(Pour le mérite et la réussite de Itz »hak Tangi)

 

A partir des enseignements du Dvar-Mal’hout, l’union entre le contenu profond de la Paracha Behaalote’ha et celui de la Paracha Chela’h peut être définie de la manière suivante :

Dans la Paracha Behaalote’ha il est question du fait d’habituer le corps et l’âme animale à accomplir les Commandements divins. Ce travail est longuement décrit dans le Livre du Tanya qui est appellé ‘le Livre de l’Homme moyen’ : ‘le Livre du Bénoni’. Les enseignements de l’Admour Hazaken dans ce Livre portent donc essentiellement sur l’action de lutter contre le mal qui est en nous afin d’accomplir toujours la Volonté du Saint béni soit-Il. L’action, beaucoup plus élevée, de transformer le mal en bien n’est pas à la portée de tout le monde. Seulement les Tsaddikim en sont capables. Les Hassidim racontent que l’Admour Hazaken avait écrit un Livre sur le travail des Tsaddikim qui a disparu dans un incendie, cependant, l’œuvre du Rabbi a travers ses enseignements, et tout particulièrement dans le Dvar-Mal’hout, peut être considérée comme le Livre des Tsaddikim que le Rabbi nous a donné afin de parvenir au niveau du Tsaddik.

Dans le Dvar-Mal’hout de la Paracha Behaalote’ha, le Rabbi nous apprend à ‘habituer le corps et l’âme animale à l’accomplissement des Commandements divins afin que cet accomplissement devienne une seconde nature’. Cet enseignement est la première étape pour élever notre service divin. Puis le Rabbi décrit un niveau supérieur, c’est la deuxième étape qui consiste à dévoiler que ‘la véritable réalité de chaque Juif, même son propre corps, est liée au Saint béni soit-Il’

Dans le Dvar-Mal’hout sur la Paracha Chela’h, le Rabbi définit plus précisément ces deux façons de servir D.ieu : la première façon, la première étape qui est liée au travail du ‘Bénoni’, consiste à exploiter les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps afin de purifier le corps pour qu’il devienne un réceptacle capable de recevoir le dévoilement des forces de la partie de l’âme qui ne s’habillent pas dans le corps : c’est la deuxième étape : dévoiler l’Essence de l’âme dont la force est de transformer l’obscurité en lumière, et parvenir ainsi au niveau de Tsaddik, avec l’aide d’Hachem.

Behaalote’ha :
‘Quand tu allumeras les lumières vers la face de la Ménorah’, le verset du début de notre Paracha possède de nombreuses explications. Rachi explique dans son commentaire que ‘quand tu allumeras signifie en fait quand tu feras monter’.

Dans le Dvar Mal’hout, le Rabbi fonde son enseignement à partir de cet enseignement de Rachi et du fait que L’Eternel désirait qu’Aaron allume la Ménorah ‘en tenant le feu près de la mèche jusqu’à ce que la flamme monte par elle-même’.

Le corps d’un Juif est précieux aux yeux de l’Eternel et Il désire que nous accomplissions Sa Volonté au moyen des forces de notre âme, et au moyen de notre corps. Cependant, le Rabbi souligne que ‘le corps par lui-même n’est pas lié au service divin et la preuve de cela est que nous devons l’habituer à ce travail, afin que l’habitude devienne une seconde nature’.

En effet, par sa nature, l’âme animale incite l’homme à assouvir constamment des désirs matériels et grossiers, aussi, la mission de chaque Juif consiste à habituer le corps et l’âme animale à la pratique des Mitsvoth et à l’étude de la Torah. En d’autres termes habituer le corps signifie qu’on le rend ‘docile’ aux Commandements en ‘domptant’ peu à peu l’âme animale. Comme on dompte un animal pour lui imposer notre volonté, nous devons forcer notre âme animale à aimer D.ieu. Ce faisant nous réalisons l’injonction divine d’aimer notre D.ieu ‘de tout notre cœur’, c’est à dire ‘avec nos deux penchants’.

Habituer notre mauvais penchant en habituant notre corps à accomplir des Mitsvoth, au point que ‘l’habitude devient une seconde nature’. Dans ce cas la nature du corps et de l’âme animale se transforment peu à peu, et avec beaucoup de travail nous pouvons même parvenir à ‘transformer l’obscurité en lumière’, à l’exemple des Tsaddikim qui raffinent et purifient l’âme animale afin que celle-ci s’unisse à l’âme divine d’un lien parfait.

