Quand David a franchi les portes de la synagogue Enfield and Winchmore Hill de Londres, ce n’était pas simplement une visite de courtoisie. Ce résident de Los Angeles, en Californie, revenait sur les traces de sa jeunesse, remontant dans le temps jusqu’à l’année 1951. Dans ce lieu chargé de souvenirs, il avait célébré sa Bar Mitsvah il y a maintenant 72 ans.
Accueilli chaleureusement par le Rav Its’hak Sophrin, David a eu l’opportunité de renouer avec une tradition ancestrale en posant à nouveau les Tefillin, une pratique qu’il ne se souvenait pas avoir effectuée lors de sa Bar Mitsvah. Avec émotion, peut-être même pour la première fois de sa vie, il a accompli ce commandement essentiel du judaïsme.
Cependant, cette visite ne s’est pas arrêtée à un simple voyage dans le temps. La rabbanite Tzipporah Sophrin a évoqué l’histoire de son grand-père, le Rav Yeshayah Meshullam Zusha, surnommé ‘Der Boider Rebbe’ par les hassidim, qui a été le grand Rabbin de Moscou pendant les années sombres de la répression stalinienne. Elle a soulevé l’idée que David pourrait être un parent éloigné, une hypothèse fascinante lorsque l’on sait que le nom de famille de David, « Shuv », signifie un boucher ou un inspecteur.
Dans les registres de la synagogue, une note manuscrite datant de janvier 1951 a également été trouvée : « Mazal Tov à David Shuv pour sa Bar Mitsvah ». Un témoignage d’époque qui renforce encore le lien profond qui unit David à cette synagogue.
David s’est souvenu avec affection du premier Rabbin de la synagogue, Rav Abraham Isaac Levin, qui pendant la Seconde Guerre Mondiale avait ouvert sa maison à de nombreux enfants juifs fuyant l’horreur nazie en Europe.
Après la guerre, David a émigré aux États-Unis et a fait carrière chez McDonnell Douglas, gravissant les échelons jusqu’à devenir directeur général de la planification stratégique chez Boeing.
Accompagné de sa femme Gaylyn et de sa nièce lors de cette visite à Londres, David a confié que le retour à la synagogue où il avait grandi après tant d’années était une expérience émouvante, bien au-delà de ce à quoi il s’attendait. Un voyage émouvant dans le passé qui boucle la boucle, et renoue les fils d’une histoire longue de sept décennies.