Bien que Moïse, Josué et tous les grands d’Israël aient traversé la mer Rouge, ce furent précisément les enfants d’Israël qui « Le reconnurent en premier ». De tels enfants sont élevés en les éduquant non seulement à l’étude de la Torah écrite et orale, mais aussi à l’attachement aux traditions juives. Il faut bâtir un rempart qui nous protège des diverses tentations venant « de droite et de gauche ». Extrait d’une allocution du Rabbi, chef de notre génération.

 

Bien que Moïse, Josué et tous les grands d’Israël aient traversé la mer Rouge, ce sont précisément les enfants d’Israël qui « l’ont reconnu en premier ». On élève de tels enfants en les éduquant non seulement à l’étude de la Torah écrite et orale, mais aussi à l’attachement aux coutumes d’Israël. Il faut construire un mur qui nous protège contre les différentes épreuves du mauvais penchant venant « de leur droite et de leur gauche ». Extrait d’une allocution du Rabbi, leader de notre génération.

A. Nous nous trouvons maintenant à la fin du Chabbat Chira, la Paracha Bechala’h.  Le discours du Rabbi précédent, maître de la Hilloula, est bien connu concernant le Chabbat Chira.

Le Rabbi raconte que le Maharal de Prague – dont est issu le Rabbi (Baal HaTanya), et le Rabbi de la Hilloula – avait institué que pendant la semaine de la Paracha Bechala’h, il ordonnait à tous les enseignants et parents d’enfants de rassembler les enfants dans la cour de la synagogue le Chabbat Chira. Il demandait aux enseignants de raconter aux enfants l’histoire de la traversée de la mer Rouge, comment les oiseaux chantaient pendant que Moïse et les enfants d’Israël, hommes et femmes, chantaient le cantique « Az Yachir », et les petits enfants cueillaient des fruits des arbres de la mer pour nourrir les oiseaux qui chantaient et dansaient.

Le Maharal ordonnait de donner aux petits enfants de la bouillie (« kasha ») à jeter aux coqs et aux oiseaux – en souvenir des fruits de la mer dont les petits enfants nourrissaient les oiseaux.

Ensuite, le Maharal bénissait tous les enfants, ainsi que les parents, pour qu’ils élèvent leurs enfants dans la Torah, le mariage et les bonnes actions.

B. Comme il en a été souvent discuté, raconter une histoire sans enseignement n’est pas une façon juive de faire.

La conduite d’un Juif doit être selon le principe « Dans toutes tes voies, connais-Le », c’est-à-dire que dans toutes ses actions, il doit introduire de la divinité, du bien et de la sainteté. Par conséquent, toute histoire racontée par un Juif doit contenir une intention et un élément de bien et de sainteté.

Si cela est vrai pour tout Juif, c’est d’autant plus vrai pour une histoire racontée par un leader et un prince d’Israël. En particulier quand il l’a écrite et publiée – comme on connaît l’adage du Tséma’h Tsédek, rapporté par le Rabbi de la Hilloula : une parole dite est devant plusieurs, une parole écrite est devant le monde, une parole imprimée est pour les générations.

Il est donc clair que l’histoire racontée par le Rabbi sur le Maharal n’est pas simplement une histoire sur la conduite d’un grand d’Israël il y a quatre cents ans, mais contient un enseignement pour toutes les générations. C’est pourquoi le Rabbi a imprimé cette histoire, pour que nous la lisions et en apprenions.

C. L’enseignement général de cette histoire est :

Quelle que soit la grandeur d’un Juif et l’importance des sujets dont il s’occupe – comme le Rabbi raconte dans cette conversation sur la grandeur du Maharal, que le Rema (qui fut apparemment un temps son élève et mérita d’être décisionnaire pour les enfants d’Israël pour les générations, comme on connaît le jeu de mots sur le verset « Les enfants d’Israël sortent d’une main haute » – que les Juifs se conduisent comme le Rema écrit de sa main sur la nappe de la table) embrassa les doigts du Maharal qui, dès sa jeunesse, écrivit les livres saints qui éveillèrent des milliers de Juifs à la techouva et montrèrent le chemin dans l’étude de la Torah avec crainte du Ciel et service divin.

