Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson était le petit fils de Rabbi Schneor Zalman de Lady (fils de sa fille Devorah Léah) et le gendre de son fils l’Admour Haemtsaï, Rabbi Dov Ber.

 

Rabbi Mena’hem Mendel est né de Rabbi Chalom Schakhna le 29 Eloul 5549 (1789). A un très jeune âge, il commença à étudier chez le père de sa mère Rabbi Schneor Zalman, le premier Admour des ‘hassidim de Loubavitch. Ayant constaté que son petit-fils était destiné à la grandeur, le grand-père se consacra à lui et le surveillait comme la prunelle de son œil. Il était heureux du développement de son petit-fils, et lui enseigna le meilleur de sa Torah.

Un jour, le grand-père, auteur du Tanya, le vit jouer avec d’autres garçons. Ils avaient mis une planche en diagonale et jouaient à qui monterait sur la planche et arriverait au sommet. Tout le monde courait, montait sur la planche et avant d’arriver à la moitié, trébuchait et tombait. Le petit Mendele courut, monta sur la planche et arriva au sommet.
Le grand-père, qui était présent, lui demanda :
«Mendele, pourquoi as-tu mieux réussi que les autres ?»
«C’est très simple, répondit l’enfant. Ils sont montés sur la planche avec les yeux en bas, vers la terre, ils ont vu comme ils étaient haut, ils ont eu le vertige, ils ont trébuché et ils sont tombés. Moi je suis monté sur la planche avec les yeux tournés vers le haut, vers le ciel. J’ai vu comme j’étais petit, j’ai mis toutes mes forces et je suis monté jusqu’à arriver tout en haut de la planche.»

Jusqu’à l’âge de la bar mitsvah, il n’étudia que la Torah révélée, et ensuite, sur le conseil de son grand-père, il entreprit également l’étude de la Torah cachée.
A l’âge de quinze ans, son illustre grand-père le chargea de diverses tâches pour le bien de la communauté. Il lui enseigna à être ordonné dans son travail, et lui disait :
«Mendele, il faut travailler pour être ordonné plus dur que pour être érudit, car l’ordre est l’un des principes de base de tout ce qui concerne le savoir et la qualité du caractère.»
Et le petit-fils ne déçut pas son grand-père. A un très jeune âge, il commença à écrire des commentaires, dont son grand-père lui faisait de grands compliments. Sur son conseil, il épousa la fille de Rabbi Dov Ber, le fils du Rabbi, connu parmi les ‘hassidim sous le nom de Admour Haemtsaï (« le Admour intermédiaire»). (lire la suite)

Après son mariage, il vécut chez son beau-père en étudiant la Torah et la ‘hassidout dans la sainteté et la pureté. C’est à cette époque-là, racontait Rabbi Mena’hem Mendel, que j’ai appris de mon grand-père à mettre toute ma confiance dans les tsaddikim. Voici ce qui s’était passé: Un jour, Rabbi Schneor Zalman, lui avait demandé : «Mendele, dis-moi de combien est ta dot ? – Deux mille roubles, répondit Rabbi Mena’hem Mendel. – Et que penses-tu faire avec cet argent? lui demanda de nouveau Rabbi Schneor Zalman. – Je vais le donner à un riche de confiance et je gagnerai un peu dessus, répondit le petit-fils. Le grand-père reprit : – Qu’est-ce que cela fait qu’il soit maintenant riche, il se peut qu’au bout de quelque temps il devienne pauvre. Je te conseille de mettre l’argent dans cette boite, la boite de tsedakah, le capital et les bénéfices seront tous en sécurité.»
Rabbi Mena’hem Mendel s’esquiva de la chambre de son grand-père et donna l’argent à un homme très riche et de grande confiance. Au bout de quelques mois, celui-ci perdit son argent et devint très pauvre.

Un jour, le grand-père lui demanda : «Mendele, dis-moi, combien as-tu gagné avec ton argent?» Le petit-fils lui raconta la vérité sur ce qui était arrivé. Alors le grand-père lui dit : «Pourquoi ne m’as-tu pas écouté, quand je t’ai conseillé de donner ton argent à la tsedakah? Pourquoi n’as-tu pas eu plus de confiance dans les paroles de ton Rav qu’un simple juif? Et le grand-père continua à raconter : Un jour, je suis parti de Mezritch et je me suis arrêté en route dans une auberge. Le propriétaire était un homme vieux, honnête et droit. Je lui ai demandé depuis quand il vivait dans cette auberge, et il m’a répondu : plus de cinquante ans. Je lui ai dit: Y a-t-il ici dix juifs pour prier avec un minyan? – Non, répondit-il. Je lui ai dit: «Comment un juif peut-il prier toute sa vie dans la solitude sans jamais entendre la kedouchah et barekhou? Pourquoi ne venez-vous pas vous installer en ville? Ce juif me répondit: Rabbi, ici j’ai ma subsistance, qu’est-ce que je ferais en ville? Je lui ai dit: Si le Saint béni soit-Il nourrit tous les juifs de la ville, il vous nourrira aussi. Et j’ai ajouté : « Sachez que je suis l’élève de notre grand maître Rabbi Dov de Mezritch.»

