Le Chabbat Vayakhel Pekoudé, le 25 Adar 1901 naquit la fille de Rabbi Yossef Yits’hak Schneersohn, fils unique du Rabbi Chalom Dov Ber, dans la ville de Babinovitch, proche du village de Loubavitch. Elle fut appelée ‘Haya Mouchka.

 

Dès son plus jeune âge, il était évident que son grand-père ne considérait pas sa naissance comme un événement banal. À cette époque, le Rabbi Chalom Dov Ber résidait à Varissafane, il envoya une lettre en précisant entre autres : « Du plus profond de mon cœur, je remercie le Tout-Puissant pour tout le bien qu’Il nous a prodigué et qui, dans Sa grande bonté, nous a fait vivre, nous a fait subsister et nous a fait parvenir à cette époque ! Qu’Il nous fasse également parvenir à d’autres nombreuses joies et de bonnes occasions ! »

Ce fut lui qui préconisa de lui donner le prénom ‘Haya Mouchka dans un télégramme spécial qu’il envoya à son fils : « Si on ne lui a pas encore donné de prénom, qu’elle soit appelée ‘Haya Mouchka, ce qui est correct à mes yeux. Certainement tu me feras savoir comment elle a été nommée pour le Mazal Tov ». Le prénom fut donné d’après la Rabbanit ‘Haya Mouchka, l’épouse du Rabbi Tséma’h Tsédek.

Dans d’autres lettres envoyées après qu’elle eut été nommée, on peut trouver d’autres allusions sur l’avenir de l’enfant : « Que Dieu fasse qu’elle vive longtemps et en bonne santé, matériellement et spirituellement, qu’elle soit une femme vertueuse, avec une véritable crainte de Dieu, que nous puissions tous avoir beaucoup de satisfactions d’elle spirituellement et matériellement ». « Qu’elle ait une véritable crainte de Dieu et qu’elle soit en tous points comparable à son arrière-grand-mère, la Rabbanit dont elle porte le prénom ».

Une éducation vers le dévouement total

Lorsque le professeur particulier engagé pour enseigner la Torah à la Rabbanit refusa de raconter des histoires de dévouement total qui brisent le cœur, Rabbi Yossef Yits’hak, son père, lui ordonna de le faire. Selon lui, cela lui inculquerait le dévouement dès son plus jeune âge.

Souvenirs d’enfance

La Rabbanit se souvenait avec précision de son enfance passée dans la maison de son grand-père et racontait plusieurs épisodes, notamment les prières émouvantes et brisées de son grand-père qui résonnaient profondément en elle. Elle mentionna également qu’elle était capable de répéter avec précision tout ce qui avait été dit dans la maison de son grand-père.

Des remarques pertinentes

Grâce à sa mémoire phénoménale, la Rabbanit se rappelait de l’aspect de son grand-père et affirma que le portrait du Rabbi Rachab n’était pas conforme, car l’aspect majestueux du Rabbi en était absent. Même lorsque Rav Na’houm Yits’hak Kaplan dessina un portrait du Rabbi Rachab et lui demanda son avis, elle répondit que les yeux étaient bien plus pénétrants en réalité et que la couleur de la barbe était bien plus claire. Une fois que des retouches furent apportées, la Rabbanit exprima sa satisfaction et garda le portrait toute une nuit dans sa maison.

La Rabbanit et le Fête de Pessa’h

La Rabbanit passa ses premières années dans la maison de son père et de son grand-père, où elle reçut une véritable éducation ‘hassidique. Son grand-père, le Rabbi Rachab, lui témoignait une affection particulière. Une fois, alors qu’elle courait et qu’elle se blessa, le Rabbi Rachab la ramassa et l’embrassa sur le front. Une autre fois, alors qu’elle avait seulement cinq ans, le Rabbi Rachab fut particulièrement attentif à ce qu’elle disait. C’était le dernier jour de Pessa’h en 1906 et elle jouait avec sa sœur dans la salle à manger. Obsédée par une grave question, elle demanda ce que représentait le dernier jour de Pessa’h. Sa sœur essaya de lui expliquer que c’était une fête comme les autres, mais elle n’accepta pas cette réponse, car elle avait remarqué que la bénédiction de Chéhé’héyanou n’était pas prononcée lorsque l’on allume les bougies de la fête. Le Rabbi Rachab écoutait leur conversation.