Mais cette histoire, le Rabbi l’a racontée en passant. Le point principal était que le Maharal laissa de côté les sujets profonds de Torah qu’il écrivait pour se consacrer au renforcement des coutumes juives – pour encourager les enfants juifs à observer la coutume et leur expliquer le sens de cette coutume qu’ils observeraient des milliers d’années après la traversée de la mer, avec la même joie et vitalité qu’alors. Et le Maharal ne se contenta pas de cela, il sortit encore pour bénir les enfants.

L’enseignement est :

Il existe apparemment des sujets plus élevés et plus précieux. Mais le but ultime est « Tu les enseigneras à tes enfants » – au sens simple et aussi « tes enfants ce sont tes élèves » (comme dit le Sifri). Et que faut-il leur enseigner ? Pas seulement les points essentiels de la Torah et des mitsvot, pas seulement ce qui est explicitement écrit dans la Torah écrite et orale, mais aussi leur enseigner les coutumes, même une coutume liée à un oiseau, c’est-à-dire non pas avec un autre Juif mais avec un animal, et même le Chabbat – il faut se consacrer à ce qu’un enfant donne de la bouillie aux oiseaux et observe cette coutume avec vitalité et enthousiasme – car les coutumes d’Israël sont Torah.

Quand on se conduit ainsi, on reçoit les bénédictions d’en haut pour que les enfants grandissent comme doivent grandir des enfants juifs.

D. On a vu la même chose dans la conduite du Rabbi précédent :

Son domaine était la Torah hassidique – les secrets et mystères qui ne peuvent être enseignés qu’à ceux qui ont déjà étudié et dont l’intelligence s’est développée. Néanmoins, le Rabbi prit de son temps, de son énergie et de ses années de vie pour se consacrer à l’étude avec les enfants, et à les enseigner non seulement pour qu’ils observent le Chabbat et mangent casher, mais aussi qu’ils aient de la vitalité et de l’enthousiasme dans les coutumes juives.

C’est aussi une des raisons de la publication de cette histoire – pour que tous ceux qui veulent suivre ses pas tirent cet enseignement de l’histoire et se conduisent de cette manière.

E. Concernant les enfants qui étaient en exil d’Égypte au moment de la traversée de la mer, nos Sages racontent qu' »ils L’ont reconnu en premier ».

Dans la mer marchaient Moïse, Josué et tous les grands et les princes d’Israël. Pourtant, qui reconnut D.ieu en premier ? Précisément les enfants d’Israël qui grandirent dans la dure servitude de l’exil égyptien et furent éduqués convenablement. Ils furent les premiers à voir la divinité avec des yeux de chair et montrèrent du doigt en disant « Voici mon D.ieu et je Le glorifierai ».

Quand on marche avec de tels enfants, la mer se fend, au point que cela affecte le monde environnant qui voit aussi la divinité. Même les oiseaux présents ressentent qu’ils doivent chanter ; ils sentent aussi qu’un événement surnaturel s’est produit dans le monde.

F. Le prix de l’éducation juive en exil :

Lorsque même en exil d’Égypte, on éduque les enfants de telle sorte que malgré le fait que « vous êtes le plus petit de tous les peuples » et qu’il y a beaucoup plus d’enfants non-juifs dont la conduite s’oppose à la conduite juive, les enfants sont néanmoins prêts à quitter l’Égypte où « vous mangerez les bienfaits de la terre », pour aller dans le désert, et même sans provisions, se fiant entièrement à D.ieu qui les fera traverser « le grand et terrible désert, lieu des serpents brûlants, des scorpions et de la soif où il n’y a point d’eau ».

Comment éduque-t-on de tels enfants ? En leur enseignant non seulement la Torah écrite et orale, mais en les éduquant aussi aux coutumes d’Israël, pour que leur vie quotidienne soit imprégnée des coutumes juives.

Alors il n’y a pas à craindre que l’Égypte soit derrière eux, le désert des deux côtés et la mer devant eux, car lorsqu’on marche avec de tels enfants, on peut aller dans la mer et elle se fend.

