Canifs

Lorsque le Rabbi Maharach était enfant, il possédait un canif, avec lequel il avait l’habitude de faire de la gravure sur des morceaux de bois. Une fois, un ‘Hassid le vit et il lui dit :
“Si tu peux m’indiquer où se trouve le Saint béni soit-Il, je te donnerai un canif beaucoup plus perfectionné que celui-ci.”

L’enfant lui répondit :
“Si vous pouvez m’indiquer où le Saint béni soit-Il ne se trouve pas, je suis prêt à vous donner mon propre canif.”

Une autre fois, quelqu’un lui demanda :
“Où se trouve le Saint béni soit-Il ?”
L’enfant répondit :
“Le Saint béni soit-Il se trouve là où on Le laisse entrer.”

Responsabilité de l’officiant

Lorsque le Rabbi Maharach accordait une audience à un ‘Hassid de son père, le Tséma’h Tsédek, il lui demandait, tout d’abord :
“Où en êtes-vous ?”
Il l’interrogeait ainsi sur ce que le Tséma’h Tsédek lui avait dit, quand il l’avait reçu pour la dernière fois.

Un jour, le Tséma’h Tsédek accorda une audience au guide spirituel des jeunes ‘Hassidim de Vitebsk, qui était aussi leur officiant, chargé de vérifier qu’ils priaient de la manière qui convient, en prenant leur temps. Il lui demanda :
“Où en êtes-vous ?”

Le ‘Hassid répondit :
“Je conduis la prière.”
Le Rabbi Maharach lui dit :
“Un officiant se trouve à la limite entre deux situations. S’il prie de la manière qui convient, il acquiert un mérite et il en confère un au plus grand nombre. S’il ne le fait pas, il commet une faute et il fait fauter le plus grand nombre”.

Par la suite, ce ‘Hassid expliqua :
“Le Rabbi s’est introduit en moi et il m’a insufflé une âme nouvelle.”
De retour à Vitebsk, il conduisit la prière du vendredi soir et il le fit avec un tel enthousiasme que tous ceux qui passaient dans la rue étaient attirés par sa voix et pénétraient dans la synagogue.

La peine de son ami

Le Rabbi Maharach accorda une audience au Rav Elyahou Abeler, qui était un homme du commun et un commerçant. Il lui demanda :
“Comment allez-vous ?”
Rav Elyahou répondit :
“Je vais bien, D.ieu merci”.

Le Rabbi Maharach demanda encore :
“Comment vont vos affaires ?”
Rav Elyahou dit :
“D.ieu merci, mes affaires vont bien, mais j’ai beaucoup de peine pour Yossef, qui réside dans la même village que moi. Il ne connaît la réussite dans aucun domaine. Les malheurs se succèdent pour lui, en permanence. Les essieux de sa charrette se sont brisés, puis son cheval s’est cassé la patte. Enfin, ce cheval a été volé. Comment donc puis-je l’aider ? Le Rabbi peut-il lui accorder sa bénédiction ?”.

Puis, Rav Elyahou éclata en sanglots. Le Rabbi Maharach lui répondit :
“Vous pouvez effectivement l’aider. Quand un homme partage la peine de son ami et sollicite une bénédiction pour lui, il supprime les accusations qui pourraient être portées contre lui, tous les verdicts sévères qui auraient été prononcés à son encontre.”

Par la suite, le Rabbi Maharach prit une pièce, dans sa poche et il la donna à Rav Elyahou, en précisant :
“Je souhaite m’associer avec vous. Que D.ieu vous accorde de prodiguer le bien à cet homme et de connaître la réussite, en la matière.”

La bourse et le professeur

Le Rabbi relata, en 5716 (1956), deux récits qui avaient été rapportés par le Rabbi Rayats, à propos de son grand-père, le Rabbi Maharach.

Après avoir pris la direction des ‘Hassidim, celui-ci continua, pour une certaine raison, à investir des fonds à la bourse de Petersburg. Lui-même résidait alors à Loubavitch et il adressait des télégrammes à son représentant, à Petersburg, lui indiquant les actions qu’il devait acheter et celles qu’il devait vendre, pour son compte. A l’époque, il n’y avait pas de radio, pour déterminer l’état de la bourse et prendre des décisions sur la base d’informations récentes. En outre, lorsqu’un journal parvenait à Loubavitch, il était déjà très ancien et, de fait, sans doute n’y avait-il pas de rubrique boursière dans les journaux de l’époque.

Malgré tout cela, le Rabbi Maharach faisait parvenir, chaque jour, ses ordres de bourse à Petersburg. Il le fit avant de devenir le Rabbi, continua à le faire après avoir pris la direction des ‘Hassidim et il en fut encore ainsi après son décès. C’est de cette façon que le Rabbi Maharach devint très riche, selon les conditions de l’époque. Il détenait un important portefeuille d’actions et d’autres biens encore.

Malgré cela, le Rabbi Maharach expliqua que, lorsqu’un ‘Hassid pauvre, professeur dans un village, lui envoyait une contribution de quelques kopeks, chaque année, ou même une fois en quelques années, celle-ci lui était particulièrement précieuse, bien que son montant ait été négligeable.

Création de l’or

Le second récit rapporté par le Rabbi est le suivant. Le comportement du Rabbi Maharach était empreint d’une grande largesse. La vaisselle qu’il utilisait était en or. Il avait des affaires dans la capitale royale, à Petersburg et il avait son mot à dire sur plusieurs dossiers d’envergure nationale, comme en témoignent différents récits. Il avait donc deux montres de gousset en or, comme on les portait à l’époque. L’une était à sa droite et l’autre, à sa gauche. Toutes deux étaient attachées avec des chaînes en or.

Il fumait avec un fume-cigare en or et il prisait du tabac qu’il gardait dans une tabatière en or. Plusieurs de ses affaires étaient en or. Son carrosse était orné d’or. Ses vêtements étaient très riches et il avait une canne avec un pommeau en or.

L’un des ‘Hassidim s’étonna d’une telle attitude et il interrogea le Rabbi à ce propos. Pourquoi en était-il ainsi ? Ne peut-on se passer de l’or dans sa vie quotidienne ? Le Rabbi ne devrait-il pas consacrer tout cela à la Tsedaka et se contenter du strict minimum, comme le font les Juifs, pendant le temps de l’exil ?

Le Rabbi Maharach lui répondit :
“Insensé ! Insensé ! Pour qui l’or a-t-il été créé dans ce monde ? Pour moi ou pour toi ? Ou peut-être pour les non Juifs ? N’est-il pas dit que : ‘le monde a été créé pour moi’ ?”.

Rabaisser les autres

Une fois le Rachab et son frère aîné, Rabbi Zalman Aharon, le Raza, encore enfants, jouaient ensemble. Le Raza creusa alors un trou dans le sol et il y fit entrer le Rachab, qui éclata en sanglots. Le Rabbi Maharach, leur père, accourut et il demanda au Raza pourquoi il avait fait cela. Le Raza expliqua :
“Il le mérite, car il est plus grand de taille que moi, bien que je sois le plus âgé.”

Le Rabbi Maharach lui répondit :
“Il aurait été préférable que tu prennes une pierre et que tu te dresses sur elle. Si tu te grandis toi-même, tu n’auras pas besoin de rabaisser les autres.”

Et, maintenant ?

Un ‘Hassid du Rabbi Maharach avait un fils qui s’était écarté du droit chemin. Il le conduisit chez le Rabbi, qui lui parla, mais ses propos restèrent sans effet. Le Rabbi Maharach lui dit alors :
“Il est écrit que les propos de celui qui a la crainte de D.ieu sont entendus. Je dois donc parvenir à la Techouva !”

Le Rabbi pencha sa tête sur son bras, pendant quelques instants, puis il la releva et il demanda :
“Et, maintenant ?”
Aussitôt, le jeune homme regretta ce qu’il avait fait et il s’engagea à modifier son comportement.

 

Les années de mon père

Rabbi Israël Noa’h, frère aîné du Rabbi Maharach, lui demanda, une fois :
«Comment peux-tu avoir une si profonde connaissance de la partie révélée de la Torah ? Tu n’es encore qu’un jeune homme !»

Le Rabbi Maharach lui répondit :
«Il est vrai que tu es plus âgé que moi par le nombre des années. En revanche, je suis moi-même âgé des années de mon père.»

Le Rabbi Maharach rappelait ainsi qu’il était né lorsque son père, le Tséma’h Tsédek, avait déjà un âge avancé. Il avait donc hérité de la grande sagesse que son père avait d’ores et déjà acquise, lors de sa naissance.

La bénédiction de la pièce

Le Tséma’h Tsédek remit une fois à l’un de ses ‘Hassidim, qui s’appelait Rav Its’hak, une pièce de monnaie, au cours d’une audience qu’il lui accorda. Peu après, l’homme perdit cette pièce et il en conçut un immense chagrin, qui s’en trouva accru lorsque le Tséma’h Tsédek quitta ce monde, avant qu’il ait pu le revoir.

Par la suite, ce ‘Hassid se rendit chez le Rabbi Maharach, fils et successeur du Tséma’h Tsédek et il lui fit part de son souci. Le Rabbi Maharach lui répondit :
«Certes, la pièce est perdue. En revanche, la bénédiction qui l’accompagnait conserve toute sa valeur.»

Combinaisons de lettres

Lorsque le Rabbi Maharach prononçait un discours ‘hassidique, il lui arrivait de s’interrompre et de chuchoter quelques mots, inaudibles. Les ‘Hassidim âgés l’interrogèrent sur cette pratique et il leur répondit :

«Chaque discours ‘hassidique possède un nombre bien précis de combinaisons de lettres et de mots. Parfois, il est nécessaire de compléter les mots ou les lettres, afin d’atteindre ce nombre. C’est le sens de ces mots que je prononce à voix basse.»

Le cocher du Rabbi Maharach

Le Rabbi Maharach avait un cocher, non juif, qui était chargé de le conduire près du tombeau de son père, le Tséma’h Tsédek, chaque fois qu’il désirait s’y rendre. Cet homme restait près du Rabbi, tant qu’il se trouvait là-bas, puis il le raccompagnait chez lui. Les ‘Hassidim n’étaient pas autorisés à suivre le Rabbi, au cimetière et ce non Juif était donc le seul à se trouver près du Rabbi Maharach, quand il visitait le tombeau de son père.

Les ‘Hassidim avaient un immense désir de savoir ce que faisait le Rabbi Maharach, quand il se trouvait près du tombeau de son père, mais ils savaient qu’en interrogeant directement le cocher, ils n’obtiendraient rien de lui. Ils décidèrent donc d’agir avec ruse et ils lui proposèrent de la vodka. Lorsque l’homme fut ivre et que le moment leur sembla propice, ils lui posèrent leur question, comme si elle ne les passionnait pas réellement et n’avait d’autre but que d’entretenir la conversation :
«Mais que fait donc le Rabbi, pendant les heures qu’il passe près du tombeau de son père ?».

Le cocher répondit :
«Que puis-je vous dire ? Il est clair que votre Rabbi est plus élevé que moi, mais, sur un point au moins, je suis supérieur à lui. Lorsqu’il arrive près du tombeau, il s’emplit de crainte et il se met à trembler, comme un poulet que le loup poursuit dans le poulailler. Moi, en revanche, je n’ai pas peur et je ne tremble jamais.»

A l’image de ce cocher, combien d’hommes ne voient pas, ne comprennent pas, ne ressentent pas, mais son convaincus d’être sages et puissants !

En permanence devant moi

Sur la table du Rabbi Maharach, était posé un foulard et, lorsque quelqu’un entrait dans son bureau, il s’en servait pour recouvrir un objet qui était posé devant lui. Puis, lorsque cette personne quittait le bureau, le Rabbi Maharach ôtait le foulard, le repliait et le remettait à sa place.

Une fois, un ‘Hassid voulut savoir ce que le Rabbi Maharach cachait avec ce foulard. Lorsque le Rabbi quitta son bureau pendant quelques instants, l’homme saisit l’occasion pour soulever le foulard. Il vit alors, posé sur la table du Rabbi, sous ce foulard, un parchemin sur lequel étaient inscrits les mots :
«J’ai placé l’Eternel en permanence face à moi».

Vêtements de l’âme

Rabbi Yossef Its’hak raconte :

«Une fois, mon grand-père, le Rabbi Maharach, après avoir quitté ce monde, apparut en rêve à mon père, le Rabbi Rachab et il lui dit :

‘Vois-tu les vêtements spirituels élevés dont est recouverte l’âme de tel ‘Hassid ? Cela n’est nullement surprenant. Tout au long de sa vie, il a commenté la ‘Hassidout et ces vêtements sont à la mesure de ce qu’il a accompli’.»

Sauter dans la charrette

Peu avant Pessa’h, le Rabbi Maharach dit à Rav Na’hman, son domestique :

«A Pessa’h, chacun a la possibilité de sauter dans la charrette. Dès lors, ce que le Juif le plus simple peut accomplir, en lisant les mots de la Haggadah avec intégrité, est sans aucune commune mesure avec ce qu’obtient, pendant le reste de l’année, un grand érudit de la ‘Hassidout, basant sa prière sur ses enseignements, y compris après quinze interruptions».

Rav Na’hman fut profondément ému par ces mots et, par la suite, quand il les rapporta au Rabbi Rachab, le fils du Rabbi Maharach, on vit des larmes couler de ses yeux.

Curiosité

Le Rav Avraham Zalman Kazarnovski – Schneersohn était l’un des grands ‘Hassidim du Rabbi Maharach et il se trouvait constamment chez lui, comme s’il était un membre de sa famille. Une fois, il arriva que le Rabbi Maharach s’enferme dans sa chambre et demande que nul ne le dérange. Rav Avraham Zalman eut alors le désir de savoir ce qu’il faisait et la raison pour laquelle il s’isolait.

