Rav Chlomo Matusof z’l, fut l’un des responsables des activités éducatives du mouvement ‘Habad-Loubavitch au Maroc pendant près de cinquante ans et le premier Chali’ah du Rabbi de Loubavitch.

 

Rav Matusof, né en Russie, fut l’un des premiers émissaires du Rabbi de Loubavitch. Il fut emprisonné par les autorités soviétiques avant d’être envoyé au Maroc en 1950, où il travailla sans relâche pour le développement de la communauté juive d’Afrique du Nord. Avec le temps, le réseau de Yéchivas dans ces pays en vint à compter 70 institutions qui formèrent des milliers d’élèves, parmi lesquels l’actuel grand rabbin d’Israël, Rav Chlomo Amar.

Dans sa lettre le nommant à son poste, le Rabbi souligna le caractère public de la fonction d’émissaire Loubavitch.

Au lieu d’être des individus privés, les émissaires sont « des bougies qui éclairent tout leur entourage et… des personnes vivantes et qui apportent la vie à une autre personne, deux autres personnes, trois autres personnes, etc », écrivit le Rabbi en hébreu dans une lettre datée du 9 août 1950. « Les fruits [de ces efforts] produiront eux-mêmes des fruits et des générations de fruits pour l’éternité. »

« Les Chlou’him sont venus là-bas pour mettre sur pied un système scolaire juif, » a dit le Rav Eliyahou Matusof en décrivant le travail de son père et de ses collègues, destiné à renforcer les coutumes et traditions des Juifs Séfarades qui vivaient au Maroc. « Ils travaillaient main dans la main avec les rabbins locaux. »

Lorsqu’il reçut la lettre du rabbi, Rav Matusof était fiancé et vivait en France, après une vie d’épreuves sous le régime communiste russe. Cependant, abandonnant la sérénité de la vie européenne, le rabbin s’engagea dans sa nouvelle mission au Maroc en déployant une abnégation sans pareille.

Une vie de sacrifice

Rav Matusof était né à Vitebsk, en Biélorussie, en 1917. Enfant, il étudia dans le réseau d’écoles clandestines Loubavitch. Les lieux d’études changeaient de jour en jour, passant parfois d’une ville à l’autre, tel que le décrit le Rav Matusof dans les chapitres autobiographiques de son ouvrage « Richmei Biourim », un recueil d’explications sur des passages clés du Talmud.

Lorsqu’il était adolescent, la yéchiva quitta définitivement, et, depuis ce jour, il ne vit plus que très rarement ses parents.

Plus tard, il voyagea pendant cinq jours vers la ville de Kutaissi en Géorgie, où le gouvernement local était un peu moins sévère dans son approche de la communauté juive. Le Rav Matusof écrivit que sa vie était relativement facile pendant l’année qu’il passa en Géorgie : « Nous avions au moins de fruits et des légumes à manger et un endroit où dormir… Nous acceptions tout avec joie. »

Mais une opération de la police secrète soviétique l’envoya derrière les barreaux. Un groupe de Juifs avait fait part au jeune homme de la possibilité de fuir l’Union Soviétique à travers la frontière turque. Le Rav Matusof qui avait deux frères qui habitaient ce qu’il était alors convenu d’appeler la Palestine, fit en sorte d’obtenir un visa d’entrée et paya ce qui lui était demandé pour être exfiltré hors du pays.

Malheureusement, les prétendus passeurs s’avérèrent être des informateurs. Après son emprisonnement, le Rav Matusof, sans logis, erra pendant des mois de maison en maison, se nourrissant de miettes. C’est alors qu’il entendit parler de l’ouverture d’une école près de Moscou dans la ville de Malakhovka. Il s’y rendit et y devint professeur.

Mais, en 1935, l’administration de l’école clandestine craignit d’être surveillée par la police secrète. Le Rav Matusof et ses élèves prirent de nouveau la route, cette fois-ci vers le quartier de Marina Rochtza à Moscou. Le Rav Matusof écrit qu’il trouva dans cette ville un bon endroit pour dormir, « sur une étagère dans une petite pièce, dans l’usine de quelqu’un que je connaissais. »

Un jour, la nouvelle que des élèves avaient été arrêtés força le Rav Matusof à prendre la fuite de nouveau. Après avoir fait ses bagages et avoir franchi les grilles de l’usine, un homme lui mis la main sur l’épaule et lui ordonna de le suivre. La destination était les bureaux de la police secrète où il fut interrogé sur l’existence d’une yéchiva.

