Premier chapitre du livre à paraître prochainement, ‘l’Essence de la Torah-Etude du Dvar Mal’hout du Rabbi Menahem Mendel Schneerson’. Hassidout.org vous propose de lire périodiquement un extrait de ce livre, d’après l’enseignement du Rabbi sur la Torah

 

Le Rabbi rapporte de nombreuses fois dans ses enseignements le principe selon lequel ‘la fin est ancrée dans le commencement, et le commencement est ancré dans la fin’. Or, nous pouvons nous rendre compte de la force de ce principe en l’appliquant à la Torah elle-même.

En effet, il est écrit au tout début de la Torah que ‘l’esprit de D.ieu planait sur la surface des eaux’ (Béréchit, 1, 2), et le ‘Midrache Raba’ explique que ‘l’esprit de D.ieu’ désigne l’esprit du Machia’h. Ainsi, à son commencement la Torah fait allusion au Machia’h, alors qu’à sa fin, à son tout dernier verset, elle nous parle de Moché, comme il est dit (Dévarim, 34, 12) : ‘Et pour toute la main forte et pour toute la grande crainte que Moché a accomplies aux yeux de tout Israël’. Le lien qui unit la fin de la Torah avec son commencement est donc celui qui unit Moché au Machia’h, et c’est à cela que se rapporte la parole des Sages selon laquelle ‘Moché est le premier libérateur et il est aussi le dernier’.

D’après leurs dates de naissance, il aurait été logique que la Torah nous parle de Moché avant de nous parler du Machia’h, mais d’après le principe selon lequel ‘la fin d’une action est au début dans la pensée’, Machia’h apparaît en premier dans la Torah car il représente le but de la Création, ‘la fin de l’action’ qui est apparue au début dans la pensée de D.ieu. Par ailleurs, le fait que Moché apparaisse à la fin de la Torah, et non pas à son commencement, nous rappelle l’enseignement de Rabbi Shimon bar Yo’haï d’après lequel ‘l’extension de Moché’ désigne le guide spirituel que L’Eternel place à la tête de chaque génération des enfants d’Israël. Ainsi, le dernier verset de la Torah, dans lequel il est question de Moché, de ‘sa main forte et de sa grande crainte’, n’est pas sans évoquer l’action du guide spirituel qui existe dans chaque génération : ‘l’extension de Moché’, et en particulier l’action du Machia’h, car il est dit que ‘Moché est le premier et il est aussi le dernier libérateur’.

Ce lien, qui unit Moché au Machia’h, exprime également le lien qui unit la partie révélée de la Torah à sa partie la plus intérieure et la plus profonde, l’Essence de la Torah : la ‘Hassidout. Au début du cinquième chapitre de son ouvrage intitulé ‘lniana chel Torat ha ‘Hassidout’, le Rabbi définit ‘l’Essence’. En ce qui concerne par exemple l’essence de l’âme Juive, le Rabbi souligne que celle-ci ne se limite pas à être la source des forces de l’âme car toutes les forces de l’âme ne représentent que des degrés particuliers de l’âme alors que l’essence de l’âme correspond au niveau de l’âme qui ‘transcende tous les aspects particuliers’. De la même façon l’Essence divine ne se limite pas à être la source de la vie des mondes et de tout ce qu’ils contiennent car elle est bien plus que cela.

Bien que tout en ce monde provient de D.ieu, de Son Essence, ce qui définit l’Essence divine ne se limite pas au lien qui D.ieu à la Création, Elle est avant tout cette qualité divine qui transcende les mondes. Cette qualité qui n’appartient qu’à D.ieu.

Dans ce même ordre d’idée, au début du sixième chapitre de son ouvrage ‘lniana chel Torat ha ‘Hassidout’, le Rabbi définit la ‘Hassidout comme étant une ‘vitalité nouvelle qui procède de l’essence divine’ : ‘Et lorsque cette vitalité fut attirée dans le monde, tous les sujets de ce monde commencèrent à vivre, animés par cette nouvelle vitalité qui procède de l’Essence’.

