא את נדבת ליבם עבור המשכן כראוי ובשלמות.
ואיך הם הביעו זאת? בנדבת חצי עגלהב על ידי כל נשיא!
Nous trouvons que lors de la collecte pour le Tabernacle, le don des enfants d’Israël était extrêmement généreux, à tel point que les dons étaient ‘en suffisance [pour tout le travail à faire] et au-delà.’
Alors comment se fait-il que les princes d’Israël aient justement fait preuve de retenue dans l’offrande des chariots, chacun d’eux ne donnant qu’un demi-chariot, ‘un chariot (pour deux) princes’ ?!
Qui plus est :
L’offrande des princes ‘le jour où Moïse eut achevé de dresser le Tabernacle’, vint corriger le fait qu’ils n’aient pas contribué d’emblée comme il se devait, et exprimer comme il convient et complètement leur don de cœur pour le Tabernacle. Et comment l’exprimèrent-ils ? – En offrant un demi-chariot de la part de chaque prince !
Alors que tous les enfants d’Israël ouvrirent leur cœur et leur bourse, donnant en abondance autant qu’ils le pouvaient, fournissant effectivement au Tabernacle d’immenses quantités de métaux et de matériaux précieux – le maximum de la contribution de chaque prince ne dépassa pas un demi-chariot et un seul bœuf ! À première vue, c’est un don plutôt misérable.
C’est d’autant plus difficile à comprendre lorsqu’on réalise que cette offrande était censée ‘compléter’ et corriger la contribution initiale à laquelle les princes n’avaient pas participé. C’est comme ça qu’on corrige les choses ?!
Une contribution minimale
Même si nous laissons un instant de côté la mesure de la générosité des princes, la contribution elle-même transmet une sorte de pingrerie incompréhensible. Lorsqu’on entre dans la pratique et qu’on commence à calculer les détails, il semble que cette contribution ait à peine suffi à porter toute l’immense charge du Tabernacle.
Lisons les choses dans les termes du Rabbi :
Et c’est encore plus incompréhensible : Selon ce qui ressort du sens simple des versets, et comme c’est aussi explicite dans le Midrash, les princes apportèrent ces ‘six chariots couverts et douze bœufs’ afin de ‘transporter le Tabernacle’.
Et c’est ce qui se produisit effectivement, comme il est explicitement écrit que Moïse répartit les chariots ‘selon leur service’ – aux fils de Gershon ‘deux chariots et quatre bœufs’, et aux fils de Merari ‘quatre chariots et huit bœufs’.
Et cela alors que les très grandes dimensions des planches et des piliers étaient connues, et donc on pouvait estimer leur poids.
À tout cela il faut ajouter les cent socles, dont chacun pesait un kikar (talent) sacré.
Et particulièrement selon le calcul détaillé du Talmud, ‘la longueur du chariot’ était de ‘cinq coudées’ et ‘la largeur du chariot’ était de ‘deux coudées et demie’.
Par conséquent, les planches devaient être posées les unes sur les autres – douze planches sur chaque chariot.
Cela entraîna même que l’un des Lévites dut surveiller et ajuster ‘leur arrangement les unes sur les autres pour que celle du haut ne tombe pas, et tout le long du chemin il marche derrière le chariot, et lorsqu’il les voit déborder, il court dans la saillie des planches sur les côtés, jusqu’à ce qu’il atteigne l’espace vide entre elles, et il se serre pour se tenir dans la demi-coudée jusqu’à ce qu’il remette la planche qui s’est déplacée à sa place et dans son ordre.’
À cela il faut ajouter les piliers du Tabernacle et ses socles, et les soixante piliers du parvis et leurs soixante socles en cuivre – qu’il fallait tous charger sur quatre chariots !
À première vue, c’est le contraire de la conduite de générosité, d’abondance et de richesse qui prévalait dans le Tabernacle et le Temple.
En effet, s’il y avait eu plus de chariots, il n’aurait pas été nécessaire de placer autant de planches les unes sur les autres, et on aurait évité l’effort de les surveiller tout le long du chemin lors du transport des planches du Tabernacle sur les chariots !
