Par le Rav Haïm Mellul

La vie d’un émissaire du Rabbi est une suite ininterrompue d’activités. La variété de ses tâches et le volume de son travail pourraient laisser penser que son contact permanent avec le Rabbi s’en trouve affaibli. Les textes suivants font la preuve que ce n’est nullement le cas. La relation entre le Rabbi et son émissaire transcende la distance physique et elle dépasse toutes les contingences. De fait, cette distance est uniquement superficielle. A un stade plus profond, le Rabbi est plus proche de ses émissaires que de ceux qui résident à proximité de lui.

 

Dans une causerie prononcée le Chabbat Parchat Béréchit 5719 (1958), figurant dans le Torat Mena’hem, tome 24, page 187, le Rabbi explique, à ce propos :

Il faut savoir que, même si l’on se rend dans un endroit géographiquement éloigné, même si l’on n’est séparé par de multiples pierres et beaucoup de terre, c’est précisément dans cet endroit que l’on peut rencontrer la dimension profonde de celui qui délègue. Car, c’est par l’essence de lui-même qu’il lui confie cette mission, alors que ceux qui se trouvent à proximité de lui ne perçoivent que son aspect superficiel. Sa profondeur est précisément liée à la mission qu’il confie.

Certains s’entêtent à vouloir se trouver auprès du Rabbi. Ceci peut être comparé à celui qui est prêt à se rendre à un mariage, qui a déjà effectué tous les préparatifs nécessaires, a même ciré ses chaussures, puis, concrètement, ne va pas à la cérémonie. Il en est bien ainsi pour ce qui fait l’objet de notre propos, car c’est l’action concrète qui est essentielle, non pas la théorie.

Comme on l’a indiqué, celui qui se trouve à proximité du Rabbi n’en perçoit que l’aspect superficiel et, précisément du fait de cette superficialité, qui sait combien de temps cela durera ? Peut-être cet aspect superficiel sera-t-il perdu également. Quand vient le temps de se rendre dans l’endroit où le Rabbi confie une mission, la proximité du Rabbi n’est plus sa place.

Le principe selon lequel : « un homme se trouve là où est son esprit » s’applique, encore plus clairement, à la relation entre le Rabbi et celui qu’il mandate. Le Rabbi décrit lui-même la puissance de cette relation, qui prend le dessus sur toutes les difficultés et tous les obstacles. Dans un discours du Chabbat Parchat Béréchit 5721 (1960), figurant dans le Torat Mena’hem, tome 29, à la page 134, le Rabbi précise :

Des propos positifs, basés sur le principe : « fais le bien », doivent être prononcés à propos des émissaires qui se rendent dans un endroit lointain, afin d’y mener à bien la mission confiée par notre maître et chef, conformément au principe bien connu du Baal Chem Tov selon lequel : « un homme se trouve là où est son esprit ».

Ces émissaires se trouvent à distance du tombeau du Rabbi. Néanmoins, la volonté du Rabbi est là où ils se trouvent, car lui-même est là-bas. Heureux est donc leur sort, matériel et spirituel. Tout ce que l’on peut dire de leurs difficultés ne sont que des voiles et des occultations. Dès qu’ils les affrontent, celles-ci fondent aussitôt.

Bien plus, nous avons actuellement un mérite, qui, en réalité, n’en est nullement un. A la différence de ce qui se passait au préalable, lorsque l’on assumait la mission du Rabbi en souffrant et en se fatiguant, on peut actuellement assumer une telle mission en gagnant sa vie et en recevant les honneurs. Puis, quand l’émissaire arrive ici, on prend plaisir à parler avec lui et, avant tout, lui-même en conçoit du plaisir.

Tout ce que l’on demande à un émissaire est donc de mettre de côté son propre ego, de savoir que ce n’est pas lui qui accomplit tout cela, que le Rabbi le fait par son intermédiaire. Il lui appartient de développer son action en permanence, de conquérir un autre domaine, puis encore un autre dans lequel il est possible de diffuser les commentaires de la ‘Hassidout, jusqu’à ce que s’accomplisse la promesse selon laquelle : « la terre s’emplira de connaissance de D.ieu, comme l’eau recouvre le fond de la mer ».

 

La relation entre le Rabbi et son émissaire décuple les forces que ce dernier possède. Bien plus, ces forces deviennent alors illimitées, à proprement parler. Dans une causerie prononcée à la veille du Chabbat Parchat Vayéra 5713 (1952), figurant dans le Torat Mena’hem, tome 7, à la page 141, le Rabbi explique :

Les anges sont également des émissaires. Ceux dont il est ici question sont délégués par nos saints ancêtres et maîtres. Leur force est au-delà de toutes les limites et cela leur insuffle la capacité de mener à bien la mission qui leur est confiée, avec une réussite transcendant toute mesure.