Cette déclaration du Rabbi s’accorde à celle de Rabbi Shimon bar Yo’haï selon laquelle ‘le Saint béni soit-Il Israël et la Torah ne font qu’Un’. En effet, il est aussi vrai de dire que l’Essence divine, l’essence de l’âme Juive, et l’essence de la Torah, ne font qu’Un, car L’Eternel insuffla Son Essence aussi bien dans l’âme Juive que dans la Torah. C’est d’ailleurs pour cela que le Rabbi enseigne dans ‘Iniana chel Torat ha ‘Hassidout’ (chapitre 17) que les quatre degrés du ‘PaRDeS’ (les niveaux du Pchat du Rémez du Drach et du Sod qui sont les quatre paliers d’interprétation de la Torah) correspondent aux quatre niveaux de l’âme de Néfech, Rouah, Néchamah et ‘Haya. Quant à la ‘Hassidout, elle correspond au plus haut niveau, à l’essence de la Torah. Aussi, de même que l’essence de l’âme, qui est la partie la plus profonde et la plus intérieure de l’âme, insuffle une vitalité nouvelle à l’intellect et aux sentiments, et à toutes les forces de la partie révélée de l’âme, la ‘Hassidout n’exclut pas l’enseignement de la partie révélée de la Torah, mais bien au contraire, elle insuffle aux quatre degrés du PaRDeS cette ‘vitalité nouvelle qui procède de l’Essence divine’.

L’exemple qui est donné par le Rabbi est celui de la prière de ‘Modé-Ani’ :

D’après le sens simple (le Pchat), nous récitons la prière de ‘Modé Ani’ dès notre réveil afin d’exprimer notre reconnaissance au Roi du monde de nous redonner la vie en nous rendant notre âme. Cependant, la ‘Hassidout ne contredit pas cette explication, mais elle vient ajouter qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle âme, ni de n’importe quelle vie. La ‘Hassidout met l’accent sur l’importance de rendre grâce à L’Eternel de nous avoir donné une âme Juive par laquelle nous pouvons percevoir le Divin caché en nous-même et dans ce monde.

L’Etude de la ‘Hassidout nous permet de révéler le lien qui unit le ‘pchat’, le sens simple, exprimé dans la partie révélée de la Torah, avec l’essence de la Torah, le sens profond, exprimé dans la partie profonde de la Torah. Par cette étude nous révélons alors aussi le lien qui unit les forces de la partie révélée de notre âme avec les forces, beaucoup plus élevées, qui découlent de la partie la plus profonde et la plus intérieure de l’âme : l’essence de notre âme. En d’autres termes, ce lien ‘unit les mondes entre eux’, le monde révélé avec le monde caché. C’est ce même lien qui unit la fin de la Torah avec son commencement, l’action de Moché avec celle du Machia’h.

Ce lien qui procède de l’Essence divine peut être imagé au moyen de l’exemple des Tables de l’Alliance. Il est écrit dans le Traité ‘Yoma’ que L’Eternel a gravé les lettres des Dix Commandements dans la pierre des Tables de l’Alliance de façon à ce qu’elles apparaissent de manière identique sur chacun de ses côtés. Du fait que les lettres transperçaient d’un côté à l’autre l’épaisseur de la pierre, il aurait été normal qu’elles apparaissent à l’endroit sur le premier côté, et à l’envers sur le deuxième, mais contre toute attente, par un miracle divin, les lettres apparaissaient de manière identique aussi bien à l’endroit qu’à l’envers ! Peut-être est-il possible ici d’expliquer que ce miracle s’accorde à l’enseignement de la Torah d’après lequel la Vérité n’est jamais soumise aux changements, ainsi que dit L’Eternel : ‘Je n’ai pas changé’.

