Un roi possède un grand nombre de pierres précieuses et de perles. Certaines sont serties sur sa couronne pour la rendre plus éclatante et plus belle. D’autres sont utilisées pour les besoins du pays. Cependant, certaines restent cachées dans le trésor royal, et le roi ne les utilise jamais. Il prend plaisir à les contempler et se réjouit de le faire, même si elles n’ont aucune utilité pratique pour lui. Une relation similaire existe entre les enfants d’Israël et le Saint, béni soit-Il.
Les enfants d’Israël mettent en pratique Ses Mitsvot et manifestent ainsi Sa Royauté dans le monde. Pourtant, malgré l’importance capitale de cet accomplissement, D.ieu trouve de la joie dans les enfants d’Israël eux-mêmes, indépendamment de la mission qui leur est confiée. Ils sont Son trésor et Il prend plaisir à les contempler. Bien évidemment, cela ne les dispense pas de mettre en pratique leur mission divine, loin s’en faut. Cela démontre néanmoins l’amour profond que D.ieu éprouve pour chaque Juif.
(Discours du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 24, page 261)
La Couronne et la Révélation de la Royauté
Dans le contexte de cette parabole, les pierres précieuses serties sur la couronne du roi peuvent être considérées comme les Mitsvot visibles et tangibles que les Juifs accomplissent dans le monde. Ces actions sont les manifestations évidentes de la relation entre le peuple juif et D.ieu, et elles servent à proclamer et à révéler Sa Royauté aux yeux du monde.
Il est frappant de constater que dans de nombreux écrits juifs, notamment dans la littérature hassidique, l’observance des Mitsvot est souvent comparée à l’acte de couronner D.ieu. Par leurs actions, les enfants d’Israël contribuent à la sanctification du Nom divin, et à établir un espace où la présence de D.ieu peut résider.
Le Trésor Caché : L’Intime et l’Invisible
D’un autre côté, les pierres précieuses cachées dans le trésor du roi symbolisent la dimension intérieure et cachée de chaque individu. Ces pierres ne sont pas montrées au public, elles ne sont pas « utilisées », mais elles n’en sont pas moins précieuses aux yeux du roi. De même, il y a dans chaque Juif un aspect intrinsèque et unique qui est précieux aux yeux de D.ieu, indépendamment de son rôle ou de ses actions dans le monde.
Cet aspect caché peut être vu comme l’âme (Neshama) de l’individu, qui est une « partie de D.ieu en haut », selon la formule des Sages. Cette âme est en soi une source de joie pour D.ieu, tout comme les pierres du trésor sont une source de joie pour le roi.
L’Equilibre entre le Caché et le Révélé
L’aspect le plus fascinant de cette parabole peut être le délicat équilibre qu’elle suggère entre les deux dimensions de la vie juive : l’exotérique (publique et sociale) et l’ésotérique (privée et intime). L’un n’éclipse pas l’autre; au contraire, ils se complètent.
La réalisation des Mitsvot est certes essentielle, mais elle ne saurait suffire à définir entièrement la relation entre D.ieu et chaque Juif. En même temps, l’aspect intime et personnel ne doit pas être une excuse pour négliger les Mitsvot ou les obligations communautaires.
Conclusion
À travers cette métaphore, nous découvrons une image de l’amour incommensurable et complexe que D.ieu a pour Son peuple. Il s’agit d’un amour qui transcende les catégories habituelles de « utilité » ou de « mérite », et qui invite chaque individu à se voir comme un joyau unique dans la couronne divine, tout en participant activement à la mission collective d’établir un domicile pour D.ieu dans ce monde.