Rav Avraham Zalman savait qu’il y avait une fente dans un mur de la chambre du Rabbi, à travers laquelle il était possible de voir l’intérieur de la pièce. Il approcha donc son œil de cette fente, mais, aussitôt, il fut saisi par une terrible migraine. Il se leva alors très vite, dévala les escaliers et, parvenu en bas, il perdit connaissance. Il fut très difficile de lui faire retrouver ses esprits.

Par la suite, quand on fit part au Rabbi Maharach de ce qui s’était passé, celui-ci répondit :
«Qui lui a demandé de regarder ?».

Préparation par l’étude

Une fois, le Rabbi Maharach appela l’un de ses ‘Hassidim et il lui demanda d’étudier chaque jour le chapitre 11 d’Iguéret Ha Kodech, la quatrième partie du Tanya, qui est une lettre de l’Admour Hazaken, intitulée : «afin de transmettre l’entendement». Dans ce texte, il est expliqué que : «aucun mal n’émane de D.ieu», que tout ce qui arrive à l’homme est pour son bien, même s’il a parfois des difficultés à l’admettre.

Quelques années plus tard, ce ‘Hassid perdit tragiquement tous ses enfants dans un terrible accident et il reconnut qu’il lui aurait été difficile de surmonter cette épreuve, si le Rabbi ne l’avait pas préparé de cette façon.

Le Chofar du Maharal de Prague

Le Rabbi Maharach possédait un Chofar qui avait appartenu au Maharal de Prague. Il l’avait reçu en héritage et celui-ci avait donc appartenu, au préalable, à plusieurs de ses prédécesseurs. Puis, quand il y eut le grand incendie de Loubavitch, à l’époque du Rabbi Maharach, ce Chofar fut l’un des objets qui brûlèrent. Rabbi Yossef Its’hak relate, à ce propos :

«Avant de sonner du Chofar, à Roch Hachana, mon grand-père, le Rabbi Maharach, en posait trois sur la table devant lui. Le Chofar du Maharal était l’un des trois. Il était particulièrement long et, de ce fait, il était particulièrement difficile d’en sonner. Malgré cela, quand il fallait faire des sons saccadés, mon grand-père parvenait à en produire cinquante-trois ! En effet, il avait un souffle long, conçu pour le chant.»

On sait que ce Chofar faisait plus d’un mètre, bien qu’il ait été raccourci, à plusieurs reprises, à cause de fentes qui y étaient apparues.

Celui qui crie

Rabbi Yossef Its’hak raconte encore :

«A la veille de Roch Hachana 5640 (1879), avant la prière d’Arvit, le Rabbi Maharach appela son secrétaire, le ‘Hassid, Rav Lévi Its’hak et il lui demanda de transmettre aux ‘Hassidim, en son nom, le message suivant :

‘La ‘Hassidout compare la sonnerie du Chofar au cri de celui qui s’exclame : ‘Père ! Père !’. Toutefois, il faut bien comprendre que l’aspect essentiel de cette image n’est pas le Père, mais bien celui qui crie !’.

Ces quelques mots suscitèrent un immense éveil de Techouva, non seulement chez les invités, venus passer Roch Hachana à Loubavitch, mais aussi chez ceux qui résidaient dans cette ville, hommes et femmes. Pendant les deux jours de la fête, on versa, dans toute la ville des torrents de larmes, inspirées par la Techouva.»

Vingt-cinq minutes avant

Le Rabbi Maharach quitta ce monde, le 13 Tichri 5643 (1882), à 11 heures 51. Vingt cinq minutes avant cela, il prit sa montre de gousset, la détacha de sa chaîne, coupa un petit bout de papier, tourna les aiguilles de la montre jusqu’à ce qu’elle indique 11 heures 51 et, enfin, il glissa le papier sous l’aiguille des minutes, afin de l’immobiliser.

C’est ainsi que sa montre s’arrêta définitivement à 11 heures 51.

 

Satiété

Une fois, le Tséma’h Tsédek et le Rabbi Maharach prenaient part à un repas, auquel assistait également Rabbi Chnéor Zalman de Lublin, auteur du Torat ‘Hessed. Le Rabbi Maharach vit que Rabbi Chnéor Zalman ne mangeait pas et il lui dit :
«Mangez donc, Rabbi Zalman ! Vous voyez que nous-mêmes, nous mangeons.»

Le Tséma’h Tsédek dit alors à son fils, le Rabbi Maharach :
«Qui sait ? Peut-être étudie-t-il la Torah pour son nom. Quand on étudie la Torah pour son nom, on peut être rassasié, comme si l’on consommait un aliment matériel.»

Travaux manuels

Le soir de Pessa’h 5720 (1960), le Rabbi relata à ceux qui partageaient son Séder, le récit suivant :

«Sur la table de l’Admour Hazaken était disposée de la vaisselle précieuse, en grand nombre pendant le Séder et, sur celle du Tséma’h Tsédek, ce nombre était encore plus grand. Mais, c’est le Rabbi Maharach qui avait le plus grand nombre d’objets, disposés sur sa table, au cours du Séder de Pessa’h. Ceux-ci étaient très beaux et, par la suite, il les plaça même sur une table, spécifiquement dressée à cet effet.

Sur cette table particulière, il y avait, pendant le Séder, soixante-dix chandeliers allumés, parmi lesquels un, à treize branches, qui avait été conçu et façonné par le Rabbi Maharach lui-même. On sait, en effet, que, pour des raisons de santé, les médecins lui avaient demandé de se consacrer aux travaux manuels. Il avait donc fabriqué différents objets, notamment une petite table, qui est parvenue ici, il y a quelques années et qui se trouve actuellement dans mon bureau».

Conseil

Le Rabbi Maharach demanda, une fois, à son domestique, d’aller lui acheter des chevaux. Le domestique lui répondit qu’une foire aurait bientôt lieu, au cours de laquelle il serait possible de trouver de meilleurs chevaux que ceux qui étaient alors en vente.

Le Rabbi Maharach lui répondit :
«Je n’ai nul besoin de tes conseils !».
Et, il le renvoya sur-le-champ.

Souffrance

Le riche Rav Mena’hem Mendel Gurary, quand il était un jeune homme, résidait à Kichinev, la ville de Rabbi Avraham Schneerson, le beau-père du Rabbi Rayats. Celui-ci lui raconta que, quand il était lui-même un jeune homme, il quitta Kichinev et il se rendit à Nyéghin, chez son père, Rabbi Israël Noa’h, fils du Tséma’h Tsédek. Dès son arrivée, il lui dit :
«Je ne suis pas venu te voir comme un père, mais comme un Rabbi.»

Son père lui répondit :
«J’en déduis que tu as besoin d’un conseil et je te donne donc, d’emblée, le suivant. Va consulter mon frère, le Rabbi Maharach, à Loubavitch».

Rabbi Avraham se rendit aussitôt à Loubavitch et son oncle, le Rabbi Maharach le reçut très respectueusement. Il sortit de chez lui, pour aller à sa rencontre et, en son honneur, il resta à table pendant une demi-heure, au cours du repas. Lorsque le Rabbi se leva pour se retirer, Rabbi Avraham lui dit qu’il était venu solliciter une audience. Le Rabbi Maharach lui répondit :

«Cette nuit, j’ai terriblement souffert, à cause d’une artère qui a éclaté. Je ne disposais de rien qui m’aurait permis de faire un garrot. Finalement, je suis parvenu à déchirer un pan de ma chemise et j’en ai fait un pansement, mais, avant de l’appliquer, j’ai ressenti une horrible douleur. Or, celle-ci n’est rien par rapport aux efforts que je dois faire, quand je dois accorder une audience à un jeune homme. Je ne pourrais donc pas te recevoir ce soir. Reviens demain».

Rabbi Avraham revint le lendemain et le Rabbi Maharach lui accorda une audience. Par la suite, il retourna à Nyéghin et il relata à son père tout ce qui s’était passé, ce qu’il avait vu et ce qui avait été dit, lors de cette audience. Rabbi Israël Noa’h dit alors à son fils :
«Ne t’ais-je pas donné un bon conseil ?».

Subsistance

Il arriva que le Rabbi Maharach passe l’hiver à l’étranger, pour des raisons de santé. Une fois, avant son départ pour un voyage qui devait être beaucoup plus long qu’à l’accoutumée, il rencontra plusieurs chefs de famille de Loubavitch. Ceux-ci, pour la plupart, assuraient leur subsistance en accueillant les invités qui venaient voir le Rabbi et qui les payaient pour obtenir le gîte et les repas. Ceux-ci étaient donc inquiets, car le Rabbi allait être longtemps absent. Comment allaient-ils vivre pendant toute cette période ?

Le Rabbi Maharach leur répondit :
«Avez-vous déjà vu une vache soucieuse parce que la mangeoire de l’étable est cassée ? C’est le propriétaire de la vache qui doit s’en préoccuper, non pas la vache elle-même ! Il est sûr et certain que le Saint béni soit-Il vous permettra à tous d’assurer votre subsistance !».

88. Sous le dais nuptial

Rav Chmouel Levitin, l’un des guides spirituels de la génération précédente, raconte :

«Une fois, le Rabbi Maharach a dit ceci : L’état d’un Juif, quand il se trouve sous le dais nuptial, est celui qu’il conservera par la suite, tous les jours de sa vie».

Mauvaise pensée

Lorsque le Rabbi Maharach sonnait du Chofar, sa Teroua, succession de sons courts, comptait soixante-douze sons saccadés et la Tekya, le son long faisant suite aux Chevarim, aux trois sons successifs, avait la même durée, dans le temps, que la première Tekya, les Chevarim et la Teroua qui la précédaient.

Une fois, le Rav Its’hak Yoël Raphaëlovitch, Rav de Krementchoug, fut présent, un Roch Hachana, lorsque le Rabbi Maharach sonna du Chofar et il ne comprit pas pourquoi le Rabbi procédait de cette façon. A l’issue de la fête, il fut reçu par le Rabbi et il l’interrogea, à ce sujet.

Le Rabbi Maharach lui répondit :
«Quel est votre avis ? Considérez-vous que les pensées inutiles sont uniquement celles qui portent sur des futilités et des idées vaines ? Lorsque l’on pense à ce qui n’est pas nécessaire, même si l’on se maintient dans le domaine de la sainteté, on a effectivement des pensées inutiles !».

Ainsi, le Rabbi pouvait se trouver dans les sphères célestes, sonner du Chofar de la manière qui est inscrite là-haut et, simultanément, avoir connaissance des mauvaises pensées que ressentaient les personnes se trouvant près de lui.

Une troisième personne

Une fois, le Rabbi Maharach et son père, le Tséma’h Tsédek, se trouvaient, l’un et l’autre, dans la chambre de la Rabbanit Rivka, épouse du Rabbi Maharach, qui était déjà couchée. Soudain, le Rabbi Maharach demanda :
«Rivka, es-tu déjà endormie ?».

Bien qu’elle ne dormait pas encore, elle ne répondit pas, comprenant qu’un événement hors du commun allait se produire et souhaitant en être le témoin.

Le Rabbanit Rivka observa, en effet, que le Tséma’h Tsédek et le Rabbi Maharach allumèrent chacun une bougie, qu’ils gardèrent à la main. Ils se dirigèrent ainsi vers la porte, la franchirent, en laissant un espace entre eux, comme si une troisième personne, invisible, les accompagnait. Parvenus à la porte, tous deux se mirent de côté, comme pour laisser passer cette troisième personne.

La Rabbanit Rivka

La Rabbanit Rivka, épouse du Rabbi Maharach et mère du Rabbi Rachab, dont les écoles de filles Beth Rivka portent le nom, était une femme très particulière, ayant des traits de caractère nobles et suscitant l’admiration des ‘Hassidim. Elle donnait l’exemple au plus grand nombre de ce que doit être l’abnégation ‘hassidique, le don de soi et un sentiment sincère envers son prochain, qui qu’il soit. Elle passait le plus clair de son temps à venir en aide à ceux qui étaient dans le besoin.

Le Rabbi Maharach voyageait souvent, pour des raisons de santé, pour consulter un médecin, pour effectuer une cure thermale, ou bien pour ses activités communautaires, pour assurer la liaison avec les personnes influentes, dans d’autres pays. Chaque fois qu’il rentrait de voyage, le Rabbi devait consacrer une somme importante au rachat des bijoux de la Rabbanit, qu’elle avait placés en gage, durant son absence, afin d’être en mesure de contribuer largement à la Tsedaka. La Rabbanit se consacrait, tout particulièrement à l’organisation d’événements joyeux, circoncisions, Bar Mitsva, mariages, dans les foyers des familles nécessiteuses.

Quand le Rabbi Rachab fonda la Yechiva Tom’heï Temimim, c’est la Rabbanit Rivka qui s’engagea à en satisfaire tous les besoins matériels. Elle surveillait donc personnellement la préparation des repas pour tous les élèves. Quand ceux-ci venaient manger, elle se préoccupait elle-même du bien-être de chacun. Elle s’adressait à chaque élève et lui demandait s’il avait suffisamment mangé, s’il savait où dormir, s’il progressait dans ses études.

Le Rabbi Rayats, quand il était enfant, rendait visite chaque jour, sur le conseil de son père, le Rabbi Rachab, à sa grand-mère, la Rabbanit Rivka et il lui demandait de lui relater les faits marquants dont elle avait connaissance. De cette façon, il reçut d’elle de nombreux récits ‘hassidiques, dont il transmit une partie dans ses causeries orales, d’autres dans ses mémoires et dans différents écrits.