En effet, du fait que le premier côté des Tables correspond au ‘début’, à ce qui nous apparaît en premier : la partie révélée de la Torah : ‘Moché’, et que le second côté correspond à la ‘fin’, à la partie cachée de la Torah : ‘Machia’h’, alors le principe selon lequel ‘la fin est ancrée dans le début et le début est ancré dans la fin’ s’applique ici, car l’Ecriture divine reste la même sur chacun des deux côtés des Tables, soulignant ainsi que les deux parties de la Torah, la Torah révélée et la Torah cachée, se confondent en une seule et même Torah de Vérité.

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit, la description que l’on donne du Rabbi d’un être dont le ‘regard s’étend d’une extrémité du monde à l’autre’ convient à notre propos. En effet, lorsque le Rabbi étudie la Torah, il entrevoit dès le premier regard l’aspect profond du concept qu’il étudie. Autrement dit, il saisit aussi bien l’aspect extérieur et ‘superficiel’, la partie révélée de la Torah, que son aspect le plus intérieur, la partie profonde de la Torah.

C’est pour cette raison que la force du regard du Rabbi est telle l’Ecriture divine qui transperce la pierre des Tables d’une extrémité à l’autre et qui apparaît de manière identique aussi bien à l’endroit qu’à l’envers. De la même façon, le regard du Rabbi ‘transperce la pierre’, transperce le voile qui sépare la partie révélée de la Torah de sa partie profonde. A l’exemple des lettres divines, qui apparaissaient de manière identique sur chaque côté des Tables, les deux parties de la Torah, la partie révélée et la partie profonde, apparaissent au premier regard du Rabbi comme une seule et même Torah de Vérité, et lorsque le Rabbi regarde dans la Torah et qu’il nous délivre ses enseignements son regard ‘transperce la pierre’, pénètre le voile qui sépare le sens révélé de la Torah de son sens le plus profond. Le Rabbi dévoile à nos yeux ce lien qui unit l’aspect extérieur de la Torah avec son aspect profond.

La Bénédiction que le Rabbi Rachab adressa à son fils, Rabbi Yossef-Itzhak, peu avant sa Bar-Mitsvah, en est un exemple évident, ainsi que cela apparaît par les termes qu’il employa à cette occasion :

‘Il y a deux sortes de travail qui ne sont en réalité qu’un seul. Sortir du travail superficiel et entrer dans le travail profond qui est le véritable travail…Je te donnerais des instructions pour savoir comment faire, mais tu devras avancer seul. D.ieu t’aidera à te consacrer profondément à la profondeur’.

‘Les deux sortes de travail’ dont le Rabbi Rachab fait allusion ici sont l’étude de la partie révélée et l’étude de la partie profonde de la Torah, car celles-ci ne sont en réalité ‘qu’une seule et même chose’ ainsi qu’il vient d’être dit au nom du Rabbi Rachab.

Le principe bien connu selon lequel la mission d’un Juif consiste à ‘transformer l’obscurité en lumière’ s’applique également ici. A partir de l’étude de l’aspect superficiel de la Torah on parvient finalement à son aspect le plus profond.

D’une certaine manière la partie révélée et ‘superficielle’ de la Torah peut être comparée à ‘l’obscurité’ de par le fait qu’elle cache en elle-même la lumière de son aspect profond. ‘Sortir du travail superficiel pour entrer dans le travail profond qui est le véritable travail’ consiste donc à transformer l’obscurité en lumière en perçant le voile qui sépare le sens révélé de la Torah de son sens le plus profond. Percer ce voile nous permet ensuite de redécouvrir, et d’approfondir, notre première étude de la partie révélée de la Torah.

