Dans les pages du magazine « Kfar Chabad », le Rav Michael Taieb livre un témoignage poignant sur les mois qui ont suivi son accident. Son récit, empreint d’une profonde spiritualité, nous éclaire sur la force que peut apporter la foi dans les moments d’adversité.

 

En ce quinze Av, rien ne laissait présager le drame. Le Rav Taieb circulait à scooter dans les rues de la ville, probablement l’esprit déjà tourné vers ses prochains cours et rencontres avec ses fidèles. C’est alors qu’une voiture surgit brutalement. Le choc est d’une violence inouïe.

« Je me suis retrouvé projeté sur le bitume brûlant », se remémore-t-il, la voix encore teintée d’émotion. « En une fraction de seconde, j’ai compris que ma vie venait de basculer. » Les secours, rapidement sur place, confirment la gravité de la situation : fracture complexe de la hanche nécessitant une intervention chirurgicale immédiate. « Si je remercie l’Éternel que les conséquences n’aient pas été plus dramatiques – car elles auraient pu l’être – je dois reconnaître que cet événement a bouleversé tout mon quotidien. »

La suite s’avère être un parcours semé d’épreuves. La rééducation, particulièrement éprouvante, met à rude épreuve sa patience et sa détermination. « Les chirurgiens ont dû implanter plusieurs vis dans l’os pour consolider l’articulation », explique-t-il. « Ces broches sont devenues mes fidèles compagnes, particulièrement sensibles aux caprices de la météo. Chaque vague de froid, chaque jour de pluie réveille des douleurs lancinantes. » Avec une humilité touchante, il ajoute : « Bien sûr, comparées aux épreuves que traversent certains, mes difficultés peuvent sembler dérisoires. Mais chaque jour apporte son lot de défis à surmonter. »

C’est dans cette adversité que les enseignements hassidiques, étudiés et enseignés depuis tant d’années, prennent une dimension nouvelle. « Allongé sur le bitume brûlant, ma première réaction fut la colère », confie-t-il. « Je voyais tous mes projets s’écrouler comme un château de cartes. Les cours que je devais donner, les événements prévus, les accompagnements spirituels… tout semblait soudain hors de portée. »

Mais c’est précisément dans ce moment de désarroi que resurgirent les paroles du Rav Nissan Nemanov : « Toute une vie d’étude de la Hassidout prépare à ces cinq minutes d’épreuve… » Cette maxime, souvent citée dans les cercles hassidiques, prenait soudain une résonance particulière. « Les textes sacrés, le Tanya en particulier, et par-dessus tout la grâce divine, sont devenus mes véritables soutiens », témoigne-t-il. « Ce n’était plus de la théorie, mais une réalité vivante qui me portait jour après jour. »

Dans cette traversée de l’épreuve, le lien spirituel avec le Rabbi s’est révélé être une source intarissable de réconfort. « Chaque jour, matin et soir, je lui écrivais », raconte le Rav Taieb avec une émotion palpable. « Ces moments d’écriture étaient bien plus qu’un simple exercice spirituel. C’était une véritable conversation intime avec un père bienveillant. Car qui mieux qu’un père spirituel peut comprendre nos peines et nos progrès ? Sa présence, bien qu’invisible, m’a guidé et soutenu tout au long de ce parcours. »

Sa dernière visite au Ohel du Rabbi, remonte à la veille du Chabbat bénissant le mois de Tamouz 5784. L’évocation de ce lieu sacré fait briller ses yeux d’une lueur particulière : « L’Ohel a quelque chose de unique », murmure-t-il presque. « On frappe doucement à la porte avant d’entrer, comme pour demander la permission de pénétrer dans ce sanctuaire de paix. Là-bas, une tranquillité profonde vous envahit. Les fardeaux s’allègent mystérieusement, les blessures trouvent leur baume. C’est un espace hors du temps où l’on peut tout confier, car notre père saint nous écoute, nous soutient et nous bénit avec une tendresse infinie. »

À travers ce témoignage poignant, le Rav Taieb nous livre bien plus qu’un simple récit de convalescence. Il nous offre une leçon universelle sur la manière dont la foi peut transformer une épreuve en opportunité de croissance spirituelle. Son histoire nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, une lumière peut jaillir, illuminant non seulement notre propre chemin, mais aussi celui des autres.