Cette question avait déjà été posée quarante ans plus tôt par le Rabbi Rachab lui-même. Quand il l’entendit, il décida de révéler lors du repas de la fête ce qui lui était arrivé quand il était enfant, en 1865, lors du repas de fête chez son père, le Rabbi Maharach. Il avait demandé à son père pourquoi le dernier jour de Pessa’h était un jour de fête. Son père s’était tourné vers son frère et lui avait demandé de répondre, mais il ne sut pas quoi dire. Sa sœur, Dvora Léa, qui était assise à côté de leur mère, déclara qu’elle savait répondre. Son père lui demanda d’expliquer que lorsque les Juifs respectent les sept jours de Pessa’h en s’abstenant de manger du ‘Hametz, ils peuvent alors célébrer le dernier jour de Pessa’h comme un véritable jour de fête. Elle expliqua que tous les Juifs se réjouissent d’avoir réussi à éviter cette grande faute de manger du ‘Hametz à Pessa’h. Rabbi Zalman Aharone, qui était présent lors de ce repas de Pessa’h 1906, poursuivit l’histoire en déclarant que leur père était très heureux de cette réponse et s’exclama : « Dvora Léa ! Tu as une bonne tête ! ». Après cela, ils allèrent rendre visite à leur grand-père, le Rabbi Tséma’h Tsédek, et leur père lui raconta toute l’histoire. Le Tséma’h Tsédek approuva l’explication de Dvora Léa en disant que c’était une bonne explication, puis il donna une explication plus approfondie sur le sens du dernier jour de Pessa’h. Tout ceci fut raconté par le Rabbi Yossef Yits’hak lors du repas du dernier jour de Pessa’h en 1940.

Des lettres rares du Rabbi précédent, père de la Rabbanit

La Rabbanit était aussi très liée à son père, Rabbi Yossef Yits’hak comme on le verra encore de nombreuses fois par la suite. Nous en avons la preuve par ces lettres vraiment très spéciales. Quand la Rabbanit atteignit l’âge de douze ans en 1913, le Rabbi et son épouse étaient en voyage à l’étranger. La Rabbanit lui avait envoyé une lettre de salutations et le Rabbi lui répondit avec une lettre spéciale dans laquelle il lui demandait de raconter en détails sa situation :

Barou’h Hachem, Mardi 2nd jour de Mena’hem Av 1913

 ma chère fille, Moussia qu’elle vive longtemps !
C’est avec plaisir que j’ai reçu ta lettre de salutation.
Ecris en détails ce que tu apprends et tout. Sois en bonne santé et heureuse tout au long d’une bonne existence. C’est ce que te souhaite ton père qui s’occupe de toi.

Dans un télégramme qu’il lui envoya depuis Pétrograd (St Pétersbourg) pour son quinzième anniversaire, Rabbi Yossef Yits’hak lui écrivit (traduction libre du russe) :

Pétrograd 25 Adar 1916

Ma fille chérie et précieuse, Moussia, qu’elle vive longtemps,
Ma fille chérie, à l’occasion de ton anniversaire où tu atteins l’âge de quinze ans, je suis heureux d’exprimer la bénédiction paternelle de D.ieu et les souhaits de tes parents. Que D.ieu t’accorde une longue vie, de la chance et une réussite extraordinaire dans ce que tu entreprends et dans tes études. Sois toujours heureuse, sois en bonne santé, ma chérie.