Spécial 9 Av – lois et coutumes relatives au jeûne du 9 Av et aux jours qui l’entourent (Vendredi 7 Av, Chabbat 9 Av, Lundi 10 Av).
Vendredi 8 Av
Ce Chabbat, on consommera du vin et de la viande. Toutefois, on ne goûtera pas les plats carnés avant Chabbat. Et pour savoir si un plat est assaisonné, on le goûtera mais sans avaler.
Comme d’ordinaire, on se coupe les ongles, on se trempe au Mikvé (sans s’y attarder) et on porte ses vêtements propres de Chabbat. Cependant, on ne récitera pas la bénédiction “CheHé’héyanou”, pas même durant Chabbat.
Chabbat 9 Av
Lecture de la Torah : Pour la deuxième montée, on débute au verset “Eikha Essa” (Devarim, 1:12).
Avant Moussaf : Av Hara’hamim.
Après ‘Hatsot : Il est préférable de n’étudier que des sujets autorisés à Tich’a BeAv. Ainsi, on achèvera, avant ‘Hatsot, les études quotidiennes du ‘Hitat, du Rambam, les lois concernant la reconstruction du Temple, etc. Si ce n’est pas possible, on pourra malgré tout étudier ces sujets jusqu’au coucher du soleil. De même, on pourra terminer la lecture hebdomadaire du ‘Houmach avec sa traduction en araméen, jusqu’au coucher du soleil. On pourra également prolonger un Farbrenguen, un cours fixe en public, ou une étude de ‘Hassidout.
Min’ha :
On s’efforcera de prier Min’ha plus tôt que d’habitude (afin de pouvoir manger lors de la Se’oudat HaMafseket). On ne dira pas Tsidkatekha. On ne lira pas les Pirkeï Avot.
Se’oudat HaMafseket :
Pendant ce repas, on mangera de façon normale, sans montrer de signe de deuil. On pourra même manger de la viande et boire du vin (sans œuf dans la cendre, cette année). Si trois hommes ou plus ont mangé ensemble, ils réciteront le Zimoun (contrairement aux autre années). Il faudra terminer le repas avant le coucher du soleil.
À partir du coucher du soleil :
Il sera interdit de se laver, de manger ou de boire. Toutes les autres lois concernant le deuil entrent en vigueur à la sortie de Chabbat, uniquement.
Il sera interdit de préparer les Kinot (lamentations), les chaussures en toile, de retourner les bancs, ou de retirer la Parokhet (rideau de l’Arche), etc. avant la fin de Chabbat.
Sortie de Chabbat
Immédiatement après la fin de Chabbat, avant de faire quoi que ce soit, il faudra dire “Baroukh HaMavdil Ben Kodech Le’Hol”. Pas de Havdala : on récitera seulement la bénédiction sur la flamme, à la maison si possible, afin de rendre quittes les personnes présentes. On ne dira pas Veyitène Lekha.
On pourra faire la Havdala pour celui qui doit manger (pour des raisons médicales), et si nécessaire, une autre personne qui ne jeûne pas, comme un enfant de plus de cinq/six ans, pourra boire le vin. On ne récitera pas le passage Hiné E-l Yéchou’ati et on ne sentira pas de Bessamim.
On enlèvera ensuite ses chaussures et on les remplacera par des chaussures ne contenant pas de cuir. En revanche, on ne retirera pas ses habits de Chabbat avant d’avoir terminé les Kinot. On pourra porter une ceinture en cuir. On retirera le rideau de l’Arche (Arone Kodech), ainsi que les tissus recouvrant la Bima et le pupitre de l’officiant (‘Amoud). On allumera juste assez de lumière pour pouvoir prier et réciter les Kinot, mais sans plus.
Jusqu’à ‘Hatsot du lendemain, on ne s’assoira pas sur un support dépassant 24 centimètres de hauteur.
Déroulement de la prière de ‘Arvit :
Dans la ‘Amida, on dira Ata ‘Honanetanou, puis on récitera le Kadich Titkabel. On lira la Meguilat Eikha, suivie de la lecture des Kinot (lamentations). On dira VeAta Kadoch (sans réciter Vihi No’am), suivi du Kadich Chalem sans Titkabel, ‘Aleinou, Kadich Yatom, Al Tira, (pour un endeuillé, les Michnayot du traité “Mo’ëd Katane”, chapitre 3) et enfin Kadich DeRabbanan.
