Il convient de préciser la responsabilité mutuelle des Juifs, que l’on compare au fait qu’un homme possède une tête et un pied et de la même façon, tous les Juifs sont une seule personne, un seul corps. L’unité des membres du corps peut être envisagée de différentes façons et il en est de même également pour l’unité d’Israël.

 

Traduit par le Rav Haim Mellul

A) Le corps est entier quand il a tous ses membres, car, s’il en manque un seul, y compris le plus accessoire et inférieur, le corps n’est plus entier.

B) A un stade plus haut, tous les membres se complètent et ils ont besoin l’un de l’autre. C’est pour cela qu’une saignée du pied peut guérir la tête, pour cela également que le pied fait tenir la tête debout et qu’il la conduit. C’est alors le pied qui devient tête et la tête qui devient pied, car, en ce cas, la tête reçoit du pied.

Il en résulte que chaque membre est une « tête » par la qualité spécifique qu’il possède, par laquelle il influence tous les autres membres, au point que : « il n’y a plus de tête et plus de pied ».

Mais, selon ces deux définitions, une différence existe encore entre les membres. C’est bien évident selon la première, puisque l’intégrité du corps suppose la présence de tous ses deux-cent-quarante-huit membres à la fois, lesquels, en outre, doivent être séparés, ce qui veut dire que tous possèdent les deux cent quarante-huit qualités de chaque membre. Tous les membres participent à la constitution de ce grand corps.

C’est vrai aussi selon la seconde définition, dans laquelle la qualité de chaque membre, par rapport aux autres, n’apparaît pas clairement, car tous sont des « têtes ». Malgré cela, la qualité de chaque membre est bien dans son domaine propre, dans ce qui le distingue de tous les autres.

En fait, l’unité véritable, au sein du corps, est réalisée quand chaque membre ressent que son existence essentielle ne réside pas dans ses qualités spécifiques, mais dans le fait qu’il est une partie de l’homme, dans son ensemble. Cet aspect est identique dans tous les membres, qui sont tous une partie du corps, de la même façon et c’est pour cela que l’unité entre eux est totale.

Il en est de même également pour l’unité d’Israël. Tous partagent une responsabilité mutuelle, parce qu’ils forment un corps unique, en lequel on distingue les trois caractères suivants :

A) La perfection du peuple d’Israël suppose la présence de tous ses groupes constitutifs, depuis : « vos chefs de tribu » jusqu’à : « ton puiseur d’eau ».

B) A un stade plus haut, chaque groupe constitutif du peuple d’Israël apporte sa qualité propre à tous les autres, car tous les Juifs ont besoin l’un de l’autre et ils se complètent, au point qu’il n’y ait plus de tête et de pied.

C) L’unité la plus haute est celle en laquelle chaque Juif est partie intégrante du peuple d’Israël. Il en est ainsi de par la pointe de Judaïsme que chacun possède et qui est strictement la même pour tous. C’est la véritable signification de cette responsabilité mutuelle et de cette interdépendance. Il n’y a pas là une répartition entre la tête et le pied. Tous sont comme un point unique).

Période de crise

Vous m’excuserez de vous écrire ce qui suit, mais je pense que cela ne vous surprendra pas. Je dois vous dire que je ne suis pas de votre avis et ma position est inspirée par la grande nécessité de maintenir l’unité de notre peuple. Bien entendu, vous m’accorderez qu’il doit effectivement en être ainsi.

Si, de tous temps, il a été fondamental de préserver l’unité de notre nation, combien plus doit-il en être ainsi en la présente époque, qui est, selon tous les avis, une période de crise et donc de confusion des esprits, des pertes des valeurs. Dans un tel contexte, le danger des compromis et de tout ce qui y ressemble est largement décuplé. C’est aussi ce que démontrent les nombreux avis, les multiples conceptions, qui sont apparus du jour au lendemain.

Comme c’est systématiquement le cas, quand on veut comprendre une certaine conception, on doit en examiner les manifestations les plus extrêmes, y compris quand cet extrémisme a été adopté uniquement par une minorité, qui semble être sans importance. En effet, l’expression extrême met en évidence la direction qui est suivie, la finalité de cette conception, ou, tout au moins, les conséquences possibles qu’elle peut avoir, si l’on ne réagit pas pendant qu’il en est encore temps.

Il découle de tout ce qui vient d’être dit que quiconque accorde de la valeur à l’unité des enfants d’Israël, y compris dans les milieux qui ne sont pas liés à la religion, doit consacrer toute son énergie à la défendre, sans faire de place à l’affaiblissement et au compromis, en la matière.

Bien plus, quiconque analyse la situation objectivement doit admettre que le compromis, par rapport à une certaine conception, n’est pas le moyen d’instaurer la proximité, la paix et l’unité. Bien au contraire, on instaure ainsi un état de frictions permanentes, incessantes, qui se multiplient de plus en plus. (Likouteï Si’hot, tome 24, page 383)

Sans concession

Si, de tout temps, il a été un besoin fondamental de préserver l’unité de notre peuple, combien plus en est-il ainsi à l’époque actuelle, qui est, selon tous les avis, une période de crise et donc de confusion des esprits, de perte des valeurs. Dans une telle situation, le danger des compromis et de tout ce qui leur ressemble est d’autant plus grand. C’est aussi ce que l’on peut dire en observant les multiples opinions, les différentes conceptions qui se sont développées, du jour au lendemain.

Il découle de tout ce qui vient d’être dit que quiconque accorde de la valeur à l’Unité d’Israël, y compris dans les milieux qui sont éloignés de la pratique, doit, en tout état de cause, la défendre, avec toute sa détermination, sans accorder la moindre place à l’affaiblissement et à la concession.

Bien plus, quiconque médite à la situation telle qu’elle est réellement, devra admettre que toute concession, par rapport aux principes, n’est pas un moyen d’instaurer la proximité, la paix et l’unité. Bien au contraire, il en résulte des dissensions permanentes, qui ne cessent pas et qui vont en se développant. (Lettre du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 14, page 383)