Traduits et adaptés par le Rav Eliahou DAHAN de Lille

 

Midrach sur Pourim

Le Nouveau Yom-Tov

 

Le méchant Haman parut devant le roi Assérus et lui dit : Vous savez, Majesté  ces Juifs qui sont sous votre domination, sont un peuple bien bizarre. Ils sont constamment en train de célébrer des fêtes ! Chaque semaine ils célèbrent leur Chabbath. Chaque mois ils ont leur Roche-‘Hodèche. En Nissan, ils ont Pessa’h. En Sivan, ils ont Chavouoth. En Tichri, ils en ont plusieurs : Roche­Hachanah, Yom-Kippour et Souccoth. Ne trouvez-vous pas qu’ils ont trop de fêtes ?

– Tel que cela m’apparaît, dit Assuérus avec modération, ils accomplissent tout simplement les prescriptions de leur Torah. Cela prouve que c’est un peuple bon, honnête et, de plus, fidèle à sa foi.

– Alors, pourquoi ne célèbrent-ils pas également vos fêtes ?, demanda in­sidieusement Haman. Ils consacrent bien assez de temps aux leurs !

A ce moment, une voix céleste se fit entendre : « Haman, misérable Haman ! Cela te choques que les Juifs aient tant de fêtes ? Tu verras bientôt comme ta scélératesse te sera funeste. Et cela donnera aux juifs encore une occasion de célébrer une nouvelle fête. »

Le Vieux D-ieu

Le roi Assuérus rassembla tous ses conseillers afin de leur demander leur avis sur le problème des Juifs. « Croyez-vous, leur dit-il, que l’idée de Haman qui con­seille l’anéantissement du peuple juif soit bonne ? »

– L’idée est bonne, bien sûr, répondirent-ils. Mais qui oserait porter la main sur le « Peuple Elu » de Dieu ?

– Ne soyez donc pas si lâches, rétorqua Haman. Le D-ieu des juifs ne manifeste pas tellement Son affection à l’égard de Son Peuple Elu comme vous le nommez. Ou peut être Ses forces ont-elles faibli. Après tout, bien des années ont passé depuis le temps où il fit subir à Pharaon les effets de Sa grande puissance. Il faut reconnaître que les choses sont différentes actuellement. Voyez comme Nabuchodonosor a détruit la Terre d’Israël et leur Saint Temple. Leur Dieu ne S’est guère ému quand les Juifs ont été amenés en exil parmi nous. Qu’en déduire sinon qu’Il n’avait aucun moyen d’empêcher tous ces malheurs ! Après tout, c’est un très vieux Dieu !

Il fut alors décidé  à l’unanimité que le décret contre les juifs serait appliqué.

 

La Potence

Pendant que le méchant Haman préparait ses plans en vue de faire pendre Mordekhaï, l’idée ne pouvait effleurer son esprit que ce serait lui, Haman, qu’on pendrait à sa place.

Mais le Tout-Puissant savait quel triste sort était réservé à Haman. Il lança donc un appel aux arbres afin que l’un d’eux se dévouât et jouât son rôle de potence. Un souffle puissant parcourut les forêts et chaque arbre revendiqua la Mitsva de contribuer à la pendaison de Haman le perfide, qui était si pressé d’anéantir le peuple de Dieu.

– De grâce, choisissez-moi, supplia le Figuier. Je suis l’arbre que les juifs ont honoré en prenant mes fruits comme offrande de Biccourime (Premiers Fruits) à  Dieu.

– Moi aussi, je suis honoré par les Juifs au service de Dieu, réclama l’arbre produisant l’Etrog. Faites que le méchant Haman soit pendu à l’une de mes branches !

– Pourquoi pas moi ? protesta l’Olivier. Moi aussi j’ai été utilisé au service de Dieu, puisqu’on s,’est servi de la pure huile de mon fruit pour alimenter les can­délabres du Beth- Hamikdache.

– S’il est question du Beth-Hamikdach, alors nous pouvons, nous aussi, nous prévaloir d’avoir été utilisés au service de Dieu, lancèrent à l’unisson les Cèdres et les Acacias. C’est avec notre bois que le Beth-Hamikdach a été con­struit. II nous semble que c’est à nous que revient le privilège de servir Dieu en servant de potence pour le méchant Haman !