Le Talmud détaille les dimensions des chariots offerts par les princes :
Quelle était la longueur d’un chariot ? Cinq coudées. Quelle était la largeur d’un chariot ? Deux coudées et demie.
Par un simple calcul, les planches étaient deux fois plus longues que les chariots, qui étaient censés servir à les transporter ! D’autant plus qu’ils n’avaient à leur disposition que quatre chariots de ce type et pas plus, pour transporter plus de cent planches et piliers plus cent soixante socles. Comment cela fonctionne-t-il ?
Les Sages du Talmud et les commentateurs au fil des générations se sont efforcés d’expliquer comment exactement les planches géantes étaient disposées sur les quatre petits chariots.
L’une des explications célèbres est que les planches étaient empilées les unes sur les autres à une grande hauteur et dépassaient des côtés des chariots. Les planches n’étaient pas disposées de manière totalement stable sur le chariot, de sorte que pendant le trajet, des Lévites accompagnaient les chariots et leur tâche était de stabiliser la charge et d’empêcher les planches de perdre l’équilibre et de tomber. C’est comme charger dix tables pliantes sur une charrette de supermarché… – et tout cela sans parler des piliers et des socles, qui prennent un poids et un volume supplémentaires.
Quoi qu’il en soit, il s’avère que les princes n’ont donné que le strict minimum nécessaire pour porter toute cette immense charge. Ce n’était pas la solution la plus confortable et la plus efficace, mais le minimum requis pour pouvoir ‘se débrouiller’ et transporter le Tabernacle en quelque sorte à l’aide de quatre chariots.
Quand on y pense, la question avec laquelle nous avons commencé se renforce : Comment est-il possible que les princes agissent avec une telle pingrerie ? Pourquoi n’ont-ils pas fourni des chariots larges et confortables, en grande quantité, suffisants pour transporter efficacement et commodément les planches et les socles ?
Plus que cela : non seulement cela ne convient pas aux princes, mais cela ne convient pas au Tabernacle. Dans le Tabernacle, et plus tard dans le Temple, le comportement était ‘riche’. Du bâtiment aux ustensiles, des barres aux poêles – tout était fait de la manière la plus luxueuse sans faire d’économies. Les matériaux les plus raffinés, les décorations les plus artistiques et le travail le plus impressionnant.
Si c’est le cas, comment se fait-il que les princes aient contribué au transport du Tabernacle avec des chariots de manière si limitée et minimaliste ? Comment est-il possible que ce soient justement les parties du Tabernacle qu’on ait transportées dans un petit chariot, avec des gens courant derrière tout le long du chemin pour s’assurer que rien n’en tombe ?
Pas d’espace mort !
Pour trouver la réponse, nous devons d’abord comprendre un principe très profond qui se trouve dans les fondements de la conception et de la construction du Tabernacle. Lisons les choses dans les termes du Rabbi :
Nos Sages ont dit : ‘Tout ce que le Saint béni soit-Il a créé dans Son monde, Il n’a pas créé une seule chose en vain’.
Et cette règle s’applique en tout temps et en tout lieu, dans toutes les parties et tous les détails de la création.
Lors de la fabrication du Tabernacle, lorsque s’est réalisé ‘Je suis venu dans Mon jardin – Ma résidence’ – qu’après tous les péchés qui ont causé le retrait de la Présence divine, la Présence divine est descendue sur terre et a résidé dans le Tabernacle, ‘Ils Me feront un sanctuaire et Je résiderai parmi eux’ – alors, à l’achèvement du travail du Tabernacle, il est devenu manifeste qu’aucun détail n’est en vain, à D.ieu ne plaise, mais que chaque détail est pleinement exploité pour la fonction pour laquelle D.ieu l’a créé.
C’est pourquoi, bien que la conduite dans le Temple soit d’une manière riche, ce n’est pas d’une manière ‘en vain’, à D.ieu ne plaise, mais il est visible que chaque détail remplit son rôle et le but de sa création.