D’une certaine manière, l’union de la force de l’âme animale avec la force de l’âme divine est comparable à deux flammes qui s’unissent et ne forment plus qu’une seule flamme. Aussi, à la lecture des versets de notre Paracha : ‘Quand tu allumeras les lumières vers la face de la Ménorah…En tenant le feu près de la mèche jusqu’à ce que la flamme monte par elle-même’, nous pouvons expliquer qu’il y a ici une allusion au fait que lorsque l’on habitue le corps à accomplir les Commandements divins : ‘en tenant le feu près de la mèche’, alors la force de l’âme animale s’unit avec la force de l’âme divine et dans ce cas : ‘la flamme monte par elle-même’.

Chela’h :
La lecture de la Torah du Chabbat de la Paracha Chela’h a pour sujet l’histoire des explorateurs qui furent envoyés par Moché en Erets Israël, et la Haftara que nous lisons juste après, raconte l’histoire des explorateurs que Yéochoua envoya par la suite en Erets Israël.

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Chela’h, le Rabbi établit la différence entre les forces de l’âme et l’Essence de l’âme à travers les différences qui existent entre la mission des explorateurs de Moché et la mission des explorateurs de Yéochoua.
La mission des explorateurs de Moché correspond au service divin que l’on accomplit au moyen des forces de l’âme qui s’habillent dans le corps, et la mission des explorateurs de Yéochoua correspond au service divin que l’on accomplit par la force de l’Essence de l’âme.

Ainsi, le Rabbi traite du sujet du dévoilement de l’Essence de l’âme dans les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps. Le Rabbi traita de ce sujet dès le premier jour de son investiture officielle en tant que Rabbi et dirigeant de Habad. Dans la première Si’ha qu’il prononça ce jour-là, le Rabbi souligna la différence qui existe entre les forces de la partie de l’âme qui s’habille dans le corps (l’intellect, les sentiments, et l’action), et l’Essence de l’âme (qui ne s’habille pas dans le corps).

C’est le dévoilement de la force de l’Essence de notre âme dans notre âme qui provoquera la Délivrance finale et c’est pour cela que toute la Torah du Rabbi traite du sujet de l’Essence de l’âme Juive et des moyens qui nous sont donnés pour dévoiler sa force dans nos actes, au jour le jour.

Les explorateurs de Moché sont au nombre de douze. De manière profonde les 12 princes des tribus que Moché envoya pour explorer la Terre d’Israël représentent les forces de la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, car de même que l’âme vivifie chaque membre du corps (l’intellect dans le cerveau, les sentiments dans le cœur, la force de la vision dans les yeux) les explorateurs de Moché visitèrent chaque partie du ‘corps’ que représente la Terre d’Israël.

A l’opposé du chiffre 12 qui représente comme il vient d’être dit la ‘Hit’halkout’ (la pluralité, la division) le nombre des explorateurs de Yéochoua fut de 2, chiffre qui représente la ‘A’hdout’ : l’Unité.
Les explorateurs de Yéochoua sont donc une allusion à l’Essence de l’âme, du fait que le caractère de ‘l’Essence’ est celui de l’Unité qui est au-delà de toutes formes, de toutes divisions. L’Essence de l’âme Juive peut être définie comme le ‘point divin’ qui échappe à toutes les limites. Pour cette même raison les deux explorateurs sont décrits dans le texte de la Haftarah comme étant ‘deux hommes simples’ car la simplicité est précisément la qualité de l’Essence divine, laquelle est indivisible.

Le Rabbi poursuit son enseignement en soulignant que l’endroit où les deux explorateurs de Yéochoua arrivèrent fut Yéri’ho qui est appellé ‘le verrou’ (‘nahoul’), la ‘clef’ de la terre d’Israël. Or, nahoul a la même racine que Neïla, la cinquième prière du jour de Kippour. Pendant cette prière Hachem verrouille les portes de la Synagogue pour S’entretenir en privé avec le peuple d’Israël.
Ce moment est unique, car pendant le temps de la Neïla l’Essence de l’âme de chaque Juif Se dévoile. Ainsi, Yéri’ho (‘nahoul’), la ville dans laquelle parvinrent les deux explorateurs est une allusion à ce dévoilement, et leur mission évoque la révélation de l’Essence de l’âme dans le corps.

Il est écrit dans la Haftarah que les explorateurs de Yéochoua demeurèrent ‘en dehors de la ville’ et il est possible d’établir ici un lien avec l’enseignement de l’Admour Hazaken selon lequel ‘la ville’ est une allusion au corps de l’homme. En effet, dans le livre du Tanya l’Admour Hazaken emploie l’exemple de deux Rois qui luttent pour conquérir une ville pour décrire la lutte qui oppose le bon au mauvais penchant qui désirent tous les deux prendre le contrôle du corps (lui-même comparé à une ville). A la lumière de cet exemple, ‘les deux explorateurs de Yéochoua qui demeurèrent en-dehors de la ville’ font allusion a la partie de l’ame qui ne s’habille pas dans le corps et évoquent donc l’enseignement du Rabbi selon lequel l’Essence de l’âme ne réside pas dans le corps mais dans les quatre coudées qui l’entourent, ‘en dehors de la ville’ : en dehors du corps (voir Iniana chel Torat-ha-‘Hassidout, Chapitre 20).