La présence du Rabbi

Les ‘Hassidim du Rabbi Maharach vécurent une longue période difficile, pendant laquelle ils ne purent pratiquement pas voir leur maître, du fait de son état de santé. Le Rabbi Maharach, tout au long de cette période, ne quitta sa chambre que très rarement et, à chaque fois qu’il le fit, il apparut uniquement pour quelques instants.

Peu avant ‘Hanouka, on apprit que le Rabbi Maharach assisterait à l’allumage des bougies, à la synagogue, chaque jour de la fête. La joie des ‘Hassidim fut immense, puisque la possibilité leur était ainsi accordée de voir le Rabbi et de passer quelques temps avec lui.

Les ‘Hassidim se mirent alors à réfléchir : comment faire en sorte que ces instants passés avec le Rabbi soient les plus longs possibles, qu’ils puissent prolonger l’allumage afin de voir le visage de leur maître ? Soudain, l’un des ‘Hassidim eut une idée. Il fallait composer un chant nouveau, sur les mots qui sont lus juste après l’allumage des bougies, Ha Nérot Halalou, «ces lumières que nous allumons» et choisir la mélodie la plus lente possible, répéter les mots chaque fois que cela était envisageable. C’est ainsi qu’ils pourraient faire durer la présence du Rabbi.

C’est effectivement ce qui fut fait et ce chant apporta aux ‘Hassidim un merveilleux cadeau, de précieux instants passés en compagnie de leur maître. C’est ce chant que les ‘Hassidim ‘Habad chantent encore, à l’heure actuelle, quand ils allument les bougies de ‘Hanouka.

Cent ans

Peu avant de quitter ce monde, le Rabbi Maharach appela son domestique, Reb Levik et il lui dit :
«Levik, je suis parvenu au terme de mes années, car j’ai cent ans, en ce jour. Certes, selon mon passeport, je n’en ai que cinquante-deux, mais tu connais mon âge véritable et toutes ces années, si on les considère ensemble, atteignent effectivement le nombre de cent.»

Dans un premier temps, on pensa qu’il n’y avait là qu’une façon de s’exprimer, mais, après le décès du Rabbi, on consulta son passeport et l’on s’aperçut qu’il avait, non pas cinquante-deux ans, mais quarante-huit ans. Tous comprirent alors que ses propos devaient avoir une toute autre signification.

Certains ‘Hassidim proposèrent alors l’interprétation suivante. On sait que l’âme du Rabbi Maharach était une parcelle de l’âme du prophète Chmouel, dont il portait le nom. Or, le prophète Chmouel mourut à cinquante-deux ans et le Rabbi Maharach, à quarante-huit ans, ce qui fait bien, au total cent ans.

 

Eïn Yaakov

Lorsque le Rabbi Maharach atteignit l’âge de la Bar Mitsva, son père, le Tséma’h Tsédek l’appela et il lui dit :

«Connaître l’ensemble du Talmud n’est pas un accomplissement exceptionnel. Chacun peut y parvenir. En revanche, il convient d’étudier le Eïn Yaakov et d’acquérir une bonne connaissance de la Aggadah, des Midrashim de nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction».

Depuis, ce jour, le Rabbi Maharach se fixa une étude quotidienne du Eïn Yaakov.

Accomplissement

L’un des ‘Hassidim du Rabbi Maharach entreprit de se rendre chez son maître, pour passer la fête de Roch Hachana auprès de lui, mais, en chemin, il affronta plusieurs difficultés et il fut contraint de passer la fête à Vitebsk.

Après Roch Hachana, il se rendit à Loubavitch et le Rabbi Maharach lui accorda une audience. Dès qu’il entra dans son bureau, le Rabbi s’exclama :
«Tu n’as pas idée de ce que tu viens d’accomplir, à Vitebsk !».

Discours ‘hassidique

Lorsque le Rabbi Maharach s’apprêtait à prononcer un discours ‘hassidique, tous entraient dans la pièce où il le faisait, puis l’on fermait les portes et il était alors impossible de quitter la pièce, pendant toute la durée de ce discours. Si quelqu’un s’assoupissait, à ce moment, on plaçait devant lui une poudre ayant une odeur très forte, jusqu’à ce qu’il éternue.

Des personnes étaient spécifiquement désignées pour exercer cette fonction. Ainsi, chacun savait que, quand le Rabbi prononce un discours ‘hassidique, il est impossible de quitter la pièce et que celui qui s’endort, à ce moment-là, devra le payer très cher !

Un verre d’eau

Une fois, les ‘Hassidim organisèrent une réunion ‘hassidique, dans la maison du Rabbi Maharach. Les présents étaient très nombreux. Le Rabbi Rachab, qui était alors un enfant de huit ans, attendait aussi l’arrivée de son père.

Quand il entra dans la pièce, le Rabbi Maharach, qui avait soif, voulut boire, mais l’eau se trouvait à l’autre extrémité de la pièce et le Rabbi dut se frayer un chemin, parmi les nombreux ‘Hassidim présents, pour l’atteindre.

Le Rabbi Maharach se versa un verre d’eau, il en but la moitié, puis il regagna sa place. Un quart d’heure plus tard, il se glissa de nouveau parmi les ‘Hassidim, prit le verre d’eau qui était resté à la même place et il en but la seconde moitié.

L’un des ‘Hassidim présents se permit de l’interroger, à ce propos :
«Vous aviez soif. Pourquoi n’avez-vous pas bu d’emblée la totalité du verre d’eau ? De la sorte, il n’aurait pas été nécessaire de vous frayer un chemin parmi les ‘Hassidim une seconde fois !».

C’est alors le Rabbi Rachab, âgé de huit ans, qui répondit à sa question :
«Mon père m’a appris, que lorsque l’on veut manger ou boire, on ne doit pas le faire en une seule fois».

Médecine

Le Rabbi Maharach possédait une profonde connaissance de la médecine. Il rédigeait lui-même des ordonnances, qu’il envoyait à l’apothicaire de Loubavitch, lequel fabriquait les médicaments qu’il prescrivait et les délivrait.

Dans le lieu d’aisance de sa maison, le Rabbi Maharach avait installé une bibliothèque, dans laquelle se trouvaient de nombreux ouvrages rédigés en latin. Lorsqu’il se trouvait dans ce lieu, le Rabbi Maharach consultait ces ouvrages et c’est de cette façon qu’il avait étudié la médecine.

Pensées saintes

Le Rabbi Maharach demandait à ses ‘Hassidim d’avoir des pensées de sainteté, en marchant dans la rue. Un homme qui l’apprit lui demanda, à la fois dubitatif et moqueur :
«Pensez-vous vraiment que cela soit possible ?».

Le Rabbi Maharach lui répondit :
«Si l’on peut avoir des pensées étrangères pendant la prière des dix-huit bénédictions, le Chemoné Essré, on peut aussi avoir des pensées saintes, quand on marche dans la rue».

Source de la connaissance

Le Rav Zalman Zlatopolski était l’un des grands ‘Hassidim du Rabbi Maharach. Au cours d’une audience qu’il lui accorda en 5638 (1878), le Rabbi lui expliqua la nécessité de prier avec vitalité. Il lui dit :
«Lorsque l’on donne de la Tsedaka à un pauvre, avant la prière, on le fait revivre. C’est de cette façon que l’on peut multiplier sa vitalité, pendant la prière».

Lorsque Rav Zalman rentra chez lui, dans sa ville de Krementchoug, il communiqua cette explication du Rabbi au ‘Hassid, Rav ‘Haïm Dov, l’un de ceux qui avaient une connaissance profonde de la ‘Hassidout. Depuis ce jour, Rav ‘Haïm Dov posait sur la table, tous les matins, avant la prière, une bouteille de vodka et des gâteaux, pour les pauvres, afin de les réconforter.

Par la suite, quand on fit part au Rabbi Maharach de cet usage qui avait été adopté par Rav ‘Haïm Dov, il déclara :

«Pensez-vous que Rav ‘Haïm Dov a acquis sa connaissance de la ‘Hassidout grâce à son étude minutieuse du Chaareï Ora ou du Atéret Roch, les deux ouvrages les plus profonds de l’Admour Haémtsahi ? Pas du tout ! Il a acquis cette connaissance grâce à la vodka et aux gâteaux qu’il donne aux pauvres avant de prier !».

Bilan sincère

Le Rabbi Maharach accorda une entrevue à l’un de ses ‘Hassidim, au cours de laquelle il lui dit, notamment :

«Un bilan moral doit être sincère. Un homme n’a pas le droit d’ignorer ses défauts et d’adopter une attitude plus souple, envers sa propre personne.

Il ne peut pas non plus ignorer ses qualités et s’imposer des difficultés à lui-même. Il doit déraciner les défauts, renforcer les qualités et demander au Saint béni soit-Il de lui accorder la réussite».

88. Le Divin et l’humain

L’un des ‘Hassidim du Rabbi Maharach était un commerçant qui consacrait chaque instant libre à l’étude de la ‘Hassidout. Il avait fait coudre une poche spéciale, dans son manteau, afin d’y ranger, en permanence, le Chaareï Ora et le Chaar Ha Emouna, deux profonds ouvrages de ‘Hassidout, rédigés par l’Admour Haémtsahi, dont il possédait une parfaite connaissance.

Une fois, le Rabbi Maharach lui accorda une audience, au cours de laquelle ils échangèrent le dialogue suivant :
«Que fais-tu avant la prière ?»
«J’étudie la ‘Hassidout.»
«Et, que fais-tu pendant la prière ?»
«Je médite à la ‘Hassidout.»
«Qu’en est-il du Chema Israël du coucher ?»
«Je médite encore une fois à la ‘Hassidout».

Le Rabbi Maharach lui dit alors :
«Je vois que tu penses à D.ieu en permanence. Mais, quand penses-tu à ta propre personne ?».

Médicament amer

Le Rabbi Maharach déclara, à une certaine occasion :

«En réalité, nous aurions pu éviter toutes les souffrances du peuple juif, mais que faire ? Les Juifs préfèrent un médicament amer !

En effet, il existe deux sortes de traitement, un médicament doux et un médicament amer. Lorsque l’on donne un médicament doux à un enfant, il en redemande. En effet, il n’a pas de discernement et il ne comprend pas qu’il est malade.

En revanche, lorsqu’on lui donne un médicament amer, il n’a pas le choix, il doit bien admettre qu’il est malade».

Soumission totale

L’un des ‘Hassidim du Rabbi Maharach possédait une affaire de textile. Il vécut seul à Petersburg, pendant une longue période, à cause de difficultés, surgies au sein de son couple. Puis, ses proches parvinrent à le convaincre de rentrer chez lui et de rejoindre sa famille. L’homme décida, avant d’entreprendre ce voyage, de faire un détour par Loubavitch, afin de rencontrer le Rabbi Maharach.

Le Rabbi Maharach accorda une audience à ce ‘Hassid, qui lui raconta tout ce qui lui était arrivé dernièrement et indiqua, notamment, qu’un général de Petersburg lui avait proposé une affaire très intéressante, mais qu’il avait décidé de ne rencontrer cet homme que dans quelques semaines, afin de pouvoir, au préalable, rentrer chez lui, retrouver sa famille, qu’il n’avait pas vu depuis bien longtemps et rétablir l’harmonie, au sein de son foyer. Il pourrait ensuite retourner à Petersburg et conclure l’affaire avec ce général.

Le Rabbi Maharach lui répondit :
«Retourne immédiatement à Petersburg et conclus d’abord cette affaire. Tu rentreras chez toi seulement après cela».

Le ‘Hassid se permit de demander pourquoi il devait procéder de la sorte, mais le Rabbi lui répondit :
«Si tu en comprenais la raison, tu serais toi-même un Rabbi !».

Le ‘Hassid se conforma donc aux directives du Rabbi Maharach et il se rendit à Petersburg. Quand il arriva chez le général, il vit, dans la cour de sa maison, un carrosse auquel les chevaux étaient déjà attelés et qui était prêt à partir. Les domestiques lui indiquèrent que le général partait en voyage à l’étranger et qu’il serait impossible de le contacter pendant de nombreux mois.

A ce moment précis, le général sortit de sa maison, portant son plus bel uniforme. Il vit le ‘Hassid et il le salua. Le ‘Hassid expliqua l’objet de sa venue. Le général le fit alors entrer dans son salon et le contrat fut aussitôt signé. Après cela, le ‘Hassid rentra ensuite chez lui et l’affaire qu’il avait conclue lui rapporta un immense bénéfice.

Le Rabbi, chef de notre génération, relata lui-même ce récit, le Roch ‘Hodech Sivan 5710 (1950) et il expliqua que le Rabbi Maharach n’avait pas précisé au ‘Hassid la raison de la directive qu’il lui donnait parce que, dans tous les domaines, y compris quand une explication rationnelle existe, les propos d’un Rabbi doivent être mis en application avec la soumission la plus totale, non pas parce qu’on les comprend logiquement et qu’on les accepte.

Un bon mot

Le Rabbi Maharach déclara, à une certaine occasion :

«A Roch Hachana, les anges attendent avec impatience qu’un Juif prononce un bon mot, une éloge, à propos de son prochain. En effet, ils savent à quel point le Saint béni soit-Il désire prodiguer le bien aux enfants d’Israël, plus encore qu’Il apprécie la prière des Tsaddikim !».