Après avoir répondu à une litanie de questions consacrées principalement à sa connexion avec la famille du sixième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, de mémoire bénie, et l’identité de ses camarades de classe, le Rav Matusof fut jeté en prison, puis fut plus tard transféré dans un établissement pour prisonniers politiques.

Pendant son incarcération, il pria trois fois par jour, une pratique qu’il poursuivit lorsque, quelques mois plus tard, il fut exilé au Kazakhstan. Après quelques années là-bas, il commença à restructurer sa vie, jusqu’à ce qu’il soit de nouveau emprisonné pour avoir été pris en train de lire un livre de philosophie ‘hassidique.

Il fut libéré en 1940.

En 1946, il se joignit à la grande émigration des Juifs polonais hors des frontières de l’Union Soviétique, grâce à un faux visa, parvenant jusqu’en Allemagne. Un an plus tard, il partit avec d’autres étudiants de yéchiva en France, pour y étudier.

« Ce fut la première fois que je pouvais étudier la Torah en Juif libre, sans obstacles », écrit-il.

En terre musulmane

Un nouveau chapitre de sa vie débuta en 1950, avec la mission confiée par le Rabbi.

Après s’être mariés peu auparavant, le jeune couple arriva au Maroc au printemps de 1951. Ils y trouvèrent une fière communauté juive dans un pays majoritairement musulman, qui affrontait les conséquences de l’établissement de l’État d’Israël trois ans plus tôt.

Mais les Matusof se dévouèrent à leur cause, développant au fil du temps de très bonnes relations avec la famille royale marocaine.

À ce jour, la communauté juive restant au Maroc est toujours protégée par l’État.

La famille du  Rav Chlomo Matusof

Rav Yossef Its’hak Matusof, émissaire Loubavitch à Toulouse, France ; Rav Yehuda Leib Matusof, émissaire Loubavitch à Cannes, France ; Rav Yona Matusof émissaire Loubavitch à l’Université du Wisconsin, à Madison, USA ; Rav Reuven Matusof, émissaire Loubavitch à la Lichka à Paris, France ; Rav Shmaryahou Matusof ;

Rav Chlomo Matusof, qui fut l’un des responsables des activités éducatives du mouvement ‘Habad-Loubavitch au Maroc pendant près de cinquante ans, s’est éteint samedi soir dernier (le 10 novembre 2007) à New York.

La nouvelle a profondément ému les milliers d’émissaires du Rabbi de Loubavitch qui étaient rassemblés à New York pour leur congrès international annuel.

Rav Matusof, né en Russie, fut l’un des premiers émissaires du Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneersohn, de mémoire bénie. Il fut emprisonné par les autorités soviétiques avant d’être envoyé au Maroc en 1950, où il travailla sans relâche pour le développement de la communauté juive d’Afrique du Nord. Avec le temps, le réseau de Yéchivas dans ces pays en vint à compter 70 institutions qui formèrent des milliers d’élèves, parmi lesquels l’actuel grand rabbin d’Israël, Rav Chlomo Amar.

Dans sa lettre le nommant à son poste, le Rabbi souligna le caractère public de la fonction d’émissaire Loubavitch.

Au lieu d’être des individus privés, les émissaires sont « des bougies qui éclairent tout leur entourage et… des personnes vivantes et qui apportent la vie à une autre personne, deux autres personnes, trois autres personnes, etc », écrivit le Rabbi en hébreu dans une lettre datée du 9 août 1950. « Les fruits [de ces efforts] produiront eux-mêmes des fruits et des générations de fruits pour l’éternité. »

« Les Chlou’him sont venus là-bas pour mettre sur pied un système scolaire juif, » a dit le Rav Eliyahou Matusof en décrivant le travail de son père et de ses collègues, destiné à renforcer les coutumes et traditions des Juifs Séfarades qui vivaient au Maroc. « Ils travaillaient main dans la main avec les rabbins locaux. »

Lorsqu’il reçut la lettre du rabbi, Rav Matusof était fiancé et vivait en France, après une vie d’épreuves sous le régime communiste russe. Cependant, abandonnant la sérénité de la vie européenne, le rabbin s’engagea dans sa nouvelle mission au Maroc en déployant une abnégation sans pareille.

Une vie de sacrifice

Rav Matusof était né à Vitebsk, en Biélorussie, en 1917. Enfant, il étudia dans le réseau d’écoles clandestines Loubavitch. Les lieux d’études changeaient de jour en jour, passant parfois d’une ville à l’autre, tel que le décrit le Rav Matusof dans les chapitres autobiographiques de son ouvrage « Richmei Biourim », un recueil d’explications sur des passages clés du Talmud.