La perfection atteinte de cette façon est considérable et le Rabbi note, à ce propos, le point suivant, comme l’indique le Sefer Ha Cheli’hout, publié à New York, à la page 3 :

En mettant en pratique les termes du verset : « tu seras intègre envers l’Eternel ton D.ieu », en prenant la décision de rejeter les attraits que fait miroiter le mauvais penchant, de l’intérieur, en surmontant les obstacles et les barrières, de l’extérieur, un émissaire a la certitude de toujours agir en conformité avec la volonté de celui qui le délègue.

 

Le Rav Berel Baumgarten, durant la première année de la mission que le Rabbi lui confia en Argentine, lui écrivit qu’au préalable, il avait eu le mérite d’écouter le Chofar, à Roch Hachana, au 770, Eastern Parkway, sonné par le Rabbi Rayats, puis, après qu’il ait quitté ce monde, par le Rabbi lui-même. Il demandait donc au Rabbi l’autorisation de passer cette fête de Roch Hachana auprès de lui. Le Rabbi lui répondit :

Pensez-vous qu’en sonnant du Chofar, je pense uniquement à ceux qui se trouvent près de moi ? Bien au contraire, quand un Juif doit mener à bien la mission qui lui est confiée en Argentine, je pense encore plus clairement à lui, pendant que je sonne le Chofar.

 

Le Rabbi précise également que les forces de l’émissaire doivent être en accord avec les intentions de celui qui le délègue. Dans un discours du 12 Tamouz 5716 (1956), figurant dans le Torat Mena’hem, tome 17, à la page 66, le Rabbi dit :

Concernant les forces qui sont distribuées, on connaît le principe selon lequel : « le fardeau est à la mesure du chameau ». Cela veut dire que l’on donne les capacités d’assumer une mission avant même de la confier.

Il est uniquement demandé de se rendre dans l’endroit où l’on doit l’assumer conformément à l’avis de ceux qui mandatent. Dès lors, tout est accompli de la meilleure façon, pour ces émissaires. Avant tout, ceux-ci reçoivent les bénédictions, l’influence nécessaire, au-delà des voies naturelles, avec une réussite considérable.

 

Au final, un émissaire du Rabbi est comme un soldat en faction, qui doit mettre scrupuleusement en pratique les instructions qu’il a reçues de ses officiers. Lors de la réunion ‘hassidique du Chabbat Parchat Béréchit 5721 (1960), figurant dans le Torat Mena’hem, tome 29, à la page 134, le Rabbi explique :

Il est effectivement nécessaire de se rendre dans l’endroit où la mission est confiée. Chacun doit le faire, comme un soldat qui tient la garde, à sa place, là où son officier l’a envoyé, sans fuir le front pour se rendre dans un autre endroit, même s’il pense qu’il pourra, là-bas, montrer de quoi il est réellement capable et faire des prouesses.

Ainsi, on connaît le récit du ‘Hassid qui a dit qu’il n’était pas glorieux de méditer à la ‘Hassidout quand on est assis dans la maison d’étude, à Loubavitch et qu’il était plus gratifiant de le faire dans un cirque !

De fait, la finalité n’est pas de faire des prouesses. Bien plus, en le faisant, on peut trébucher, ce qu’à D.ieu ne plaise. Comme le dit la Guemara, « un homme ne doit jamais rechercher l’épreuve, car David, le roi d’Israël lui-même… ». Il faut donc uniquement mettre en pratique les directives du Rabbi.

 

L’émissaire est le représentant du Rabbi, de même que celui de tous ses prédécesseurs, nos saints maîtres, depuis Moché, notre maître, car : « le serviteur du roi est comme le roi lui-même ». Dans la causerie du Chabbat Parchat Noa’h 5744 (1983), figurant dans le Sefer Itvaadouyot 5744, tome 1, à la page 414, le Rabbi explique :

Quand on s’engage dans la mission de mon beau-père et maître, le Rabbi, chef de notre génération, dans celle des Sages et des chefs d’Israël de toutes les générations, depuis Moché, notre maître, le berger fidèle, le premier berger des enfants d’Israël, et : « il est un équivalent de Moché en chaque génération », y compris le chef de la nôtre, on mène son action, non seulement en « étant humide au point d’humecter les autres », mais aussi en s’identifiant à celui qui délègue, car : « le serviteur du roi est comme le roi lui-même ».

Tout ne dépend que de la volonté de l’émissaire. S’il le veut vraiment, le Saint béni soit-Il lui vient en aide et le mérite de ce qui est public l’accompagne, de même que celui de nos maîtres et chefs.