Audience impromptue

Le Rav Mendel Futerfas raconte :

«Une fois, de nombreux ‘Hassidim attendaient d’être reçus par le Rabbi Maharach. Chacun se préparait moralement à l’audience que son maître allait lui accorder. L’un des présents, qui se préparait à ce moment depuis plusieurs mois déjà, fit un bilan moral de sa propre situation, avant d’entrer dans le bureau du Rabbi Maharach et il parvint à la conclusion qu’il n’était pas encore prêt pour cela, que plusieurs mois supplémentaires de préparation lui seraient encore nécessaires.

Ce ‘Hassid avait d’ores et déjà imaginé, dans son esprit, toutes les questions qu’il allait poser au Rabbi Maharach, puis, quand il parvint à la conclusion qu’il n’était pas encore prêt à le rencontrer, il se dit que, dans quelques mois, lorsqu’il serait enfin reçu par le Rabbi Maharach, d’autres questions lui seraient, entre-temps, sûrement venues à l’esprit.

Le Rabbi Maharach reçut toutes les personnes qui étaient venues le consulter ce soir-là. Chacun des présents était introduit dans le bureau par le ‘Hassid du Rabbi, chargé de l’organisation de ces audiences. Soudain, un fait inhabituel se produisit. Tous ceux qui devaient être reçus par le Rabbi étaient déjà repartis, mais le Rabbi, de toute évidence, attendait encore quelqu’un. Le ‘Hassid entra alors dans la maison d’étude et il vit cet homme, qui avait décidé de renoncer à son audience. L’homme était assis, encore absorbé par son bilan moral. Le ‘Hassid lui dit alors :
‘C’est ton tour !’.

L’homme tenta d’expliquer au ‘Hassid qu’il avait décidé de surseoir à cette entrevue, qu’il n’était pas prêt, mais le ‘Hassid, sans ménagement, le saisit et le poussa dans le bureau du Rabbi Maharach. Il était impossible de reculer et, en quelques secondes, l’homme mit son Gartel, sa ceinture de prière et il se trouva face au Rabbi. En s’appuyant sur le bilan moral qu’il venait d’établir, il lui fit part de sa situation spirituelle, de la manière dont il servait D.ieu. Il sollicita ensuite la bénédiction du Rabbi et ses directives.

Le Rabbi Maharach lui accorda effectivement sa bénédiction, il lui donna des orientations sur la manière de servir D.ieu, à l’avenir et l’audience s’acheva ainsi. L’homme quitta le bureau du Rabbi en éprouvant une immense colère envers le ‘Hassid qui l’avait conduit là, auquel il formula aussitôt les reproches les plus acerbes :
‘Pourquoi m’as-tu fait cela ? Pourquoi m’avoir causé tant de tort ?’.

Quelques semaines plus tard, le Rabbi Maharach quitta ce monde. L’homme se rendit alors chez le ‘Hassid chargé de l’organisation des audiences. Il lui présenta ses excuses pour ce qu’il lui avait dit, le remercia et il lui exprima toute sa reconnaissance :
‘Je te remercie de m’avoir jeté dans le bureau du Rabbi. Grâce à toi, j’ai reçu sa bénédiction, qui m’accompagnera toute ma vie. Je te remercie et je te bénis’.

Ce récit délivre un enseignement à chacun. Celui qui a la possibilité de se rendre chez le Rabbi doit le faire immédiatement et ne pas remettre à plus tard, même s’il sait qu’une autre occasion se présentera encore par la suite. Et, si cette occasion se présente effectivement et qu’il y retourne une seconde fois en étant mieux préparé, c’est tant mieux !».

Vêtements spirituels

En 5693 (1933), le Rabbi Rayats rapporta le récit suivant :

«Une fois, le Rabbi Maharach, après qu’il ait quitté ce monde, se révéla à son fils, le Rabbi Rachab, lors d’une apparition nocturne et il lui dit :

‘Vois-tu tel ‘Hassid qui se trouve ici ? Comme sont beaux les vêtements spirituels qui recouvrent son âme ! Il les a obtenus parce que, durant sa vie physique, il enseignait la ‘Hassidout. Les vêtements qu’il a reçus sont à la mesure de ce qu’il a accompli’.»

A l’issue de Yom Kippour

Le Rav Chmouel Grunam Estherman, guide spirituel de la Yechiva Tom’heï Temimim, à Loubavitch, raconta :

«Une fois, à l’issue de Yom Kippour, tout de suite après la prière d’Arvit, le Tséma’h Tsédek commença à étudier la Torah avec son fils, le Rabbi Maharach. Leur étude porta sur le Rif, avec les commentaires du Ran et elle se prolongea durant de nombreuses heures, allongeant d’autant leur jeûne, puisqu’ils n’avaient encore rien mangé.

Soudain, la Rabbanit entra dans la chambre et elle dit à son mari, le Tséma’h Tsédek :
‘Pourquoi lui imposes-tu tout cela ? Tu es déjà âgé et le jeûne ne te dérange pas, mais lui est encore jeune. Il a jeûné plus d’une journée ! Qu’attends-tu de plus, de sa part ?’

Le Tséma’h Tsédek lui répondit :
‘Soit ! Apporte-lui ici un verre de lait et un petit pain et qu’il mange !».

Le Rabbanit apporta à son fils, le Rabbi Maharach un petit pain, un verre de lait et de l’eau pour se laver les mains. Il mangea, dit la bénédiction après le repas, puis poursuivit l’étude avec son père.

Faisant allusion à cet épisode, le Rabbi Maharach déclara, par la suite :

‘Vous pouvez imaginer de quelle façon j’ai mangé ce petit pain ! Mon père m’attendait et lui-même jeûnait encore. Par la suite, notre étude s’est poursuivie jusqu’à deux heures du matin !’.»

Tsedaka et prière

Le Rabbi Maharach souligna, tout particulièrement, l’importance de la prière. Il enseigna, notamment, à ce sujet :

«Un verset de la Torah, faisant référence à l’arche de Noa’h, précise : ‘Tu feras une fenêtre (Tsohar) à l’arche (Téva)’.

Le terme Téva, ‘l’arche’, signifie aussi : ‘le mot’ et, en ce sens, il fait allusion aux mots de la prière. Le terme Tsohar, ‘fenêtre’, veut dire aussi : ‘brillant’ et, en ce sens, il souligne que la prière doit être brillante, lumineuse, au point de susciter en D.ieu une Volonté nouvelle.

Pour parvenir à prier de cette façon, il est indispensable, au préalable, de donner de la Tsedaka. C’est de cette façon que la prière peut être brillante et pure».

Question et réponse

Un ‘Hassid demanda au Rabbi Maharach :
«Comment est-il concevable que plusieurs personnes posant la même question au Rabbi reçoivent, chacune, une réponse différente ?».

Le Rabbi Maharach lui répondit :
«Quel Rabbi serais-je si je n’avais qu’une seule réponse à chaque question ?».

La bénédiction des ‘Hassidim

Le Rav Mendel Futerfas, l’un des guides spirituels de la génération précédente, relata le récit suivant, décrivant ce qui peut être accompli, au cours d’une réunion ‘hassidique et soulignant la grandeur du Rabbi, qui peut dépasser un Décret céleste :

«Il y avait, en Russie, à l’époque du Rabbi Maharach, une petite communauté ‘hassidique, qui se trouvait à plusieurs centaines de kilomètres de Loubavitch. Les membres de cette communauté portaient fièrement le titre de ‘Hassidim et ils s’efforçaient de se rendre régulièrement chez le Rabbi, malgré la distance qui les séparait et qu’ils devaient, bien souvent, parcourir à pied, ce qui leur imposait un voyage de plusieurs semaines.

Naturellement, de tels voyages ne pouvaient pas être trop fréquents et, bien souvent, un groupe de voyageurs s’organisait, quand un tel départ était envisagé. Ceux qui ne partaient pas confiaient alors aux ‘Hassidim heureux, se rendant chez le Rabbi, des lettres et des demandes de bénédictions à lui remettre. A la veille du départ, une grande réunion ‘hassidique avait toujours lieu, dans la maison de l’un de ceux qui partaient.

Au retour du groupe, une nouvelle réunion ‘hassidique était organisée, dans une autre maison, au cours de laquelle les ‘Hassidim racontaient ce qu’ils avaient vu et entendu. De la sorte, selon la formule ‘hassidique traditionnelle, tous pouvaient voir les yeux qui avaient vu le Rabbi. C’est ainsi que chaque voyage devenait un événement, concernant l’ensemble de la communauté.

L’un des ‘Hassidim de cette ville était marié depuis de nombreuses années, mais il n’avait toujours pas d’enfant. Chaque fois qu’il s’était rendu chez le Rabbi Maharach, il avait sollicité sa bénédiction. Si un groupe de ‘Hassidim partait sans qu’il puisse se joindre à eux, il confiait à l’un des voyageurs une lettre sollicitant la bénédiction du Rabbi. Mais, il ne reçut jamais la moindre réponse du Rabbi Maharach.

Une fois, la réunion ‘hassidique, en relation avec l’un de ces voyages chez le Rabbi, fut fixée dans la maison de ce ‘Hassid. A une heure très tardive, l’enthousiasme ‘hassidique était à son comble, lorsque les ‘Hassidim burent la dernière goutte d’eau-de-vie. Ils se demandèrent comment s’en procurer, au milieu de la nuit.

La maîtresse de maison, qui les entendit, s’arma de courage et elle leur dit :
‘Je peux vous servir tout l’alcool et tous les gâteaux dont vous pouvez avoir besoin, mais je ne le ferai qu’à une condition. Donnez-moi une bénédiction pour avoir un enfant !’.

Les ‘Hassidim, dans l’ardeur de ce moment particulier, se levèrent et ils lui souhaitèrent, du fond leur cœur, que D.ieu exauce son souhait au plus vite. Peu après, elle annonça effectivement à son mari qu’elle attendait un enfant. Le ‘Hassid en fut profondément perplexe. Le Rabbi Maharach ne lui avait jamais accordé sa bénédiction, alors que celle des ‘Hassidim s’était réalisée immédiatement !

Il décida de se rendre aussitôt à Loubavitch. Là, il fut reçu par le Rabbi Maharach et il lui fit part de tout ce qui s’était passé. Le Rabbi l’écouta, il ferma les yeux et il posa sa tête sur ses mains, pendant un long moment, puis il déclara :

‘Notre maître, le Baal Chem Tov a enseigné que la bénédiction que D.ieu accorde à l’homme est parfois insuffisante pour lui apporter à la fois la santé, les enfants et la prospérité matérielle. Dès lors, il y a un nécessairement manque, dans l’un de ces trois domaines. Celui qui s’entête à obtenir ce qui lui fait défaut peut parfois être exaucé, mais il subira alors ce manque dans un autre domaine, car la bénédiction accordée par D.ieu n’est pas modifiée et seule l’est sa destination.

Il en est ainsi, pour ce qui te concerne. La bénédiction qui t’a été accordée est réduite et c’est pour cette raison que tu n’as pas eu d’enfant. Malgré tes demandes répétées, je ne t’ai jamais accordé ma bénédiction, car tu aurais eu un fils, mais, en échange, ta vie aurait été très courte. J’ai donc préféré m’abstenir.

Les ‘Hassidim, en revanche, n’ont pas la perception de ces éléments cachés. Pour autant, ils possèdent effectivement le pouvoir de bénir. En l’occurrence, ils t’ont accordé leur bénédiction et celle-ci s’est réalisée. Vous allez avoir un fils, mais la bénédiction de D.ieu n’a pas été modifiée et qui sait les conséquences que tout cela aura ?’.

Le Rabbi Maharach baissa encore une fois la tête et il la couvrit de ses mains, qui étaient restées posées sur la table, pendant qu’il parlait. Par la suite, il conserva encore cette position pendant un long moment, puis il ajouta :

‘Est-ce parce que les ‘Hassidim n’ont pas la perception des éléments cachés que leur bénédiction doit avoir des conséquences négatives ? Pas du tout ! Vous aurez, toi et ton épouse, une longue vie, en bonne santé et vous conduirez le fils qui naîtra à la Torah, au dais nuptial et aux bonnes actions, dans la largesse, en tous points !’.

Bien entendu, la bénédiction du Rabbi Maharach se réalisa de la meilleure façon. Le couple eut une longue et agréable vie. Il conduisit ce fils unique à la Torah, au dais nuptial et aux bonnes actions, dans la largesse matérielle et spirituelle».

Le fil et l’aiguille

Une fois, le Rabbi Rachab se rendit chez son père, le Rabbi Maharach et il l’interrogea, à propos de deux discours ‘hassidique, entre lesquels il avait constaté une contradiction apparente, quand il les avait étudiés.

Le Rabbi Maharach lui répondit :
«Nous fournissons le fil et l’aiguille. En revanche, on doit coudre soi-même».

Ta’hanoun

Le Rabbi Maharach, quand il se rendait à la synagogue, étant enfant, priait près de son père, le Tséma’h Tsédek. L’endroit était exigu et l’affluence était grande, Bien souvent, il fallait jouer des coudes. L’un des ‘Hassidim âgés se tenait en permanence derrière le Rabbi Maharach et, par manque de place, chaque fois qu’il frappait sur son cœur, en récitant la confession du Ta’hanoun, il frappait également le dos de l’enfant.

Une fois, n’en pouvant plus, le Rabbi Maharach se retourna vers lui et il lui dit :
“Tu es adulte et responsable de tes actes ! C’est toi qui commets les fautes et c’est moi que tu frappes ?”.

Gartel

En 5691 (1931), le Rabbi Rayats relata le récit suivant au Rabbi, chef de notre génération :

“Quand mon grand-père, le Rabbi Maharach commença à mettre les Tefillin, peu avant sa Bar Mitsva, son père, le Tséma’h Tsédek dit à sa mère, la Rabbanit Moussya :

‘Je pense que je vais lui offrir un Gartel, une ceinture de prière, pour sa Bar Mitsva. C’est le cadeau que m’a fait mon grand-père, l’Admour Hazaken, pour la mienne’.