Il est écrit que les deux explorateurs de Yéochoua ‘agirent en silence’ et il convient ici de se rapporter à l’enseignement du Rabbi Rachab selon lequel ‘la Séfira de Kéter représente 3 choses : le silence l’attente et l’espoir…L’attente et l’espoir que l’Eternel insuffle Sa Sagesse dans notre esprit…’. Plus encore, le Roi David écrit (Téhilim 4, 5) : ‘Tremblez et ne commettez pas de fautes. Méditez en votre cœur, sur votre couche et restez silencieux pour toujours’ et le Pirkeï Avoth enseigne (Chapitre premier, 17) : ‘Shimon le fils de Rabban Gamliel disait : J’ai passé toute ma vie parmi les Sages, et je n’ai rien trouvé de mieux pour le corps que le silence. Ce n’est pas l’étude qui est essentiel mais l’action. Celui qui augmente ses paroles occasionne des péchés’.

Il est aussi écrit (Chemini, 10, 3) : ‘Aaron se tut’ et Rachi écrit ‘qu’Aaron reçut une récompense pour son silence. Et quelle récompense reçut-il ? Que la Parole de D.ieu s’isolât avec lui, car c’est à lui seul que lui a été dite la section à propos de ceux qui sont ivres et ne doivent pas entrer dans le Sanctuaire’.

Le silence est l’expression de notre plus totale soumission face à L’Eternel comme c’est par exemple le cas lorsque nous prions la Amida en demeurant dans le plus grand silence. Peut-être pouvons-nous aussi parler de silence au sujet de l’Essence de l’âme et dire que l’Essence de l’âme demeure silencieuse car elle se tient constamment devant D.ieu et ressent Sa Présence du fait qu’Elle est liée à l’Essence divine d’un lien essentiel ainsi que l’écrit le Rabbi : L’Essence de l’âme est enracinée dans L’Essence divine, et Rabbi Shimon Bar- Yohaï déclare lui-même : ‘Je suis attaché par un lien, en lui je m’unifie, en lui je m’enflamme’.

Ainsi, conformément à l’enseignement du Rabbi selon lequel les deux explorateurs représentent l’Unité de l’âme, c’est à dire son Essence, le fait que ces deux explorateurs agirent en silence exprime la qualité de soumission et d’annulation de l’âme face à L’Eternel.

Par ailleurs, le Rabbi souligne aussi le fait que contrairement aux explorateurs de Moché, qui étaient connus de tous les membres de l’Assemblée d’Israël, l’identité des deux explorateurs de Yéochoua demeura inconnue pour la plupart. L’absence des noms des explorateurs n’est pas non plus sans évoquer le fait que l’Essence de l’âme ne possède pas de nom. De fait, l’Essence de l’âme est bien au-delà du monde, de ses mesures et de ses limites. Elle ne possède pas de nom car un nom la limiterait.

La mission des explorateurs de Yéochoua évoque donc l’unité, L’Essence divine, à l’exemple de l’Arche Sainte contenant les Tables écrites du doigt de D.ieu dont il est dit ‘qu’elle ne prenait pas de place’ quand on la déposait dans le Saint des Saints’. Cependant, l’Arche Sainte est un objet matériel qui a ses propres dimensions, et que l’on peut mesurer, à l’exemple de la mission des explorateurs de Moché qui représente le travail que l’on accomplit au moyen des forces de l’âme, lesquelles possèdent aussi des mesures, et sont également limitées.

Lien entre Behaalote’ha et Chela’h :
Le Rabbi explique dans le Dvar Mal’hout que la mission des explorateurs de Moché et la mission des explorateurs de Yéochoua ont toutes les deux un même but. Celui de purifier la Terre d’Israël. De fait, notre mission consiste à faire de notre corps, et du corps de ce monde, une demeure pour L’Eternel, pour Son Essence bénie. Ces deux missions correspondent donc à deux services divins qui sont tous les deux nécessaires, et qui se complètent. Les explorateurs de Moché sont une allusion à la purification du corps au moyen des forces de l’âme, et ce travail a pour effet d’attirer un dévoilement divin qui est relatif aux limites imposées par ce monde matériel. Les explorateurs de Yéochoua sont une allusion à la purification du corps au moyen de la force de l’Essence de l’âme, et ce travail a pour effet d’attirer un dévoilement divin qui est totalement au-delà des limites de ce monde.

