MP3

 

 

 

Année de la Chemita – Propriété divine de la terre
Source : Mi’htav Klali (lettre du Rabbi adressée au peuple juif), datée du 6 Tichri 5733 (1972)

Introduction : La Chemita : l’année sabbatique que D.ieu impose à la terre

Behar 25, 3 : Quand vous serez entrés dans la terre que Je vous donne, la terre sera soumise à un Chabbat pour D.ieu. Six années tu ensemenceras ton champ, six années tu travailleras ta vigne, et tu en recueilleras le produit ; et la septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un Chabbat en l’honneur de D.ieu.

Tu n’ensemenceras ton champ ni ne tailleras ta vigne. Le produit spontané de ta moisson, tu ne le couperas point, et les raisins de ta vigne, tu ne les vendangeras point : ce sera une année sabbatique pour le sol. Ce sol en repos vous appartiendra à tous pour la consommation : à toi, à ton esclave, à ta servante, au mercenaire et à l’étranger qui habitent avec toi ; ton bétail et les bêtes sauvages de ton pays, pourront se nourrir de tous ces produits.

Rachi : Le Chabbat de la terre etc. Ce que Je t’ai interdit, ce n’est pas d’en consommer ou d’en jouir, mais de te comporter en propriétaire. Tous y bénéficieront donc des mêmes droits : toi, ton employé et ton habitant.

Développement : Le sens profond de la mise en jachère forcée de la terre

Sforno : Un Chabbat pour D.ieu. Même les agriculteurs [étant en contact constant avec la terre], en se reposant cette année-là, ils s’éveilleront afin de rechercher [une meilleure proximité avec] D.ieu, d’une certaine façon.

Sefer Ha’hinou’h, Mitsva n° 84 : L’un des objectifs de cette Mitsva est de fixer en notre cœur et d’établir fortement dans notre esprit le concept du renouveau de l’univers, le fait que D.ieu créa le monde en six jours et le septième jour Il s’imposa le repos.
C’est pourquoi Il ordonna d’abandonner tout ce que la terre produit durant cette année, en plus du chômage imposé, afin que l’homme garde à l’esprit que la terre qui lui produit des fruits d’année en année ne le fait pas par sa propre énergie, mais il y un Maître sur cette terre et sur son propriétaire. Et lorsque ce Maître décide, Il ordonne au propriétaire d’abandonner ce champ et ses fruits.

Sefer Ha’hinou’h, Mitsva n° 328 : On ne cueillera pas les fruits spontanés de cette année, comme nous l’aurions fait les autres années, à moins de les consommer de façon « fortuite », sans préparation.
L’objectif recherché par la Torah est que, durant toute cette année, l’homme puisse montrer par son comportement qu’il est semblable à celui qui ne possède rien dans son domaine, car tout appartient au Maître de toute chose.

Analyse : La différence entre le Chabbat hebdomadaire et l’année sabbatique

Yitro 20, 9 : Le septième jour sera le Chabbat pour l’Éternel ton D.ieu : tu n’y feras aucun travail … car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment et Il s’est reposé le septième jour ; c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du Chabbat et Il l’a sanctifié.

Mi’htav Klali : Le Chabbat souligne principalement le fait que D.ieu est le Créateur du monde. La Chemita, par contre, souligne le fait que D.ieu est, maintenant et toujours, le Maître du monde.
Les actions de l’homme doivent, en effet, faire la preuve que : « il ne possède plus rien, car tout appartient au Maître de toute chose ».

Développement : D.ieu n’a-t-Il pas donné la terre aux êtres humains ?

Psaumes 24, 1 : A l’Eternel, appartiennent la terre et ce qu’elle contient, le monde et ceux qui y résident.

Mi’htav Klali : Pour souligner et renforcer la conscience que D.ieu est le véritable Propriétaire en tout temps, et afin que cela régisse l’existence quotidienne de l’homme, D.ieu fit de la septième année un « Chabbat », au cours duquel on cesse tous les travaux du champ et de la vigne. Le maître n’en est alors plus le propriétaire et il devient l’équivalent de son serviteur et de son domestique sur l’utilisation de son champ et de sa vigne.

Midrach Tan’houma, Vayikra : « Bénissez l’Eternel, vous, ses anges, héros puissants, qui exécutez ses ordres, attentifs au son de sa parole » (Psaumes 103, 20) : il s’agit de ceux qui respectent la Chemita. Et pourquoi les appelle-t-on « héros puissants » ? Car chacun d’eux voit son champ abandonné, ses arbres abandonnés, les clôtures sont brisées et il peut voir comment l’on mange ses fruits – et il retient et conquiert son mauvais penchant et ne dit rien ! Or nos Sages enseignent : « Qui est fort ? Celui qui conquiert son propre penchant ! ».

Ce concept est exprimé chaque jour de notre vie, par les « bénédictions »

Choul’han Arou’h Admour Hazakène, Ora’h ‘Haïm 46, 3 : Un homme a l’obligation de réciter chaque jour cent bénédictions, au moins, [afin de remercier D.ieu sur chaque détail de notre vie].

Mi’htav Klali : L’idée selon laquelle D.ieu est le Maître du monde et de tout ce qui s’y trouve est exprimée par un Juif, chaque jour, tout au long de l’année, par le fait qu’avant chaque profit ou chaque consommation il récite une bénédiction, proclamant ainsi que D.ieu est le « Roi du monde », qu’Il a tout créé. Pour autant, pendant l’année de la Chemita, cette même notion apparaît d’une manière encore plus pertinente.