La Rabbanit demanda à son époux, le Tséma’h Tsédek :
‘Pourquoi n’as-tu pas fait un tel cadeau à tes autres fils ?’.

Le Tséma’h Tsédek lui répondit :
‘Chez nous, on ne pose pas de question et l’on ne s’interroge pas sur notre comportement !’.”

Etude à l’issue de Yom Kippour

Le Rav Zalman Chimeon Dvorkin raconte :

“J’ai entendu du Rabbi Rachab, à Rostov, que, chaque année, à l’issue de Yom Kippour, après la prière d’Arvit, le Tséma’h Tsédek appelait son fils, le Rabbi Maharach et il lui demandait de le rejoindre dans sa chambre. Là, le Tséma’h Tsédek versait deux verres de vin, l’un pour lui et l’autre pour son fils.

Après qu’ils aient bu ce vin, ils étudiaient ensemble le saint Zohar. Quelques années plus tard, leur étude porta sur le Midrash, puis, lorsque quelques autres années s’écoulèrent encore, ils étudièrent la Guemara.

La dernière année, juste avant qu’il quitte ce monde, le Tséma’h Tsédek demanda au Rabbi Maharach de commenter la Guemara en sa présence. Lui-même ne fit alors que l’écouter.”

Le mouchoir du Rabbi

Un mouchoir était posé, en permanence, sur la table du Rabbi Maharach. Lorsque quelqu’un entrait dans la chambre, le Rabbi se servait de ce mouchoir pour couvrir un objet qui se trouvait devant lui, puis, lorsqu’il était de nouveau seul, il mettait le mouchoir de côté et il découvrait cet objet.

Une fois, l’un des ‘Hassidim voulut savoir ce que le Rabbi cachait avec ce mouchoir. Il attendit que le Rabbi quitte la pièce, se précipita à l’intérieur et il vit l’objet sur lequel le Rabbi posait le mouchoir. C’était un parchemin sur lequel il était inscrit :
“Je place D.ieu face à moi en permanence”.

Formulation de la question

Le Rabbi Maharach accorda une audience à un ‘Hassid qui lui demanda :
“Comment prétendre que le monde est néant alors que nous percevons son existence par nos sens ?”.

Le Rabbi lui répondit :
“Tiens-toi de côté et tu auras la réponse à ta question”.

Un autre ‘Hassid fut ensuite reçu par le Rabbi Maharach et il lui demanda :
“Comment le monde peut-il nous apparaître comme une existence alors que nous savons qu’il est néant ?”.

Le premier ‘Hassid ne pouvait recevoir une réponse plus claire à sa question.

Présupposé de la question

Selon une autre version, mais peut-être s’agit-il d’un autre récit, le Rabbi Maharach accorda une audience à l’un de ses ‘Hassidim, qui lui demanda :

“Comment la ‘Hassidout peut-elle affirmer que le monde entier est soumis à D.ieu ? La réalité concrète ne fait-elle pas la preuve du contraire ? N’est-il pas bien évident que le monde est séparé de D.ieu et qu’il peut même faire obstacle à l’accomplissement de Sa Volonté par les Juifs ?”.

Le Rabbi lui répondit :
“Tiens-toi de côté et écoute attentivement la question qui sera posée par celui que je vais recevoir après toi”.

Le ‘Hassid se mit sur le côté, comme le Rabbi le lui avait demandé. Sur un signe du Rabbi, le ‘Hassid suivant qu’il devait recevoir entra dans son bureau et lui posa la question suivante :

“Comment est-il possible d’imaginer que le monde possède une existence indépendante ? N’est-il pas bien évident qu’il n’est que néant ?”.

Le Rabbi Maharach dit alors au premier ‘Hassid :
“Une question se pose toujours en fonction du point de vue que l’on adopte”.

Tehilim

A une certaine occasion, le Rabbi Maharach relata ceci :

“Lorsque je me suis rendu à Petersburg pour lutter contre les décrets antisémites que le tsar avait l’intention de promulguer, j’ai adopté une lecture intensive des Tehilim, selon leur répartition hebdomadaire, en plus de la répartition mensuelle que j’avais déjà adoptée au préalable.

Une fois, alors que je lisais le verset : ‘Car, Il m’a sauvé de tous mes malheurs et mon œil a vu mes ennemis’, on est venu m’annoncer que le ministre-sénateur qui avait pris l’initiative de ces décrets avait eu une attaque soudaine et qu’il en était mort.

J’ai, malgré tout, achevé la lecture des Tehilim de ce jour”.

Hé supérieur et Hé inférieur

Une fois, un ‘Hassid d’une autre cour ‘hassidique vint consulter le Rabbi Maharach, qui lui accorda une audience. Il sollicita une bénédiction pour gagner sa vie et il donna, pour justifier sa requête, l’explication suivante :

“Ma vache ne me donne plus de lait. J’ai consulté mon Rabbi, à ce sujet et il m’a répondu que mes mauvaises actions avaient suscité un défaut dans le Hé supérieur du Nom divin Avaya, le Tétragramme. De ce fait, le Hé avait disparu du mot Para, la vache et celle-ci était devenue Par, un bœuf. C’est pour cette raison qu’elle n’a plus de lait !”.

Le Rabbi Maharach lui répondit :
“Je pense, pour ma part, que le défaut est dans le Hé inférieur (Hé, en yiddish, signifie le foin). Donne-lui du Hé tel qu’il est ici-bas, du foin et elle produira du lait !”.

Dans une gare

Au cours de la réunion ‘hassidique du Chabbat Parchat Haazinou 5722 (1962), le Rabbi relata le récit suivant :

“Mon beau-père, le Rabbi soulignait que le Rabbi Maharach, son grand-père avait un comportement miraculeux, digne du Baal Chem Tov. Une fois, il passa par la ville de Dvinsk, où il devait changer de train et il y demeura donc pendant un certain temps. Il y avait, dans cette ville, des opposants à la ‘Hassidout, qui voulurent lui faire des difficultés.

Dvinsk était, en Russie, une ville protégée et dirigée avec une grande rigueur. A l’époque, des soldats quadrillaient la ville et les opposants à la ‘Hassidout profitèrent de tout cela pour tendre un piège au Rabbi Maharach. Ils lui demandèrent donc de commenter la ‘Hassidout.

Le temps qu’il devait passer dans cette ville était court et ne lui permettait pas de se rendre en ville, de commenter la ‘Hassidout dans la synagogue et d’être de retour avant le départ de son train. Le Rabbi proposa donc de commenter la ‘Hassidout dans la gare. Aussitôt, une large foule se rassembla dans cet endroit. Les bousculades se multiplièrent, du fait de la promiscuité. Des portes, des tables et des chaises furent alors cassées.

Immédiatement, les opposants à la ‘Hassidout appelèrent la police et rapportèrent que d’importantes dégradations étaient perpétrées, dans la gare. Un officier de police arriva très rapidement et il se dirigea directement vers le Rabbi Maharach. Or, quiconque le voyait était saisi par la crainte et ce fut également le cas, en l’occurrence. Le policier vit le Rabbi, s’emplit d’effroi et il s’enfuit.

Peu après, le chef régional de la police vint à son tour et il demanda où se trouvait le Rabbi. On lui répondit qu’il prononçait un discours ‘hassidique et qu’il ne pouvait pas être dérangé. On lui montra également un document officiel demandant à toutes les polices de Russie, y compris la police secrète, de venir en aide au Rabbi Maharach et de satisfaire toutes ses requêtes. A la vue de ce document, l’homme partit à son tour”.

Médecine

Le Rabbi relata ceci, lors d’une réunion ‘hassidique :

“Le Rabbi Maharach avait une profonde connaissance de la médecine. De fait, il écrivait lui-même des prescriptions et il les envoyait à l’apothicaire de Loubavitch, qui les appliquait scrupuleusement.

Dans les lieux d’aisance, il possédait une bibliothèque sur laquelle étaient disposés des ouvrages médicaux rédigés en latin. Lorsqu’il se trouvait dans cet endroit, il consultait ces ouvrages et c’est de cette façon qu’il apprit la médecine”.

Enfant gâté

Le ‘Hassid, Rav Yossef Yuzik Gurevitch, de Varsovie, raconte :

“Il y avait, à Dokchitz, un couple qui n’avait pas d’enfant, après dix ans de mariage. Le mari et la femme décidèrent de répartir équitablement leurs biens et d’aller divorcer dans une autre ville, pour ne pas étaler leur humiliation devant tous ceux qui les connaissaient.

Les ‘Hassidim de la ville eurent pitié de ce couple qui s’entendait bien, possédait une affaire florissante dans la ville, mais avait néanmoins décidé de divorcer. Ils leur proposèrent de solliciter le conseil du Rabbi Maharach.

Le couple se rendit effectivement à Loubavitch. L’homme fut reçu par le Rabbi Maharach, qui lui répondit :
“Qui vous a suggéré de divorcer ? Ne faites pas cela ! J’ai bon espoir que D.ieu vous accordera une descendance !”.

L’homme fut profondément surpris par les propos du Rabbi, car il avait déjà perdu tout espoir d’avoir un enfant. Il émit le souhait que son épouse entende, à son tour, la bénédiction du Rabbi et il lui demanda si elle pouvait se tenir, le lendemain, derrière la porte, lorsque le Rabbi répèterait ce qu’il venait de lui dire. Le Rabbi accepta et c’est effectivement ce qui se passa.

Un an plus tard, ils eurent un fils, mais leur joie fut de courte durée, car l’enfant pleurait en permanence et leur vie devint un enfer. Ils décidèrent de se rendre de nouveau à Loubavitch, afin de solliciter la bénédiction du Rabbi Maharach.

Après avoir pris connaissance de la question qui lui était posée, le Rabbi dit :
‘Il faut chuchoter à l’oreille de l’enfant la phrase suivante :
« Ne sois pas un enfant gâté ! Tu ne resteras pas longtemps fils unique ! Tu auras bientôt une sœur !’ »

A ces mots, l’enfant se calma aussitôt et, l’année suivante, il eut effectivement une sœur. Un peu plus tard, le corps du fils se couvrit de plaies. Les parents consultèrent, encore une fois, le Rabbi Maharach, qui leur répondit :
‘Cachez l’un de ses vêtements dans la réserve de bois’.
C’est effectivement ce que firent les parents et l’enfant fut définitivement guéri”.

Maîtrise des sens

Le Rabbi Maharach accorda une audience à l’un de ses ‘Hassidim, qui lui fit part de la difficulté suivante :

“Je suis parvenu à un contrôle total de mes actions et de mes paroles, mais non de mes pensées. Il m’arrive encore d’avoir de mauvaises pensées et de ne pas les repousser immédiatement. Que puis-je faire pour contrôler également mes pensées ?”.

Le Rabbi Maharach lui répondit :

“La solution est de méditer à la gravité de la situation dans laquelle se trouve un homme qui ne contrôle pas ses sens, ce qu’il voit, ce qu’il entend et, de même, tous les autres sens. La maîtrise des sens bloque systématiquement l’introduction de mauvaises pensées dans son cerveau”.

Sourire

Lors de la réunion ‘hassidique du 10 Chevat 5722 (1962), le Rabbi indiqua :

“Une fois, mon beau-père, le Rabbi fit référence à son grand-père, le Rabbi Maharach et il affirma que jamais quelqu’un n’avait souffert, physiquement, autant que lui, au sens le plus littéral. Ce fut particulièrement le cas durant les dernières années de sa vie.

Malgré cela, il n’est jamais arrivé que le Rabbi Maharach n’accueille pas un Juif venu le consulter avec un large sourire, non pas un sourire contrefait, mais un sourire véritablement sincère”.

Discours biographiques

Le Rabbi Rayats relata ceci au Rabbi, chef de notre génération, en 5691 (1931) :

“Le Rabbi Maharach rédigea un discours ‘hassidique pour la Bar Mitsva de chacun de ses fils. De la manière dont ces discours sont écrits, on peut voir qu’ils ont été conçus pour être récités par de jeunes garçons, à l’occasion de leur Bar Mitsva.

Néanmoins, soixante ans se sont écoulés, depuis lors et l’on connaît maintenant la biographie de mon père et maître, le saint Rabbi Rachab, celle de son frère, le Raza. On peut désormais retrouver, dans ces discours ‘hassidiques, tous les détails de leurs biographies respectives”.

Zemirot

Le Rabbi Maharach expliqua, à une certaine occasion :

“Si l’on ne fait que dire les mots des Zemirot, des Cantiques du Chabbat, ce sont uniquement des mots qui sont dits, mais en aucune façon des Zemirot”.

Chant

Le Rabbi Maharach avait une mélodie particulière qu’il chantait, le vendredi après-midi, quand il mettait ses vêtements du Chabbat et un autre qu’il chantait, à l’issue du Chabbat, quand il les ôtait.

Quatre cents fois

A une certaine occasion, le Rabbi Maharach demanda à l’un de ses ‘Hassidim les plus riches, le Rav Manès Manesohn, d’étudier un certain discours ‘hassidique quatre cents fois.

Rav Manès quitta alors son commerce, il réserva une chambre d’hôtel, s’y enferma et il étudia ce discours ‘hassidique quatre cents fois.

Par la suite, Rav Manès Manesohn porta témoignage qu’en tout endroit où il se rendait, il avait toujours ce discours ‘hassidique devant les yeux.

