En 1965, une conversation inattendue entre le Rabbi de Loubavitch et Shirley Chisholm, première femme noire élue au Congrès américain, allait changer le cours de l’histoire sociale des États-Unis. Frustrée par sa nomination à la Commission de l’Agriculture, qu’elle percevait initialement comme une manœuvre discriminatoire, Chisholm découvrit, grâce aux conseils visionnaires du Rabbi, une opportunité extraordinaire de lutter contre la faim et la pauvreté à l’échelle nationale.

En 1965, Shirley Chisholm fit l’histoire en devenant la première femme noire élue à la Chambre des représentants des États-Unis pour le 12e district de New York. Cependant, son enthousiasme initial fut rapidement tempéré par la réalité du Congrès.

Victime de préjugés raciaux, elle fut assignée, sous la pression des élus du Sud, à la Commission de l’Agriculture – une nomination qui semblait inadaptée pour cette femme ayant grandi en milieu urbain. Frustrée, elle ne voyait pas comment ce poste pourrait l’aider à combattre la pauvreté et le sans-abrisme dans les centres-villes, sa priorité politique.

C’est alors qu’elle reçut un appel inattendu du bureau du Rabbi de Loubavitch. Cette rencontre n’était pas leur première : avant les élections, Shirley Chisholm avait sollicité le soutien du Rabbi, qui avait décliné, fidèle à son principe de non-ingérence en politique.
Lors de leur entretien, le Rabbi lui dit :
– « Je sais que vous êtes très déçue. »
– « En effet, je suis déçue et blessée. Que dois-je faire maintenant ? » demanda-t-elle.
La réponse du Rabbi fut révélatrice :
– « Le Créateur vous a fait un véritable cadeau ! Les États-Unis ont d’énormes surplus alimentaires, tandis que des milliers de personnes souffrent de la faim. Vous pouvez utiliser ce don divin pour nourrir les pauvres. À vous de trouver une façon créative de le faire. »

Cette conversation allait transformer la vision de Shirley Chisholm sur son rôle et avoir un impact durable sur la politique sociale américaine.

Peu après sa conversation avec le Rabbi, le destin mit Shirley Chisholm sur le chemin du sénateur Bob Dole, représentant le Kansas, un État riche en terres agricoles. Dole lui exposa les difficultés des agriculteurs de son État : à cette époque, les États-Unis avaient commencé à importer des fruits et légumes de Cuba, laissant les agriculteurs américains avec d’importants surplus et des pertes significatives.

C’est alors que les paroles du Rabbi résonnèrent dans l’esprit de Chisholm, faisant naître une idée novatrice.

Dans les années qui suivirent, Shirley Chisholm collabora étroitement avec Bob Dole pour développer et étendre les programmes d’aide alimentaire, notamment les « Food Stamps » (bons alimentaires) et le WIC (programme spécial de nutrition supplémentaire pour les femmes, les nourrissons et les enfants). Ces programmes, qui distribuent aujourd’hui des milliards de dollars d’aide alimentaire aux nécessiteux à travers les États-Unis, sont en grande partie le fruit de son travail.

Lors de sa soirée de départ à la retraite, Chisholm fit une déclaration remarquable : « Tous mes accomplissements dans ce domaine, je les dois au Rabbi qui était optimiste et m’a appris que ce qui apparaît comme un défi est en réalité un don de Dieu. Si aujourd’hui les bébés pauvres ont du lait, et si les enfants démunis ont de la nourriture, c’est grâce au Rabbi de Crown Heights. »

Cette histoire illustre parfaitement comment une conversation inspirante peut transformer un obstacle apparent en opportunité de changement social positif. La vision du Rabbi, combinée à la détermination de Chisholm et à la collaboration avec Dole, a contribué à créer l’un des plus importants programmes de sécurité alimentaire aux États-Unis, dont les effets bénéfiques perdurent jusqu’à aujourd’hui.

 

 

Shirley Anita Chisholm (née St. Hill, 30 novembre 1924 – 1er janvier 2005) était une figure politique américaine pionnière. Bien que née à Brooklyn, elle passa une partie de son enfance, de 5 à 9 ans, à la Barbade, conservant toujours un fort attachement à ses racines barbadienne-américaines.

Avant son entrée historique au Congrès, Chisholm s’était forgée une carrière dans l’éducation de la petite enfance. Son engagement politique débuta dans les années 1950 au sein du Parti démocrate local. En 1964, surmontant les préjugés liés à son genre, elle fut élue à l’Assemblée de l’État de New York.

Sa carrière atteignit un nouveau sommet en 1968 lorsqu’elle devint la première femme noire élue au Congrès américain, représentant le 12e district de New York, centré sur Bedford-Stuyvesant à Brooklyn, un mandat qu’elle occupa pendant sept mandats consécutifs (1969-1983).

En 1972, elle franchit une nouvelle barrière en devenant la première candidate noire à briguer l’investiture d’un grand parti pour la présidence des États-Unis, et la première femme à se présenter à l’investiture du Parti démocrate.

Tout au long de sa carrière, elle se distingua par son engagement inébranlable contre les injustices économiques, sociales et politiques. Elle fut une ardente défenseure des droits civiques des Noirs et des droits des femmes.

Après sa retraite du Congrès en 1983, elle poursuivit sa carrière dans l’enseignement au Mount Holyoke College tout en maintenant son activisme politique. Bien que nommée ambassadrice en Jamaïque en 1993, des problèmes de santé la contraignirent à se retirer.

En reconnaissance de son héritage remarquable, elle reçut à titre posthume la Médaille présidentielle de la Liberté en 2015, la plus haute distinction civile aux États-Unis.

Cette mise en contexte historique souligne l’importance de sa rencontre avec le Rabbi de Loubavitch et explique pourquoi ses réalisations ultérieures dans le domaine des programmes alimentaires et nutritionnels pour les plus démunis ont eu un impact si significatif sur la société américaine.