Lorsqu’il était adolescent, la yéchiva quitta définitivement, et, depuis ce jour, il ne vit plus que très rarement ses parents.

Plus tard, il voyagea pendant cinq jours vers la ville de Kutaissi en Géorgie, où le gouvernement local était un peu moins sévère dans son approche de la communauté juive. Le Rav Matusof écrivit que sa vie était relativement facile pendant l’année qu’il passa en Géorgie : « Nous avions au moins de fruits et des légumes à manger et un endroit où dormir… Nous acceptions tout avec joie. »

Mais une opération de la police secrète soviétique l’envoya derrière les barreaux. Un groupe de Juifs avait fait part au jeune homme de la possibilité de fuir l’Union Soviétique à travers la frontière turque. Le Rav Matusof qui avait deux frères qui habitaient ce qu’il était alors convenu d’appeler la Palestine, fit en sorte d’obtenir un visa d’entrée et paya ce qui lui était demandé pour être exfiltré hors du pays.

Malheureusement, les prétendus passeurs s’avérèrent être des informateurs. Après son emprisonnement, le Rav Matusof, sans logis, erra pendant des mois de maison en maison, se nourrissant de miettes. C’est alors qu’il entendit parler de l’ouverture d’une école près de Moscou dans la ville de Malakhovka. Il s’y rendit et y devint professeur.

Mais, en 1935, l’administration de l’école clandestine craignit d’être surveillée par la police secrète. Le Rav Matusof et ses élèves prirent de nouveau la route, cette fois-ci vers le quartier de Marina Rochtza à Moscou. Le Rav Matusof écrit qu’il trouva dans cette ville un bon endroit pour dormir, « sur une étagère dans une petite pièce, dans l’usine de quelqu’un que je connaissais. »

Un jour, la nouvelle que des élèves avaient été arrêtés força le Rav Matusof à prendre la fuite de nouveau. Après avoir fait ses bagages et avoir franchi les grilles de l’usine, un homme lui mis la main sur l’épaule et lui ordonna de le suivre. La destination était les bureaux de la police secrète où il fut interrogé sur l’existence d’une yéchiva.

Après avoir répondu à une litanie de questions consacrées principalement à sa connexion avec la famille du sixième Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, de mémoire bénie, et l’identité de ses camarades de classe, le Rav Matusof fut jeté en prison, puis fut plus tard transféré dans un établissement pour prisonniers politiques.

Pendant son incarcération, il pria trois fois par jour, une pratique qu’il poursuivit lorsque, quelques mois plus tard, il fut exilé au Kazakhstan. Après quelques années là-bas, il commença à restructurer sa vie, jusqu’à ce qu’il soit de nouveau emprisonné pour avoir été pris en train de lire un livre de philosophie ‘hassidique.

Il fut libéré en 1940.

En 1946, il se joignit à la grande émigration des Juifs polonais hors des frontières de l’Union Soviétique, grâce à un faux visa, parvenant jusqu’en Allemagne. Un an plus tard, il partit avec d’autres étudiants de yéchiva en France, pour y étudier.

« Ce fut la première fois que je pouvais étudier la Torah en Juif libre, sans obstacles », écrit-il.

En terre musulmane

Un nouveau chapitre de sa vie débuta en 1950, avec la mission confiée par le Rabbi.

Après s’être mariés peu auparavant, le jeune couple arriva au Maroc au printemps de 1951. Ils y trouvèrent une fière communauté juive dans un pays majoritairement musulman, qui affrontait les conséquences de l’établissement de l’État d’Israël trois ans plus tôt.

Mais les Matusof se dévouèrent à leur cause, développant au fil du temps de très bonnes relations avec la famille royale marocaine.

À ce jour, la communauté juive restant au Maroc est toujours protégée par l’État.

Les enfants du Rav Chlomo Matusof
Rav Yossef Its’hak Matusof, émissaire Loubavitch à Toulouse, France ; Rav Yehuda Leib Matusof, émissaire Loubavitch à Cannes, France ; Rav Yona Matusof émissaire Loubavitch à l’Université du Wisconsin, à Madison, USA ; Rav Reuven Matusof, émissaire Loubavitch a la Lichka à Paris, France ; Rav Shmaryahou Matusof ; Rav Mena’hem Mendel Matusof, émissaire Loubavitch en Alberta, Canada ; et ses filles Baila Paltinski du New Jersey et Aidaleh Nemanov de New York.

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