Meguilat Eikha :
Pendant la lecture de la Meguilat Eikha, il est de coutume qu’à chaque paragraphe commençant par “Eikha”, l’officiant hausse la voix. À la fin de la lecture, l’assemblée lira le verset Hachiveinou à voix haute, avec l’officiant.
Il existe une coutume consistant à jeter, pendant la lecture des lamentations, des graines non-comestibles (‘Bobkes’) sur les fidèles. Cette coutume, (très appréciée des enfants), a pour but ‘d’empêcher’ l’assemblée de ne pas exagérer l’amertume du deuil.
Nuit du jeûne :
Nous n’avons pas pour coutume de dormir à même le sol, ou de poser la tête sur une pierre, comme mentionné par certains décisionnaires. On se montrera rigoureux vis-à-vis des contacts physiques avec sa femme et au fait de dormir dans le même lit. Quant à l’intimité conjugale, elle sera strictement interdite jusqu’à la sortie du jeûne (voir plus bas Nuit de dimanche à lundi).
Dimanche 10 Av – Quelques lois concernant le jeûne :
Jusqu’à ‘Hatsot, on ne détournera pas son attention du deuil. On ne se promènera pas, on n’effectuera pas de travail demandant du temps (sauf allumer du feu/de l’électricité, etc.). Il faudra éviter de faire la vaisselle, au moins jusqu’à ‘Hatsot, le lendemain.
Smartphones :
On ne jouera pas et on ne consultera pas non plus les nouvelles (de façon générale, la consultation des journaux et des sites d’information pose problème vis-à-vis de plusieurs interdits de la Torah et de nos Sages. Il va sans dire que les films, séries, etc. sont également concernés par ces interdits).
Commerces :
On n’ouvrira pas son magasin, sauf s’il s’agit d’un commerce alimentaire.
Cosmétique :
On ne se maquillera pas et on ne se parfumera pas (sauf une jeune mariée dans les 30 premiers jours de son mariage). L’utilisation de déodorant sera toutefois autorisée (uniquement pour éviter les odeurs désagréables).
Salutations :
On ne dira pas ‘bonjour’, ‘salut’, ‘Chavou’a Tov’ etc. Si une personne ne connaissant pas cette loi salue son prochain, ce dernier lui répondra de façon brève et neutre.
Consommation de pain durant le jeûne de Tich’a BeAv:
Celui qui consomme du pain durant Tich’a BeAv ajoutera le passage Na’hem (également récité à Min’ha) dans le Birkat HaMazone (les actions de grâce), avant la bénédiction OuVené Yerouchalaïm. Il conclura cette bénédiction par les mots : « Baroukh […] Mena’hem Tsion OuVoné Yerouchalaïm ».
Étude de la Torah et étude quotidienne :
Il est permis, et même obligatoire d’étudier à chaque instant, mais uniquement des sujets en rapport avec le deuil. Par exemple, Job (Eyov), Jérémie (Yirmeyahou), etc. À Tich’a BeAv, le Rabbi Rachab avait la coutume d’étudier le Midrach Eikha Rabba ainsi que les passages de la Guemara (Guittine 55b à 58a), relatifs à la destruction du Temple.
L’étude du ‘Hitat de Tich’a BeAv ne sera effectuée qu’après ‘Hatsot. Le Rambam du jour, quant à lui, ne sera étudié qu’à la fin du jeûne. L’étude de la ‘Hassidout sera toutefois autorisée, de préférence des sujets concernant le Temple, ou la Techouva.
On a pour coutume de faire un Siyoum ce jour-là également. (Sur le traité “Mo’ëd Katane”, les lois du deuil, ou “Hilkhot Beit HaBe’hira” du Rambam). Pour le traité “Mo’ëd Katane” (dont le 3ème chapitre peut être étudié aujourd’hui), on pourra faire un Siyoum même avant ‘Hatsot. Le Rabbi demande que l’on continue à faire des Siyoumim jusqu’au 15 Av inclus, accompagnés de dons à la Tsedaka et de Farbenguens (réunions ‘hassidiques), et l’on diffusera cette directive au plus grand nombre.
