La Rebbetsen quitta ce monde le mercredi 22 Chevat 1988 après une brève maladie. Son enterrement eut lieu quelques heures plus tard au cimetière `Habad de Queens, à New York. En guise d’adieu à une véritable reine, une foule estimée à quinze mille personnes suivit le convoi qui était encadré par une escorte officielle.

 

Elle fut enterrée à côté de sa grand-mère, la Rebbetsen Sterna Sarah et près de son père Rabbi Yossef Yts’hak.
Le Rabbi fit remarquer que Rabbi Yossef Yts’hak avait quitté ce monde en Chevat (le 10 Chevat 1950) tout comme sa grand-mère, la Rebbetsen Rivkah, sa mère la Rebbetsen Shtema Sarah (le 13 Chevat) et sa fille.

Autre chose liait entre elles les trois Rebbetsen. Peu avant son décès, la Rebbetsen Rivkah avait demandé un verre d’eau et après l’avoir bu avait rendu son âme à son Créateur.

Il en fut de même pour la Rebbetsen Sterna Sarah, et il en fut de même pour la Rebbetsen `Haya Mouchka qui, après avoir récité la bénédiction « Béni… Celui qui a tout créé par Sa parole » rendit l’âme à son Créateur.

 

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Le Rav Raphael Wilschanski décrit ses souvenirs d’une visite secrète de la Rebbetzin Haya Mouchka à Paris en 1954

 

La Rebbetzin Haya Mouchka Schneerson, toute sa vie durant, évitait magistralement la publicité et restait dans les coulisses. À cause de sa réserve accomplie, lors de sa brève visite en France en 1954, très peu de personnes étaient au courant de sa présence.

En fait, les seuls membres de la communauté Loubavitch vivant à Paris à l’époque qui connaissaient son séjour étaient les administrateurs de Lishka, l’organisation d’aide aux réfugiés Loubavitch. Ils avaient été informés de sa visite par le Rabbi et avaient été brièvement invités à fournir toute l’assistance nécessaire.

Afin d’évaluer la situation des nombreux réfugiés juifs qui vivaient alors à Paris, le Rebbetzin a effectué une visite secrète et y est resté plusieurs jours. Bien que l’on nous ait demandé de fournir le plus d’assistance possible, elle n’en avait guère besoin mis à part les repas de Chabbat dans son hôtel.

Au cours de cette période, j’ai rencontré la Rebbetzin à deux reprises et eu plusieurs conversations téléphoniques, au cours desquelles elle a exprimé sa profonde préoccupation pour de nombreux hassidim qui vivaient alors à Paris en tant que réfugiés de l’ex-Union soviétique. Ayant quitté les horreurs de ce régime, beaucoup souffraient d’une pauvreté extrême.

Un groupe de 30 familles était entassé dans un hôtel de 36 chambres subventionné par l’American Joint Distribution Committee. Toutes ces familles, dont certaines étaient composées de nombreux enfants, étaient obligées de partager la même cuisine. Les Rebbetzin, profondément préoccupés, voulaient connaître chaque détail de leur mode de vie.

Ses questions de compassion étaient celles d’une mère pour ses enfants. Une nuit, afin de comprendre la situation le plus complètement possible, elle se rendit en secret à l’hôtel. En totale anonymat, elle a pu observer leurs conditions de vie réelles.
Chacune de ses questions était formulée avec un soin révélant une profonde empathie. Elle a également réussi avec élégance à éviter de parler de quelque chose d’inapproprié.

La sensibilité de la Rebbetzin était également évidente lorsque nous avons parlé du village de Loubavitch lui-même. Il est difficile de décrire la nostalgie avec laquelle elle a décrit le domicile de son grand-père, le Rabbi Rashab, les étudiants de la première Yechiva Tomhei Temimim, et l’atmosphère qui régnait à Loubavitch, avant l’essor du communisme qui contraignit les Hassidim à se disperser. Ses mots sonnaient exactement comme ceux d’un ancien Hassid qui avait lui-même assimilé son apprentissage de la Torah dans cette atmosphère unique.

La Rebbetzin a exprimé le même respect pour son père, Rabbi Yossef Itshak Schneersohn (le Rabbi Rayatz). En mentionnant les succursales de Tomchei Temim qui avaient ouvert leurs portes en Amérique après l’arrivée de son père, elle a déclaré: «Seul un géant comme mon père pouvait accomplir une telle révolution!»

Elle a brièvement mentionné son mari, le Rabbi. En déclarant que pendant les quelques jours de son séjour, elle aurait très peu de temps pour elle-même.

Joie reflétée

La Rebbetzin a exprimé la même inquiétude pour ma famille que pour les réfugiés. Chaque fois que je lui ai rendu visite à New York, elle a voulu connaître mes enfants en détail, y compris leurs progrès scolaires et leurs activités en générale.

Vers la fin d’une de ces visites je lui ai dit, «Que le Rabbi soit en bonne santé et qu’il puisse obtenir beaucoup de satisfaction de nous.» Ce à quoi elle a répondu simplement: «Nous avons de la satisfaction  quand nous entendons que vous êtes satisfait!».