C’est en 1988, peu après la Histalkout de son épouse, la Rabbanit ‘Haya Mouchka Schneerson que le Rabbi lança une nouvelle initiative : célébrer son anniversaire hébraïque.

Jusque-là, on ne prêtait attention à la date anniversaire que pour déterminer la date d’une Bar Mitsva par exemple. Mais depuis que le Rabbi en expliqua l’importance, la célébration de l’anniversaire juif a été accueillie avec joie, par les enfants comme par les adultes.

Rav Michael Chaouat et son épouse sont responsables au sein du mouvement Loubavitch de l’impulsion donnée à cette campagne et les résultats obtenus sont remarquables.

Comment convient-il de fêter son anniversaire ?
Le Rabbi a indiqué une dizaine de pensées et d’actions à entreprendre le jour de son anniversaire (réfléchir à l’année passée, réunir ses amis et prendre devant eux des bonnes résolutions dans les domaines de la Torah, Tefila et Tsedaka, réciter tous les Tehilim (Psaumes), mieux prier, donner plus de Tsedaka, prononcer la bénédiction Chéhé’héyanou sur un fruit nouveau etc…). Un homme s’efforcera aussi de monter à la Torah le Chabbat précédent ou le jour-même éventuellement. Chacun aura à cœur d’étudier un Maamar de ‘Hassidout etc. Il convient d’insister particulièrement sur la réunion avec les amis, quand il est si réconfortant de s’entendre souhaiter Mazal Tov pour cette journée si importante…

Quel est votre rôle dans cette campagne ?
C’est le regretté Rav Chmouël Azimov qui m’avait chargé de développer cette campagne. Depuis, nous avons ouvert un site (www.bethloubavitch-anniversaire.fr) et ce sont plus de 9000 personnes qui se sont inscrites : à l’approche de leur anniversaire hébraïque, nous leur envoyons un diplôme anniversaire avec le rappel des coutumes de ce jour ainsi que des textes à étudier pour mieux se préparer. Nous proposons aussi d’aider à organiser une réunion ‘hassidique en leur envoyant quelqu’un qui pourra parler et influencer les participants dans la bonne voie. Vous ne pouvez pas imaginer combien les gens sont touchés, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes et souvent de personnes âgées isolées, émues aux larmes qu’on se souvienne d’elles en ce jour spécial.
Cette campagne est onéreuse car nous envoyons de nombreuses brochures explicatives, en hébreu et en français. Ce sont des textes bien présentés, à la maquette agréable et au contenu très apprécié.

Justement, en quoi le jour de l’anniversaire est-il spécial ?
Le Talmud de Jérusalem explique qu’en ce jour, le Mazal (la « chance ») de la personne est très fort. En ce jour, le monde ne pouvait plus subsister sans que cet enfant ne voie le jour ! Quand on y réfléchit, c’est fascinant et cela montre l’importance de chacun d’entre nous. Ce jour est un Roch Hachana personnel et marque donc un nouveau début, de nouvelles forces et de nouvelles possibilités. C’est l’occasion idéale de prendre des bonnes résolutions, surtout devant ses amis et connaissances pour les rendre encore plus effectives. « Durant le jour de son anniversaire, l’homme doit s’isoler, évoquer ses souvenirs et y méditer, réparer tout ce qui doit l’être et faire techouva (revenir à D.ieu) » écrivait le Rabbi le jour de son propre anniversaire (le 11 Nisssane) dans le calendrier Hayom Yom qu’il édita en 1942.

Le premier anniversaire mentionné dans la Torah est celui du Pharaon?
Exactement. A l’époque où Yossef se trouvait en prison en Égypte, le Pharaon avait organisé un grand festin à l’occasion de son anniversaire et avait accordé la grâce à son échanson, l’homme préposé à ses réserves d’alcool. On voit aussi que la peuplade d’Amalek avait choisi pour vaincre le peuple d’Israël des hommes qui célébraient leur anniversaire ce jour-là. Cela montre combien le jour de l’anniversaire est porteur de forces immenses : il nous appartient de transformer ce concept et de l’élever vers la Kedoucha, la sainteté, en utilisant ces forces pour le bien.
Le jour de la naissance pourrait être une journée triste : après tout, dans le ventre de sa mère, l’enfant étudiait la Torah jour et nuit avec un ange. Au moment de la naissance, l’ange le frappe sur la bouche et l’enfant oublie toute la Torah ! Mais c’est justement maintenant que commence l’aventure, que l’enfant peut fournir des efforts personnels : l’anniversaire, ce n’est pas être parfait mais c’est « Lehossif », ajouter, améliorer, aspirer à s’élever dans la sainteté et aider les autres à agir de même. L’effort personnel « d’en bas » a bien plus de valeur que tout ce qu’un ange peut nous donner « d’en-haut » !