– Ecoutez, mes bons amis, intervint le Pin. Il est vrai que je n’ai à me vanter d’aucun mérite spécial. Mais quel mérite a donc Haman ? Cet homme haïssable a bien assez harcelé les juifs de son aiguillon. Je crois être l’arbre qui convient le mieux – avec toutes mes aiguilles – à  la pendaison de ce Haman si plein d’épines. Ainsi fut fait. Haman fit dresser la potence à la forte branche d’un pin. Fier du résultat, il appela tous ses amis et serviteurs afin de leur faire admirer le travail terminé. Il était de si bonne humeur à l’idée de voir pendre l’ennemi qu’il haïssait le plus au monde, Mordekhaï, que d’un geste enjoué, il passa sa tête dans le noeud coulant en disant à ceux qui l’entouraient : « Il vaut mieux s’assurer par soi-même que la potence est bien préparée et qu’elle fera ce qu’on attend d’elle ! ».

– Insensé Haman, dit une voix céleste qu’il fut seul à entendre, tu viens de montrer de façon irréfutable que la potence est prête à t’accueillir afin que tu y sois pendu. Elle est à ta mesure comme cette fin est à ta mesure ; triste sort qui a été prévu pour toi depuis les premiers jours de la Création.

Le Cri des Enfants

Quand le terrible décret contre les juifs fut connu de Mordekhai, ce dernier parcourut toutes les rues de Chouchane et rassembla tous les enfants Juifs. Ils étaient vingt-deux mille. Il leur parla du plan du méchant Haman et leur demanda de se joindre à lui pour les prières. Suivant l’exemple de Mordekhaï, les enfants se vêtirent de toile de sac et couvrirent de cendres leurs têtes juvéniles. Dans cet état ils se mirent à  étudier la Torah et à prier Dieu de toute la pureté et la sincérité de leurs jeunes coeurs.

Sitôt que le perfide Haman apprit ce que Mordekhaï avait fait, il dépêcha ses gardes armés afin que tous les enfants juifs fussent immédiatement enchaînés et jetés en prison. « Demain, je les ferais tous égorger », décida ce bourreau sans coeur.

La clameur des lamentations s’éleva parmi les Juifs de Chouchane. Toutes les mères juives se précipitèrent en larmes vers les prisons où étaient enfermés leurs enfants à qui elles apportèrent à boire et à manger, afin qu’ils eussent la force de supporter leur sort tragique.

Mais le morale des enfants était intact. Ils étaient résolus à poursuivre leur jeûne et leurs prières à Dieu. Ils espéraient ainsi aider à  provoquer la miséricorde de Dieu en faveur du peuple infortuné.

La douleur des mères et des enfants fut si accablante, leurs larmes amères si abondantes, que les portes du ciel ne purent tenir sous cette poussée irrésistible. Elles s’ouvrirent toutes grandes et les pleurs et les prières atteignirent jusqu’au Siège de Miséricorde du Ciel. Le Tout-Puissant se saisit alors du rouleau sur le­quel était écrit l’affreux décret et le déchira. Bientôt le miracle de Pourim était célébré par les Juifs dans une atmosphère de joie et de gratitude sans bornes envers Dieu.

 

 

Selon la Volonté de Chacun

« Le roi fit pour tout le peuple qui se trouvait à Chouchan… festin de sept jours… On buvait à volonté… le roi avait ordonné à tous les officiers de sa maison de se conformer au désir de chacun. »

(Esther 1 – 1,5,8)

Lorsque A’hachvéroch donna l’ordre de se conformer au désir de chacun de ses invités, D-ieu l’interpella et lui demanda : « Comment oses-tu affirmer que tu sauras remplir le désir de chacun, alors que Moi, le Créateur, je ne peux pas satisfaire tout individu ? ! Comment satisfaire deux marins qui prennent le large à partir du même port et qui souhaitent se diriger dans des directions opposées ? Le vent soufflera-t-il du nord ou du sud ! Comment feras-tu pour satisfaire les deux hommes qui se présenteront devant toi : l’un d’eux – Mordé’haï – sera Juif, tandis que l’autre – Haman – le haïra ? ! Tu seras obligé d’honorer l’un d’eux et de pendre l’autre. »

Rav Houna ajoute : Aujourd’hui, il est impossible de combiner les vents venant de directions opposées ; mais, à l’époque du Machia’h, D-ieu fera souffler tous les vents pour sauver Son peuple, ainsi qu’il est écrit (Isaïe 43 – 6) : « Je dirai au Nord : ’Donne !’ – au Sud : ‘ Ne les retiens pas ! Ramène des pays lointains mes fils, et des confins de la terre mes filles !’ »

Il n’existe qu’Un seul Roi qui fasse la volonté de Ses sujets ; c’est Hachem, ainsi qu’il est dit dans les psaumes à propos de la Guéoulah : « Il accomplit les désirs de Ses fidèles ; Il entend leurs supplications et Il les délivre. »