Une nomination qui fait l’effet d’une bombe dans le milieu universitaire canadien. Hassan Diab, condamné à perpétuité en France pour un attentat terroriste ayant fait quatre morts à Paris en 1980, vient d’être nommé professeur de sociologie à l’université Carleton d’Ottawa. Il enseignera, ironie du sort, un cours sur « la justice sociale en action ».
Les faits remontent au 3 octobre 1980. Une bombe dissimulée dans une sacoche de moto explose devant une synagogue du 16e arrondissement de Paris, fauchant quatre vies, dont celle d’Aliza Shagrir, journaliste israélienne. Vingt autres personnes sont blessées dans l’attentat.
Identifié comme le principal suspect et membre présumé du Front populaire de libération de la Palestine, Hassan Diab fuit au Canada. Arrêté en 2008 sur demande des autorités françaises, il est extradé en 2014 après une longue bataille juridique. Placé en détention provisoire pendant deux ans, il profite d’une libération sous contrôle judiciaire pour regagner le Canada. En son absence, un tribunal français le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité.
L’indignation des familles
« Un meurtrier de sang-froid qui enseigne dans une université ? C’est révoltant », s’insurgent Hagai et Oron Shagrir, les enfants de la victime israélienne. « Comment une institution qui prône l’égalité et la justice peut-elle employer un homme condamné à l’unanimité par la justice française ? »
La consule d’Israël à Toronto ne mâche pas ses mots : « Chaque cours donné par ce terroriste condamné déshonore les vies qu’il a détruites », déclare Edit Shamir sur X (ex-Twitter). « C’est cracher sur les tombes des victimes juives. »
Une mobilisation qui s’organise
L’organisation B’nai Brith Canada monte au créneau et lance une pétition pour exiger le licenciement immédiat de Hassan Diab. « Le Canada s’engage sur une voie dangereuse », alerte l’organisation. « Nous ne pouvons pas rester silencieux pendant qu’un terroriste condamné enseigne dans nos campus. »
Face à la controverse, l’université Carleton garde le silence. Une position qui ne fait qu’attiser les critiques, alors que l’établissement permet à un homme sous le coup d’un mandat d’arrêt international d’occuper un poste d’autorité auprès d’étudiants.
Cette nomination intervient dans un contexte déjà tendu sur les campus nord-américains autour des questions liées au conflit israélo-palestinien. Elle pose la question épineuse des limites de l’autonomie universitaire face aux condamnations judiciaires internationales.
Rappel des faits
La justice française avait finalement tranché dans l’affaire de l’attentat de la rue Copernic, l’un des plus meurtriers ayant visé la communauté juive en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Le 21 avril 2023, Hassan Diab a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour cet attentat qui avait fait quatre morts et quarante-six blessés le 3 octobre 1980.
Ce vendredi tragique, alors que 323 fidèles célébraient Sim’hat Torah à la synagogue de l’Union libérale israélite de France, une explosion dévastatrice secoue la rue Copernic dans le XVIe arrondissement de Paris. Une bombe de dix kilos de pentrite, dissimulée dans les sacoches d’une moto Suzuki, explose à 18h38. Par un hasard providentiel, le retard de quinze minutes pris par le rabbin Michael Williams dans la cérémonie épargne de nombreuses vies.
Parmi les victimes : Philippe Bouissou, 22 ans, motocycliste ; Aliza Shagrir, 42 ans, présentatrice de télévision israélienne ; Jean Michel Barbé, chauffeur ; et Hilario Lopes-Fernandes, concierge de l’hôtel Victor Hugo, qui succombera à ses blessures deux jours plus tard.
L’enquête, d’abord orientée vers l’extrême droite, prend un tournant décisif fin novembre 1980 grâce aux informations de la police allemande (BKA) : le commando, composé de cinq personnes, avait quitté Paris pour Beyrouth dès le lendemain de l’attentat.
Hassan Diab, universitaire libano-canadien, est identifié comme le principal suspect grâce aux archives du Front populaire de libération de la Palestine. Arrêté au Canada en 2008, il est extradé vers la France en 2014 après une longue bataille judiciaire. Malgré un non-lieu prononcé en 2018, la cour d’appel de Paris relance la procédure en 2021.
Le procès, qui s’est tenu devant la cour d’assises spéciale de Paris en avril 2023, s’est déroulé en l’absence de l’accusé. La condamnation à perpétuité marque l’épilogue judiciaire de cette affaire qui aura mobilisé la justice française pendant plus de quatre décennies.
L’exécution du mandat d’arrêt émis contre Hassan Diab dépend désormais des accords d’extradition entre la France et le Canada, laissant planer une incertitude sur l’application effective de cette condamnation historique.