Campagne des Tefilines :
Le Rabbi demande que l’on s’efforce, aujourd’hui aussi, de faire mettre les Tefilines à un maximum de Juifs.
Cimetière :
Nous n’avons pas la coutume d’aller au cimetière aujourd’hui.
Netilat Yadaïm du matin :
Pour Netilat Yadayim on se lavera uniquement les trois premières phalanges, mais pas jusqu’au poignet. On ne se rincera pas la bouche, et, bien évidemment, on ne se lavera pas et l’on ne se trempera pas au Mikvé.
Déroulement de la prière de Cha’harit:
On ne dira pas la bénédiction Che’Assa Li Kol Tsorki (jusqu’au lendemain 10 Av). On ne mettra pas le Talit et les Tefilines, pour cette prière. Durant Baroukh CheAmar et Kriat Chema’, on ne tiendra pas les Tsitsiot. Pendant la répétition de la ‘Amida, l’officiant récitera la bénédiction ‘Aneinou, entre Goël Israël et Refaénou. L’officiant et les Cohanim sauteront la bénédiction des Cohanim (Nessiat Kapaïm). Demi-Kadich. On ne récitera pas de supplications (Ta’hanoun).
Lecture de la Torah :
On lira le passage “Ki Tolid Banim” dans la Paracha “VaEt’hanane” (1ère montée : chap. 4, v. 25-29 ; 2ème montée : v. 30-35 ; 3ème montée : v. 36-40). On ne dit pas de Mi CheBérakh.
Haftara de Cha’harit :
La troisième montée est pour le Maftir. On lira le passage “Assof Assifem” (Jérémie, ch. 8, v. 13-23 et ch. 9, v. 1-23). Après la
Haftara :
Yehalelou, puis on rentre le Séfer Torah dans l’Arche.
Kinot : On lira toutes les Kinot (lamentations), jusqu’à proximité de ‘Hatsot (12h45 en Erets Israël, variable). Dans la lamentation “Eli Tsion”, on a pour coutume de se tenir debout.
Fin de Cha’harit :
Après avoir récité les Kinot, on récitera Achrei et Ouvah LeTsione, sans dire le verset “Va-Ani Zot Beriti”. On récitera le Kadich Chalem sans Titkabel, puis on dira Aleinou, Kadich Yatom, et enfin Al Tira. Les passages Chir Chel Yom, Kavé et Ein Kelokénou seront rattrapés avant Min’ha. Un endeuillé lira les Michnayot du traité “Mo’ëd Katane”, ch. 3, suivies du Kadich DeRabbanan. On lira ensuite la Meguilat “Eikha”, chacun de son côté. Après ‘Hatsot, on pourra s’assoir sur une chaise, préparer à manger pour la sortie du jeûne et étudier les lois du Temple.
Avant Min’ha :
Il est de coutume de donner à la Tsedaka un montant équivalent à la valeur des repas économisés pendant le jeûne. On remettra à leur place le rideau de l’Arche, ainsi que les tissus recouvrant la Bima et le pupitre de l’officiant (‘Amoud). On préparera le Séfer Torah pour la lecture qui suit.
Talit et Tefilines :
On mettra le Talit et les Tefilines de Rachi avec bénédiction. Kriat Chema’ intégral et rattrapage des parties de Cha’harit sautées le matin : Chir Chel Yom, Kavé et Ein Kelokénou. On étudiera le ‘Hitat du jour.
Déroulement de la prière de Min’ha:
Korbanot, Achrei, demi-Kadich, puis on lira dans la Torah : “Vay’hal Moché” (Chemot, 1ère montée : ch. 32, v. 1114 ; 2ème montée : ch. 34, v. 1-3 ; 3ème montée : v. 4-11). La troisième montée est pour le Maftir, suivi de la Hagba’a. On ne dit pas de Kadich.
Haftara de Min’ha :
“Dirchou” (Isaïe, ch. 55, v. 6-13, ch. 56, v. 1-8). Yehalelou, puis on rentre le Séfer Torah dans
l’Arche. Demi-Kadich.