Enseignement (a) : Garder à l’esprit que D.ieu est le Maître du monde !

Mi’htav Klali : Il ne suffit pas de se rappeler que D.ieu est le Créateur du monde, il faut se souvenir également de ce qui en découle, que D.ieu est, toujours et en permanence, le Maître du monde, et cela doit s’exprimer dans le comportement quotidien, tout au long de l’année.
Certes, les lois de la Chemita ne s’appliquent pas en diaspora (en dehors de la Terre d’Israël), mais le contenu moral et l’enseignement qu’il convient d’en tirer sont valables en tout endroit.

Cette prise de conscience s’exprime clairement dans le sujet de la Tsedaka

Choul’han Arou’h Yoré Déa 248, 1 : Chaque homme a l’obligation de donner la Tsedaka ; même un pauvre qui se nourrit de la Tsedaka est obligé de donner de ce qu’on lui aura donné.

Mi’htav Klali : La Tsédaka est une Mitsva de portée générale qui s’impose à chaque Juif : il doit prélever une partie de son argent, du fruit de son effort, à un pauvre qui lui-même n’a fourni aucun effort pour l’obtenir ou bien à une institution de Torah ou de bienfaisance qui s’occupe des personnes dans le besoin etc.
L’année de la Chemita enseigne donc une approche particulière sur la Tsedaka :
(a) L’homme ne donne pas de ce qui lui appartient, mais plutôt de ce que D.ieu lui a confié, en lui donnant la mission de le transmettre au pauvre.
(b) En partageant avec les autres, il justifie le fait d’en conserver une partie pour lui-même.

Approfondissement : La Tsedaka ne se limite pas au domaine financier…

Or’hot Tsadikim, portique de la générosité : Il existe trois types de générosités : financière, physique et intellectuelle ; et ces trois catégories étaient toutes présentes chez Avraham notre Patriarche.

Mi’htav Klali : La Tsedaka spirituelle consiste à venir en aide à son prochain, qui est « pauvre » dans le domaine de la Torah et des Mitsvot.

Aussi précieux que puissent être, pour un homme, son énergie et son temps, qu’il aurait pu consacrer à sa propre étude de la Torah, à sa pratique des Mitsvot, on lui dit qu’il n’a pas le droit de se comporter comme s’il en était le seul maître. Il doit partager son temps et son effort, afin de répandre la Torah et les Mitsvot auprès de ceux qui sont « pauvres » en la matière.

Enseignement (b) : Notre devoir majeur d’aider toutes sortes de « pauvres »

Isaïe 58, 6 (Haftara de Yom Kippour) : Voici le jeûne que J’aime : …partage ton pain avec l’affamé, recueille dans ta maison les malheureux sans asile ; quand tu vois un homme nu, couvre-le, et n’ignore pas [ceux qui sont comme] ta propre chair !

Tana Devé Eliyahou Rabba, 25 : « Quand tu vois un homme nu, couvre-le » : de quoi s’agit-il ? Si tu vois quelqu’un qui n’a pas de Torah en lui, fais-le rentrer chez toi en enseigne-lui la lecture de Chema et la prière, enseigne-lui un verset ou une Hala’ha, encourage-le à la pratique des Mitsvot ! Car il n’y a pas [plus] dénudé que celui qui n’a pas en lui des paroles de Torah, et ressemble à quelqu’un qui se tient tout nu.

La promesse divine : Le Ma’asser et la Tsedaka enrichissent, littéralement !

Réé 14, 22 : Prélever, tu prélèveras la dîme de la récolte de ta semence, qui vient annuellement sur ton champ.

Guemara Ta’anit 9a : Rabbi Yo’hanane rencontra le fils de Reich Lakiche et lui dit : dis-moi ce que tu as appris ! Il lui dit : « Prélever, tu prélèveras ». Il lui demanda : Qu’est-ce que cela signifie ? Il répondit : « Prélève (asser) afin que tu t’enrichisses (chétiteacher) ». Il lui demanda : D’où le sais-tu ? Il lui répondit : Va essayer…
Il lui demanda : A-t-on le droit d’éprouver D.ieu ?! Il est pourtant écrit (Vaet’hanane 6, 16) : « N’éprouvez pas D.ieu ! ». Il lui répondit : Ainsi a dit Rabbi Hocha’ya : [cette interdiction] ne s’applique pas pour cela, ainsi qu’il est écrit (Mala’hie 3, 10) : « Apportez toutes les dîmes dans le lieu du dépôt, pour qu’il y ait des provisions dans Ma maison, et testez-Moi sur cela : …[vous verrez] si je n’ouvre pas en votre faveur les cataractes du ciel, si je ne répands pas sur vous la bénédiction jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus assez ». Que signifie « jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus assez » ? Jusqu’à ce que vos lèvres s’assèchent à force de dire « on en a reçu assez… ».

Mi’htav Klali : En donnant la Tsedaka et le Ma’asser, non seulement cela n’enlève rien à ce celui qui donne, mais, au contraire, il en aura beaucoup plus, au point de devenir riche, littéralement.
Certes, on ne pratique pas les Mitsvot, y compris la Tsedaka, pour en recevoir la récompense, mais parce que D.ieu, Créateur et Maître du monde, l’a ordonné. Néanmoins, D.ieu a promis que cela apportera la richesse, matérielle et aussi spirituelle !

Avec ma bénédiction afin d’être définitivement scellé pour une bonne année. (Signature du Rabbi)