 

Le Rabbi souligne lui-même à quel point les forces reçues par chaque émissaire sont considérables. Dans la causerie du Chabbat Parchat Terouma 5749 (1989), figurant dans le Sefer Itvaadouyot 5749, tome 2, page 332, il explique, à ce propos :

Tout ceci est encore plus clairement souligné, en notre génération. En plus de toutes les forces, on reçoit aussi celle de l’équivalent de Moché en notre génération, mon beau-père et maître, le Rabbi, chef de notre génération.

En effet, il a ordonné, ainsi qu’il est dit : « et toi, tu ordonneras » et il a distribué ses forces profondes à chacun, afin de mettre en pratique les termes du verset : « Ils Me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux », jusqu’à atteindre le monde entier, en y diffusant la Torah et le Judaïsme, l’étude de la Torah, la prière et les bonnes actions, y compris la diffusion des sources de la ‘Hassidout à l’extérieur, jusqu’à l’extérieur le plus éloigné qui soit.

Bien plus, un émissaire du Rabbi peut révéler l’aspect du Machia’h qu’il porte en lui, comme l’indique le Rabbi dans une causerie prononcée le soir de Sim’hat Torah 5746 (1985) :

La valeur numérique du mot Chalia’h, émissaire, augmentée de dix, est celle de Machia’h. Or, le Machia’h est le chef de la génération. Aussi, quand le Chalia’h, son émissaire, s’identifiant à lui, fait un ajout et s’associe les dix, qui sont les dix forces de son âme, quand il se consacre à sa mission par toutes les dix forces de son âme, afin de la mener à bien, ils révèlent effectivement le niveau du Machia’h qu’ils portent en lui.

Un émissaire peut ainsi parfaire les dix forces de l’âme de tous les Juifs du monde à la fois, comme l’indique le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 82 :

Celui qui délègue tous les émissaires apporte la plénitude aux dix forces de l’âme de chacun d’entre eux, plénitude à la fois pour leurs dix forces, à titre personnel et pour ce qu’ils peuvent apporter aux dix forces de l’âme des autres Juifs, dans le monde entier.

Le Rabbi résume les capacités de son émissaire de la façon suivante, comme l’indique le Likouteï Si’hot, tome 20, à la page 57 :

La définition d’un émissaire est que son action, son accomplissement, tout ce qu’il fait, de manière essentielle, n’est pas pour lui-même, mais bien pour le compte de celui qui le délègue.

 

Les bénédictions que le Rabbi accorde à celui qu’il mandate s’appliquent aussi au domaine matériel. Dans la causerie du Chabbat Parchat Béréchit 5721 (1960), figurant dans le Torat Mena’hem, tome 29, à la page 134, le Rabbi précise ceci :

Certains posent la question du pauvre, qui est exposée dans un discours ‘hassidique du Rabbi Maharach : il est vrai qu’au sein de l’enchaînement des mondes, il y a des éléments qui donnent et des éléments qui reçoivent, des riches et des pauvres, mais pourquoi la pauvreté doit-elle être le sort du pauvre ?

Et, une question similaire se pose aussi, pour ce qui fait l’objet de notre propos : pourquoi le sort d’un émissaire du Rabbi est-il de se rendre au front ? Certes, du point de vue des révélations, il n’est rien de plus haut que le maître de maison qui donne de la Tsedaka au pauvre. En revanche, si l’on envisage la quintessence, c’est précisément l’Attribut de Royauté, la Sefira la plus basse, qui a la source la plus haute. Il en est de même également pour ce qui fait l’objet de notre propos.

L’idée fondamentale est donc la suivante. Chacun doit se tenir fermement là où l’officier l’a placé. L’issue finale de la guerre, dans son ensemble, en dépend. C’est aussi le bien personnel de cet émissaire et de tous les membres de sa famille.

Lorsque chacun remplira son rôle et assumera sa mission, dans l’endroit en lequel il a été envoyé, nous mériterons l’accomplissement de la promesse selon laquelle : « la terre s’emplira de connaissance de D.ieu, comme l’eau recouvre le fond de la mer ».

 

Un émissaire du Rabbi doit assumer la mission qui lui a été confiée dans toutes les circonstances, y compris lorsque celles-ci lui semblent défavorables. Dans la causerie du 12 Tamouz 5721 (1961), figurant dans le Torat Mena’hem, tome 31, à la page 121, le Rabbi explique :

Il ne faut être troublé par personne, pas même par celui qui occupe une fonction importante. Certes, la Guemara dit que celui qui n’est pas un Tsaddik parfait doit effectivement tenir compte d’une telle situation. Néanmoins, ceci concerne uniquement celui qui doit faire usage de la force. Etant un Tsaddik qui n’est pas parfait et se trouvant opposé à un impie, dans une situation qui lui est favorable, il doit effectivement tenir compte des circonstances.

