Traduit par le Rav Haïm Mellul

Sécher les larmes des Juifs

Notre maître, le Baal Chem Tov, est né en 5458 (1698). La même année, à Amsterdam, on a imprimé le Chneï Lou’hot Ha Berit avec des caractères lumineux. Mon arrière-grand-père et maître, le saint Rabbi Tséma’h Tsédek étudiait avec précision les mots de l’Admour Hazaken. Ce dernier a enseigné que les Tsaddikim sont à l’image de leur Créateur et mon arrière-grand-père et maître, le Tséma’h Tsédek, en a déduit une importante précision. Lors du don de la Torah, il y avait, dans les dix Commandements, des Injonctions et des Interdictions. Et, il en fut de même également lors de la révélation du Baal Chem Tov. Il y avait aussi des Injonctions et des Interdictions.

Les interdictions sont le fait que le Baal Chem Tov a séché les larmes des Juifs. On sait, en effet, qu’il a mis un accent tout particulier sur la joie. Il a fait en sorte qu’un Juif soit heureux d’être Juif. Notre maître, le Baal Chem Tov, à l’âge de dix ans, était déjà membre de la confrérie des Tsaddikim cachés. A dix-sept ans, il prit l’habitude de se déplacer en tout endroit pour raffermir la foi en D.ieu dans le cœur de nos frères, les enfants d’Israël. Il portait alors un manteau de fourrure court au-dessus de son vêtement, comme les simples Juifs des villages.

Une fois, le Baal Chem Tov est parvenu dans une bourgade juive dont les habitants étaient agriculteurs. C’était le milieu de l’été, en période de sécheresse. Il n’y avait pas eu de pluie depuis bien longtemps. Les produits du champ et de la vigne étaient asséchés. Le petit bétail et le gros bétail étaient malades de la peste. C’était une période de grands malheurs.

Ces villageois craignaient D.ieu et ils éveillèrent en eux un sentiment de Techouva, mais ceci resta sans effet. Ils décidèrent alors de faire venir un prédicateur qui leur ferait des reproches et les conduirait à la Techouva. C’est effectivement ce qu’ils firent. Tous les Juifs de la ville se réunirent à la synagogue et le prédicateur ne fut pas avare de mots. Il souffla du souffre et des tisons sur ces simples Juifs. Toute l’assemblée sanglotait, d’une façon terrible.

Notre maître, le Baal Chem Tov était également présent dans la synagogue et il observa la peine de ces Juifs. Il entendit les pleurs des hommes et des femmes. Il s’adressa au prédicateur, qui leur faisait des reproches et il lui dit, d’une voix puissante :
« Pourquoi en voulez-vous à ces Juifs ? Ils sont bons ! »

Puis, il poussa un cri et dit encore :
« Juifs ! Venez danser avec moi. Après la prière de Min’ha, il pleuvra ! ».
Tout d’abord, on l’observa curieusement. Avait-il perdu la raison, ce qu’à D.ieu ne plaise ? Notre maître, le Baal Chem Tov cita ensuite des enseignements de nos Sages confirmant ses dires. Et, ces personnes écoutèrent ses propos d’encouragement, de foi en le salut divin, fortifièrent leur foi et dansèrent avec notre maître, le Baal Chem Tov.

Alors que tous les Juifs dansaient, il commença à pleuvoir, d’une manière satisfaisante. Notre maître, le Baal Chem Tov leur accorda une bénédiction de satiété. Cependant, les larmes des Juifs, que le Baal Chem Tov a effacées, sont uniquement celles qui ont trait aux domaines matériels, aux enfants, à la santé, à la prospérité. En revanche, pour ce qui est du service de D.ieu, dans sa dimension morale, pour ce qui concerne la Torah et la prière, l’humilité reste toujours nécessaire. (Discours du Rabbi Rayats, Séfer Ha Si’hot 5701-1941, page 132)

Un ‘Hassid plein de vie

Reb Israël « plein de vie » était l’un des ‘Hassidim du Baal Chem Tov. Ayant atteint un grand âge, à quatre-vingt-dix ans ou peut-être même encore plus que cela, il priait encore et récitait les versets du Tana’h avec le même enthousiasme qu’un jeune homme. Il répétait sans cesse que : « une Mitsva sans ferveur est telle un corps sans âme ». Et, cette ferveur est précisément la conscience de Celui Qui ordonne la Mitsva.