En effet, la connaissance de la profondeur de la Torah nous permet de lire différemment la partie révélée de la Torah. En ce sens, la ‘Hassidout est comparable à l’huile d’olive que l’on verse dans une petite fiole pour servir de lampe, car elle a le pouvoir d’éclairer chaque partie de la Torah. A l’exemple de l’huile de cette fiole qui se transforme en lumière, l’étude de la ‘Hassidout transforme l’obscurité en nous donnant à voir d’un œil nouveau, à lire de manière différente, chaque partie de la Torah, en nous donnant à découvrir l’essence de la Torah.

L’objet de la ‘Hassidout relève de ce combat face à l’obscurité de l’exil qui est d’ailleurs allusionné dès le premier verset de la Torah (Béréchit, 1, 1) : ‘Au commencement D.ieu créa le ciel et la terre. Or la terre était informe et vide, et les ténèbres étaient sur la face de l’abîme, et l’esprit de D.ieu planait sur la surface des eaux. »

En inversant le début et la fin de ce verset on aboutit au raisonnement suivant : c’est parce que ‘l’esprit de D.ieu ne faisait que planer sur la surface des eaux’ que ‘la terre était informe et vide’. Aussi, le principe selon lequel ‘la fin est ancrée dans le commencement’ s’applique ici à nouveau. De fait, l’exil est comparable à la terre, décrite dans le premier verset de la Torah comme étant ‘informe et vide’, et pour révéler de manière profonde ‘l’esprit de D.ieu’ (qui apparait aussi dans le premier verset mais seulement de manière superficielle ainsi qu’il est écrit : ‘l’esprit de D.ieu planait sur la surface des eaux) il convient de méditer au lien qui unit le premier et le dernier verset de la Torah dans lequel il est question des actions de Moché (Dévarim, 34, 12) : ‘Les miracles et les actes puissants de Moché qui se passèrent dans le désert grand et redoutable’.

Le lien entre le début et la fin de la Torah est mis en évidence par les expressions employées dans le premier et dans le dernier verset. La ‘terre informe et vide’ du premier verset de la Torah et le ‘désert grand et redoutable’ du verset qui termine la Torah, expriment tous les deux l’obscurité de l’exil. A la lecture de ces deux versets nous comprenons que tant que ‘l’esprit de D.ieu plane sur la surface des eaux’, sans pénétrer profondément en nous-même et dans ce monde, la terre demeure ‘informe et vide’ car seul ‘l’esprit de D.ieu’ remplit le ‘vide’ de l’exil et donne une ‘forme’, un sens, à toute existence.

A l’exemple de l’âme d’un homme qui pendant son sommeil n’investit pas totalement son corps, mais réside jusqu’à son réveil dans ses narines, ‘l’esprit de D.ieu plane sur la surface des eaux’ et n’investit pas le ‘corps’ de ce monde. C’est pour cela que les Maîtres de la ‘Hassidout ont comparé l’obscurité de l’exil à un profond sommeil, du fait que l’esprit divin ne fait que résider à la ‘surface’ de ce monde matériel.

Dans l’un des chapitres du livre du Tanya l’Admour Hazaken compare le corps de l’homme à une ‘petite cité’, aussi, à la lumière de cette comparaison, l’âme d’un homme qui dort, tout comme la Présence divine qui ‘plane’ au-dessus de ce monde, ne sont pas sans nous rappeler l’enseignement des Sages selon lequel ‘Machia’h se tient aux portes de la ville de Rome’.

En effet, du fait que le corps de l’homme, dans son ensemble, est comparé à une ‘petite cité’, les narines peuvent être désignées comme étant les ‘portes’ de cette cité, et la déclaration des Sages selon laquelle ‘Machia’h se tient aux portes de la ville de Rome’ évoque dans ce cas l’idée que l’Eternel s’apprête à insuffler un nouveau souffle de vie (‘Machia’h’) dans le corps de ce monde matériel (‘Rome’), ainsi qu’il est écrit (Béréchit, 2, 7) : ‘L’Eternel-D.ieu façonna l’homme, poussière du sol, Il insuffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint une âme vivante’.

