Rav Haïm Nisenbaum

 

Les grandes dates interrogent toujours de la même façon : revenant d’année en année, offrent-elles d’autres perspectives que mémorielles et commémoratives ? Il est vrai que, bien souvent, elles sont seulement l’occasion de célébrations obligées, officielles et incontournables. Voici pourtant que, cette semaine, revient le 22 Chevat, l’anniversaire du décès de la Rabbanite ‘Haya Mouchka, la femme du Rabbi de Loubavitch. Elle quitta ce monde en 5748-1988 et l’événement retentit encore, non seulement dans le cœur de ceux qui la connurent mais, plus largement, comme instaurant un jour porteur d’enseignement, d’action et d’espoir.

Ce n’est évidemment pas par hasard que le 22 Chevat se tient à New York le congrès international des Chlou’hot, ces femmes envoyées dans tous les pays du monde avec leur mari et qui assument la tâche de transformer les endroits où elles vivent, à la fois enseignantes, directrices d’institutions etc. Chargées de tout cela par le Rabbi, elles savent conduire ceux qu’elles rencontrent vers un temps meilleur. Et si elles ont choisi cette date pour se retrouver chaque année, c’est qu’elle recèle une puissance particulière.

La vie de la Rabbanite en est une expression à valeur d’exemple. Elle connut les plus grands bouleversements de l’histoire : l’oppression stalinienne en URSS, les tragédies de la guerre et l’invasion allemande en France. Elle resta cependant fidèle à ce qu’elle était, sans jamais reculer ou renoncer. Son nom en porte témoignage : ‘Haya Mouchka. « ‘Haya » signifie « vivante », comme pour dire que cette vie est si intense et si profonde qu’elle ne connaît jamais d’interruption au-delà même de la disparition physique. « Mouchka », le musc, un parfum à la fois précieux et subtil. Le parfum, disent les commentateurs, a le pouvoir de réconforter l’âme malgré son caractère presque immatériel. Il s’attache à celui qui en est porteur.

« Vie » et « parfum », c’est en soi un programme, une manière de vivre. Nous vivons un temps où ces notions si essentielles manquent bien souvent. Perclus par la pesanteur des choses, l’homme en vient à oublier ce qui l’entraîne au-delà de lui-même et lui confère toute la noblesse de l’humain. La Rabbanite, par sa vie, nous montre le chemin. Tout est possible. Le monde peut changer et l’avenir retrouver ses couleurs. Demain chantera. A New York, les Chlou’hot réunies l’affirment. Plus qu’un message, le 22 Chevat est la date de naissance d’une action.