La Torah nous enseigne que les paroles que Moché adressa aux enfants d’Israël juste avant qu’ils n’entrent en Erets Israël sont inscrites dans le livre de Dévarim.

Le Rabbi explique que ce Livre (le dernier des 5 livres de la Torah) prépare spirituellement le peuple Juif à l’action concrète de faire de la Terre d’Israël une demeure pour D.ieu.

Un parallèle peut être établi entre la génération de Moshé et notre génération attendu que nous nous apprêtons à entrer en Erets Israël avec le Machia’h, et cela s’exprime avec d’autant plus de force quand la Paracha Dévarim tombe avec le Chabbat ‘Hazon.

En effet, pendant le jour du Chabbat ‘Hazon Hachem nous donne à voir le troisième Temple ; cependant c’est d’une vision ‘superficielle’ dont il s’agit, et pour comprendre ce que signifie ‘une vision superficielle’ il convient auparavant de comprendre la différence établie par le Rabbi entre les deux niveaux de l’âme divine : ‘Haya et Yé’hida.

Dans son discours intitulé : ‘Et tu ordonneras aux enfants d’Israël’, le Rabbi explique que ‘Haya est la partie de l’âme ‘qui est en-haut’, c’est-à-dire la partie de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps. Un juif croit en D.ieu car son âme ‘qui est en-haut’ voit le divin et ‘transmet’ sa vision à ‘l’âme qui est en bas’ (l’âme qui s’habille dans le corps), mais du fait que ‘Haya est la partie de l’âme qui ne s’habille pas dans le corps, la vision du divin qu’elle nous transmet reste extérieure à nous-mêmes et ne nous touche que superficiellement, en conséquence notre foi en D.ieu qui en dépend ne peut être profonde.

Le second niveau, plus élevé, est Yé’hida, c’est ‘le point de l’âme’ qui est enracinée véritablement dans l’Essence divine. ‘Yé’hida’, l’Essence de l’âme, possède la qualité de l’huile d’imbiber chaque chose, et elle détient donc le pouvoir d’éclairer profondément les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps (l’intellect et les sentiments). Lorsque Yé’hida se révèle dans le corps notre foi en D.ieu devient alors intérieure et profonde.

A la lumière de ces enseignements du Rabbi nous comprenons que la vision du troisième Temple que nous recevons pendant le Chabbat ‘Hazon est superficielle, à l’exemple du niveau de ‘Haya, et que notre travail consiste à ce qu’elle nous imprègne de manière profonde, a l’exemple du dévoilement de Yé’hida.

Le Rabbi nous enseigne que Moché nourrit de émouna les enfants d’Israël. Le terme ‘nourrit’ est employé ici afin que nous comprenions que notre émouna doit devenir profonde et que c’est précisément par l’action de Moché que cela devient possible. De même que l’aliment que nous mangeons est assimilé par le corps, s’intègre au corps et devient une partie de lui. De la même façon, notre émouna doit être intérieure et profonde et non pas demeurer extérieure à nous-mêmes.

Le dévoilement de Yé’hida implique donc un travail de notre part. A ce sujet, l’Admour Haemtseï (Amreï Binah, 148) parle de l’importance de purifier notre corps et de faire totalement abstraction de toutes nos volontés afin de n’accomplir que la seule volonté de D.ieu. Il est évidemment essentiel de réaliser aussi à quel point notre attachement au Rabbi est important. De fait, la mission du Rabbi consiste à révéler l’Essence de l’âme de chaque Juif et grâce à l’influence que le Rabbi sur ceux qui sont profondément attachés à lui la vision que l’on reçoit ‘d’en-haut’ apparait toujours avec plus de clarté ; comme l’huile qui imbibe toutes choses, grâce au Rabbi cette vision imbibe nos pensées nos parole et nos actes avec toujours plus de force.

Du fait que nous ne voyons que l’aspect superficiel de la réalité, il est essentiel d’étudier la Torah du Rabbi afin de découvrir, ‘Voir’, la profondeur de l’existence, l’Essence de la Torah. Le Rabbi explique par exemple que le jour du 9 Av n’est pas, comme tout nous porte à le croire, le jour où le Temple a été détruit. L’apparente destruction du Temple cache en réalité quelque chose de bien plus élevé. En effet, Hachem n’a détruit le Temple que dans le but de le reconstruire, et contre toute attente le jour du 9 Av cache une lumière infinie.

C’est précisément cette lumière que le Rabbi dévoile dans le Dvar Mal’hout du Chabbat de la Paracha Dévarim de l’année 5751, lequel tombe le jour du 9 Av, exactement comme cette année, 5772.