C’est précisément par les narines que l’Eternel insuffle l’âme dans le corps, mais ce ‘souffle de vie’ n’est à présent qu’un reflet de Son Essence. La ‘Hassidout nous enseigne que dans les temps messianiques l’Eternel insufflera une ‘nouvelle vitalité’ dans le corps. Dans son ouvrage intitulé ‘Iniana chel Torat ha ‘Hassidout’, le Rabbi souligne que cette ‘vitalité nouvelle’ n’est pas seulement qu’un reflet de l’Essence, mais elle procède véritablement de l’Essence divine, elle-même. De fait, l’homme animé par une telle vitalité accède au niveau de l’éternité. Par ailleurs, le Rabbi vient préciser que le niveau de cette ‘vitalité nouvelle’ n’exprime pas essentiellement le fait que l’homme deviendra éternel, car la qualité essentielle de cette ‘vitalité nouvelle’ procède du dévoilement de la Torah ‘Hadacha, laquelle représente la perfection de la Sagesse divine que l’Eternel dévoilera à l’Assemblée d’Israël par l’intermédiaire du Machia’h, ainsi qu’il est dit (Hayom-Yom du 19 Nissan 5780, lundi 13 Avril 2020) :

‘Dans les exils précédents, la purification de fut pas totale. Aussi, furent-ils suivis par un autre exil. Celui-ci, par contre, apportera à la fois la purification du corps et le dévoilement de l’âme…Après ce dernier exil, par contre, tous les Juifs atteindront l’essence du plaisir’.

Dès-lors, à la lumière de ce qu’il vient d’être dit nous comprenons que ‘Machia’h se tient aux portes de la ville de Rome’ évoque bien ce nouveau souffle de vie que l’Eternel insufflera dans le corps de chaque membre de l’Assemblée d’Israël au point que chacun deviendra de manière éternelle une ‘âme vivante’.

Dans la Si’ha du Rabbi de la veille du vendredi 28 Nissan 5751-1991, de la Paracha Chemini, après la prière d’Arvit le Rabbi déclara :

‘Si l’on demandait sincèrement la Délivrance, il est sûr et certain qu’on l’aurait déjà obtenu, depuis bien longtemps… La seule chose qui me reste à faire est de vous confier cette tâche : faites tout ce qui est en votre pouvoir pour faire venir notre Juste Machia’h, de façon tout à fait immédiate ! Faites usage des lumières particulièrement élevées de Tohou et introduisez-les dans les réceptacles de Tikoun’.

Cette déclaration du Rabbi s’accorde avec le fait que ‘la terre est informe et vide’ parce que ‘l’esprit de D.ieu plane sur la surface des eaux’. Tant que chaque membre de l’Assemblée d’Israël ne fait pas ‘usage des lumières particulièrement élevées de Tohou’, lesquelles désignent ‘l’esprit de D.ieu qui plane sur la surface des eaux’, tant que chacun ‘n’introduit pas ces lumières dans les réceptacles de Tikoun’, c’est à dire tant que ces lumières illimitées ne s’accordent pas avec nos propres limites et avec celles de ce monde matériel, alors nous-même, et ce monde, demeurons ‘informes et vides’. Seul ‘l’esprit de D.ieu’ qui sera dévoilé lors du don de la Torah ‘Hadacha par l’intermédiaire du Machia’h, remplira le ‘vide’ de l’exil et nous donnera, ainsi qu’à ce monde, une ‘forme’ véritable.

Le père du Rabbi, Rabbi Lévi-Itz’hak, nous fit remarquer dans l’un de ses enseignements, que la valeur numérique de ‘ha Metsora’ : ‘le lépreux’, est égale à 411, exactement comme la valeur numérique de ‘Tohou’. Cet enseignement s’accorde à ce qu’il vient d’être dit. En effet, les Sages demandent dans le Talmud Sanhédrine (98b) : ‘Quel est le nom de Machiah ?’ et répondent : ‘le lépreux de la Maison de Rabbi’.