Lorsqu’on examine les sections du livre de l’Exode qui décrivent l’ordre de D.ieu concernant la construction du Tabernacle et de ses ustensiles, et l’exécution du processus de construction du Tabernacle, on peut remarquer que la construction du Tabernacle lui-même était d’une précision étonnante. Bien que lors de la collecte pour le Tabernacle, les enfants d’Israël aient donné au-delà de toute mesure et aient déversé des quantités de dons, la fabrication du Tabernacle a été faite exactement selon l’ordre de D.ieu ‘au millimètre près’.
L’un des plus grands défis d’un architecte est de s’assurer que dans les plans de construction, il n’y ait pas d’espace inutilisé : sous les cages d’escalier, on s’efforcera de prévoir des espaces de rangement, même les parkings souterrains seront conçus de manière à ce que les piliers porteurs ne créent pas d’espaces inutilisés, le couloir ne sera pas plus large que nécessaire, et ainsi de suite, le moins d’espaces morts possible.
Dans les véhicules, c’est encore plus évident : ouvrez le capot et vous verrez à quel point l’utilisation de l’espace est maximale. Il y a tout ce dont on a besoin, et tout est soigneusement rangé dans le petit espace entre les roues.
Dans un avion, les choses sont encore plus frappantes : les sièges et les tablettes, les allées, les espaces de rangement, tout se replie et se déploie avec précision. Chaque centimètre est utilisé jusqu’au bout.
Ainsi, et bien plus encore, D.ieu a veillé à ce que toutes les parties et tous les détails du Tabernacle soient faits dans la mesure exacte requise pour que chacun d’eux remplisse pleinement sa fonction. Pas plus petit que ce qui est exigé de lui, mais pas non plus plus grand d’un centimètre. Dans le Tabernacle, il n’y avait pas d »espaces morts’. Chaque gramme de cuivre ou de tissu utilisé dans le Tabernacle était essentiel et exploité au maximum, avec une précision merveilleuse.
Ainsi, nous avons appris dans la Paracha Terouma que l’Arche de l’Alliance doit mesurer deux coudées et demie de long, une coudée et demie de haut et une coudée et demie de large. Pas moins, pas plus. Et le Talmud explique que c’est exactement la taille requise pour ranger à l’intérieur de l’Arche les Tables de l’Alliance, sans qu’il ne reste aucun espace vide.
De même, le poids de l’or avec lequel le chandelier a été fabriqué était exactement un kikar d’or, car c’est la quantité nécessaire pour sculpter le chandelier avec toutes ses décorations de manière précise et avec une utilisation complète.
Il en va de même pour tous les ustensiles dans lesquels les sacrifices étaient offerts : les ustensiles étaient faits de manière à contenir exactement la quantité précise de sacrifice qui y était offert. Comme des éprouvettes dans un laboratoire ou une dose de vaccin, la contenance maximale de l’ustensile est en fait la quantité exacte de la substance qu’il doit contenir.
Cette précision exprime une idée très profonde.
Le Midrash raconte qu’à la création du monde, la présence de D.ieu était ressentie et tangible. À la suite du péché de l’Arbre de la Connaissance et d’autres péchés, le Saint béni soit-Il s’est ‘caché’ jusqu’à ce qu’il ne soit plus évident que ce monde a un dirigeant. Ce n’est que lorsque le Tabernacle a été construit que D.ieu s’est de nouveau révélé dans le monde, faisant savoir qu’il y a ici Quelqu’un qui dirige et vivifie toute la création. C’est pourquoi, lors de l’inauguration du Tabernacle, le Saint béni soit-Il dit : ‘Je suis venu dans Mon jardin’, c’est-à-dire, Je suis revenu à Mon ‘lieu naturel’.
