Début de la Levaya à Shamgar : 47:12
Arrivée au Mont des Oliviers : 3:32:00

 

Esped prononcé par son fils,  Albert Pinto

Avec la permission de cette illustre assemblée, de tous les Grands Rabbanims venus accompagner notre cher Père, Baroukh ben Rahel Ve Moche Pinto, vers sa dernière demeure, je prends la parole aujourd’hui avec beaucoup d’émotion, dans ce lieu unique si chargé en symboles, le Har Hazetim, d’où aura lieu la Tehiyat Hametim, juste devant le Kotel, et le futur Temple reconstruit, pour vous dire combien nous sommes tristes ce jour, et j’associe notre famille, nos amis mais aussi toutes nos communautés: Fez, Casablanca, Paris 16ème, Neuilly, Surennes, Tel-Aviv et Jérusalem.

Merci à vous tous d’être venus aussi nombreux et aux milliers d’amis connectés par internet.

Votre présence, vos gentils messages nous réconfortent tellement, même si nos cœurs meurtris saigneront longtemps.

Si cette pandémie a tant affecté nos proches à travers le monde, elle ne doit pas rester sans enseignements.

Cette maladie, si sournoise si imperceptible, si vicieuse, doit nous obliger à nous protéger, bien entendu sur le plan physique et médical mais également sur le plan spirituel.

Justement nous devons nous inspirer du comportement exemplaire de notre cher père et apprendre a voir justement, toutes les subtilités de sa vie, de son comportement, de son attitude, de ses gestes, de ses paroles pour s’en servir de modèle.

Les grandes valeurs qu’il incarnait pourraient presque passer inaperçues, tant il s’effaçait devant autrui. Mais c’est à ce moment là qu’il faut ouvrir les yeux et voir ces choses si imperceptibles, si simples mais en même temps si difficiles à atteindre.

Ce grand homme était d’une grande discrétion et d’une extrême modestie (alors qu’il avait tout pour parader et s’enorgueillir). Il a su maîtriser tous ses caractères et ses Midot.
Comme l’ont recommandé nos sages, il ne se mettait jamais en colère, fuyait les honneurs et l’orgueil, puisait son épanouissement dans sa famille, les prières, et l’étude de la Thora.

Il avait toujours la parole mesurée et le mot juste, presque trop concentrée, trop dense pour être déchiffrée immédiatement. Il fallait parfois prendre des notes, pour en saisir la grande teneur en enseignement.

Il s’intéressait à tous les sujets, car son intelligence n’avait pas de limites.

Il aurait tellement excellé dans les universités ou dans les yeshivot, s’il ne s’était pas sacrifié trop tôt pour remplacer, puis aider son père dans les affaires familiales.

Comme le Pirke Avot nous l’a montré ce Chabbat: « Eze hou hakham? halomed mikol Adam ». Il avait soif de connaissances, mais quand il les avait accumulées, il ne les étalait jamais.

La médisance, devenue si habituelle dans notre société, n’a eu aucune emprise sur lui. Personne ne l’a jamais surpris à colporter, ni juger négativement autrui, pas même ses concurrents commerciaux.

En France, en Israël ou au Maroc, où il a mené sa brillante carrière d’entrepreneur, il n’a jamais lésé ses partenaires.

Tout le monde voulait s’associer avec lui tant il était intègre. Il n’a laissé ni dettes ni rancunes, seul un immense abime.

Il se pressait pour aller faire des mitzvot, des bonnes actions, recherchait tellement la compagnie des grands Rabbanim, pour lui même s’en inspirer.

Depuis tout petit, il a toujours cherché la compagnie des plus sages, de Sidna Baba Salé (qui a été son Sandak et l’a nommé comme son fils, Baba Baroukh).

Il a grandi et évolué aux côtés des plus grands de ce monde: Morenou Verabenou le Rav Yekoutiel Abouhassira, le Rav Chlomo Amsellem, le Rav Yehouda Ittah, Rabbi Yedidia et Rahamim Monsonego et ses enfants, le Rav Haikin, Rav Weill, le Rav Chlomo Frech, le Rav Philippe Baroukh, le Rav Katz, le Rav Yehia Benchetrit, Rabbi David Pinto, le Rav Yochyahou Pinto, Rabbi Chalom Messas et même le Gadol Hador le Rav Kaniewski, et tellement d’autres…

Et c’est là que prend tout son sens: la transmission trans-générationelle. Encore une fois, le Pirke Avot démarre ses premiers mots, en nous enseignant que la Thora a été transmise à Moché Rabenou sur le Har Sinaï, qui l’a transmise à Yehochouah et lui même aux membres de la grande Knesset et ainsi de suite jusqu’à arriver à nos ancêtres, nos grands parents et maintenant notre père.

Il s’en est tellement imprégné qu’elle est maintenant inscrite dans nos gènes. Alors, continuons ce devoir de mémoire, d’étude et de transmission.

Apprenons à rouvrir les yeux pour déceler en autrui, comme l’a fait notre père, tous les bons côtés. Jugeons toujours notre prochain Lé Kav Zekhout, en lui accordant le bénéfice du doute.

Après tout! Rabbi Akiba n’a-t-il pas résumé toute l’essence de la Thora en quelques mots: « Veahavta le reekha kamokha », tu aimeras ton prochain comme toi même?

Alors voilà Papa, aujourd’hui, comme le dit le Pirke Avot: à 80 ans, Ben Chmonim La Guevoura (en pleine Force) tu pars de ce monde matériel vers le paradis, au Gan Eden, rejoindre tes parents Moché et Rahel ainsi que tes trois frères, Raphael, Isaac et Eli.

Pars tranquille, même si nous n’avons pas assez profité de toi.

Continue de nous protéger comme tu l’as toujours fait et nous ici, nous nous occupons de maman et de chacun des membres de notre famille.

Car tu as toujours été, tu seras à jamais un modèle pour nous.

Tehi Nafcho Tzeroura Bissrorat Haim.