En revanche, celui qui assume la mission confiée par le chef de la génération, celui dont nous célébrons la joie, un Tsaddik parfait, celui qui est véritablement son émissaire n’introduit pas de motivations personnelles et de modifications. On sait, en effet, qu’un changement supprime totalement la mission qui a été confiée, ce qu’à D.ieu ne plaise. En pareil cas, l’émissaire reprend son indépendance.

A la différence de tout cela, on ira donc mener à bien la mission que l’on a reçue. Dès lors, on s’identifiera à celui qui l’a confiée et, quand on agira, on sera, à proprement parler, un Tsaddik parfait. C’est uniquement de cette façon que l’on ne s’affecte pas de celui qui occupe une fonction importante.

Un mouvement de la main, une simple allusion, sans effort particulier, sont alors suffisants pour que : « ils te craignent ».

 

Le Rabbi souligne, de cette façon, que la mission qu’il confie, aussi ambitieuse qu’elle puisse paraître, n’est jamais inaccessible. L’émissaire, dès lors qu’il s’investit pleinement en elle, connaît nécessairement la réussite, par les forces de celui qui le délègue. Dans une causerie prononcée le 22 Tamouz 5711 (1951), figurant dans le Likouteï Si’hot, tome 18, à la page 500, le Rabbi, s’adressant directement à ses émissaires, explique :

Malgré l’immense responsabilité que constitue cette mission, celui qui porte réellement le nom de son maître peut l’assumer pleinement, sans la moindre concession. Il peut en être ainsi pour chacun.

La mission est confiée par le Rabbi et il faut effectivement être conscient de votre responsabilité. Ceux auprès desquels vous vous rendez vous observent comme des émissaires du Rabbi, des ‘Hassidim exemplaires. Vous devez donc faire en sorte d’avoir un comportement en conséquence.

On vous observera et l’on dira voici ce qu’est un ‘Hassid Loubavitch, un élève de la Yechiva Tom’heï Temimim, un ‘Habadnik, un élève de Yechiva craignant D.ieu, ou n’importe quel autre titre que l’on voudra bien vous donner. On en déduira que telle est l’attitude des ‘Hassidim, élèves de la Yechiva Tom’heï Temimim, attachés au Rabbi, ayant effectué ce voyage pour diffuser le Judaïsme, renforçant la Torah et les Mitsvot, dans les villes de province comme à New York.

L’immense responsabilité qui vous incombe est donc bien claire. Néanmoins, cette institution est celle du Rabbi et c’est lui qui vous délègue. Chacun d’entre vous peut donc assumer la mission. Non seulement il n’en résultera pas le contraire de l’honneur, ce qu’à D.ieu ne plaise, mais, à l’inverse de cela, on aura des nouvelles de la grande admiration que suscite un jeune homme de Loubavitch.

Je vous souhaite que s’accomplissent toutes les bénédictions que le Rabbi vous a accordées, en général et celles qui concernent la mission qui vous est confiée, en particulier.

Le Rabbi établit une règle de conduite devant guider l’émissaire, dans l’accomplissement de sa mission. C’est ce qu’il explique dans une causerie figurant dans le Séfer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 497 :

Il est un point qui doit être bien évident. Les détails de l’accomplissement de la mission, qui sont l’apport personnel d’un émissaire, doivent être basés sur les principes de la Torah et les directives données par celui qui confie la mission. Si l’émissaire s’en tient fermement à ce principe, les détails seront effectivement conformes à la volonté de celui qui délègue.

Le Rabbi indique de quelle manière on peut faire en sorte que les détails de l’accomplissement de la mission soient conformes à la volonté de celui qui délègue. Comme le rapporte le Likouteï Si’hot, tome 20, à la page 175, le Rabbi dit, à ce propos :

Il est nécessaire d’habituer l’ensemble de sa personnalité à mettre en pratique la volonté de celui qui délègue, d’obéir scrupuleusement à l’avis du dirigeant.

Le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, présente, à la page 420, la réponse du Rabbi à un enseignant qui voulait quitter son école pour se consacrer exclusivement à la diffusion des valeurs juives :

Pourquoi est-il nécessaire, à votre avis, que le contenu de votre mission et son endroit soient précisément selon votre avis, qui se trouve être, en l’occurrence, le contraire du mien ?

Le Rabbi en conclut que nul ne peut s’en remettre uniquement à son propre avis. Comme le rapporte le Likouteï Si’hot, tome 10, à la page 48, le Rabbi constate, à ce propos :

Celui qui reçoit une telle mission ne peut pas s’en remettre à son seul avis pour savoir s’il doit l’assumer ou non, car un homme n’est pas objectif, sur son propre compte. Son intellect peut provoquer un écart, une déviation dans le but d’écarter une mission qui le dérange.

La décision doit donc appartenir à celui qui délègue, car, en pareil cas, elle ne pourra pas être partiale, ce qu’à D.ieu ne plaise.