Deux propositions

Le Rav Chmouel Grunam Estherman, premier guide spirituel de la Yechiva Tom’heï Temimim, à Loubavitch, raconta :

“Du vivant du Tséma’h Tsédek, le Rabbi Maharach rendit visite au ‘Hassid, le Rav Manès Manesohn, chez lui. Au cours de leur discussion, il fut question d’une certaine famille ‘hassidique et le Rabbi Maharach en fit l’éloge. Puis, fut prononcé le nom d’une autre famille et le Rabbi Maharach eut, à son propos, des paroles beaucoup plus élogieuses que pour la première.

De nombreuses années plus tard, après que le Rabbi Maharach ait pris la direction des ‘Hassidim, Rav Manès Manesohn devint veuf et on lui proposa deux partis, l’un appartenant à la première famille et l’autre appartenant à la seconde.

Rav Manès, qui avait complètement oublié la discussion qu’il avait eue avec le Rabbi Maharach, le consulta sur les deux propositions qui lui étaient faites.

Le Rabbi Maharach lui dit alors :
‘J’ai déjà répondu à cette question’.”

La clé de la guérison

Une fois, un homme se rendit chez le Rabbi Maharach et il lui expliqua qu’il ne parvenait pas à gagner sa vie. Le Rabbi lui répondit :
“Deviens médecin !”

L’homme fut profondément surpris par cette réponse :
“Comment parviendrai-je à devenir médecin ?”.

Sur la table du Rabbi Maharach étaient posés un gâteau et une assiette contenant du sucre. Le Rabbi mélangea le gâteau et le sucre, dans l’assiette, puis il dit à cet homme :
“Voici un médicament ! C’est ainsi que l’on guérit les malades !”.

L’homme emporta l’assiette et il fit savoir, dans toute sa ville, qu’il était devenu médecin ! Les malades qui venaient le consulter recevaient quelques miettes de ce “médicament” et ils guérissaient.

Gâteaux

Une fois, le Rabbi Maharach voyageait, en train, lorsqu’un Juif s’approcha de lui et lui demanda une bénédiction pour avoir un enfant. Le Rabbi Maharach lui répondit :

“Je t’accorde cette bénédiction à la condition que tu confectionnes un grand gâteau et que tu l’apportes, pour une réunion ‘hassidique”.

L’homme s’exécuta aussitôt et, pour ne pas être en reste, il apporta deux gâteaux à la réunion ‘hassidique. Un an plus tard, il eut des jumeaux !

Nouvelle mode

Une fois, le Rabbi Maharach appela quelques jeunes gens, dans son bureau et il prononça, devant eux, un discours ‘hassidique. Une telle pratique était totalement inhabituelle. Ce jour-là ne correspondait nullement à une date particulière. Personne ne fut donc en mesure d’expliquer le sens de cette initiative.

Ce n’est qu’un peu plus tard que la raison de cet événement exceptionnel fut connue. Le Rabbi Maharach avait appris que l’on préparait, à Paris, une nouvelle mode vestimentaire, qui contrevenait gravement aux principes de la pudeur.

En prononçant ce discours ‘hassidique, le Rabbi fit en sorte que cette mode ne voit jamais le jour.

L’enfant d’une réunion ‘hassidique

Une fois, une réunion ‘hassidique eut lieu à Krementchoug et, au cours de celle-ci, les ‘Hassidim, observant qu’il n’y avait plus d’eau-de-vie, demandèrent au Rav Noa’h Sheynès, qui possédait une cave à vin avec son beau-frère, de leur apporter quelques bouteilles de vin. Rav Noa’h leur répondit qu’il le ferait à la condition qu’ils lui donnent l’assurance qu’il aurait un enfant cette année-là.

Les ‘Hassidim, qui ne souhaitaient pas que leur réunion s’achève aussi rapidement, lui donnèrent aussitôt cette assurance. Il apporta alors les bouteilles de vin qu’il avait promises et la réunion se poursuivit jusqu’aux premières lueurs de l’aube.

Peu après cela, l’épouse de Rav Noa’h attendit un enfant après dix-huit ans de mariage. Elle était une femme très chétive et Rav Noa’h se rendit aussitôt chez le Rabbi Maharach, afin de solliciter sa bénédiction pour la naissance de cet enfant.

Le visage du Rabbi s’empourpra, puis, lui répondit :

“Cette réunion ‘hassidique a été organisée pour une Mitsva et plus de dix ‘Hassidim étaient alors présents. Je me joins donc à leur bénédiction. Vous aurez un enfant en bonne santé”.

L’enfant naquit effectivement en bonne santé et il fut l’un des premiers élèves de la Yechiva Tom’heï Temimim, à Loubavitch, le Rav Binyamin Sheynès.

 

Gâteau

Le Rabbi Maharach, du vivant de son père, effectua un voyage, au cours duquel il rencontra un homme qui sollicita sa bénédiction pour avoir un enfant. Le Rabbi lui dit qu’il ne pouvait rien faire pour lui et il demanda à son cocher de fouetter les chevaux, mais l’homme lui barra la route et affirma qu’il ne le laisserait pas repartir s’il ne recevait pas sa bénédiction.

Le Rabbi Maharach dit alors à cet homme :
«Allez manger un gâteau».
Prenant ces mots à la lettre, l’homme rentra chez lui et il s’exécuta.

Par la suite, après que le Tséma’h Tsédek ait quitté ce monde et que le Rabbi Maharach lui ait succédé, l’homme vint à Loubavitch. Il fut reçu par le Rabbi et il lui dit qu’il avait eu des jumeaux et qu’il était venu le remercier.

Le Rabbi Maharach lui demanda :
«Avez-vous mangé deux gâteaux ?»
L’homme s’écria :
«Bien entendu !».

Mauvaises pensées

Le Rabbi Maharach accorda une audience à un ‘Hassid qui sollicita sa bénédiction, lui expliquant que des mauvaises pensées le troublaient, tout au long du jour.

Le Rabbi Maharach lui répondit :
«Pourquoi cette requête m’est-elle présentée à moi ? C’est à toi-même qu’il faut la formuler ! Assujettis ton cerveau et emplis-le de paroles de la Torah ! De la sorte, il n’y aura plus de place pour les mauvaises pensées».

Mariage et guérison

Un couple avait un fils, Chmouel, dont les deux jambes étaient paralysées, depuis sa naissance. La mère, issue d’une famille ‘hassidique, dit à son mari :
«Rends-toi chez le Rabbi Maharach et sollicite sa bénédiction ! Qu’a-t-on à perdre ?».
Mais, le mari lui répondait invariablement :
«Nous avons consulté les meilleurs médecins, qui n’ont pas pu le soigner. Que pourrait bien faire le Rabbi ?».

Les années passèrent. Les souffrances du fils se prolongeaient. Un jour, lassé par les demandes répétées de son épouse, l’homme décida de se rendre chez le Rabbi Maharach. Il se dit qu’il lui accorderait sans doute sa bénédiction et qu’il rentrerait ensuite chez lui. A sa grande surprise, le Rabbi Maharach lui dit :

«Vous devez marier votre fils. C’est ainsi qu’il guérira. N’élevez-vous pas, chez vous, une jeune orpheline. Achetez-lui donc de nombreux cadeaux. Elle acceptera sûrement d’épouser votre fils».

Le Rabbi Maharach nota ensuite le nom du fils et le nom de sa mère, puis le père sortit de son bureau.

Quittant Loubavitch, le père se rendit à Minsk, où il acheta plusieurs bijoux. Puis, il rentra chez lui et il proposa à la jeune orpheline qui habitait chez lui d’épouser son fils. Il lui offrit les bijoux et elle signifia son accord.

Quelques jours avant le mariage, les préparatifs commencèrent, à la maison. Les odeurs des plats préparés à la cuisine se répandirent dans toutes les pièces et, soudain, le fiancé déclara qu’il voulait goûter ces plats. On lui servit alors, notamment, de la viande, qu’il consomma pour la première fois de sa vie, car les médecins lui avaient interdit d’en manger.

Tout de suite après cela, il sentit, pour la première fois, qu’il parvenait à bouger quelque peu ses jambes. Il demanda qu’on lui serve encore de la viande et son état s’améliora encore. Il parvint à marcher jusqu’au dais nuptial, soutenu par deux personnes. En quittant le dais nuptial, il se sentit plus fort encore. Quelques jours plus tard, il marchait normalement.

Discours ‘hassidique

La manière dont le Rabbi Maharach commentait la ‘Hassidout était toute particulière. Tout d’abord, il prononçait déjà des discours ‘hassidiques du vivant de son père, le Tséma’h Tsédek. Pendant une certaine période, il les récitait seul, de sorte que personne n’en avait connaissance. Il s’enfermait alors dans sa chambre, disposait devant lui une rangée de chaises, puis il désignait chaque chaise du doigt et lui donnait le nom d’un ‘Hassid bien connu. Il récitait ensuite un discours ‘hassidique.

Cette manière d’agir se poursuivit encore après que le Rabbi Maharach ait pris la direction des ‘Hassidim. En effet, quelques‘Hassidim entraient alors dans son bureau et l’on en refermait les portes. Nul n’était alors autorisé à quitter la pièce. Quelques jeunes gens étaient chargés de vérifier que les présents ne s’assoupissaient pas. Si l’un d’entre eux s’endormait, ils plaçaient devant lui un produit dégageant une très forte odeur, qui le faisait éternuer.

Tous savaient qu’un discours ‘hassidique du Rabbi était un moment particulièrement important, que celui qui entrait dans son bureau ne pouvait plus en ressortir et que celui qui ne prêtait pas toute l’attention requise en subissait immédiatement les conséquences.

Colère

Une fois, pendant la fête de Soukkot, alors que le Rabbi Maharach se trouvait dans sa Soukka, son domestique l’y rejoignit, alors qu’il était contrarié par un fait qui venait de se produire peu avant cela.

Le Rabbi Maharach s’en aperçut et il lui dit :
«Il faut avoir du respect pour le feuillage de la Soukka. Celui-ci ne supporte pas la colère».

Bilou

A l’issue des pogromes de 5641 (1881), en Russie, fut fondé, en 5642, un mouvement de jeunesse étudiante prônant le retour en Terre sainte pour retrouver une indépendance nationale. Ce mouvement se donna pour nom le Bilou, initiales des mots du verset Beth Yaakov Le’hou Ve Nel’ha, «maison de Yaakov, allez et nous avancerons», omettant ainsi la fin du verset : «à la Lumière de l’Eternel».

Le Rabbi Maharach déclara, à ce propos :
«S’ils avaient ajouté les mots : ‘à la Lumière de l’Eternel’, je serais allé avec eux en Terre sainte et cent mille familles m’y aurait accompagné !».

Rêve

Dans l’une de ses causeries, le Rabbi Rayats raconte :

«Une fois, le Rabbi Maharach apparut en rêve à son fils, le Rabbi Rachab et il lui dit :

‘Vois-tu les merveilleux vêtements spirituels qui entourent l’âme de ce ‘Hassid ? Il n’y a rien de surprenant à cela. De son vivant, il enseignait la ‘Hassidout et ces vêtements sont à la mesure de son enseignement’.»

Tefillin

Un ‘Hassid que l’on appelait Rav Perets l’ancien raconte :

«Un matin, je me trouvais à la synagogue. J’ai mis mon Talith et mes Tefillin, puis j’attendais la venue du Rabbi Maharach, comme tous les ‘Hassidim, pour commencer la prière. Soudain, j’ai été saisi par une terrible migraine. La douleur était insupportable et je me demandais si ma tête n’allait pas exploser. Je me suis assis sur un banc, incapable de voir ce qui se passait autour de moi.

C’est alors que le Rabbi Maharach arriva et tous se levèrent. Absorbé par la douleur, je ne me suis pas aperçu de sa venue et je suis resté assis. Le Rabbi est passé devant moi, pour se rendre à sa place et, sans cesser de marcher, il a remis mes Tefillin de la tête à leur place. A cet instant précis, mes douleurs ont totalement disparu.»

Gâteau au miel

Un ‘Hassid qui vivait à la campagne possédait une maison ayant deux étages et il mettait l’un des deux à la disposition du Rabbi Maharach, quand il venait se reposer dans cet endroit. Le couple n’avait pas d’enfant et la femme demandait toujours à son mari de solliciter la bénédiction du Rabbi Maharach, quand il se trouvait chez eux, mais le ‘Hassid n’osait pas le faire.

Dans sa douleur de ne pas avoir d’enfant, la femme décida de prendre elle-même une initiative, en la matière. Une fois, alors qu’à l’issue d’une visite en cet endroit, le Rabbi rentrait chez lui, elle se dressa devant le portail et déclara qu’elle ne laisserait pas passer le carrosse du Rabbi Maharach tant qu’elle n’aurait pas reçu sa bénédiction. Le Rabbi lui répondit qu’elle devait manger, tous les matins, une part de gâteau au miel. Elle laissa ensuite le carrosse passer.

Un an plus tard, la Rabbanit Rivka, épouse du Rabbi Maharach, annonça à son mari que ce couple venait de lui envoyer deux gâteaux au miel et une lettre dans laquelle ils annonçaient la naissance de jumeaux. Le Rabbi Maharach dit alors :
«Elle a sans doute mordu trop fort dans le gâteau au miel !».

Plafonniers

Le Rabbi Rayats relata, en 5703 (1943) :

«Le Rabbi Maharach travaillait le bois d’une manière artistique. A l’époque de mon père, son fils le Rabbi Rachab, dont l’âme est en Eden, les plafonniers en bois qu’il avait fabriqués étaient encore suspendus, à Loubavitch».