Rachi nous explique que le Machia’h est atteint de la lèpre, qu’il est assis parmi les autres malades qui souffrent de la même affection. ‘L’esprit de D.ieu’, que le Midrache Raba désigne comme étant ‘l’esprit du Machiah’,’plane au-dessus des eaux’ de la même façon que la Séfira de Kéter, qui représente ‘les lumières particulièrement élevées de Tohou’, ‘plane’ au-dessus de l’enchaînement des mondes. Dès-lors, nous comprenons que c’est peut-être là, l’une des raisons pour laquelle ‘Ha metsora’ (‘le lépreux’) et ‘Tohou’ ont la même valeur numérique.

D’après les enseignements du Rabbi, les niveaux de l’âme Juive sont au nombre de six. Chacun correspond à un niveau de l’enchaînement des mondes. La Séfira de Kéter qui surplombe l’enchaînement des mondes correspond au niveau de Yé’hida. Il existe un niveau encore plus élevé que le niveau de Yé’hida, c’est l’essence de l’âme qui est enracinée dans l’Essence divine. L’étude du Dvar Mal’hout du Rabbi nous permet de connaître les moyens de révéler ‘les lumières particulièrement élevées’ des niveaux supérieurs de l’âme. Aussi, il est important de faire la différence entre l’essence de l’âme et le niveau de Yé’hida, qui correspondent tous les deux à la partie de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps, et les niveaux de Néfech Roua’h et Néchamah qui correspondent à la partie de l’âme qui s’habille dans le corps.

De fait, ‘l’esprit de D.ieu qui plane sur la surface des eaux’ évoque d’une part, l’essence de l’âme qui est enracinée dans l’Essence divine (‘l’esprit de D.ieu’), et d’autre part, le niveau de Yé’hida qui, tout comme l’essence de l’âme, ne s’habille pas dans le corps et ne fait que ‘planer’ au-dessus de lui, comme la Séfira de Kéter, dont la lumière ne s’habille pas dans les mondes, ne faisant que les ‘entourer’.

Par ailleurs, d’après l’explication de Rachi,’l’esprit de D.ieu qui planait sur la surface des eaux’ désigne ‘le trône de gloire qui se tient dans l’air et qui plane sur la surface des eaux, par le souffle de la Bouche du Saint béni soit-Il et par Sa parole, tel une colombe qui plane sur son nid…’.

Rachi emploie donc l’image ‘d’une colombe qui plane sur son nid’ pour définir ‘l’esprit de D.ieu qui plane sur la surface des eaux’. Par ailleurs, dans le ‘Séfer ha Likoutim’ (lettre Youde, ‘Yona’) le Tséma’h Tsédek explique que la ‘colombe’, ‘Yona’ en hébreu, est une allusion à l’âme divine qui est en exil dans le corps et prisonnière de l’âme animale, exactement comme le prophète Yona qui fut prisonnier dans le ventre d’un énorme poisson.

Le Tsémah Tsédek nous renvoie à un verset du Cantique des Cantiques’ (2, 14) : ‘Ma colombe, nichée dans les fentes du rocher’, pour exprimer le fait que l’âme divine s’habille dans une âme animale, et dans un corps dans lequel elle se trouve prisonnière, à l’image de cette ‘colombe nichée entre les fentes d’un rocher’.

Il est possible de dire de manière plus profonde que cette colombe est une allusion à l’essence de l’âme Juive qui demeure ‘cachée’ du fait qu’elle ne s’habille pas dans le corps. Aussi, l’explication de Rachi décrivant ‘l’esprit de D.ieu’ comme ‘une colombe qui plane sur son nid’ s’applique également à l’essence de l’âme Juive car cette partie de l’âme est enracinée dans l’Essence divine, ‘l’esprit de D.ieu’.