Ainsi, le rôle du Tabernacle est d’exprimer comment le Saint béni soit-Il est présent et réside dans le monde. Le Tabernacle symbolise le fait que ce monde a un Créateur, qu’il a un dirigeant qui supervise chacun de ses détails, Il a créé le monde et continue de le gérer dans les moindres détails, exactement selon le plan qu’Il a tissé.
Lorsque le Créateur ‘disparaît’ et se cache de la création, il nous semble que certaines choses se produisent ‘juste comme ça’, qu’il y a des détails dans la création qui ne font pas partie du plan, qui ne sont pas liés au Saint béni soit-Il. Une feuille qui est tombée de l’arbre ‘juste comme ça’, des grains de sable qui volent au vent sans raison, ou une étoile qui a explosé quelque part dans l’espace, à des milliers d’années-lumière de nous, sans aucun but particulier. Lorsque le Créateur n’est pas présent, on a l’impression qu’il y a des ‘espaces morts’ dans le monde.
Mais la vérité est que ce monde, avec tous ses détails et sous-détails, depuis les herbes qui poussent sur les rives du Jourdain jusqu’aux particules de poussière qui se déplacent entre les planètes, tout cet immense univers est comme un avion de passagers, dans lequel chaque boulon a fait l’objet d’une réflexion, chaque centimètre est calculé, l’allée est exactement à la hauteur nécessaire, l’espace des accoudoirs est rempli à ras bord de fils électriques et les réfrigérateurs sont précisément adaptés aux plateaux-repas. Le Saint béni soit-Il a créé chaque détail de la création avec une conception précise, ce qui signifie que chaque petit boulon du système a un but et une signification – il y a une raison pour laquelle il existe, il y a une façon de l’utiliser correctement et c’est le but de son existence. Et cette idée est exprimée de manière frappante dans le Tabernacle, où chaque partie et chaque détail est significatif et il est visible comment il est utilisé et calculé.
Des chariots utilisés au maximum
À partir de cette idée, nous pourrons comprendre la contribution minimaliste des princes :
כשם שבמשכן עצמו, אף על פי שהייתה שם הנהגה של עושר והרחבה, מכל מקום לא היה שום פרט ופרט שבפרט שלא נוצל עבור פעולה או עניין מסוים במשכן, כך גם בנוגע לעגלות ולבקר: הם היו מוכרחים להיות במידה מדויקת בתכלית, לא פחות, אך גם לא יותר, כך שלא יהיה בהם אפילו פרט וחלק אחד שמנוצל למטרתו, לשאת את המשכן.
הן במידה הכמותית, שש עגלות במידותיהן המדויקות, לא עגלות רבות יותר ולא עגלות גדולות יותר,
והן במספר שנים עשר הבקר המוליכים את העגלות, כי אף שמשא המשכן הוא משא כבד ביותר, צריך שינוצלו בשלמות כל הכוחות של כל אחד משנים עשר הבקר המוליכים את העגלות.
ואילו היו העגלות במידה גדולה יותר או היו עגלות רבות יותר, העגלות לא היו בשיעורן הנכון!
Tout comme dans le Tabernacle lui-même, bien qu’il y ait eu une conduite de richesse et d’abondance, néanmoins il n’y avait pas un seul détail ni un sous-détail qui n’était pas utilisé pour une action ou un sujet particulier dans le Tabernacle,
De même en ce qui concerne les chariots et les bœufs : ils devaient être d’une mesure parfaitement précise, pas moins, mais pas plus non plus, de sorte qu’il n’y ait en eux aucun détail ni partie qui ne soit pas utilisé pour son but, porter le Tabernacle.
C’est le cas pour la mesure en quantité, six chariots dans leurs dimensions précises, pas plus de chariots ni de chariots plus grands,
Et aussi pour le nombre de douze bœufs qui conduisent les chariots, car bien que la charge du Tabernacle soit une charge très lourde, il faut que soient exploitées pleinement toutes les forces de chacun des douze bœufs qui conduisent les chariots.
Alors que si les chariots étaient d’une plus grande dimension ou s’il y avait plus de chariots, les chariots ne seraient pas dans leur juste mesure !
