De l’Isolation à l’Intégration : Le parcours graduel de la réhabilitation sociale
Cette première lettre s’adresse à une personne qui décrit la situation d’un de ses amis. Cet ami a traversé un événement traumatisant duquel il n’a pas réussi à se remettre, ce qui l’a mené vers la dépression et l’isolement social.
« Selon votre courrier, il semblerait que la première étape pour cet individu soit de se réintégrer progressivement dans la société, en étant plus présent parmi les gens. Cette démarche constituerait un excellent point de départ pour sa réhabilitation. »
« Comme le disent nos sages, « tous les débuts sont difficiles », il est indéniable que cette personne pourrait rencontrer des obstacles lors de son retour parmi les gens. Cependant, il est essentiel qu’elle fasse cet effort et elle pourra certainement compter sur le soutien de ses amis pour l’accompagner dans cette démarche. »
« Cependant, il est important de reconnaître que l’on ne peut pas exiger d’une personne qu’elle fasse plus que ce dont elle est capable, en fonction de ses propres forces. Il est donc évident que cette personne devra réintégrer la société en tenant compte de son état actuel. Il n’est pas réaliste de demander un changement radical du jour au lendemain, où elle reviendrait et s’impliquerait avec les autres pendant de nombreuses heures chaque jour. Au contraire, il serait préférable qu’elle commence par rétablir progressivement le contact avec les gens, en commençant par ceux qui évoluent dans les mêmes cercles qu’elle et avec lesquels elle se sentirait plus à l’aise pour se connecter. L’objectif est d’augmenter progressivement son interaction avec les autres jusqu’à ce qu’elle se sente à l’aise et naturelle dans ses discussions et interactions, sans devoir fournir un effort excessif. »
« En plus de cela, il est crucial que la personne concernée prenne conscience que sa situation actuelle peut être améliorée et traitée jusqu’à une guérison complète. Ce processus ne se produira pas du jour au lendemain, mais plutôt étape par étape. Il est également important qu’elle comprenne que la clé de la guérison réside dans un élément essentiel : le service de Dieu avec joie et générosité. C’est cette attitude qui l’aidera à sortir de sa situation actuelle et à retrouver un fonctionnement social satisfaisant. »
« Étant donné que vous avez posé la question concernant cette personne, je suis certain que vous ferez tout votre possible pour l’aider à se réintégrer dans la société. Finalement, elle vous sera reconnaissante pour vos efforts, même si elle n’exprime pas initialement sa satisfaction face aux tentatives visant à la sortir de son isolement. »
(Iguerot Kodech, volume 19, lettre 7370)
Une Nouvelle perspective sur la réhabilitation : L’Implication sociale en tant qu’outil thérapeutique.
La seconde lettre est adressée à un père dont le fils est tombé dans la dépression et le dysfonctionnement normal.
« Malheureusement, un tel cas n’est pas rare de nos jours. Et vous avez sans doute entendu de la part des médecins traitants qu’il y a de nombreux cas similaires à celui de votre fils ».
« Et je n’écris pas cela pour vous apaiser en disant « un malheur partagé est à moitié soulagé », pour vous soulager par le simple fait qu’il y a beaucoup d’autres personnes qui souffrent d’un problème similaire. Je ne sais pas si cela est approprié ici (je ne suis même pas sûr que cela réduise la gravité du problème). Mais plutôt pour souligner que, puisqu’il s’agit d’un problème courant, les médecins ont beaucoup d’expérience dans ce domaine, et il y a aussi une recherche intensive sur les méthodes de traitement et de guérison.