Voici l’enseignement pour toutes les générations :

Quand on a besoin d’éléments surnaturels – et on en a toujours besoin car les Juifs sont « une brebis parmi soixante-dix loups », donc leur existence même est surnaturelle comme la traversée de la mer – par qui obtient-on le miracle ? Par les enfants qui proclament « Voici mon D.ieu et je Le glorifierai » avant même que leurs pères et grands-pères ne Le reconnaissent.

G. La mer Rouge : quand l’adversité devient rempart :

À propos de la traversée de la mer Rouge, la Torah nous raconte que non seulement la mer (l’obscurité et le voilement) s’est fendue, mais plus encore « les eaux leur firent une muraille », c’est-à-dire que la mer elle-même devint un mur protecteur pour les enfants d’Israël.

Il en est ainsi dans toutes les générations : quand on éduque des enfants qui proclament en premier « Voici mon D.ieu et je Le glorifierai », non seulement la « mer » (les perturbations) se fend et tous les voilements disparaissent, mais plus encore, les perturbations elles-mêmes deviennent un mur protecteur pour les enfants d’Israël.

H. Au sujet du mur qui protégea les enfants d’Israël, la Torah dit qu’il y avait une muraille « à leur droite et à leur gauche », c’est-à-dire qu’elle les protégeait de leurs côtés droit et gauche.

Que nous apprend cette mention « à leur droite et à leur gauche » ?

Quand le mauvais penchant vient tenter un Juif de s’écarter de la voie de la Torah, il peut le faire de deux manières : parfois il vient du côté droit, parfois du côté gauche.

L’épreuve du côté droit : la personne a de l’argent, des honneurs, la richesse en tout. Le mauvais penchant argue : « C’est ma force et la puissance de ma main qui m’ont fait cette fortune ». Tu vois que c’est grâce à ton intelligence que tu as de l’argent, grâce à ta sagesse que tu as des honneurs ; pourquoi as-tu besoin de D.ieu ? C’était nécessaire pour les Juifs dans le désert qui n’avaient rien, ils devaient donc compter sur la manne, le puits de Myriam, etc.

L’épreuve du côté gauche : la personne manque d’honneurs ou de richesse, elle est « pauvre » dans ces domaines. Le mauvais penchant argue que ce n’est pas le moment d’être dans une posture de faiblesse – observer le Chabbat, se garder du vol et du larcin. D’abord tu dois progresser et réussir, obtenir ce qui te manque : argent, honneurs. Plus tard, quand tu seras à l’aise, tu auras le temps de te consacrer au service divin.

Donc : en éduquant les enfants à être les premiers à proclamer « Voici mon D.ieu et je Le glorifierai » – un mur se forme pour protéger les enfants d’Israël de toutes les tentations du mauvais penchant.

I. La Torah continue en racontant que le butin de la mer était plus grand que le butin d’Égypte.

Par cette conduite, non seulement on reçoit une récompense dans le monde futur, après 120 ans, concernant les aspects spirituels, mais on reçoit aussi un butin – c’est-à-dire qu’on devient heureux aussi matériellement. On reçoit un grand butin qu’on utilise uniquement pour des choses saines, avec joie.

Le fondement et le début de tout cela est l’éducation des enfants de manière qu’ils soient les premiers à proclamer « Voici mon D.ieu et je Le glorifierai », jusqu’à ce qu’ils éveillent cela chez leurs parents – « le D.ieu de mon père et je L’exalterai ».

J. L’enseignement en bref de tout cela est :

Quand on veut être véritablement heureux tant spirituellement que matériellement, et surtout mériter une vraie satisfaction de ses enfants – la voie passe par l’éducation des enfants dans une véritable éducation de Torah, jusqu’à ce qu’ils aient vitalité et enthousiasme même dans les coutumes juives.

Par cela, on reçoit les bénédictions du Maharal – les paroles des justes sont éternelles. On élève une génération dont « tous ceux qui les voient reconnaîtront qu’ils sont la descendance bénie de l’Éternel ».

Et de « quand tu feras sortir le peuple d’Égypte », on va par le mérite des enfants vers « vous servirez D.ieu sur cette montagne », de la Paracha Bechala’h à la Paracha Yitro, et on reçoit la Torah avec joie et intériorité pour toute l’année.

(D’après une Si’ha de Motsaei Chabbat Bechala’h, 11 Chevat 5721)