Source : Likouté Si’hot volume 18, troisième Si’ha sur Balak

Sous l’égide de la Paracha Balak se déroule une attaque personnelle lancée par Zimri contre Moché Rabénou. L’Israël antique se trouve à Chittîm et le peuple succombe à la débauche des filles de Moav. Parmi la multitude, Zimri, un israélite, introduit la Midianite Kozbi dans la communauté. Ce spectacle se déroule sous les yeux de Moché et de tous les enfants d’Israël, une vision qui les réduit aux larmes.

Ils s’adressent à Moché, lui demandant si cette femme est interdite ou permise. Et si elle est interdite, qui a autorisé l’union de Moché avec la fille de Yitro ? La loi stipule que quiconque s’unit à une Aramith peut être tué par ceux qui sont jaloux. Mais Moché oublie cette loi, créant une opportunité pour Pin’has de prendre sa part.

En explorant cette scène, plusieurs questions se posent. Pourquoi Moché avait-il le droit d’épouser Tsipora, la fille de Yitro ? Selon le commentaire de Rachi sur le Talmud de Sanhédrin, Moché a épousé avant la remise de la Torah, quand les enfants d’Israël étaient encore Noachides et que Tsipora, comme d’autres convertis, s’est jointe à eux. Mais Zimri, chef de tribu, a-t-il pu ignorer la différence entre un mariage contracté avant et après le don de la Torah ? Et pourquoi aucune réponse à cette question n’est-elle enregistrée dans le Talmud ?

L’autre question qui se pose concerne le droit de Moché, en tant que Cohen, d’épouser une convertie. Selon le Talmud, une femme convertie ne peut pas épouser un Cohen, car elle provient de nations qui s’adonnent à la débauche. Cependant, on dit que Moché n’était Cohen que pendant les sept jours d’inauguration du Tabernacle.

Zimri, en soulignant que la fille de Yitro avait été autorisée pour Moché, faisait allusion à l’interdiction pour un Cohen d’épouser une convertie. L’interdiction de la convertie est liée à son origine dans des nations idolâtres. Mais comment répondre à cet argument ? Pourquoi cette réponse n’a-t-elle pas été donnée à Zimri ?

Il y a une autre possibilité. Si Moché avait effectivement divorcé discrètement de Tsipora… Dans le Talmud, on trouve une indication que Moché aurait pu se séparer de son épouse. Il l’a fait de sa propre initiative, avec l’approbation de D.ieu, pour atteindre la prophétie. Moché a aussi ajouté un jour supplémentaire de préparation au don de la Torah et a brisé les Tables de la Loi.

Moché s’était marié avant que l’interdiction de prendre une convertie comme épouse ne soit promulguée. Si un simple Cohen se fiance avec une femme veuve et qu’il est ensuite nommé Cohen Gadol, il peut finaliser son mariage. Cette règle s’applique également à Moché, car son mariage était déjà contracté, d’une manière licite : même après être devenu Cohen, la fille de Yitro lui restait permise, malgré sa conversion.

Le silence de Moché face à l’argument de Zimri soulève des questions. Zimri, lui, était en désaccord avec cette interprétation de la Torah orale et selon lui, Moché aurait dû divorcer. Pourtant, Moché ne pouvait pas réfuter cet argument car selon la Hala’ha, un Sage n’est pas autorisé à enseigner une loi sur laquelle il est personnellement concerné.

Cette histoire nous enseigne qu’il n’est pas toujours nécessaire de répondre aux questions d’autrui. Parfois, les questions posées visent à justifier ce que la Torah interdit. Dans ces cas, le meilleur moyen de vaincre l’opposant n’est pas par le dialogue, mais par la détermination qui transcende toute rationalité.

La conduite de Pin’has illustre cette leçon. Il ne s’est pas laissé entraîner dans le dialogue et a pris des risques pour venger l’honneur de D.ieu, en tuant Zimri, sans demander l’avis de personne. Comme Pin’has, le Rabbi précédent, dont nous célébrons la libération, a constamment risqué sa vie pour diffuser la Torah et le judaïsme, sans tenir compte des objections de certains. Mais un vrai Chef d’Israël se distingue par sa générosité et sa miséricorde, même lorsqu’il s’agit de venger l’honneur de D.ieu.

Comme une étoile solitaire dans l’obscurité, Pin’has s’éleva parmi ses pairs et brilla d’un courage inébranlable. Il ne s’est pas embourbé dans des discussions inutiles, il n’a pas cherché l’approbation de ses pairs. Au lieu de cela, animé par une dévotion ardente, il a risqué sa propre vie, en supprimant Zimri, pour venger l’honneur divin. Sa méthodologie, bien que sévère, était inévitable dans le contexte de l’outrage infligé à l’honneur divin.

Le Rabbi précédent, dont nous célébrons avec ferveur et joie la libération le 12 et 13 Tamouz, a arboré un courage semblable. Indifférent aux remontrances de certains, qui affirmaient qu’il n’était pas nécessaire de mettre sa vie en jeu pour chaque cause, il a constamment risqué sa vie dans le but de propager la Torah et le judaïsme. Lorsqu’il s’agit de défendre une cause divine, aucun risque ne semblait trop grand, aucune épreuve trop accablante.

Néanmoins, il est crucial de souligner qu’un véritable chef d’Israël, même dans l’accomplissement de la « vengeance divine », le fait avec générosité et bénédiction. La justice est mise en œuvre non pas par des actes de violence brutale, mais avec bonté et compassion. C’est dans cette fusion délicate de justice et de miséricorde que se trouve le véritable leadership.