En effet, il semble que les princes auraient voulu faire don de chariots larges, de ‘camions’ dans lesquels il y aurait eu de la place en abondance pour porter les planches du Tabernacle et ses tentures de lin. Mais malgré cela, ils se sont ‘retenus’ et ont fait don de chariots de dimension précise, exactement selon le besoin, ni moins ni plus. Pourquoi ? Parce que c’est ainsi que cela fonctionne dans la maison de D.ieu. Rien n’est fait au hasard, tout doit être utilisé de manière complète. Tout comme les murs du Tabernacle ont été faits exactement à la taille requise et les socles exactement au poids nécessaire, de même les ‘roues’ du Tabernacle, ses chariots, devaient être faits exactement à la mesure requise, de sorte qu’ils soient utilisés jusqu’au bout.
C’est comme si nous avions demandé à un architecte et à un décorateur d’intérieur de concevoir pour nous la maison la plus fonctionnelle, sur la plus petite surface. S’ils avaient vu grand et conçu une maison plus grande, ils n’auraient pas rempli leur mission.
Il en va de même ici : la Torah veut nous transmettre un message à travers les chariots. Les princes étaient tenus d’apporter les chariots ayant la plus petite surface possible, combinée à la force de portage la plus faible possible des bœufs pour réussir la mission de porter le Tabernacle – même si cela nécessite une planification complexe et un empilement des planches en hautes piles.
Si les princes avaient fait don au Tabernacle d’un chandelier à dix branches par générosité, ou de planches s’élevant à une hauteur de vingt mètres – cela aurait été une contribution superflue et inacceptable, car elle dépasse les besoins du Tabernacle. De même, si les ‘roues du Tabernacle’ étaient capables de porter plus que le poids du Tabernacle, ce serait un cadeau superflu et inacceptable !
Exploiter les talents
L’offrande des chariots en utilisant précisément leur surface et en exploitant parfaitement la force de portage des bœufs, nous montre clairement le niveau d’utilisation maximal de toutes les parties du Tabernacle – et de là nous apprenons également une leçon pour nos vies :
C’est une instruction pour chacun des Juifs dans la fabrication de son tabernacle personnel – comme le disent nos Sages sur le verset ‘Ils Me feront un sanctuaire et Je résiderai parmi eux’ : ‘Il n’est pas dit ‘en lui’ mais ‘en eux », en chacun des Juifs,
Jusqu’où doit-il prendre garde que chaque force qui lui est donnée par le Saint béni soit-Il, et dans tous ses détails, n’aille pas en vain, à D.ieu ne plaise, mais soit pleinement exploitée pour le but et la fonction pour lesquels D.ieu l’a créée.
Et cela s’applique à chacune des forces de son âme. Il doit savoir que lorsqu’il étudie la Torah et ne fait pas d’efforts comme il se doit, il n’exploite pas comme il se doit la force qui lui a été donnée pour cela par D.ieu.
Et il en va de même pour chaque détail de ses talents, qu’il faut exploiter ‘pour l’amour du Ciel’ et pour l’accomplissement des commandements, et avec zèle précisément, et en particulier pour la diffusion du judaïsme à l’extérieur.
Et il en va de même pour le temps : même s’il a ‘rempli’ vingt-trois heures et cinquante-neuf minutes de la journée, il doit s’efforcer que même la seule minute restante n’aille pas en vain, à D.ieu ne plaise.
Le Tabernacle dans le désert n’est pas seulement une structure historique dans laquelle la Présence divine résidait il y a des milliers d’années, mais c’est un ‘modèle de tabernacle’ pour nous. Nos Sages nous enseignent que chaque Juif est un sanctuaire pour D.ieu. Et l’histoire du Tabernacle n’est pas une histoire historique, mais elle nous apprend comment faire résider la Présence divine en nous, comment introduire la sainteté dans chaque détail de nos vies.