Au bout d’une demi-heure, j’ai vu des charrettes remplies de toutes sortes d’objets. J’ai demandé: Qu’est-ce que c’est? Le vieux m’a répondu: J’ai fait comme le Rav m’a dit.» Et le Rav ajouta à l’adresse de son petit-fils : «Considère qu’à ce moment-là j’étais jeune, mais quand il a entendu que j’étais l’élève du Rabbi de Mezritch, sans prendre le temps de réfléchir il est allé s’installer en ville. Et toi, tu as entendu de moi qu’il était possible que tu perdes ton argent, et tu ne m’as pas cru.»

Après la mort de son oncle et beau-père, l’Admour Haemtsaï , il refusa de prendre sur lui la direction des ‘hassidim de ‘Habad, car c’était une lourde tâche, et il voulait être un simple ‘hassid comme tous les autres. Voici ce que raconte sur lui son fils Rabbi Chemouël : «Un jour, Rabbi Chemouël est rentré chez son père le «Tsema’h Tsédek» et l’a trouvé en train de marcher dans sa chambre, une profonde douleur inscrite sur le visage. Il eut peur, croyant qu’un malheur s’approchait. A sa question, son père répondit :«Il y a aujourd’hui cinquante ans depuis ma dernière réunion de ‘hassidim. J’avais alors vingt ans, et le lendemain mon grand-père m’a appelé, il m’a parlé du verset «A partir de vingt ans», et il m’a donné sa bénédiction que je réussisse dans l’écriture de commentaires de la Torah, révélée et cachée. Depuis, à chaque réunion où j’étais présent, on m’a honoré d’abord en tant que petit-fils du Admour, puis comme gendre du Admour Haemtsahi. Et depuis que j’ai pris sur moi le joug de la direction des ‘hassidim, il y a une trentaine d’années, je n’ai plus connu le goût d’une réunion de ‘hassidim, c’est cela qui me donne beaucoup de peine.» Et des larmes roulaient de ses yeux.

Mais sous l’influence de ses proches, il assuma la responsabilité des ‘hassidim après la mort de son beau-père. De près et de loin, on venait le trouver pour boire avidement ses paroles. Rabbi Mena’hem Mendel se faisait beaucoup de souci pour ses ‘hassidim. Il acheta un terrain, fonda le village de Chtsedrin et y installa beaucoup de juifs. Son nom se répandit dans le monde entier, et de tous les coins de la diaspora on s’adressait à lui avec des questions. Bien qu’il ait été surchargé de travail, il ne cessa jamais d’y répondre. Il rassembla toutes ses explications halakhiques dans son livre de responsa «Tsema’h Tsédek», en quatre parties.

En 5608 (1848), il fut invité à Saint-Petersbourg à une réunion organisée par le ministre de l’éducation russe, le prince Obrov, qui voulait faire accepter aux rabbanim que les enfants d’Israël apprennent la langue russe et les matières générales. Rabbi Mena’hem Mendel était déterminé à s’opposer à ce que les enfants d’Israël fassent des études générales, et craignant que son attitude ne lui coûte la vie, il emporta avec lui son linceul. Mais son mérite le protégea, il rentra en paix et sortit en paix.

En 5615 (1855), des opposants le dénoncèrent, et sa maison fut placée sous surveillance des autorités. Il alla alors lui-même trouver le gouverneur de la région, qui lui promit de ne pas prêter attention aux délateurs.

En 5620 (1860), il tomba malade et ne guérit plus jusqu’au jour de sa mort le 13 Nissan 5626 (1866). Il avait soixante dix-sept ans quand son âme le quitta dans la ville de Loubavitch. Il ordonna de ne graver sur la tombe aucun titre de gloire, mais uniquement qu’il avait contribué au repentir de beaucoup de gens. Son fils, Rabbi Chemouël, le Maharach prit sa place.