Deux heures par jour

Le Rabbi Maharach raconta ceci à son fils, le Rabbi Rachab :

«Lorsque j’ai eu dix-neuf ans, j’ai contracté une grave maladie et j’ai consulté, à plusieurs reprises, un grand spécialiste, le docteur Heibenthal. Lorsque j’ai été hors de danger, il m’a encore fallu garder le lit pendant trois mois.

Tout au long de cette période, mon père, le Tséma’h Tsédek, venait me voir chaque jour et il restait à mon chevet pendant deux heures, parfois même trois. De façon générale, il me relatait alors ses souvenirs des années qu’il avait passées auprès de son grand-père, l’Admour Hazaken. Il m’a rapporté également ce qu’il savait des visites de l’Admour Hazaken à son maître, le Maguid de Mézéritch».

Ce que le Rabbi a dit

La Rabbanit Rivka, épouse du Rabbi Maharach, rapporte ceci :

«Mon mari avait l’habitude d’aller se promener, à l’extérieur de la ville, deux fois par jour. Il descendait de son carrosse et il s’asseyait entre les arbres. Alors, les âmes de nos maîtres se révélaient à lui et il s’entretenait avec elles. A plusieurs reprises, il m’a communiqué les prédictions qu’elles lui ont transmises.

Lorsqu’il se rendait près du tombeau de son père, mon beau-père, le Rabbi Tséma’h Tsédek, il me demandait toujours, avant de partir, si j’avais une question à lui poser ou un point à clarifier. A son retour, il me disait :
‘Voici ce que le Rabbi a dit’.»

Le Rabbi et le cantor

Il y avait un célèbre cantor, à Loubavitch, qui s’appelait Rav Issar. Cet homme avait une belle voix et, en outre, il était un véritable ‘Hassid, très émotif. Sa prière, à Roch Hachana et à Yom Kippour, était toute particulière. Lorsqu’il chantait le paragraphe : «Et, les Cohanim…», dans le Moussaf de Yom Kippour, il n’y avait pas un œil qui restait sec, dans toute la synagogue.

Une fois, un habitant de Loubavitch au caractère très fort déclara :
«Je vous montrerai que je suis capable d’assister à la prière de Rav Issar sans pleurer».

Il se rendit donc dans la synagogue du Rabbi, pendant le Moussaf de Yom Kippour et, dès que Rav Issar commença à chanter : «Et, les Cohanim…», il éclata en sanglots, au point de devoir s’attraper à la fontaine pour ne pas chanceler.

Le Rabbi Rachab dit, à ce propos :
«La ferveur des présents était essentiellement la conséquence des pensées de mon père, le Rabbi Maharach, non pas des chants de Rav Issar. Cependant, les chants de Rav Issar étaient nécessaires également».

Meubles peints

Dans l’une de ses causeries, le Rabbi relata le récit suivant :

«Mon beau-père et maître, le Rabbi a expliqué, une fois, que, chez le Tséma’h Tsédek, les meubles n’étaient pas peints. Ils étaient tous blancs, car le Tséma’h Tsédek ne voyait pas l’intérêt pour lui de posséder des meubles peints. Il n’en était pas de même, en revanche, pour le Rabbi Maharach, déjà du vivant de son père, le Tséma’h Tsédek.

Bien plus, c’est le Tséma’h Tsédek lui-même qui fit en sorte que, dans la maison du Rabbi Maharach, les meubles soient peints. De façon générale, tout ce qui appartenait au Rabbi Maharach était toujours d’une grande largesse. Et, le Tséma’h Tsédek en donna la raison :
‘Je n’ai pas besoin de cela. Lui, en revanche, en a besoin’.

De nos jours, tous les Juifs peuvent être considérés comme des disciples du Tséma’h Tsédek et, de ce fait, que D.ieu leur accorde la plus grande largesse !».

Accomplissement

L’un des ‘Hassidim du Rabbi Maharach se rendit chez son maître afin de passer la fête de Roch Hachana auprès de lui, mais, en chemin, il fut confronté à différents obstacles imprévus. Au final, il ne parvint pas à Loubavitch avant Roch Hachana et il fut donc contraint de passer la fête à Vitebsk.

Le ‘Hassid fut pénétré d’une grande amertume, pendant les deux jours de Roch Hachana et, dès la fin de la fête, il se rendit chez le Rabbi Maharach, qui, peu après son arrivée, lui accorda une audience.

Au cours de celle-ci, l’homme fit part au Rabbi des difficultés de son voyage et de ses états d’âmes, pendant la fête de Roch Hachana. Le Rabbi Maharach lui répondit :

«Tu n’as pas la moindre idée de ce que tu as accompli, pendant le temps que tu as passé à Vitebsk !».

Parole nauséabonde

Comme on l’a indiqué au préalable, le Rabbi Maharach, avant de se rendre auprès du tombeau de son père, le Rabbi Tséma’h Tsédek, demandait à son épouse, la Rabbanit Rivka si elle avait une question qu’elle souhaitait poser à son beau-père. A son retour, il lui transmettait la réponse de son père.

Une fois, la Rabbanit formula une requête pour l’une de ses proches, mais le Rabbi Maharach lui répondit qu’il ne pouvait pas faire part de cela à son père. Il expliqua :

«Dans ce monde, la parole est spirituelle, même si elle ne l’est pas autant que la pensée. Dans le monde de la Vérité, en revanche, la nature de toute chose apparaît telle qu’elle est et la parole est alors tangible. Une parole nauséabonde a alors une mauvaise odeur, qui est insupportable. Je ne peux donc pas transmettre les paroles de cette personne. Tout ce que je peux faire, c’est prier pour elle et invoquer la miséricorde divine».

Principe fondamental

Dans l’une de ses causeries, le Rabbi Rayats raconte :

«Il y avait un jeune homme qui se consacrait à l’étude, auprès du Rabbi Maharach, puis, à un certain moment, celui-ci fut conduit à adopter une activité commerciale. Avant de quitter Loubavitch, il se rendit chez le Rabbi Maharach, pour prendre congé et il lui demanda :
‘Que faut-il emporter, en partant ?’.

Le Rabbi Maharach lui répondit :
‘Retiens bien ce principe. Les défauts que tu trouves aux autres sont, en réalité, en toi et les qualités que tu ouvres aux autres sont celles que tu dois acquérir. Selon la conception de la divine Providence définie par le Baal Chem Tov, chaque fois que D.ieu conduit deux personnes à se rencontrer, il y a nécessairement un but à cela. Chacune délivre un enseignement à l’autre et doit faire en sorte que celui-ci soit reçu. Celui qui ne croit pas à cela est un impie’.

Longtemps après cela, ce ‘Hassid revint à Loubavitch et il déclara :
‘Les paroles du Rabbi m’ont sauvé, à maintes reprises et elles m’ont permis de tenir debout, tout au long de ces années’.
Puis, il se rendit près de la tombe du Rabbi Maharach et il en embrassa la poussière.»

La passion de la viande

Le Rabbi Rayats raconte encore :

«Une fois, le Rabbi Maharach se rendit à Petersburg pour intervenir auprès des autorités dans des affaires communautaires et il séjourna chez l’un des ‘Hassidim, qui lui était attaché. Son hôte se plaignit auprès de lui de la difficulté qu’il avait de se procurer de la viande cachère à Petersburg.

Le Rabbi Maharach lui répondit :

‘Qui dit que l’on doit manger de la viande ? Nos Sages disent que ‘un ignorant n’a pas le droit (Assour) de manger de la viande’. Le mot Assour signifie : ‘interdit’ mais aussi : ‘ligoté’. Un ignorant est ligoté. Il est persuadé qu’il ne peut pas se passer de la viande. En réalité, on peut échapper à la passion de la viande’.»

Grandeur du Rabbi

Une fois, le Rabbi Maharach dit à l’un de ses proches :

«Certains pensent me connaître, mais, en réalité, ce n’est nullement le cas. Mon épouse pense me connaître, mais elle ne me connaît pas non plus. Il est arrivé que je sois occupé vingt-trois heures par jour, alors qu’elle pensait que je ne faisais rien».

Il va sans dire que la Rabbanit possédait une immense élévation morale et une profonde connaissance de la ‘Hassidout. Malgré cela, le Rabbi considérait qu’elle ne percevait pas toute sa grandeur.

61. Couper les ronces

Le Rabbi Maharach, étant enfant, étudiait la Torah à voix basse, quand il était au ‘Héder. Son étude était très profonde, mais silencieuse. Le professeur en fit part à son père, le Tséma’h Tsédek et il expliqua que ses capacités lui permettaient l’approfondissement et que celui-ci est plus aisé quand on est silencieux.

Le Tséma’h Tsédek lui répondit :

« Mon grand-père, l’Admour Hazaken m’a dit qu’il faut étudier la Torah à voix haute. En effet, le traité Chabbat 106b enseigne : ‘étudies la Guemara et ceci sera un chant’, à voix haute, le chant qui permet de couper les ronces isolant l’âme de l’homme ».

Par la suite, le Rabbi Maharach poursuivit ses études à voix haute.

Guemara difficile

Depuis son enfance, le Rabbi Maharach aimait étudier les Prophètes et les Ecrits saints, le Na’h. Il se consacrait à cette étude chaque fois qu’il disposait d’un instant. Une fois, son père, le Tséma’h Tsédek le confia à un professeur qui était un grand érudit, Rav Avraham Ashkénazi de Rudnya.

Un jour, leur étude porta sur un passage particulièrement ardu de la Guemara. Rav Avraham s’efforçait de le comprendre profondément, quand il s’aperçut que son élève consultait un Na’h qu’il avait sur les genoux. Il lui demanda :
« Est-ce le moment d’étudier le Na’h ? La Guemara n’est-elle pas suffisamment difficile ? ».

Le Rabbi Maharach répondit qu’il avait déjà compris la Guemara. Le professeur lui demanda de l’expliquer. C’est effectivement ce qu’il fit. Aussitôt, Rav Avraham se rendit chez le Tséma’h Tsédek et il lui dit qu’il ne pouvait plus être le professeur de son fils.

 Quatre-cents fois

Le Rabbi Maharach demanda au ‘Hassid, Rav Manès Manesohn de se rendre dans un hôtel, d’y louer une chambre et d’y étudier quatre-cents fois un certain discours ‘hassidique.

Par la suite, Rav Manès indiqua que ce discours ‘hassidique se trouvait en permanence devant ses yeux, là où il allait, où qu’il se trouvait.

Larmes de sang

Le Rabbi Maharach déclara :

« Lorsque je vais aux Hakafot, à Sim’hat Torah, des larmes de sang se déversent en mon cœur ».

Discrétion

Le Rav Morde’haï Yoël Duchman raconte :

« La discrétion du Rabbi Maharach était au-delà de toute mesure. Ainsi, je me rappelle avoir observé, une fois, sa prière. Il mit le Talith et les Tefillin, puis il pria pendant quatre heures. Mais, il se plaça entre deux portes.

De cette façon, celui qui le voyait là pouvait penser qu’il était parti dans un certain endroit et qu’il revenait maintenant. »

Un bon conseil

Le ‘Hassid bien connu, Rav Israël Lewin de Nevel, rapporta le récit suivant, qu’il tenait du Rav Mena’hem Mendel Gourary lui-même :

« Quand le Rav Gourary était un jeune homme, à Kichinev, le ‘Hassid, Rabbi Avraham, fils de Rabbi Israël Noa’h, petit-fils du Tséma’h Tsédek et beau-père du Rabbi Rayats, lui raconta que, lorsqu’il était lui-même un jeune homme, il avait quitté Kichinev pour se rendre à Nyéghin, chez son père. Il lui avait alors dit :
‘Père, je ne vous saluerai pas comme je le fais d’habitude, car je ne suis pas venu comme un fils qui se rend chez son père, mais comme un ‘Hassid qui se rend chez son Rabbi.’

Son père lui répondit :
‘J’en déduis que tu as besoin d’un conseil. S’il en est ainsi, mon conseil est le suivant. Va voir mon frère, à Loubavitch.’
C’est ainsi que Rabbi Avraham se rendit à Loubavitch pour consulter le Rabbi Maharach.

Rabbi Avraham fut reçu comme un invité important. La Rabbanit Rivka prépara un repas particulier et le Rabbi Maharach y participa lui-même pendant une demi-heure. Avant qu’il se retire, Rabbi Avraham lui dit :
‘Mon oncle, je suis venu parce que je souhaite que vous m’accordiez une audience.’

Le Rabbi Maharach lui répondit :
‘Cette nuit, j’ai enduré de terribles souffrances. Une de mes veines a éclaté et j’ai eu une hémorragie. Je n’avais rien pour faire un garrot. Au final, j’ai ôté ma chemise et j’en ai coupé un lambeau. En un mot, j’ai terriblement souffert. Mais, ces souffrances ne sont rien, comparées à celle d’une audience, accordée à un jeune homme. Je ne pourrai donc pas te recevoir ce soir. Je le ferai demain, si D.ieu le veut.

Rabbi Avraham passa la nuit à Loubavitch. Le lendemain, le Rabbi Maharach lui accorda effectivement une audience et il répondit à toutes ses interrogations. Rabbi Avraham repartit satisfait.

Sur le chemin du retour, de Loubavitch à Kichinev, Rabbi Avraham passa par Nyéghin. Il se rendit chez son père, Rabbi Israël Noa’h et il lui dit que le Rabbi Maharach avait répondu à toutes ses questions. Rabbi Israël Noa’h lui dit alors :
‘Je t’ai donc donné un bon conseil’. »

Célérité
Le Rabbi Rayats raconta :

« Mon grand-père, le Rabbi Maharach ne perdait jamais de temps. Quand il demandait au cocher d’atteler les chevaux à son carrosse, celui-ci avait cinq minutes pour le faire. Si, passé ce délai, il n’était pas encore parvenu à le faire, il était aussitôt remercié. »

L’endroit du décès

Avant de quitter ce monde, le Rabbi Maharach demanda d’atteler les chevaux à son carrosse. Il voulait, en effet, se rendre auprès du tombeau de son père, le Tséma’h Tsédek. Il sortit de sa maison, posa un pied sur la marche du carrosse, voulut soulever le second pied, mais il s’aperçut qu’il en était incapable.