‘Amida de Min’ha :
Dans la bénédiction Boné Yerouchalaïm, chacun récitera le passage Na’hem, et ‘Aneinou dans la bénédiction Chomé’a Tefila. Cependant, dans la répétition de la ‘Amida, l’officiant récitera ‘Aneinou entre Goël Israël et Refaénou, puis récitera la bénédiction des Cohanim (qui pourront se laver les mains jusqu’aux poignets, comme chaque Min’ha d’un jour de jeûne), Kadich Chalem, Aleinou, Kadich Yatom et Al Tira. Un endeuillé lira les Michnayot habituelles, suivies du Kadich DeRabbanan.
Après Min’ha :
On met les Tefilines de Rabbénou Tam avec lesquelles on récitera le Kriat Chema’, Kadech, Vehaya Ki Yeviakha, et les six Souvenirs perpétuels (Chech Zekhirot).
Sortie du jeûne :
Après ‘Arvit, on fera Netilat Yadaïm sans bénédiction (une fois sur chaque main, trois fois de suite, comme au réveil ou en sortant des toilettes). On se rincera le visage et la bouche.
Havdala : On fera la Havdala sur du vin, mais sans les bénédictions sur le feu et les odeurs (Bessamim).
Si quelqu’un a déjà fait la Havdala, il ne pourra pas la refaire pour une femme ou une jeune fille uniquement. Ainsi, si l’on souhaite la refaire plus tard pour sa femme, il faudra avoir l’intention de ne pas se rendre quitte de la Havdala faite à la synagogue. On fera cependant attention à ne rien consommer avant de s’être rendu quitte de la Havdala.
Kidouch Levana :
On récitera Kidouch Levana après ‘Arvit. De préférence, on goûtera quelque chose (après avoir fait la Havdala) et on mettra des chaussures en cuir avant Kidouch Levana. La récitation du Kidouch Levana en Minyane reste toutefois prioritaire. On le récitera en public, en étant aussi nombreux que possible et en portant de beaux habits (de préférence). On se tiendra sous la voûte céleste, debout et les pieds joints, et on se tournera vers Jérusalem (en dehors d’Erets Israël, vers l’Est). On regardera la lune une fois seulement, avant de réciter la bénédiction, mais pas pendant celle-ci. On ne la récitera que la nuit, lorsque la lune est bien visible et qu’elle éclaire.
La sanctification de la lune est une Segoula contre les maux de dents. On fera trois sauts avant de réciter “Baroukh ‘Ossekh”. Le Rabbi a l’habitude, la première fois, de sauter, puis de toucher (rapidement) ses dents. La seconde et la troisième fois, il les touche, et saute ensuite (ou le fait simultanément).
Après avoir béni la lune, on secouera les coins de notre Talit Katane.
Le Rabbi insiste grandement sur l’importance de réciter Kidouch Levana en son temps, en portant de beaux habits, en ‘grande pompe’, avec un maximum de personnes présentes, « et en ayant l’intention de hâter la venue de Machia’h par le rajout dans l’exigence et la demande de la Rédemption, comme le formule la conclusion du Kidouch Levana : “Et ils réclameront l’Éternel […] ainsi que David, leur Roi. Amen” » (Noa’h 5752 1991).
Suite du deuil :
La date du 9 Av a été choisie du fait que le feu fut mis au Temple ce jour-là. Celui-ci brûla toutefois jusqu’au lendemain, 10 Av, au soir. C’est pourquoi, jusqu’à ‘Hatsot du lundi 10 Av (19 Juillet), il sera encore interdit de danser, d’écouter des instruments de musique, de réciter la bénédiction “CheHé’héyanou”, ainsi que de consommer de la viande et du vin (à l’exception du vin de la Havdala). De même, on évitera encore de se couper les cheveux, de se laver à l’eau chaude (sauf si l’on souffre de la transpiration), et de laver des vêtements.
Nuit de dimanche à lundi
Cette nuit, on dira Ta’hanoun (les supplications) dans la lecture du Chema’ avant le coucher. On évitera l’intimité conjugale (Tachmich HaMita uniquement), sauf un soir de Mikvé ou de départ/retour de voyage.