La Mitsva est une Injonction, émanant de Celui Qui ordonne, « Je suis l’Eternel Qui t’ai fait sortir du pays de l’Egypte », du Créateur, béni soit-Il, Qui fait sortir un Juif de toutes les boues :
« Moi, Isrolik, qui ne suis rien, j’ai le mérite de mettre en pratique une Injonction du D.ieu unique, béni soit-Il. Je dois sauter et danser avec une joie immense ! ».

Quand Reb Israël voyait un homme triste ou mélancolique, il ne le laissait pas partir avant de lui avoir expliqué qu’il commettait une profonde erreur. Il savait le faire avec de bons mots, mais, parfois, il prononçait aussi des termes incisifs. Il disait alors :

« Ecoute, pourquoi es-tu à ce point en colère, parce que tu es pauvre ou malade, ce qu’à D.ieu ne plaise, ou encore frappé d’un autre malheur qui peut arriver aux autres ? Vaux-tu mieux que cela ? Tu sais bien que tu mérites ce qui t’arrive ! Ne sois pas sot ! Embrasse cette branche et accepte ton sort avec amour ! Alors, notre Père te donnera une confiserie. » (Discours du Rabbi Rayats, Likouteï Dibbourim, tome 1, page 114)

 

‘Haïm qui sait

Il y avait, à Lyozna, un homme que l’on appelait ‘Haïm « qui sait ». Cet homme était pauvre et il souffrait de nombreux maux. Son épouse était mauvaise et lui rendait la vie amère, mais lui était toujours joyeux et enthousiaste. A propos de tout ce qui parvenait à ses oreilles, il disait : « Je sais le faire ».

Une fois, il entendit une explication de l’Admour Hazaken selon laquelle l’expression : « on la fait jurer d’être un Tsaddik » signifie que l’on rassasie l’âme des forces nécessaires pour atteindre cet objectif. Il dit alors : « Je sais le faire. Rien ne m’en empêche. »
Lorsque le mauvais penchant lui demandait : « Comment y parviendrais-tu, dans ta situation ? »,
Il répondait : « Je sais tout faire. »
C’est pour cette raison qu’on l’appelait ‘Haïm « qui sait ».

En vérité, chacun peut en dire de même, y compris l’homme simple qui ne sait pas étudier la Torah, qui ne comprend même pas le sens des mots, qui sait seulement lire les mots : « Heureux l’homme qui… ». Lui aussi peut y parvenir, y compris par ses forces révélées et, plus encore, par la perfection de son âme. Car, chacun possède toutes les forces nécessaires, même si celles-ci sont cachées. C’est pour cela qu’un homme simple peut avoir un fils Tsaddik et sage, comme on le sait.

En effet, en l’essence de son âme, chacun possède toutes les forces et tous les sens. Mais, ceux-ci restent cachés et un effort est nécessaire pour les révéler. Ainsi, chaque Juif peut tout faire, mais encore faut-il le vouloir ! (Discours du Rabbi Rayats, Sefer Ha Si’hot 5701-1941, page 115)

La joie de la soumission

Les ‘Hassidim âgés, il y a une cinquantaine d’années, rapportaient, en se plaignant, ce qu’ils avaient entendu des ‘Hassidim qui étaient eux-mêmes âgés à leur époque, d’après les explications de Torah données par le Rabbi. Durant les premières années, quand l’Admour Hazaken a fondé ce que l’on appelait alors les ‘Hadarim, avec des élèves possédant de grandes aptitudes intellectuelles et d’immenses connaissances, il leur donna l’explication suivante, concise et incisive, avec une flamme froide et un court mot d’explication. Voici son commentaire :
« Servez D.ieu dans la joie » : dans le service de D.ieu, il y a deux formes d’amertume du passé et de joie en l’effort de soumission, pour l’avenir. Ainsi, un commerçant, aussi riche qu’il puisse être, multipliera les efforts, avec beaucoup d’abnégation, pendant les jours longs et chauds de l’été comme pendant les jours froids et neigeux de l’hiver. Le don qu’il fera de sa personne sera toujours le même. Il doit donc en être de même pour le service de D.ieu, pour l’effort de soumission envers Lui, y compris dans les situations les plus difficiles. Il est nécessaire de ressentir une joie de l’esprit, parce que l’on a le mérite d’être un serviteur de D.ieu. (Discours du Rabbi Rayats, Sefer Ha Si’hot 5708-1948, page 250)

Lumière de la vérité

Lorsque le saint Rabbi Mena’hem Na’houm de Tchernobyl quitta ce monde, Reb Pin’has, le père de Reb Lévi Its’hak le conteur, s’attacha au saint Rabbi Morde’haï de Tchernobyl et il devint l’un de ses disciples les plus proches. Quand un enfant du saint Rabbi Morde’haï épousa un enfant de l’Admour Haémtsahi, la date du mariage venue, Reb Pin’has fut l’un de ceux qui accompagnèrent le saint Rabbi Morde’haï au mariage, devant être célébré dans la ville de Jlobine.

