Le 5 Tevet 5747 (1987), les rues autour du 770 Eastern Parkway vibraient aux sons des danses joyeuses des ‘hassidim. Pendant des heures, la communauté célébrait la victoire juridique et spirituelle confirmant la propriété légitime des sefarim de la bibliothèque d’Agudat Chassidei Habad.

 

Cette mélodie hassidique existait déjà avant sa version avec paroles. Un moment notable de son histoire fut lors du farbrengen de Pourim 5731 (1971), quand le Rabbi commença à l’entonner après un maamar. Les ‘hassidim se joignirent à lui, reconnaissant la joie particulière de ce nigoun qui convenait parfaitement à la sim’ha du jour.

La Naissance des Paroles

Le Rav Berel Lazar, alors jeune Bahour d’origine italienne et aujourd’hui Grand Rabbin de Russie, raconte un événement marquant qui précéda l’ajout des paroles. Environ un mois avant la victoire, lors du Kinous Hachlouhim annuel, le Rabbi rencontra les chlou’him à l’étage du 770 pour les informer de l’avancement du procès. À la sortie de cette rencontre, devant le 770, un moment historique se produisit : le Rav Sholom Posner de Pittsburgh fut soulevé sur les épaules et commença à proclamer « Didan Natsa’h ! », une exclamation reprise par tous les chlou’him comme un cri de ralliement.

La Source Spirituelle

L’expression « Didan Natsa’h » trouve sa source dans le Midrash (Rabba et Tan’houma). Il y est relaté l’histoire d’un esprit bienveillant repoussant un esprit malfaisant qui nuisait aux Juifs près d’une rivière. Un sage du Talmud conseilla aux habitants de chasser l’esprit néfaste en proclamant « Notre côté est victorieux » (Didan Natsa’h en araméen). Une goutte de sang à la surface de la rivière signala leur triomphe.

La Création du Chant

Le tournant décisif eut lieu lors de Youd Kislev, Parshat Vayetzei. Le Rabbi parla de l’importance d’attirer la délivrance (yechoua) non par la tristesse mais par la joie, encourageant une sim’ha débordante. Après le farbrengen, les bo’hourim, dont le Rav Lazar, continuèrent à danser et chanter. C’est alors que, se rappelant la scène avec le Rav Posner, il commença à fredonner les mots « Didan Natsa’h » sur la mélodie. Les autres bo’hourim reprirent immédiatement, et le chant fut répété sans cesse.

L’Adoption par le Rabbi

Dès le Chabbat suivant, cette nouvelle version fut chantée devant le Rabbi pendant le farbrengen. Le Rabbi expliqua l’importance de proclamer une victoire publiquement, comparant cela aux défilés militaires célébrant un triomphe. Cette déclaration exprimait non seulement la victoire concernant les livres mais renforçait également la mission continue de Habad.

Une Autre Version

Il existe une seconde version du nigoun « Didan Natsa’h », une composition originale de Rav Sholom Bruchstat, baal menagen de longue date de Crown Heights. Cependant, le Rabbi semblant préférer la mélodie plus ancienne et plus énergique, c’est la version du Rav Lazar qui devint l’hymne officiel de cette célébration.

Le Nigoun Aujourd’hui

Ce nigoun continue de résonner lors des célébrations de Hei Tevet, portant en lui non seulement le souvenir de la victoire historique des sefarim, mais aussi l’esprit de persévérance et de joie qui caractérise le mouvement Habad-Lubavitch.