Ainsi, raffiner et purifier le corps et ce monde matériel ne doit pas se limiter à exploiter seulement les forces de de la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, il s’agit aussi de ‘vider les trésors du palais’, c’est à dire de révéler la partie la plus profonde et la plus intérieure de l’âme, l’Essence de l’âme, pour faire de ce monde une demeure pour ‘Son Essence’. Ce n’est qu’en dévoilant la partie profonde de l’âme, et la partie profonde de la Torah, que le travail de raffinement et de purification de la Terre d’Israël atteint la perfection.

C’est à cela que se rapporte la déclaration du Zohar selon laquelle ‘le point se trouve au milieu du palais’, car la perfection de notre service divin est atteinte lorsque l’on parvient à unir la mission des explorateurs de Yéochoua, ‘le point’, à la mission des explorateurs de Moché, ‘le palais’. Lorsque l’Essence de l’âme, ‘le point’, illumine les forces de l’âme, ‘le palais’. Lorsque notre étude de la partie profonde de la Torah, le point, éclaire notre étude de la partie révélée de la Torah, le palais.

Dans son ouvrage intitulé ‘Iniana chel Torat-ha’Hassidout’ (chapitre 20) le Rabbi nous enseigne que l’Essence de l’âme qui est enracinée dans l’Essence divine se dévoile précisément lorsqu’un Juif raffine et sanctifie un objet matériel en accomplissant une Mitsvah au moyen de cet objet. Cependant, bien que la manifestation de l’Essence de l’âme se produise à travers l’observance active des Mitsvoth, il demeure que l’effusion de l’Essence dans les actes accomplis est tributaire des ressources intérieures humaines, intellectuelles et émotionnelles. C’est pour cette raison que l’amour et la crainte sont appelés ‘les voies de D.ieu’.

Ainsi, le Rabbi met en évidence l’importance de dévoiler l’amour et la crainte de D.ieu dans notre cœur et l’Admour Hazaken, dans le Livre du Tanya, décrit lui-même plusieurs niveaux d’amour et de crainte. Or, c’est précisément par notre attachement à ces enseignements et aux directives du Rabbi que nous aurons le mérite d’atteindre avec l’aide d’Hachem les plus hauts niveaux d’amour et de crainte et réveiller ainsi le désir divin de résider en ce monde avec le dévoilement de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours.

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit nous comprenons la déclaration du Rabbi selon laquelle ‘Un Juif dévoile la force de l’Essence divine qui est dans le corps en le purifiant.’
Le travail qui consiste à dompter l’âme animale est une étape vers le niveau supérieur du dévoilement de l’Essence divine dans le corps. Purifier le corps débarrasse le corps de ses limites. A l’exemple de l’Arche qui bien qu’elle possède des mesures précises ‘ne prenait pas de place dans le Saint des Saints’ parce qu’elle contient les Tables de l’Alliance écrites du doigt de D.ieu, lorsque le corps est débarrassé de ses impuretés il devient un réceptacle de l’Essence divine et dans ce cas, comme l’Arche, ‘il ne prend pas de place’, c’est à dire qu’il s’élève au-delà de toutes les limites matérielles de ce monde. Comme le Rabbi nous l’enseigne dans le Dvar Mal’hout, lorsqu’un Juif parvient à habituer le corps à accomplir les Commandements divins alors ‘l’accomplissement des Mitsvoth n’est plus une chose ajoutée’, mais font partie intégrante de son être et de son existence. Ce Juif fait alors Un avec D.ieu, en purifiant son corps il est parvenu en même temps à dévoiler que ‘même le corps matériel d’un Juif est lié au Saint béni soit-Il’.

A la lumière de tout ce qui a été dit il apparait que l’un des points essentiels de notre service divin, d’après les enseignements du Rabbi est l’importance d’habituer le corps au dévoilement de la force de l’Essence l’âme. Le Rabbi a déclaré que ‘nous devons multiplier les paroles à propos de la venue effective de notre Juste Machia’h, nous manifesterons notre mécontentement ici-bas et surtout là-haut. Alors, D.ieu n’aura pas le choix, si l’on peut ainsi s’exprimer et Il accordera la Délivrance. Puisse D.ieu faire que ce rêve s’accomplisse, mon rêve qui, en réalité, est également le vôtre, celui de la venue de notre Juste Machia’h, de façon immédiate, en ce Chabbat, avant la Prière de Min’ha’.