Quelles sont les réactions à cette campagne ?
C’est incroyable. Vous ne pouvez pas imaginer ce que ressent une personne isolée quand elle réalise qu’on se préoccupe de son anniversaire. C’est un jour qui rappelle des souvenirs puissants aux personnes âgées par exemple, qui leur permet de raconter leur histoire, qui les rattache à leurs propres parents. C’est un sentiment qui les submerge ! Nous avons récemment fêté l’anniversaire d’un homme de 102 ans dans une maison de retraite et c’était très émouvant ! D’ailleurs les directeurs de ces EPHAD sont très contents quand nous leur proposons de venir parler à leurs pensionnaires à l’occasion des anniversaires. Vous savez, il y a des gens qui ont une grande famille et à qui on souhaite presque toutes les semaines un nouveau Mazal Tov : naissance, Bar Mitsva, mariage … Par contre, il y a des gens qui n’ont pas cette chance, qui n’ont pas ou plus de famille : cependant, au moins une fois dans l’année, on leur souhaite Mazal Tov et cela les touche énormément !

Quel genre de « bonnes résolutions » peut-on prendre le jour de son anniversaire ?
Tout dépend de la personne, de son âge, de son degré d’avancement dans le judaïsme. En général, le Rabbi conseillait de prendre une bonne résolution dans les trois domaines que sont :
1) l’étude de la Torah, chacun à son niveau, en insistant sur l’étude quotidienne du Rambam
2) la Tsedaka : s’engager à mettre chaque jour une pièce dans la boîte de Tsedaka, encourager les autres en cela…
3) la prière : si on ne sait pas encore lire l’hébreu, on dispose maintenant de nombreux livres en phonétique. Si on sait lire, on peut améliorer sa vitesse de lecture, s’engager à prier de façon plus régulière, encourager les autres à se joindre à un Miniane…
Bien entendu, chacun peut s’améliorer dans son comportement quotidien, dans ses relations avec autrui…

Une anecdote pour finir ?
Je pourrais en citer des centaines mais je me contenterais d’une remarque : le premier Siyoum (fête de conclusion) de l’étude du Rambam, en 1985, a eu lieu le 11 Nissane, le jour de l’anniversaire du Rabbi ! Et le second Siyoum a eu lieu un peu moins d’un an plus tard, le 25 Adar 1986, le jour de l’anniversaire de la Rabbanit ‘Haya Mouchka… Peut-on rêver d’un plus beau cadeau d’un mari à sa femme ?

Propos recueillis par Feiga Lubecki

Une anecdote
Ceci se passe dans une classe du ‘Héder, l’école Loubavitch de garçons.

Ce jour-là, un des élèves fêtait son anniversaire comme le veut la coutume : friandises, boissons mais aussi chemise blanche et répétition d’un Maamar, discours du Rabbi, chants ‘hassidiques et ambiance festive.

Tout-à-coup, le regretté directeur, Rav Chmouël Azimov entre dans la classe et demande : « Qui sait pourquoi on célèbre son anniversaire ? ».

Un des enfants suggère : C’est un peu comme un Roch Hachana personnel … Un autre affirme : Ce jour-là, le mazal est plus fort… Bref, chacun apporte sa contribution avec des arguments qu’il a appris.

Mais Rav Azimov donne sa réponse et c’est pour nous tous un enseignement extraordinaire :
« Nous célébrons notre anniversaire car le Rabbi nous a demandé de le faire, parce que c’est une campagne du Rabbi ! La véritable raison nous échappe totalement ! ».

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