Le Rabbi Maharach en déduisit qu’il ne devait pas quitter ce monde près du tombeau de son père. Il fit demi-tour, rentra chez lui et c’est dans sa maison qu’il rendit son âme à son Créateur.

Baal Chem

Le Rabbi Rayats dit, à Leningrad :

« Mon grand-père, le Rabbi Maharach était un Baal Chem, un Juif du miracle. »

Crainte de D.ieu

Une fois, un homme dans le foyer duquel la paix ne régnait pas se rendit chez le Rabbi Maharach, qui lui accorda une audience et il lui demanda, notamment, de rétablir de bonnes relations avec son épouse. L’homme répondit au Rabbi :
« Je suis prêt à me conformer à tout ce que vous me demanderez dans tous les domaines, sauf celui-ci ».

Le Rabbi Maharach dit alors :
« S’il en est ainsi, c’est de ma faute, car la Guemara affirme que l’on écoute les paroles de celui qui a la crainte de D.ieu ».

Le Rabbi inclina sa tête sur ses mains, pendant un moment, puis il demanda encore une fois à cet homme de rétablir une bonne entente avec son épouse. Cette fois-ci, l’homme répondit :
« J’accepte. Je ferai tout ce que vous me demanderez ».

Miracle

Le Rav Zalman Chimeon Dvorkin, Rav de Crown Heights, raconte :

« Le ‘Hassid, Rav Perets Hen, m’a raconté ce qu’il avait entendu dans sa famille. Une fois, le Rabbi Maharach rentrait à Loubavitch, avec quelques ‘Hassidim proches. Jusqu’à Rudnya, ils voyageaient en train. Puis, une distance de quatorze kilomètres séparait la gare de Rudnya de Loubavitch, qu’il fallait parcourir à cheval. Le Rabbi Maharach et ses proches empruntèrent un fiacre attelé à deux bons chevaux. Le cocher n’était pas juif.

Au milieu du chemin, après le coucher du soleil, alors qu’il faisait déjà sombre, les chevaux s’immobilisèrent soudain. Le cocher les fouetta, mais ils ne bougèrent pas. Le Rabbi dit alors :
‘Il y a sans doute un objet qui barre la route. De ce fait, les chevaux ont peur d’avancer. Il faut voir ce que c’est’.

Le cocher et les proches descendirent du fiacre et ils virent un grand poisson, en travers de la route. Le Rabbi Maharach demanda de le placer dans une caisse et de le transporter dans sa maison. Tout de suite après cela, les chevaux poursuivirent leur chemin.

Avec un large sourire, le Rabbi Maharach dit alors à ses proches :
‘Si cela était arrivé à l’un des Tsaddikim de Pologne, on aurait déjà parlé d’un miracle’. »

Promesse claire

Le Rav Chmouel Grunam Estherman, qui fut, par la suite, le premier guide spirituel de la Yechiva, à Loubavitch, n’eut pas d’enfant pendant de nombreuses années, après son mariage. De ce fait, il divorça. Il prit une seconde épouse, mais, encore une fois, il n’eut pas d’enfant pendant plusieurs années.

Une fois, il se rendit à Loubavitch pour passer la fête de Roch Hachana auprès du Rabbi Maharach. A cette occasion, le Rabbi lui accorda une audience, au cours de laquelle il sollicita la bénédiction du Rabbi pour avoir un enfant. Le secrétaire le fit entrer dans le bureau du Rabbi entre les prières de Min’ha et d’Arvit.

Rav Chmouel Grunam transmit sa lettre au Rabbi, qui dit, comme s’il se parlait à lui-même :
« Il a écrit sa lettre en petits caractères et l’on n’a pas apporté de bougies, dans ce bureau. »
Puis, le Rabbi Maharach continua à lire sa lettre, en montrant qu’il lui était difficile de le faire.

Rav Chmouel Grunam fut saisi par cette remarque. Il s’exclama :
« S’il en est ainsi, que le Rabbi ne lise pas ma lettre ! ».
Le Rabbi lui demanda :
« Que voulez-vous donc ? »
Rav Chmouel Grunam répondit :
« Je demande au Rabbi une bénédiction pour avoir une descendance. »
Le Rabbi déclara :
« Vous aurez une descendance ! »

Rav Chmouel Grunam Estherman raconta lui-même ce récit et il conclut :
« J’ai eu le mérite d’une issue positive. Dans ma lettre, je demandais une bénédiction, alors qu’en m’adressant oralement au Rabbi, j’ai reçu une promesse claire. »
Par la suite, Rav Chmouel Grunam eut quatre fils et une fille.

Double bien

Une fois, le Rabbi Maharach fut invité à assister à une circoncision. Il dit alors ceci :

« Une circoncision apporte un double bien. D’une part, on boit un peu d’eau-de-vie. D’autre part, on peut rencontrer le prophète Elie. »

Réparation

L’un des ‘Hassidim du Rabbi Maharach décida de passer la fête de Roch Hachana auprès de son maître. Il prit donc la route pour se rendre à Loubavitch, mais il fut confronté à différents obstacles imprévus, du fait desquels il ne parvint pas à destination à temps.

Profondément déçu, le ‘Hassid passa donc la fête de Roch Hachana à Vitebsk. Puis, aussitôt après celle-ci, il reprit la route pour se rendre à Loubavitch. Quand il y parvint, le Rabbi Maharach lui accorda aussitôt une audience.

Au cours de cette audience, le Rabbi Maharach dit à ce ‘Hassid :
« Tu n’as pas la moindre idée de ce que tu as réparé, pendant que tu te trouvais à Vitebsk. »

Prémonition

Avant Roch Hachana 5743 (1882), peu avant qu’il quitte ce monde, le Rabbi Maharach dit :
« Il vous faudra appeler un professeur, faire une injection et opérer ».
A ce moment, nul ne comprit vraiment ce qu’il voulait dire. Puis, deux semaines plus tard, le 13 Tichri, c’est effectivement ce qui se passa.

Ce récit fut relaté, quarante ans plus tard, par la Rabbanit Shterna Sarah, épouse du Rabbi Rachab et mère du Rabbi Rayats. Malgré le temps passé, la crainte apparaissait à l’évidence dans ses propos, quand elle relatait ce récit.

Somptueux vêtements

Le Rabbi Rayats raconte :

« Une nuit, le Rabbi Maharach, après avoir quitté ce monde, apparut en rêve à son fils, le Rabbi Rachab et il lui dit :

‘Vois-tu les somptueux vêtements spirituels que portent ce ‘Hassid ? N’en sois pas surpris. Cet homme a enseigné la ‘Hassidout. Ces vêtements sont donc à la mesure de ses accomplissements’. »

 

Couper les ronces

Le Rabbi Maharach, étant enfant et élève du ‘Héder, étudiait la Torah à voix basse, avec une profonde concentration. Son professeur dit à son père, le Tséma’h Tsédek, que ses grandes capacités et son intelligence brillante lui permettaient une telle concentration.

Le Tséma’h Tsédek lui répondit :
« Mon grand-père, l’Admour Hazaken m’a dit qu’il faut étudier à voix haute et je comprends cette affirmation selon ce que dit le traité Chabbat 106b : ‘Etudie la Guemara. Elle sera un instrument pour couper’. Ainsi, c’est en étudiant à voix haute que l’on coupe les ronces. »

Garder le temps

Le Rabbi Rayats raconte :

« Mon père et maître, le Rabbi Rachab fut reçu, une fois, par son père, le Rabbi Maharach, qui lui dit, notamment :

‘Chaque instant doit être une période de temps. C’est à cette condition que le temps s’écoule d’une manière fructueuse. La réussite dans le temps suppose de ne pas le perdre. Garder le temps signifie en garder chaque instant et, pour cela, il faut être patient.

Le Rachba était patient et il avait du temps pour chaque chose. Il a rédigé de nombreuses responsa. Il donnait trois cours chaque jour, dont deux à d’immenses érudits de la Torah. L’un portait sur le Talmud, dans l’ordre et l’autre sur les réponses qu’il avait données aux questions qui lui étaient posées. Le troisième cours était sur un certain traité talmudique.

En outre, le Rachba était un médecin de renom et un chercheur compétent des écrits des Grands d’Israël comme des sciences séculaires. Tous lui adressaient donc leurs interrogations. De plus, il faisait une promenade chaque jour.’

Pour celui qui garde le temps de la manière qui convient, un instant est une période du temps et un jour est une année. »

Un grand miracle

Le ‘Hassid, Rav Perets ‘Hen raconte :

« Une fois, le Rabbi Maharach rentrait à Loubavitch, avec quelques ‘Hassidim, parmi les plus proches. Ils empruntèrent le chemin de fer jusqu’à Rudnya, puis, ils parcoururent les quatorze kilomètres qui les séparaient de Loubavitch dans un fiacre attelé à deux bons chevaux. Leur cocher n’était pas juif.

Au milieu du chemin, après le coucher du soleil, alors que l’obscurité s’installait, les chevaux s’arrêtèrent soudain et ils refusèrent d’avancer. Le cocher les fouetta, mais sans obtenir le moindre résultat. Le Rabbi Maharach dit alors :
‘Il y a sûrement un obstacle posé en travers du chemin, qui les effraye. C’est pour cela qu’ils se sont immobilisés.’

Le cocher et les ‘Hassidim descendirent du fiacre et ils trouvèrent un grand poisson, posé sur la route. Le Rabbi demanda de transporter le poisson dans une caisse qui se trouvait dans le fiacre et de l’apporter dans sa maison. Aussitôt, les chevaux poursuivirent leur chemin.

Le Rabbi Maharach dit alors à ses ‘Hassidim, avec un large sourire :
‘Si cela était arrivé chez l’un des Tsaddikim de Pologne, on aurait considéré qu’il y avait là un grand miracle’. »

Peur

Lorsque le Rabbi Maharach se rendait près du tombeau de son père, le Tséma’h Tsédek, il ne voulait pas être accompagné. Son fiacre était donc conduit par un cocher non juif. Une fois, les ‘Hassidim demandèrent au cocher ce que le Rabbi faisait, quand il se trouvait près du tombeau. Il leur répondit ceci :

« Quand il arrive là-bas, il devient très pâle et il commence à trembler. Il met de l’ordre dans ses vêtements. En entrant dans le tombeau, il frappe à la porte, comme s’il avait peur d’être attaqué par un ours. »

Dix ans plus tôt

Le Tséma’h Tsédek confia simultanément deux missions au ‘Hassid, Rav Chmouel Betsalel Sheftel, le Rachbats, qui devint, par la suite, le professeur du Rabbi Rachab, puis celui du Rabbi Rayats. Il lui demanda de superviser la publication du Likouteï Torah et il lui confia une lettre à lire près du tombeau du Baal Chem Tov, puis une autre, afin qu’il la lise près du tombeau du Maguid de Mézéritch.

Le Tséma’h Tsédek demanda au Rachbats de se rendre, en premier lieu, près des tombeaux, mais Rav Chmouel Betsalel devait régler une affaire personnelle dans une ville qui était proche de l’imprimerie du Likouteï Torah. Il décida donc d’intervertir l’ordre qui lui avait été fixé par le Tséma’h Tsédek.

Alors que le Rachbats s’occupait de la publication du Likouteï Torah, il apprit que le Tséma’h Tsédek avait quitté ce monde. Il se rendit, néanmoins, devant les deux tombeaux et il y lut les deux lettres qui lui avaient été confiées. Dans l’une comme dans l’autre, le Tséma’h Tsédek sollicitait une bénédiction pour une longue vie. Le Rachbats ressentit de la culpabilité, au point de sangloter, devant le tombeau du Baal Chem Tov. Celui-ci se révéla alors à lui et il en déduisit qu’il avait été pardonné.

Malgré cela, le Rabbi Maharach l’appela, quelques années plus tard et il lui dit ceci :
« On sait que l’Admour Hazaken quitta ce monde dix ans plus tôt, à cause d’une erreur d’orientation de son petit-fils, Rabbi Na’houm, alors qu’ils fuyaient devant les armées de Napoléon. L’Admour Hazaken dit alors : ‘J’avais demandé d’emprunter un autre chemin’ et il soupira. »

Le Rabbi Maharach poursuivit :
« Combien de lumière manque, dans le monde, parce que l’Admour Hazaken est parti plus tôt ? Mon père, le Tséma’h Tsédek, a quitté ce monde dix ans plus tôt parce que tu n’es pas allé, en premier lieu, auprès des tombeaux. La lumière qui manque dans le monde est, de ce fait, encore plus importante. »

Le Rabbi Maharach conclut :
« J’ai maintenant besoin que tu te rendes près de ces tombeaux pour ma propre personne, mais j’ai peur que tu ne le fasses pas de la manière que je te dirai. Je demanderai donc à quelqu’un de t’accompagner. »

Le Rabbi Maharach demanda effectivement au ‘Hassid, Rav Zalman Zlotopolski, qui lui était profondément attaché, d’accompagner le Rachbats. Les deux ‘Hassidim se rendirent directement auprès des deux tombeaux et, après ce voyage, le Rabbi Maharach vécut encore dix ans.

 

Traduction du Rav Haim Mellul
Source : Farbrenguen, éditions du Beth Loubavitch