En effet, l’image de ‘la colombe qui plane sur son nid’ est celle d’une mère qui garde son nid avec ses oisillons, et de la même façon, l’essence de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps ‘plane sur son nid’, garde la partie de l’âme qui s’habille dans le corps.

C’est à cela que se rapporte la prière ‘Elokaï néchama’ que nous disons avant les bénédictions du matin : ‘Mon D.ieu, l’âme que Tu as mise en moi est pure. Tu l’as créée, Tu l’as façonnée, Tu l’as insufflée en moi et Tu la gardes en moi’.

Dans le discours ‘hassidique commençant par le verset ‘Vayéchev Yaacov’, le Rabbi explique la signification profonde de ‘Tu la gardes en moi’.

‘Tu’ représente l’essence de l’âme Juive, laquelle fait ‘Un’ avec D.ieu, et ‘Tu la gardes en moi’ signifie que l’essence de l’âme, la partie de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps, garde la partie de l’âme qui s’habille dans le corps (‘la’).

En effet, l’Admour Hazaken enseigne dans le Likouteï Torah que ‘Tu l’as insufflée en moi’ désigne la partie de l’âme qui s’habille à l’intérieur du corps, car toute l’âme ne s’habille pas dans le corps, mais seulement un reflet d’elle, et l’essentiel de l’âme est du niveau de ‘makif’, c’est à dire que l’essence de l’âme, qui est ‘en-haut’ (qui ne s’habille pas à l’intérieur du corps) garde l’âme qui est ‘en-bas’ (qui s’habille dans le corps), ainsi qu’il est dit : ‘Tu la gardes en moi’ (Voir Paracha Dévarim au début de la page 1, et Chir ha Chirim au début de la page 60).

En d’autres termes, à l’exemple d’une mère qui veille sur ses oisillons, l’essence de l’âme ‘plane sur son nid’, c’est à dire quelle plane au-dessus du corps, qu’elle garde l’âme qui s’habille dans le corps, qu’elle ‘la maintient en vie dans le corps et l’empêche d’en sortir’.

Cette image de la mère qui veille sur ses petits n’est pas non plus sans évoquer celle de l’Eternel qui veille sur son ‘premier-né, Israël’, ou encore celle du Machia’h, lequel est considéré comme la source de l’essence de l’âme des enfants d’Israël, qui garde leurs âmes en vie en leur insufflant cette ‘vitalité nouvelle’ qui provient de la partie la plus profonde et la plus intérieure de la Torah.

Par ailleurs, nous pouvons déduire du verset selon lequel ‘l’esprit de D.ieu planait sur la surface des eaux’ (Béréchit, 1, 2), que la possibilité est donnée à l’homme d’attirer ‘l’esprit de D.ieu’ de manière à ce qu’il ne plane plus à ‘la surface des eaux’, mais au contraire qu’il se révèle concrètement en nous-même et dans ce monde. De ce fait, il est possible d’établir ici un lien avec le verset à partir duquel l’Admour Hazaken a fondé le livre du ‘Tanya’ : ‘La chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour l’accomplir’.

En effet, nous pouvons expliquer que ‘la chose qui est très proche de toi’ exprime le fait qu’il ne dépend que de toi d’attirer l’esprit de D.ieu, qui est ‘très proche de toi’, qui ‘plane au-dessus de toi’.

L’expression ‘la chose est très proche de toi’ est aussi une allusion au fait qu’en dévoilant la force de l’essence de l’âme dans nos pensées nos paroles et nos actes, on parvient à faire de nous-mêmes et de ce monde matériel une demeure pour l’Essence divine.

