La stratégie de Vladimir Poutine a de quoi dérouter. Allié des plus grands ennemis d’Israël, il entretient dans le même temps, des relations très suivies avec Binyamin Netanyahou. Désormais acteur incontournable au Proche-Orient, il a récemment déclaré au Premier ministre israélien qu’il comprend ses positions. Auteur de remarques antisémites, Poutine se présente pourtant régulièrement comme le défenseur de la communauté juive russe. Une communauté qu’il souhaite florissante. Dernières déclarations en date d’un leader décidément insaisissable.

 

Poutine l’insaisissable. Une devinette pour commencer, qui donnera le ton. Qui a dit : « Je dois dire qu’il existe un développement positif en Russie, des synagogues, des centres (communautaires) juifs ont été ouverts et pour tout cela je vous remercie ». Et encore: « De nombreux peuples ont existé et ont disparu, mais le peuple d’Israël a survécu, génération après génération depuis des milliers d’années. Je suis convaincu que cela a été rendu possible grâce au respect de la Thora et de ses commandements. C’est celà la perpétuation de la tradition juive à travers toutes les générations et en toutes circonstances ».

 

 

Non, l’auteur de ces phrases n’est pas un dignitaire juif de la communauté ou même un rabbin local mais bien l’homme fort du Kremlin, Vladimir Poutine. 25 ans après la chute de l’URSS, le président russe a la ferme intention de faire de la Russie, un nouvel eldorado pour la communauté juive. Et le projet du président passe entre autres par un homme qu’il qualifie de « très cher ami », le grand rabbin de Russie Berel Lazar, en fonction depuis 1990.

 

 

Poutine et les Habad
Les deux hommes se rencontrent plusieurs fois l’an. Ils font ensemble, avancer de nombreux projets qui semblent importants tant pour l’un que pour l’autre. Les 180 000 Juifs de Russie voient ainsi renaître des synagogues à travers tout le pays. Des écoles, un réseau de distribution casher ainsi que des restaurants. Des soupes populaires voient le jour et des institutions sociales pour les plus démunis. Enfin, on compte pas moins de 30 centres Habad, la mouvance religieuse à laquelle appartient le grand rabbin.

 

 

C’est indéniablement au mouvement Habad que l’on doit en grande partie la renaissance cultuelle et culturelle de la communauté juive de Russie. Grâce aux relations privilégiées et très médiatisées entretenues entre Vladimir Poutine et Berel Lazar, les incidents antisémites sont en baisse et l’attitude des autorités est généralement bienveillante. Le tout puissant maître du Kremlin donne le ton et les autres suivent.

 

 

Poutine fait virer son salaire au musée juif de Moscou
La petite synagogue Marina Roscha ultra surveillée, consentie par les autorités soviétiques en 1925 à la communauté juive, a bien changé sous Poutine. Aujourd’hui, outre le lieu de prière restauré, se dresse un immense complexe hautement sécurisé qui comprend une magnifique synagogue, un centre communautaire mais également le musée du Judaïsme et de la tolérance qui a remporté le prix spécial de l’Unesco (sic).

 

 

Le président Poutine le visite régulièrement. Lors de son dernier passage, il a annoncé son intention de contribuer personnellement au financement du musée. Quelques jours plus tard, la communauté juive médusée, apprenait que le président avait décidé de reverser son salaire mensuel au musée juif. Là encore, Poutine donne l’exemple. De nombreux fonctionnaires russes lui ont emboîté le pas. N’est-ce pas d’ailleurs le même Poutine qui a récemment appelé les Juifs d’Europe de l’Ouest, victimes des attentats et de la résurgence de l’antisémitisme…à venir s’installer en Russie. Une invitation bien sûr restée lettre morte. Mais qu’importe, en politique, c’est souvent l’intention qui compte…

 

 

Quand Poutine dérape
Reste que le président russe laisse parfois échapper des propos qui choquent sur les juifs. Le mois dernier, dans une interview accordée à NBC news, Poutine a été interrogé sur les Russes arrêtés pour ingérence électorale américaine. « Je m’en fiche, car ils ne représentent pas le gouvernement », a déclaré M. Poutine.

 

 

« Peut-être qu’ils ne sont même pas Russes, mais Ukrainiens, Tatars, ou Juifs, mais avec la citoyenneté russe, ce qui devrait aussi être vérifié. Peut-être qu’ils ont une double citoyenneté ou une carte verte. Ou alors les Etats-Unis les ont payés pour cela. Comment pouvez-vous le savoir ? Je ne sais pas non plus », a-t-il dit.

 

 

Le Comité juif américain [AJC] a demandé à Poutine de « clarifier ses propos au plus vite », affirmant que ses remarques « rappelaient étrangement les Protocoles des Sages de Sion ».

 
 

LPH