 

L’abnégation d’un émissaire du Rabbi, son désir de mener à bien la mission qui lui est confiée, fait de lui le partenaire de D.ieu. Lors de la réunion ‘hassidique du Chabbat Parchat ‘Hayé Sarah 5749 (1988), figurant dans le Sefer Itvaadouyot 5749, tome 1, à la page 530, le Rabbi précisa ceci :

Les émissaires sont soumis à celui qui les délègue, notamment à Celui Qui fut le premier à mandater les hommes, le Saint béni soit-Il, Créateur du monde, Qui le dirige. Cela veut dire que tous les émissaires du monde entier en sont réellement les maîtres.

Aussi, quand ils se réunissent, à l’occasion de leur congrès, venant de toute la planète, on peut dire que chaque émissaire en particulier est, à lui seul, le maître du monde, car : « quand on détient une partie de l’essence, on la possède en totalité ».

 

Le Rabbi dit aussi que ses émissaires possède la qualité de Yossef, celle de se développer et d’aller de l’avant, en permanence. Yossef est aussi le premier prénom du Rabbi Rayats. Dans une causerie du Chabbat Parchat Bechala’h, Tou Bi Chevat 5749 (1989), nouvel ans des arbres, figurant dans le Sefer Itvaadouyot 5749, tome 2, à la page 266, le Rabbi donna, à ce sujet, la précision suivante :

On doit se consacrer à la mission confiée par le chef de notre génération, la diffusion, à l’extérieur, de la Torah et du Judaïsme, y compris celle des sources de la dimension profonde de la Torah, son « huile ».

C’est le sens du verset : « D.ieu m’ajoute (Yossef) un autre fils ». Bien plus, nous venons de vivre le jour de sa Hilloula, en cette quarantième année après qu’il ait quitté ce monde, car c’est alors que : « l’on perçoit l’idée de son maître ».

En effet, « l’Eternel vous a donné un cœur pour comprendre » et, dès lors, l’influence qui est accordée et la force qui est insufflée par le Yossef de notre génération peuvent être plus grandes et plus importantes, jusqu’à obtenir le développement caractéristique de Yossef, en ce nouvel an de l’arbre.

 

A une autre occasion, le Rabbi compara la relation qu’il entretient avec ses émissaires à la circulation sanguine, dans l’organisme. Dans une causerie figurant dans le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 585, le Rabbi explique :

Chacun doit donc assumer la mission qui lui a été confiée par le chef de la génération, savoir que celui-ci est : « le cœur de toute l’assemblée d’Israël, tout comme le cœur distribue le sang à tous les membres du cœur, puis, par la suite, le sang retourne vers le cœur.

Ainsi, le chef de la génération ne fait pas que confier la mission. Il vérifie, en outre, qu’elle est menée à bien de la manière qui convient. Lorsque les membres du corps, tous les hommes de la génération s’en reviennent vers le cœur, la source, « le cœur de toute l’assemblée d’Israël », les bénédictions se révèlent alors, d’une manière accrue, dans tous les besoins, à la fois matériellement et spirituellement, pour tous ceux qui ont mené à bien la mission avec succès.

 

Le Rabbi Rayats, prenant la succession de son père, le Rabbi Rachab, précisa qu’il le faisait à la condition de diriger les ‘Hassidim : « dans le bienfait et dans la miséricorde ». Ces termes s’appliquent, de la même façon, aux émissaires auxquels le Rabbi confie une certaine mission, comme le Rabbi le précise dans une causerie figurant dans le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 100 :

Tout d’abord, il a été dit par le chef de notre génération, confiant la mission, qui succéda à son père à la condition que ce soit : « dans le bienfait et dans la miséricorde », ce qui s’applique aussi à ses émissaires, s’identifiant à lui, que sa bénédiction est accordée à chacun de ceux qu’il délègue, avant même qu’il se rende en l’endroit dans lequel s’exerce sa mission, dès qu’il est nommé pour la mener à bien, puis quand il commence à le faire, d’une manière effective.

 

Et, comme on l’a dit, la réussite, en la mission confiée par le Rabbi, dépend du fait qu’elle soit l’unique préoccupation de celui à qui elle est confiée, comme le Rabbi le précise lui-même, dans une lettre figurant dans ses Iguerot Kodech, tome 6, à la page 349 :

Un ‘Hassid qui est attaché à notre chef, mon beau-père et maître, le Rabbi, n’a pas d’autre souci que de mettre en pratique la mission qu’il lui a confiée. Il porte donc en lui la force de celui qui le délègue.

S’il a d’autres préoccupations, il peut être victime des attraits exercés par le monde, comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, à la page 103 :

Cette mission est celle du Rabbi et tous doivent donc l’accepter avec enthousiasme, s’y engager. Pourtant, la pénombre intense et profonde conduit certains à oublier le Rabbi, à oublier la mission qu’il confie.