Reb Pin’has raconta ceci à Reb Lévi Its’hak, son fils : « A l’époque, on admettait, dans notre région, que les lituaniens, pour la plupart, y compris ceux qui étaient des ‘Hassidim, pratiquaient l’ascétisme. Ils multipliaient les jeûnes et les mortifications, marchaient dans la rue avec un foulard couvrant leur visage afin de ne pas voir plus loin que les quatre coudées qui les entouraient. J’ai vu le Rabbi des lituaniens, mais lui-même ne donne aucune indication sur ce que font ses ‘Hassidim. Quand nous sommes arrivés à Jlobine, j’ai pu constater que les ‘Hassidim sont des hommes comme nous. Certains d’entre eux sont très joyeux. Cela me semblait étrange et j’ai donc interrogé le Rabbi : ‘Vos disciples sont érudits et ils craignent D.ieu. Ils connaissent de nombreuses explications de ‘Hassidout, car ils ont multiplié les efforts pour les étudier et s’y investir. En revanche, d’où émane leur joie ? Car, ils sont effectivement très joyeux !’.

Le Rabbi m’a répondu ceci : ‘La joie des ‘Hassidim émane de la Lumière de la Vérité. Ils savent ce qu’ils doivent être et ils savent ce qui ne va pas.’
J’ai dit : ‘S’ils savent ce qui ne va pas, pourquoi sont-ils joyeux ?’.
Le Rabbi a répondu : ‘La connaissance de la maladie est la moitié de la guérison. On est donc joyeux parce que l’on sait comment guérir la maladie’. » (Discours du Rabbi Rayats, Sefer Ha Si’hot été 5700-1940, page 148)

 

Deux ‘Hassidim

Le ‘Hassid, Rav Avraham Ber de Babroysk a raconté qu’il y avait deux ‘Hassidim, dans cette ville, l’un qui pleurait facilement et l’autre qui était joyeux. Tous les deux servaient D.ieu profondément, en prolongeant leur prière. On demanda à Rav Avraham Ber comment ces deux formes du service de D.ieu pouvaient être à ce point opposées. Il répondit ceci :
« L’un est amer, car il médite à la source de son âme et à ce qu’elle est maintenant. C’est ce qui le rend amer. L’autre médite à ce que son âme est maintenant et à ce qu’elle sera plus tard, au fait que son devenir dépend de son service de D.ieu, à l’heure actuelle. C’est ce qui le rend joyeux. »

Le ‘Hassid, Rav Avraham Ber a expliqué que le service de D.ieu de l’homme qui est joyeux est le plus haut. Car, l’amertume est comme un traitement qui est efficace uniquement s’il est administré en le temps qui convient. En revanche, quand il est pris en permanence, il cesse de guérir et il n’a plus aucune utilité. Il n’en est pas de même, en revanche, pour le second, qui consiste à être toujours joyeux. Tout d’abord, la joie possède une qualité intrinsèque, celle d’ouvrir le cerveau et le cœur. A fortiori en est-il ainsi lorsque l’on se réjouit des révélations du monde futur. (Discours du Rabbi Rayats Sefer Ha Si’hot été 5700-1940, page 154)

Fautes et Mitsvot de la Torah

Le Rabbi, l’Admour Hazaken a dit ceci : « J’ai reçu de mon grand-père, notre maître le Baal Chem Tov, dont l’âme est en Eden, que la folie, non pas uniquement l’esprit de folie, mais bien la folie proprement dite, ce que les hommes appellent un homme qui n’est pas intelligent, la tristesse et la conscience de ses propres qualités sont, pour les ‘Hassidim, des fautes de la Torah. La sagesse, ce que les hommes appellent un homme qui est intelligent, la joie, obtenue en découvrant, en toute chose, un aspect favorable et réjouissant et l’empressement, dans la mesure, sont, pour les ‘Hassidim, des Mitsvot de la Torah. » (Discours du Rabbi Rayats, Sefer Ha Si’hot 5700-1940, page 52)

Joie de la délivrance

Non seulement la joie brise toutes les limites, y compris celles de l’exil, mais, en outre, elle possède une vertu particulière. Elle conduit vers la délivrance. (Discours du Rabbi, Chabbat Parchat Tétsé 5748-1988)