Au sujet du verset des Téhilim (55, 24) : ‘Quant à moi, je place ma confiance en Toi’, le Rabbi explique que ‘en Toi’ désigne l’Essence de D.ieu (voir Hitvaadouyot, 5732, Vayéchev, paragraphe 1). Plus encore, au sujet de la Paracha ‘Vé Atah Tetsaveh’ le Rabbi nous fait remarquer que pas une seule fois dans toute la Paracha l’Eternel S’adresse à Moché en prononçant son nom. Chaque fois qu’Il Sadresse à Moché c’est en lui disant : ‘Atah’, ‘Tu’.

Aussi, le Rabbi nous révèle que ‘Tu’ désigne l’essence de l’âme de Moché, et lorsque L’Eternel S’adresse à Moché en lui disant ‘Tu’, Il S’adresse à la partie la plus profonde et la plus intérieure de l’âme de Moché. L’Eternel dévoile ainsi de cette manière le lien essentiel qui L’unit à Moché. L’essence de l’âme est enracinée dans l’Essence divine, elle représente ‘la parcelle de divinité d’en-haut, véritable’ qui ne peut être contenue et limitée par les lettres d’un nom. Chaque nom que l’on emploie ne représente qu’un reflet, or l’Essence se situe au-delà de toutes les limites du monde matériel. ‘Tu’ exprime à lui seul la simplicité, l’Essence dénuée de toutes formes et de toutes mesures. Aussi, ‘la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour l’accomplir’ signifie que ‘l’essence de l’âme est très proche de toi pour la dévoiler’.

Le Rabbi est l’intermédiaire entre l’Eternel et les enfants d’Israël. Il est capable de dévoiler l’essence de l’âme de chaque Juif, de faire en sorte qu’elle ne soit plus ‘très proche de toi’ mais qu’elle se révèle de manière profonde dans le corps et dans toutes les forces de la partie de l’âme qui s’habillent dans le corps. Dans ce cas chaque Juif devient alors capable de recevoir l’enseignement du Rabbi, le dévoilement de l’essence de la Torah.

‘La chose est très proche de toi’ signifie donc que l’essence de l’âme et l’essence de la Torah sont ‘très proches de toi’ car le Rabbi est lui-même ‘très proche de toi’ par le fait qu’il est l’essence de l’âme de tout le peuple d’Israël. Le lien qui l’unit à chaque membre de l’Assemblée d’Israël est comparable au lien qui unit la tête à tous les membres du corps, et par ce lien qui procède de l’Essence, le Rabbi agit de manière à ce que l’Essence divine ‘ne plane plus au-dessus de son nid’ mais se révèle concrètement dans ce monde.

Ainsi, le verset à partir duquel l’Admour Hazaken a fondé le livre du ‘Tanya’ : ‘la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour l’accomplir’ est aussi une allusion au fait que le Rabbi nous permet ‘d’accomplir’ notre mission de faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine, car le Rabbi agit au point de révéler la force de l’essence de notre âme dans notre ‘bouche’ et dans notre ‘cœur’.

Cette qualité du Rabbi de parvenir à atteindre la partie la plus profonde et la plus intérieure du cœur de chaque Juif procède de l’Essence divine. Seule l’Essence divine a le pouvoir de révéler l’illimité divin dans les limites de ce monde matériel. C’est la raison pour laquelle tout au long du Dvar Mal’hout, le Rabbi s’attache inlassablement à nous donner la force et les moyens d’unir la partie révélée de notre âme avec l’essence de notre âme, d’unir la partie révélée de la Torah avec l’essence de la Torah.

Comme il a été dit précédemment, les Lettres des Dix Commandements étaient gravées et transperçaient l’épaisseur des Tables d’une extrémité à l’autre, en apparaissant de manière identique aussi bien à l’endroit qu’à l’envers. De la même façon le regard du Rabbi ‘transperce la pierre’, transperce le voile qui sépare la partie révélée de la Torah de sa partie profonde, et de la même façon le Rabbi ‘transperce la pierre’ du cœur de chaque Juif pour dévoiler le désir le plus profond qu’il cache au plus profond de lui : le dévoilement de D.ieu, avec la venue de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.