Aujourd’hui, 25 Adar, marque le Yortzeit du Rav André Messod Touboul a’h, directeur de l’établissement Haya Mouchka (Paris 19e) et, auparavant, directeur de l’école Beth Hanna (rue de Flandre/Riquet), où j’ai eu l’honneur de faire ma scolarité depuis son ouverture, du CE2 jusqu’à la 3ᵉ. Nous n’étions alors que 25 élèves… une véritable aventure pionnière !
Monsieur Touboul n’était pas seulement un directeur ; il était le cœur battant de notre école, un repère essentiel pour chacun d’entre nous. Son bureau n’était pas un simple lieu administratif, mais un espace de réconfort, où l’on savait que l’on serait toujours écouté, compris et soutenu. Sa stature imposait un certain respect, mais derrière cette apparence se cachait une bienveillance infinie. Il savait nous encourager à dépasser nos peurs et à donner le meilleur de nous-mêmes.
Bien plus qu’un éducateur, il était un mentor, un homme de principes profondément ancré dans la Torah et les Mitsvot. Il ne se contentait pas de les enseigner ; il les incarnait au quotidien. Il nous a transmis un amour inébranlable pour Hachem et un attachement indéfectible aux valeurs de la Yiddishkeit.
Le Rav Touboul prônait l’unité (Ah’dout) et l’amour du prochain. Il nous rappelait sans cesse que, face aux réussites comme aux épreuves, nous devions nous soutenir les uns les autres. Il nous a appris le respect – envers nos enseignants, mais aussi entre élèves – dans un esprit d’harmonie et de fraternité.
Je me souviens encore de ces Mivtsaïm auxquels j’ai participé, toute jeune, accompagnée de nos Morot. Nous arpentions les quartiers des Eiders, frappant aux portes pour encourager les femmes juives à allumer les bougies de Chabbat. Une expérience marquante, qui m’accompagne encore aujourd’hui, plus de 40 ans après…
Et puis, il y a cette anecdote inoubliable… À la fin de ma 3ᵉ, je revois le Rav Touboul implorer ma mère :
« Madame Sarfati, confiez-moi encore votre fille… Acceptez de l’envoyer au séminaire de Beth Rivka, et je vous promets que nous nous occuperons bien d’elle. »
Mais rien n’y fit. Ma mère lui répondit, inébranlable :
« Non… Chez nous, une fille de bonne famille ne quitte la maison qu’avec une bague au doigt ! »
Aujourd’hui, je réalise combien ces enseignements ont façonné la personne que je suis devenue. J’ai appris à voir la beauté en chaque juif, à apprécier chaque opinion et à comprendre que l’amour du prochain est la clé de notre épanouissement collectif.
Le départ du Rav Touboul a laissé un vide immense. Mais son héritage, lui, continue de briller à travers chacun de nous. Son impact est indélébile.
Merci, Rav Touboul, pour votre dévouement, votre chaleur humaine et vos précieuses leçons de vie. Vous resterez à jamais un modèle pour moi et pour tous ceux qui ont eu la chance de vous connaître.
Simha Sarfati
Ancienne élève (et fière pionnière 😉) de l’école Beth Hanna