Lorsque nous lisons sur le Tabernacle, sur le travail de sa fabrication, sur ses nombreux ustensiles et sur les matériaux bruts dont il était composé, nous lisons en fait, à un niveau plus intérieur, sur le tabernacle qui est dans notre cœur. Chaque détail de l’histoire du Tabernacle est en réalité une instruction et une directive détaillée sur la façon d’introduire et de faire résider la sainteté dans chaque détail de nos vies.
Ainsi, les chariots qui portaient le Tabernacle nous enseignent également une leçon importante comme nulle autre. Tout comme tout le potentiel des chariots est exploité jusqu’au bout, sans ‘espace mort’, de même lorsqu’un Juif veut introduire de la sainteté dans sa vie, il doit utiliser toutes les capacités que D.ieu lui a données, réaliser tout le potentiel qui est en lui jusqu’au bout.
Nous pouvons appliquer cela à plusieurs domaines de la vie.
Chaque talent d’un Juif doit être exploité au maximum pour le service de D.ieu. Qu’il s’agisse d’un talent oratoire, d’un pouvoir de persuasion, d’un sens musical ou d’un sens du dessin.
De même, un Juif qui a des talents intellectuels, qui est capable d’étudier la Torah en grande profondeur mais se contente d’une étude de base – il n’exploite pas pleinement ses forces, il a un ‘espace mort’ dans son tabernacle personnel.
En tant que parents, parfois un dilemme se pose à nous : devons-nous investir dans des cours privés qui donneront à l’enfant un moyen de s’exprimer par le dessin ou la musique ? Lorsque nous éduquons les enfants au service de D.ieu, devons-nous développer en eux la créativité, les talents et les capacités potentielles ?
Les chariots du Tabernacle nous enseignent : le monde que D.ieu a créé est pour Sa gloire, et il en va de même pour le talent. Un Juif est commandé de servir D.ieu dans tous les domaines qui lui sont donnés, et s’il a un potentiel et qu’il ne le découvre pas et n’agit pas pour persévérer et agir à travers lui afin de servir D.ieu, il laisse des espaces vides dans son tabernacle.
Même une personne qui a des capacités physiques particulières, comme de la souplesse ou une grande force, doit les développer et trouver comment s’en servir pour servir D.ieu : peut-être en encadrant des jeunes en décrochage, ou en s’entraînant pour rester en forme et en bonne santé pour l’amour du Ciel.
Une personne qui a un talent culinaire doit l’utiliser pour embellir les repas de mitsva, ou choyer sa famille lors des repas de Chabbat et de fêtes. Le peintre a l’obligation de diffuser des messages de foi à travers ses tableaux. Le chanteur doit rapprocher les cœurs et multiplier la joie et la satisfaction. Une personne qui a un sens des affaires ou de la gestion doit se porter volontaire pour gérer un système de bonté dans le quartier, et une personne qui a du charme doit l’utiliser pour influencer les autres.
Beaucoup d’entre nous ont un talent unique qui ne s’exprime pas. Si ce n’est pas nous, alors sûrement l’un de nos enfants. Nous devons savoir que tous ces talents sont des ‘chariots’ et des ‘bœufs’ qui doivent aider dans le travail du Tabernacle, et leur potentiel doit être réalisé ! Une personne qui préférera ne s’enfoncer que dans ce qu’elle a l’habitude de faire depuis sa jeunesse et laissera ses talents ‘s’éteindre’, dit en quelque sorte : ‘Il y a ici quelque chose que D.ieu m’a donné pour rien’. Ce faisant, elle crée un espace vide et gaspillé dans le sanctuaire de D.ieu. Elle a un bœuf fort – qui ne tire rien !
Et bien sûr, le temps est aussi une ressource précieuse qui nous est donnée de manière limitée. D.ieu nous a donné une allocation de vie ici dans ce monde, sans aucun temps ‘de réserve’. Et comme les chariots dans le Tabernacle, chaque minute doit être utilisée. Il ne doit pas y avoir de ‘temps mort’ dans notre tabernacle. Comme nos forces et nos talents, notre temps doit être utilisé au maximum pour le service de D.ieu.