Pirkei Avot chapitre 3 Michna 5:
« Rabbi Nehounia ben HaKana dit : « Quiconque accepte sur lui le joug de la Torah, on retire de lui le joug du royaume et le joug des occupations terrestres »
Tu n’as pas envie d’étudier la Torah ? N’attends pas d’avoir de la vitalité et de l’envie, étudie en acceptant le joug du Royaume des Cieux ! Les affaires de ce monde troublent et submergent notre vitalité, et l’étude avec acceptation du joug enlèvera elle-même le joug des affaires mondaines qui t’empêchent d’étudier :
« on retire de lui le joug du royaume et le joug des occupations terrestres », alors tu réussiras à étudier aussi avec joie et enthousiasme.
« L’homme est né pour l’effort » (Job 5:7) et dans ce monde les choses ne vont pas facilement et sans effort, dans tous les cas un joug te sera imposé, mais il est entre tes mains de décider si le joug sera celui de ce monde ou celui de l’étude de la Torah. « Toujours l’homme doit se considérer par rapport aux paroles de Torah comme un bœuf au joug et un âne au fardeau » (Avoda Zara 5b).
Les deux types de joug sont similaires intérieurement, c’est pourquoi l’homme peut les échanger : l’essentiel du joug dans les affaires mondaines est l’agitation de la pensée de l’homme et la difficulté à décider comment exactement et en quoi investir dans les détails du travail pour sa subsistance. Ce joug peut être remplacé par l’étude de la Torah qui, elle aussi, absorbe l’homme dans des raisonnements et des analyses dans un sens et dans l’autre, et constitue un substitut positif au joug des occupations terrestres. Comme il est écrit dans le Zohar (I 27a) sur les détails du travail en Égypte : « ‘Par un travail pénible avec de l’argile et des briques’ (Exode 1:14) – ‘par un travail pénible’ c’est la difficulté, ‘avec de l’argile’ c’est le raisonnement a fortiori, ‘et des briques’ c’est l’éclaircissement de la loi ».
Tu as envie, tu as une grande envie, de l’assiduité, de l’enthousiasme, du plaisir et de la jouissance de l’étude de la Torah ? Ne te contente pas seulement du plaisir, ajoutes-y aussi l’acceptation du joug. Il est facile de comprendre que si l’étude de la Torah reste dans le cadre du seul plaisir, quelque chose d’essentiel y manque. Il est naturel et convenable de prendre plaisir aux paroles de Torah et d’en jouir, mais par l’acceptation du joug l’homme s’élève au-dessus de sa nature et se connecte à la divinité dans la Torah. Ainsi, l’homme ‘sort complètement de lui-même’ et devient un instrument pour la divinité.
Pour la même raison, après que les enfants d’Israël aient dit avec enthousiasme « nous ferons et nous écouterons », le Saint, béni soit-Il, a suspendu sur eux la montagne comme un tonneau et les a forcés à accepter la Torah (Chabbat 88a).
À ce niveau élevé, nous comprendrons mieux « on retire de lui le joug du royaume et le joug des occupations terrestres ». Après tout, le royaume et les occupations terrestres ne sont pas de mauvaises choses ! La Torah elle-même dit que par eux on peut et on doit vivre dans le monde, car « la loi du royaume est la loi » (Guittin 10b) et « sans la crainte du royaume, les hommes s’entre-dévoreraient vivants » (Avot 3:2), et de même pour les affaires mondaines : « Conduis-toi avec elles selon la voie du monde » (Berakhot 35b). Mais tout cela est vrai pour celui qui se conduit selon la nature ! Par contre, un homme qui accepte sur lui le joug de la Torah qui est au-dessus de la nature devient exempt du joug naturel, car il se place au-dessus des limites du monde et il a un joug spirituel qui l’exempte du matériel.
Comment accepte-t-on le joug ? En changeant ses habitudes, même les bonnes habitudes ! Tu as étudié jusqu’au bout ? Ajoute encore un peu ! Même un grand assidu a une limite, et pour changer la nature il faut absolument accepter le joug, comme dit la Guemara (Haguiga 9b) que « celui qui révise son chapitre cent fois n’est pas comparable à celui qui le révise cent et une fois » – et apparemment, quelle est la grande différence ? Il n’a ajouté qu’une seule fois par rapport à cent fois ! Mais cette fois-ci est un changement de son habitude et une sortie de la nature, c’est pourquoi il n’est déjà « pas comparable » aux cent (!) fois précédentes. Maintenant l’homme est attaché au Saint, béni soit-Il, vraiment au-dessus de la nature, même au-dessus de la ‘nature de la sainteté’ qu’il avait auparavant.