De manière générale, lorsque le 9 Av tombe un jour de semaine, il garde sa lumière cachée et celle-ci n’apparaît que six jours après, le 15 Av. En effet, d’après le principe bien connu selon lequel ‘une descente a toujours pour but une élévation’, le jour du 15 Av vient dévoiler la lumière infinie que le 9 Av garde en secret. Le 15 Av est donc lié à la Délivrance finale, et au Rabbi de souligner qu’il est un jour de pleine lune, laquelle n’est pas sans évoquer la perfection atteinte par l’Assemblée d’Israël qui est elle-même comparée à la lune.

Si le jour du 9 Av tombe le jour du Chabbat, comme c’est le cas cette année, alors la force du Chabbat a pour effet de dévoiler le secret du 9 Av, et dés-lors nul n’est besoin d’attendre le 15 Av pour découvrir le bien que cache la destruction du Temple. Aussi, lorsque le jour du 9 Av tombe le jour du Chabbat, le Jeûne est repoussé au lendemain ; tout le côté négatif est repoussé au jour suivant. En d’autres termes, ‘l’ombre’ est chassée pour ne laisser la place qu’à la lumière du 9 Av.

Le Rabbi révèle cette lumière à travers une histoire qui est mentionnée dans le Talmud Yérouchalmi (2a, 5a), dans laquelle il est dit que le Machia’h est né le jour de la destruction (physique) du Temple de Jérusalem.

A son voisin qui l’interrogeait sur le fait qu’une vache meugla à deux reprises, un Juif répondit que le premier meuglement était dû à la destruction du Temple, et le second à la naissance du Machia’h. Le Machia’h est né le jour où le Temple fut détruit, et du fait que le Mazal d’une personne domine le jour de son anniversaire, le Rabbi nous enseigne que le jour du 9 Av est particulièrement propice à la venue du Machia’h. Aussi, du fait que la venue du Machia’h correspond au dévoilement de l’Essence divine, le Rabbi établit ici le rapport qui existe entre le jour du 9 Av qui tombe le jour du Chabbat, et le jour de Kippour.

Ces deux jours sont tous les deux liés au dévoilement de l’Essence divine et à celui de l’Essence de l’âme Juive, le niveau de ‘Yé’hida’. La ‘Hassidout nous enseigne que la prière de la ‘Neïla’ qui est la cinquième prière du jour de Kippour, entre la prière de Min’ha et la prière d’Arvith, correspond au dévoilement de l’Essence de l’âme, Yé’hida. Or, le Rabbi enseigne que le moment le plus propice à la venue du Machia’h, dans la journée du 9 Av qui tombe le Chabbat, se situe aussi entre la prière de Min’ha et celle d’Arvith (Ce moment correspond au commencement du Jeûne).

Notre service divin pendant le jour de Kippour s’accorde au dévoilement du plus haut niveau de l’âme : l’Essence de l’âme-Yé’hida. Il apparaît clairement en ce jour ‘qu’un Juif fait Un avec le Saint béni soit-Il, chaque jour, tout au long de l’année, à chaque instant, et dans chaque endroit’.

D’après l’enseignement du Rabbi le dévoilement de Yé’hida correspond au travail de ‘la Téchouva supérieure’ laquelle doit être réalisée ‘dans une grande et profonde joie’. C’est pourquoi ‘la Téchouva supérieure’ est liée aux secondes Tables qui furent données par Moché le jour de Kippour.

A la lumière de ce qui vient d’être dit, nous pouvons comprendre la déclaration des Sages selon laquelle ‘Il n’y a pas eu de meilleurs jours pour Israël, que le 15 du mois de Av et le jour de Kippour’, et entrevoir un tant soit peu de la lumière cachée de la destruction du Temple. Nous pouvons comprendre que les cendres du Temple cachent en réalité le feu de la Délivrance finale.

Peut-être est-il possible ici d’étendre cet enseignement à la Mitsvah d’Ahavat Israël. En effet, D.ieu déclare : ‘Faites-Moi un sanctuaire et Je residérais parmi vous !’. Chaque Juif est lui-même un Temple où doit résider Hachem. Chaque Juif a pour devoir d’attirer le Divin dans ses pensées, ses paroles, et ses actes. Ainsi, lorsque le 9 Av tombe le Chabbat nous devons ‘repousser le Jeûne au lendemain’. Nous ne gardons que le positif du 9 Av, et nous repoussons au lendemain tout ce qu’il contient de négatif.

Peut-être devons-nous adopter cette attitude vis-à-vis de notre prochain. C’est-à-dire de ne regarder et de ne considérer que ce qui est positif chez lui, et de ne jamais considérer, ‘repousser au lendemain’, son côté négatif. Ce qui est vrai pour le Temple, l’est pour chaque Juif. Aussi, même quand il s’agit d’un Juif qui nous semble totalement éloigné de la Torah et des Commandements divins, à l’image des cendres qui subsistent du Temple après sa destruction, nous devons ‘voir entre les fentes des murs’, voir que ces cendres cachent une étincelle divine que nous avons pour devoir de ranimer, afin d’avoir le mérite de voir la venue du Machia’h très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.