De Pessah, la Pâque juive, jusqu’à Chavouot, fête du don de la Torah et, dans certaines communautés (‘Habad, par exemple) jusqu’à Roch Hachana, le Nouvel an juif, on lit, chaque Chabbat, après la prière de l’après-midi, un chapitre des Pirkei Avot, les Maximes de nos Pères.
Les Pirkei Avot sont composés d’un ensemble de préceptes, expression d’une morale élevée, d’un idéal de vie que nous sommes conviés à faire nôtre, comme nous le dit le traité talmudique Baba Kama : « Celui qui veut se comporter comme un ‘hassid, atteindre un grand niveau de piété, dépasser la simple règle religieuse, celui-là doit pratiquer les Maximes de nos Pères ». Ce n’est évidemment pas par hasard que cette lecture commence à Pessa’h, au moment du grand réveil de la nature. L’hiver, période d’engourdissement est achevé. D’immenses forces reprennent vie qui ouvrent à de nouveaux développements spirituels. Mais qui portent aussi le risque de dégénérer en appétits grossiers.
Dans cette perspective, les Pirkei Avot sont comme une sorte d’antidote, une Sagesse qui doit nous aider à canaliser positivement cette énergie nouvelle. Ce que nous disent profondément les Maximes c’est, en effet, la grandeur de la recherche d’une perfection morale, de l’effort d’élévation spirituelle opposés à la satisfaction (dont chacun sait d’ailleurs qu’elle laisse insatisfait) des désirs grossiers.
Une question pourtant : cette lecture s’impose à chaque juif. A celui pour qui la lutte entre ces deux dimensions contraires reste d’actualité comme à celui qui a définitivement dompté ses appétits matériels, qui a déjà su faire de la matière un réceptacle pour le divin. Comment, se demandera-t-on alors, imposer la même étude à deux personnalités aussi différentes ?
Celui qui n’a pas encore su se libérer de l’oppression des désirs du monde est néanmoins perfectible. Il porte en lui une âme divine, expression de l’essence même du Créateur et tout lui est donc possible. Quant à l’autre, il sait qu’il n’y a pas d’état stationnaire, qu’il faut, jour après jour avancer, aller vers un niveau de raffinement plus grand. Car c’est bien cela la marque de l’humain : la capacité de s’incarner dans le temps, c’est-à-dire de progresser. loubavitch.fr
CHAPITRE 1
Moïse reçut la Torah au Sinaï et la transmit à Josué; Josué la transmit aux Anciens, les Anciens aux Prophètes et les Prophètes la transmirent aux Hommes de la Grande Assemblée. Ceux-ci énoncèrent trois principes : soyez circonspects dans le jugement, formez de nombreux disciples et établissez une clôture autour de la Torah.
Cette Michna ne vient pas expliquer seulement l’ordre de transmission de la Torah depuis Moché jusqu’aux
hommes de la grande assemblée .
Elle vient également nous enseigner les valeurs nécessaires afin de pouvoir étudier la Torah. Il suffit pour cela d’observer le comportement de Yehochoua, des anciens, des prophètes et des hommes de la grande assemblée.
Moché Rabénou – il est dit sur lui : « Rappelez-vous de la Torah de Moché mon serviteur ». Nos Sages nous enseignent qu’au vu du dévouement de Moché pour la Torah elle est appelée sur son nom. Moché fit preuve d’une humilité et d’un don de soi hors du commun.
C’est donc la préparation nécessaire à la Torah et celle par laquelle nous sommes capables d’intégrer son message.
Yehochoua – sa particularité était son assiduité absolument exceptionnelle : « Il ne sortait pas de la tente ». Toutes ses forces étaient dévouées à l’étude de la Torah et c’est également l’une des valeurs nécessaires pour étudier la Torah.
Nos Sages nous disent:« la Torah ne fut donnée qu’a ceux qui mangèrent la Manne ». Bien que la Torah fût donnée à toutes les générations, il est toutefois exigé que lorsqu’un Juif étudie la Torah il y consacre toute sa personne . Et ce, à l’image de ceux qui mangeaient la manne et étaient donc libres de toute occupation matérielle.
Les anciens – quelle est la définition d’un ancien ? Nos Sages nous disent : « Celui qui a acquis la sagesse». Il ne suffit pas d’être humble et assidu, ce n’est qu’une préparation à l’étude . Il est nécessaire de se fatiguer pour l’étude, ce n’est qu’ainsi que l’on« acquiert» la Torah. Le Titre d’ancien n’est acquis que par celui qui s’est fatigué pour l’obtenir.
Les prophètes – il s’agit des personnes à qui D.ieu s’est révélé.
Le lien entre l’étude et la révélation est essentielle, en effet le but de l’étude est qu’elle amène à l’action. L’on se doit « de conclure l’étude d’après la hala’ha tranchée ». Pour ce faire, il est nécessaire d’avoir une aide divine, comme nous le disent nos Sages : « D.ieu est avec lui » ; « lorsque la hala’ha est comme lui », comme nous l’avons dit plus haut il s’agit-là de la révélation divine, si évidente chez les prophètes.
Les hommes de la grande assemblée – leur rôle était de donner la hala’ha concrète et d’instituer de nouveaux
principes . Il fallait pour cela étudier de manière très profonde. Nos Sages nous disent que «La hala’ha n’est apprise que lorsque que l’on dit clairement que c’est une hala’ha »
Car lorsque l’on étudie dans le but de connaitre la hala’ha concrète, la fatigue et la recherche sont d’un niveau très élevé.
Cette dernière est d’un niveau très élevé, c’est avec lequel on arrive à la vérité.
(Si’hot Kodech, Chabot Parachat Nasso, 5736-1976)