Ceux-là sont alors victimes de leur corps et de la grossièreté de leur âme animale. Ils n’ont pas le bonheur de recevoir une mission.

 

La force du Rabbi, pleinement accordée à son émissaire, lui permet de résister à l’environnement dans lequel il évolue, d’y exercer une influence positive, sans subir lui-même l’effet de ce contact. Comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, à la page 149, le Rabbi indique, à ce propos :

Lorsque c’est le Rabbi qui demande, on n’avance pas uniquement par ses forces personnelles, mais par les siennes. Dès lors, même si l’on est tout seul dans cet endroit, on ne disparaît pas devant toute la ville.

On a bien conscience qu’à titre personnel, on n’est pas parfait, mais, quand c’est le Rabbi qui demande, on est animé par sa détermination et l’on sait que lui est parfait. Ainsi, une toute petite créature, dès lors qu’elle possède l’intégrité de celui qui la délègue, devient elle-même parfaite et elle ne disparaît pas.

 

Comme l’indique le Sefer Ha Cheli’hout, paru à New York, aux pages 2, 101 et 149, la mission que le Rabbi confie à son émissaire peut recevoir trois formes :

Il existe trois formes de mission :
A) l’action concrète de l’émissaire est celle de l’homme qui le mandate,
B) le membre du corps, par exemple la main de l’émissaire, exécutant la mission, devient celui de l’homme qui le mandate,
C) l’existence de l’émissaire s’identifie à celle de l’homme qui le mandate.

En outre, le Rabbi définit une quatrième forme, dans le Séfer Ha Cheli’hout, paru à New York, à la page 2 :

Puis, il y a aussi une quatrième forme. L’émissaire ne fait pas que s’identifier à celui qui le délègue. Il est celui qui le délègue, à proprement parler.

Par la suite, le Rabbi introduisit également une cinquième forme, dans une causerie figurant dans le Sefer Ha Si’hot 5751 (1990), tome 1, à la page 152 :

On sait qu’il existe plusieurs formes de mission. Globalement, de la plus basse vers la plus haute, ce sont les suivantes :
A) l’action de l’émissaire est attribuée à celui qui le délègue, à la différence de la force d’action ou des autres forces de cet émissaire,
B) la force d’action de l’émissaire est soumise à celui qui le délègue, à la différence des autres forces de cet émissaire,
C) toute l’existence de l’émissaire, toutes ses forces, son désir, sa volonté, son intellect, ses sentiments sont totalement soumis à celui qui le délègue,
D) l’émissaire est une émanation de celui qui le délègue,
E) l’émissaire est celui qui le délègue, à proprement parler.

 

Le Rabbi insiste également sur la nécessité de rendre des comptes sur la mission confiée. Dans une causerie figurant dans le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 596, le Rabbi souligne cette idée :

Quand d’autres personnes peuvent observer ce qui a été accompli, a fortiori quand on sait que l’on doit rendre des comptes sur ses actions à un être de chair et de sang, on en éprouve de la crainte et l’on adopte alors le comportement qui convient.

S’adressant à un groupe de ses émissaires, le Rabbi demande que l’un d’eux soit plus spécifiquement chargé de lui rendre des comptes, au nom de tous, comme le rapporte le Likouteï Si’hot, tome 24, à la page 513 :

Vous choisirez l’un d’entre vous qui sera chargé d’annoncer de bonnes nouvelles, chaque mois, de l’endroit dans lequel s’exerce votre mission.

Le Rabbi mentionne aussi cette nécessité de rendre des comptes, dans une lettre figurant dans ses Iguerot Kodech, tome 1, à la page 198 :

Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, commentant le verset Chemot 19, 8, expliquent, dans le Me’hilta, que l’on doit rendre compte de la mission à celui qui l’a confiée, y compris quand il en a déjà connaissance.

Dans une autre lettre, figurant dans les Iguerot Kodech, tome 3, à la page 325, le Rabbi dit encore :

La force de celui qui délègue, mon beau-père et maître, le Rabbi vous accompagnera en tous vos accomplissements, afin que ceux-ci connaissent une immense réussite, jusque dans le moindre détail.

Dans une lettre du Rabbi, figurant dans le Likouteï Si’hot, tome 18, à la page 500, il est fait référence aux obstacles et aux difficultés auxquels un émissaire peut être confronté :

Vous assumez une mission confiée par le Rabbi et il est donc certain que vous connaîtrez la réussite, si vous ne gâchez rien. En effet, vous possédez en vous sa force et il vous accompagne donc, pour la mener à bien. De ce fait, il ne peut y avoir d’obstacle, de difficulté que l’on ne puisse surmonter.

Plus l’on est un réceptacle apte à intégrer tout cela, plus vite la mission sera menée à bien et avec un succès accru.

