Dans cette lettre émouvante, le Rabbi répond à une jeune femme qui s’apprête à épouser un homme pieux ne souhaitant pas porter la kippa. Avec tact et érudition, le Rabbi explique pourquoi le port du couvre-chef est une obligation halakhique et non un simple acte de piété, surtout lorsque l’on s’engage dans le mariage, « édifice éternel » nécessitant la bénédiction divine. Il souligne que ne pas porter la kippa revient à renier son appartenance au peuple juif et à rejeter le joug des commandements divins. Cette lettre met en lumière l’importance fondamentale de cette pratique pour l’identité juive.

Dans votre missive, vous m’écrivez que vous vous êtes fiancée à un homme pieux et vertueux, et que vous avez fixé la date de votre union dans quelques semaines. Cependant, vous ajoutez avec regret que votre fiancé ne se couvre pas la tête et ne souhaite pas adopter cette coutume, même après votre décision de vous marier, arguant que le port de la kippa n’est pas une obligation halakhique mais relève simplement d’un acte de piété supplémentaire.

Or, puisque votre fiancé est, selon vos dires, un homme de bonne moralité qui observe les commandements divins, il acceptera certainement l’explication suivante quant à la nécessité de se couvrir la tête. En effet, même si l’on pouvait avancer que le port de la kippa n’est qu’une manifestation de ferveur religieuse, la situation est différente lorsque l’on s’apprête à se marier. Car en s’engageant dans le mariage, on entreprend de bâtir un édifice éternel, comme le formule la bénédiction nuptiale : « Il lui a préparé à partir de lui-même une construction pour l’éternité ». Pour cela, il faut une bénédiction particulière de Celui qui donne la Torah et prescrit les commandements, le Saint béni soit-Il.

Et puisque la conduite du Saint béni soit-Il obéit au principe de mesure pour mesure, comme l’enseignent nos Sages, il est certain que l’homme qui a besoin de cette bénédiction doit non seulement se comporter conformément à ce qui lui est strictement imposé par la rigueur de la loi, mais il doit aussi accomplir même ce qui relève de la simple piété.

Sur le fond, lorsque votre fiancé affirme que se couvrir la tête n’est qu’un acte de dévotion supplémentaire, je me dois de le corriger en disant qu’il s’agit en réalité d’une obligation halakhique. Car il a déjà été statué que le fait de se couvrir la tête est requis pour quiconque observe la Torah et les mitzvot. Et cela ne vaut pas seulement selon l’opinion des décisionnaires qui considèrent que c’est ainsi depuis toujours, conformément à la loi talmudique et aux Rishonim. Même ceux qui les contredisent et estiment qu’il n’y a pas d’ancienne obligation de porter la kippa en permanence, reconnaissent eux aussi que de nos jours, il faut se couvrir la tête.

Car avoir la tête nue est signe de rejet du joug divin, et ne pas porter de couvre-chef montre aussi que ce juif s’efforce de ne pas être reconnu comme un descendant d’Abraham, Isaac et Jacob, étudiant la Torah et accomplissant les mitzvot. Il préfère en fait que l’on dise de lui, à Dieu ne plaise, qu’il n’est pas un enfant d’Israël, car sa démarche et son habillement ressemblent à l’apparence d’un non-juif.

Il est donc clair que non seulement il est obligatoire de se couvrir la tête selon la loi, mais qu’entre toutes les lois, celle-ci revêt une importance particulière en ce qui concerne le fait que « Tu nous as choisis parmi tous les peuples ». Il est évident qu’il n’y a pas lieu de leur ressembler et de se comporter d’une manière telle que lorsqu’on voit un juif, on se méprenne en pensant qu’il n’est pas, à Dieu ne plaise, un enfant d’Israël, du fait qu’il ne se couvre pas la tête.