(Pour la guérison de Raphaël Chmouel ben Sima)

 

La Délivrance est au centre de l’enseignement du Rabbi. Qu’il s’agisse de ses discours ‘hassidiques, de ses causeries, ou bien des nombreux écrits qu’il adresse inlassablement à tous ceux qui sollicitent son conseil et sa bénédiction. Dans tous les cas la Délivrance transparaît dans les pensées les paroles et les actes du Rabbi.

 

Dans le Dvar Mal’hout sur les Parachiot A’hareï-Kédochim le Rabbi nous enseigne la signification profonde du mot ‘Guéoulah’.

 

Les mots Guéoulah, la Délivrance, et Gola, l’Exil, sont constitués par les mêmes lettres, à l’exception de la lettre Aleph que possède le mot Guéoulahmais qui est absent du mot Gola. Aussi, le Rabbi nous enseigne que de même que le mot Gola constitue une partie du mot Guéoulah, de même l’Exil constitue une partie de la Délivrance.

 

En effet, dans le Dvar Mal’hout (Tazria-Metsora) le Rabbi déclare que ‘la racine de l’obscurité est plus élevée que la lumière’. En d’autres termes,l’obscurité du monde dans lequel nous vivons peut devenir partie intégrante de la Délivrance, et notre mission dans ce cas, consiste simplement à lever le voile de l’obscurité de l’Exil, afin de révéler le divin qu’il cache à nos yeux, dans tous les sujets de cet Exil.

 

C’est là le sens du mot ‘Délivrance’, car ce mot désigne l’objectif de notre mission, de délivrer le divin qui se cache dans l’Exil. C’est donc pour cela que le Rabbi nous enseigne que le mot Gola fait partie du mot Guéoulah, car finalement l’obscurité de ce monde ne contredit, ni ne s’oppose, à la Délivrance finale.

 

Bien au contraire, c’est en dévoilant la lumière qui se cache derrière l’obscurité de l’Exil, que l’on parviendra à ce que l’Eternel insuffle au monde la lumière nouvelle de la Guéoulah.

 

Le Rabbi nous explique donc que si l’on ajoute la lettre Aleph, la première lettre de ‘Aloupho chel Olam’ (‘le Maître du monde), au mot Gola(l’obscurité de l’exil) on obtient le mot Guéoulah.

 

Un des exemples donnés par le Rabbi dans le Dvar Mal’hout, est celui du Compte de l’Omer, dont le but consiste à raffiner, à purifier, le corps et l’âme animale (l’Exil, Gola).

 

Faire pénétrer la lumière du Aleph, le divin, dans l’obscurité du corps, signifie que l’on agit afin de réparer, de rectifier, l’incitation de notre âme animale, qui nous pousse sans-cesse à assouvir des plaisirs grossiers et dénués de divin.

 

Le point essentiel de l’enseignement du Rabbi, est qu’il ne s’agit pas d’éliminer l’âme animale. Il ne s’agit pas de supprimer sa force mais au contraire de l’utiliser, en la libérant de l’emprise du mal, c’est-à-dire de détourner sa force, du côté de l’impureté vers le côté de la sainteté, en se détournant des plaisirs grossiers, pour accéder à des plaisirs raffinés qui s’accordent à la Volonté de D.ieu d’avoir une demeure en nous mêmes, et en ce monde.

 

Ainsi, il en va de même pour ce monde matériel, du fait que celui-ci est comparable à un grand corps, et notre mission consiste à libérer l’âme vitale qui le vivifie à chaque instant, de son emprise. En d’autres termes, de libérer les étincelles divines qui sont enfouies, et se cachent dans la matière de ce monde.

 

C’est à ce sujet que l’Admour Hazaken déclare dans le livre du Tanya, que tout au long de son existence un Juif a pour mission de raffiner et de purifier une certaine part de ce monde physique. Par exemple, lorsque le propriétaire d’un champ réserve un des coins de son champ pour les pauvres, il introduit la lumière divine, le Aleph, dans l’obscurité de ce champ.

 

Ajouter la lettre Aleph au mot Gola signifie donc réaliser le but divin de faire de l’exil une demeure pour le Aleph, une demeure pour l’Essence divine.

 

Cet enseignement du Dvar Mal’hout s’accorde tout particulierement au discours ‘hassidique du Rabbi commencant par les mots: ‘Tout Israël a une part au monde à venir’.

 

Dans ce discours le Rabbi explique, que de même que l’homme possède une âme et un corps, de même la Torah possède une âme et un corps. De fait, les 248 Mitsvoth sont appellés ‘les Membres du Roi’, et l’étude de la Torah est comparée au sang qui les vivifie.

 

Le Rabbi souligne que la Torah est plus élevée que les Mitsvoth. En effet, les Commandements divins sont tributaires de l’espace et du temps, alors que la Torah est elle-même au-dela de l’espace et du temps. Mais à leur racine, les Mitsvoth sont plus élevées que la Torah.

 

La supériorité des Mitsvoth (le corps) par rapport à la Torah (l’âme) s’exprime par le fait que la Torah correspond à la Sagesse de D.ieu (l’Attribut de ‘Ho’hmah) alors que les Mitsvoth correspondent à la Volonté de D.ieu qui s’inscrit dans la Séfira de Kéter, qui surplombe tout l’enchaînement des mondes, et qui est donc à un niveau plus élevé que ‘Ho’hmah, Sa Sagesse.

 

Il en va de même pour le corps et pour l’âme de l’homme (lesquels sont à l’exemple de la Torah et des Commandements divins). Bien que dans ce monde, la vitalité du corps provient de l’âme, la racine du corps est plus élevée que la racine de l’âme.

 

Aussi, dans le cas de la Mitsva du compte de l’Omer, il apparaît qu’ajouter la lettre Aleph au mot Gola signifie ici que compter l’Omer permet de dévoiler le niveau supérieur du corps, sa racine. Et c’est précisément parceque la racine du corps est plus élevée que celle de l’âme, qu’il est dit que dans les temps futurs ‘l’âme sera nourrie par le corps’c’est-a-dire que l’âme bénéficiera du dévoilement de la lumière du corps*.   

 

*Note: il est interessant de remarquer que c’est précisément dans le chapitre 37 du Tanya que l’Admour Hazaken déclare que ‘la Délivrance dépend de notre travail et de nos actions pendant l’exil’, car 37 est la valeur numérique de ‘Yé’hida’, qui désigne l’essence de l’âme. De fait, le Aleph désigne également l’essence de l’âme Juive, car c’est en révélant l’essence de notre âme que l’on provoquera la venue de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.

 

Rav Yaakov Abergel