Le Rabbi répond, avec indignation, à l’un de ses émissaires, qui lui propose d’interrompre sa mission pendant quelques années, afin de poursuivre des études universitaires, comme l’indique le Likouteï Si’hot, tome 17, à la page 486 :

Point le plus important, pourquoi en voulez-vous au Rabbi au point de le traîner à l’université ? Les forces de celui qui vous délègue se trouvent en vous et lorsque votre corps se rend à l’université, votre âme divine, enfermée dans ce corps, doit l’y accompagner. Et, les forces du Rabbi se trouvant dans votre âme divine y vont aussi. Cela veut dire que vous entraînez le Rabbi avec vous, si l’on peut s’exprimer ainsi !

La mission confiée est ainsi la clé de la réussite personnelle. Dans une lettre figurant dans ses Iguerot Kodech, tome 8, à la page 244, le Rabbi écrit :

Chaque jour, nous avons recours aux bienfaits du Saint béni soit-Il. De ce fait, plus l’on assume rapidement la mission confiée par D.ieu, plus l’on accroît la bénédiction et la réussite dont chacun a besoin.

 

Le Rabbi évoque aussi la qualité personnelle de celui qui est appelé à devenir son émissaire. Dans une causerie figurant dans le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 141, il dit :

Pour s’identifier totalement à celui qui le mandate, l’émissaire, avant même de recevoir sa mission, doit posséder une valeur personnelle, qui le rend comparable à celui qui le mandate. C’est grâce à cela qu’il pourra par la suite, quand il deviendra un émissaire, s’identifier totalement à celui qui le délègue.

Dans la causerie du 20 Mena’hem Av 5745 (1985), le Rabbi précise le sens du principe selon lequel : « un émissaire peut en nommer un autre ». Il explique, notamment :

Il faut admettre qu’en nommant un émissaire, celui qui le mandate lui donne sa propre existence. Il en est de même également quand le premier émissaire en nomme un second. Ce dernier ne fait pas que recevoir la mission. Il obtient aussi, de cette façon, l’existence de celui qui mandate.

De ce fait, lorsque la mission confiée au premier émissaire disparaît, celle du second est maintenue et il en est ainsi également pour le centième émissaire, dès lors que chacun possède en lui la force de celui qui délègue.

Dans une lettre adressée à ses émissaires en Terre sainte, le Rabbi écrit ceci :

Vous êtes les émissaires de quelqu’un de très particulier, mon beau-père et maître, le Rabbi, chef de notre génération et : « le chef est tout ».

Comme le rapporte le Likouteï Si’hot, tome 23, à la page 541, le Rabbi, faisant référence à l’initiative de la mission, écrit ceci, dans une lettre adressée à quelqu’un qui l’interroge :

On vous a dit qu’il m’appartient d’envoyer des émissaires. Il n’est pas d’usage que je prenne l’initiative, en la matière, si ce n’est pour ceux dont je suis certain qu’ils me sont attachés et dans des cas exceptionnels.

Si c’est effectivement le seul obstacle, vous vous concerterez, à ce propos et vous m’interrogerez ensuite. C’est alors que je vous communiquerai mon avis.

La condition, pour tout cela, est comme on l’a dit, la nécessité, pour un émissaire du Rabbi, de lui être indéfectiblement attaché, comme le rappelle le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, à la page 97 :

Quand est-il possible de déléguer un émissaire ? Uniquement lorsque celui-ci est sincèrement attaché. En revanche, s’il hésite, s’il pèse le pour et le contre, même si, au final, il accepte de se rendre dans cet endroit, ce temps de réflexion fait la preuve que son attachement est imparfait et qu’il est donc impossible de le déléguer en ce lieu.

 

Le Rabbi accorde également à ses émissaires une influence directe, dont ils n’ont eux-mêmes pas nécessairement connaissance. Comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, à la page 442, le Rabbi explique, à ce sujet :

Tous ces voyages sont des missions qui ont été confiées par le Rabbi, ce qui veut dire qu’il se déplace avec vous. Aussi, chaque fois qu’une influence profonde est nécessaire, vous devez en avoir conscience et vous adresser aux autres, pour cela.

En revanche, pour l’influence que le Rabbi accorde d’une manière indirecte, il n’est pas indispensable que l’émissaire ait connaissance de ce qui a résulté de sa mission.

 

C’est dans ce contexte qu’un émissaire du Rabbi lui reste pleinement attaché, y compris quand il se trouve dans un endroit lointain, afin d’y assumer la mission qui lui est confiée. Le Rabbi souligne, à ce propos, dans le Likouteï Si’hot, tome 10, à la page 108 :

L’explication du Maguid de Mézéritch à propos des anges envoyés par Yaakov s’applique aussi aux émissaires du Rabbi. Seuls leur corps, leur aspect matériel, se consacrent à la mission qui leur est confiée : « à l’extérieur ». A l’inverse, leur spiritualité reste attachée à celui qui les délègue, à Yaakov.

