Il y a 30 ans, le 2 Adar Aleph, Mme Pesha Leah Lapine hy »d, a été a été poignardée à mort lors d’un cambriolage dans son appartement du quartier Crown Heights. Le meurtre tragique de la femme et mère de jeunes enfants a choqué toute la communauté, et le Rabbi a participé à sa Levaya avec une douleur visible sur son visage.

 

Si’ka du Rabbi  veille du 9 Adar 1, après que la famille ait achevé les Shiva  (audio):

Il convient d’évoquer un point qui est d’actualité, bien qu’il faille pour cela déroger à la règle selon laquelle des propos doivent être introduits par une bénédiction. Une sanctification du Nom de D.ieu a, en effet, eu lieu. Tout événement qui survient est particulièrement précis, combien plus lorsqu’il concerne la sanctification publique du Nom Divin, dans ce quartier où se trouve la maison de mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, maison de bonnes actions, d’étude de la Torah et de prière. Il est sûr que tout ce qui s’y déroule reçoit une valeur beaucoup plus grande. En conséquence, on peut s’interroger sur le sens de ce qui s’est passé.

Or, cette question ne peut être posée à personne. Tous ceux qui sont ici présents n’en savent pas plus que moi, en savent peut-être un peu plus ou un peu moins. En conséquence, que tirer pour vous comme pour moi de l’interrogation qui est ici soulevée? Le Saint béni soit-Il retarde malheureusement la délivrance véritable et complète, pour quelques instants encore.

Ce qui vient d’être évoqué concerne chacun. On sait que le Beth Yossef parvint à une telle élévation spirituelle qu’il mérita d’offrir sa vie pour sanctifier le Nom de D.ieu. Par la suite, quelque chose survint qui n’aurait pas dû être, eu égard à sa grandeur. Dès lors, ce mérite lui fut retiré. Pour autant, il ne resta pas sans rien. Il vécut longtemps, devint le guide spirituel de tout le peuple juif jusqu’à la fin des générations. Certes, le Ramah apporta également ses commentaires à son Choul’han Arou’h. Mais, ceux-ci sont comparés à la nappe qui recouvre la table, laquelle fut dressée par le Beth Yossef lui-même.

Or, il est bien dit que le mérite d’offrir sa vie pour le Nom de D.ieu lui fut retiré. En conséquence, le fait qu’il vécut longtemps, sa qualité de guide spirituel de tout le peuple juif n’est nullement comparable à l’importance de sanctifier le Nom Divin.

Il s’agit, en l’occurrence, d’une jeune mère, qui a des enfants en bas âge. Ceux-ci regretteront leur mère pendant de nombreuses années, car ils auront une longue vie et si, ce qu’à D.ieu ne plaise, la résurrection des morts est retardée, ils pourront raconter à leur propres enfants de quelle manière ils regrettèrent leur mère. Ils leur parleront de ses qualités, de la sanctification du Nom de D.ieu qu’elle réalisa. Tout ceci pose avec encore plus de gravité la question précédemment énoncée.
Mais à quoi bon s’interroger lorsque l’on ne peut répondre? On peut malheureusement constater que la délivrance véritable et complète est retardée d’un instant et d’encore un autre instant.

Nous avons étudié la Parchat Teroumah, «voici le prélèvement que vous prendrez d’eux… Ils Me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux». Nous étudions maintenant la Paracha suivante, Tetsavé, «et toi, tu ordonneras aux enfants d’Israël», qui souligne à quel point chaque Juif doit avoir une longue vie.

Nos Sages expliquent que la requête de Moché, «efface-moi de Ton Livre» fut réalisée précisément dans cette Paracha, la seule où son nom n’est pas mentionné autrement que par le mot « toi ». Ainsi, D.ieu doit accorder à chaque Juif de longs jours et de bonnes années. Certes, Il souhaite le plaisir que Lui procure le sacrifice physique. Qu’Il se contente donc des épreuves physiques subies par le peuple d’Israël pendant l’exil, qui dure depuis dix neuf siècles déjà, alors que le Machia’h n’est pas encore là! Ainsi, s’écoule une journée, puis une autre, une semaine, puis une autre, un instant puis un autre.

Et l’on s’écrie: «jusqu’à quand durera cet exil? Jusqu’à quand durera-t-il?». On pense à ces mots, on les prononce, mais qu’en résulte-t-il concrètement? Une nouvelle sanctification du Nom de D.ieu!

Une âme juive de plus a été retirée. Elle manque à ses enfants, dont cette mère a dû confier l’éducation à d’autres. Il y a là un sacrifice plus élevé encore que celui de sa propre vie, un sacrifice dépassant le sacrifice.

Comme on l’a maintes fois souligné, qu’obtiendra-t-on en argumentant encore une fois et encore une fois? On ne sait plus ce qu’il y a lieu de faire. Nous avons essayé en faisant usage de la joie. Nous avons présenté d’une certaine façon les soixante jours d’Adar, la force du Mazal de ce mois. Toutes les possibilités ont été essayées, mais le Machia’h n’est pas encore là. La délivrance véritable et complète n’est pas obtenue.

A quoi bon dois-je le répéter encore et encore? Et je prononcerai encore une fois ces mots et on les écrira: la délivrance véritable et complète n’est pas encore effective!

Rien ne sortira donc de ces questions et de ces interrogations. Le Saint béni soit-Il doit Lui-même intervenir! Bien sûr, il n’y a pas lieu de Le défendre ou d’expliquer Sa cause. Il peut le faire Lui-même!

Puisse Sa première décision être la délivrance immédiate. Ainsi, il sera inutile de poser des questions, de s’interroger sur la sanctification du Nom de D.ieu par les Juifs en général et par une mère de jeunes enfants, qui auront une longue vie, en particulier. En effet, on ne sait quand elle retrouvera la vie physique et retrouvera à nouveau ses enfants.

Point n’est besoin de multiplier ces propos et puissent ces quelques idées être considérées comme un long développement. Si la conséquence devait en être négative, qu’aurais-je gagner? Qu’auriez-vous gagné? Quel apport en découlerait-il pour ce quartier? Puisse donc D.ieu faire que ces propos deviennent inutiles, car la délivrance véritable et complète sera immédiate. Alors, «ils se réveilleront et se réjouiront, ceux qui gisent sous terre». Les Justes revivront les premiers, en particulier cette femme qui a été tuée pour sanctifier le Nom de D.ieu. Dès lors, elle rencontrera à nouveau ses enfants et pourra poursuivre leur éducation, dans la joie et l’enthousiasme. Puisse D.ieu faire qu’il en soit ainsi immédiatement, que D.ieu ne nous retienne pas même le temps d’un clin d’oeil en exil.

(Le Rabbi distribua à chacun des présents trois dollars pour la Tsédaka.)