« Cela conduit à plusieurs conclusions pratiques qui vous aideront. La première conclusion est qu’il est évident qu’il n’est pas question de prédire que les chances de réussite sont faibles ou similaires. Et même si on doute du succès du traitement, il faut toujours ajouter un bémol et préciser que c’est seulement selon l’état actuel des connaissances médicales. De plus, dans le domaine mentionné, la recherche est la plus intensive, car beaucoup de gens en ont besoin, il est donc raisonnable de supposer que la qualité du traitement et les chances de réussite augmenteront. »
« La seconde intention en écrivant ceci est que c’est un problème courant : il est donc utile de rester en contact avec ceux qui sont impliqués dans cette recherche ou qui sont proches d’eux, et de leur demander de temps en temps ce qui est nouveau dans ce domaine. »
« L’accent est mis sur ceux qui sont impliqués dans cette recherche et non sur les médecins traitants. Car avant que les résultats de la recherche n’arrivent aux médecins traitants, beaucoup de temps s’écoule. Les médecins traitants entendent parler de ces nouvelles découvertes dans les revues médicales professionnelles, et avant que ces recherches ne soient publiées, cela prend beaucoup de temps. En effet, les articles y sont imprimés dans des longs rapports qui nécessitent une longue préparation avant leur publication. De plus, ces articles ne sont publiés qu’après que le médicament ait été testé et essayé pendant une longue période. »
« En attendant que les résultats de la recherche médicale parviennent aux médecins et que de nouvelles méthodes de traitement soient mises en œuvre, il existe diverses actions que vous pouvez entreprendre pour améliorer le bien-être de votre fils. »
« Dans des situations semblables, il a été observé que des progrès significatifs sont réalisés lorsque le patient est encouragé à sortir de son espace personnel confiné. Cela peut être accompli en l’incitant à participer à des activités, à se joindre à une organisation, ou à s’impliquer dans un projet éducatif, par exemple. »
« La clé est de lui présenter cette proposition non pas comme un moyen de l’aider, mais plutôt comme une demande de service. Cela peut lui donner un sentiment d’autonomie et de valeur, se sentant nécessaire et utile. Cela peut également lui permettre de se concentrer sur autre chose que sa situation personnelle, ce qui est bénéfique pour son état mental. »
« Il est essentiel de souligner que chaque individu est différent, et ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas fonctionner pour une autre. Il est donc important de faire preuve de patience et de flexibilité lors de l’implémentation de nouvelles stratégies et de toujours prendre en compte les sentiments et le confort du patient. »
« Car dans la grande majorité des cas, lorsqu’on lui demande de sortir et de participer à une activité, il refuse, car il a l’impression qu’il s’agit de lui faire du bien ou de le soigner grâce à son engagement social. Ce n’est pas le cas lorsque l’approche est inverse, qu’une certaine institution ou une certaine action a réellement besoin de son aide et de sa participation, etc., et qu’elle ne peut tout simplement pas se passer de lui. Lorsque les choses sont présentées de cette façon, il sera souvent prêt à donner son aide, et graduellement il deviendra plus impliqué avec le monde extérieur. Cependant, comme mentionné précédemment, comme je l’ai écrit précédemment, le discours doit être mené d’une manière qui ne suscite pas de suspicion de sa part qu’il y a une machination ici pour le sortir de son cadre, mais qu’en réalité on a besoin de lui et on est intéressé par sa compagnie. »
(Iguerot Kodech, volume 26, lettre no 9577)
Faire le grand plongeon : comment la natation illustre le défi de la socialisation
La troisième lettre est adressée à une femme qui a écrit décrivant son état d’esprit dépressif et ses anxiétés sociales qui la poussent à se replier sur elle-même et à être antisociale.
« À mon avis, et comme j’ai pu le constater aussi – chaque individu, sans exception, est par nature social, bien que naturellement, tous ne soient pas sociaux au même degré : certains sont plus sociables, d’autres moins. Et lorsqu’on s’efforce d’agir contre cette nature, en s’éloignant de la société des hommes, il est évident que cela entraîne des complications. »
« Quant à ceux qui, pour une raison ou une autre, trouvent difficile d’interagir avec les gens, il n’y a pas d’autre solution que de s’essayer concrètement à la proximité et à la sociabilité avec les gens. »
« Cette approche est comparable à l’apprentissage de la natation. Il est impossible d’apprendre à nager avant de se jeter à l’eau, même si l’on se tient au bord de la piscine. Il faut plonger, et c’est seulement à ce moment-là que l’apprentissage de la natation commence naturellement. Finalement, à force d’essais et d’erreurs, on apprend à nager. Tout le temps passé à réfléchir au bord de la piscine, à se demander comment on va apprendre à nager, est inutile. Car on ne peut apprendre à nager qu’en étant réellement dans l’eau. »
« C’est exactement ce qui vous concerne. Vous argumentez en faveur et contre l’implication dans des rassemblements sociaux et leur fréquentation. Cependant, tout le débat que vous menez se fait dans votre chambre ou dans votre espace personnel, donc cela n’a aucun avantage tant que vous ne vous levez pas et ne sortez pas de votre espace personnel pour rencontrer des gens. »
« Il est clair et simple que je n’essaie pas de vous faire de la morale, mais j’essaie encore une fois, avec l’espoir que peut-être mes mots seront utiles cette fois-ci. Je veux qu’ils vous incitent à vous engager dans une activité qui vous forcera nécessairement (au moins pendant les premiers jours, ce sera par nécessité plutôt que par désir) à être parmi les gens à l’extérieur de votre famille. J’espère ardemment qu’au bout d’un certain temps, vous n’aurez plus besoin de vous ‘forcer’, mais que vous le ferez avec joie et volonté. »
« Vous constaterez que l’intérêt et les avantages, tant pour vous-même que pour la société, sont nombreux lorsque vous développez votre aspect social. En effet, l’homme n’a pas été créé avec une nature sociale sans raison, mais bien parce que la sociabilité lui apporte des bienfaits et lui permet également de contribuer au bien-être des autres. »
« Il est également répandu, dans les enseignements de la Hassidout, une maxime qui affirme qu' »Il est préférable d’être en compagnie d’autres Juifs, même dans l’enfer, que d’être seul au paradis ». Cette citation est attribuée à plusieurs grands maîtres de la Hassidout. »
(Iguerot Kodech, Volume 18, Lettre 7008)