Cela veut dire qu’ils doivent implanter en leur cœur, d’une manière fixe, y compris quand ils mènent une action de diffusion du Judaïsme, qu’ils se trouvent : « à l’extérieur » uniquement pour y mener à bien la mission qui leur a été confiée par celui qui les délègue, sans faire intervenir la moindre préoccupation accessoire.

 

La soumission est la qualité la plus essentielle d’un émissaire du Rabbi, comme on l’a indiqué. C’est elle qui lui permet de mener à bien la mission qui lui est confiée. Dans le Sefer Ha Cheli’hout, publié à en Erets Israël, à la page 498, on trouve, à ce propos, l’explication suivante :

Commentant le verset : « Yonathan lui dit : demain sera Roch ‘Hodech et l’on se rappellera de toi, parce que ta place sera vide », la ‘Hassidout souligne que, précisément : « parce que ta place sera vide », grâce à la soumission la plus totale, on peut obtenir que : « l’on se rappellera de toi » dans les sphères célestes.

Telle est donc la valeur véritable. Quand on se soumet, en mettant en pratique la mission confiée, « ta place sera vide », on s’élèvera vers le Roi suprême, le Saint béni soit-Il, « on se rappellera de toi » et l’on s’attachera au Rabbi, chef de notre génération.

La soumission d’un émissaire est telle qu’il s’intègre à l’existence de celui qui le mandate, comme le Rabbi l’explique dans une causerie prononcée le 21 Mena’hem Av 5744 (1984) :

L’existence d’un émissaire n’est pas autonome. Elle s’insère en l’existence de celui qui le délègue, au point de ne former qu’une seule et même entité, conformément à l’explication du Maguid de Mézéritch sur le verset : « deux trompettes (‘Hatsotserot) », dont il donne la lecture suivante : « deux demi-cercles (‘Hatsaeï Tsourot) ».

Ces deux demi-cercles forment une figure unique, ainsi qu’il est dit : « ils ne formeront qu’une seule chair ».

 

Lorsque le Rabbi n’observe pas cette soumission, cette discipline militaire, il peut être conduit à en faire le reproche, parfois même en termes cinglants, comme en atteste cette lettre, figurant dans les Iguerot Kodech du Rabbi, tome 17, à la page 52 et rapportée également dans le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, à la page 97 :

Je vous considérais comme mon soldat, auquel je pouvais confier une mission dans cet endroit. Il semble, cependant, qu’avant de prendre une décision, vous devez entendre l’avis de votre mère, des membres de votre famille.

Bien entendu, ce n’est pas là l’attitude d’un soldat, qui ne fixe pas de conditions, ne demande pas pour combien de temps et ne va pas ensuite recueillir l’avis des membres de sa famille.

Le Rabbi reprend aussi, pour ses émissaires, le qualificatif de : « soldats de la maison de David », qui fut employé, pour la première fois, par le Rabbi Rachab, lors de la création de la Yechiva Tom’heï Temimim, à propos de ses élèves, qui allaient être appelés à lutter contre la pénombre profonde de la fin de l’exil, lorsque : « l’on se moque des pas de Ton Machia’h ». Comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, paru en Erets Israël, à la page 100, le Rabbi précise ceci :

Pour faire partie des soldats de la maison de David, l’attachement doit être parfait et non uniquement verbal, ainsi qu’il est dit : « ils le séduisent par leur bouche et, par leur langue, ils lui mentent. Leur cœur n’est pas bien disposé envers lui et ils ne sont pas fidèles à son alliance ». Or, cette alliance est précisément celle de l’attachement.

L’attachement doit aussi se manifester dans l’action concrète, qui est l’étape première. C’est uniquement après cela qu’il est possible de parler. En revanche, la seule parole ne permet en aucune façon de s’acquitter de son obligation.

 

Le Rabbi fait de l’attachement d’un ‘Hassid une règle de conduite, non pas une notion théorique. Comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, paru en Erets Israël, à la page 54, le Rabbi donne, à ce propos, la précision suivante :

Un ‘Hassid attaché au Rabbi n’est pas encore un véritable ‘Hassid. En effet, un véritable ‘Hassid est celui qui est attaché aux actions du Rabbi, soumis et voué à elles. C’est uniquement par l’intermédiaire de ces actions que l’on peut s’attacher à l’essence du Rabbi.

De même, le Rabbi écrit dans son Hayom Yom, à la date du 8 Iyar :

L’émissaire ne forme qu’une seule et même entité avec celui qui le délègue. Les ‘Hassidim sont des émissaires du Rabbi, de l’Admour Hazaken. Quand on agit, on est attaché et, dès lors, on l’est en tout point, on marche comme un ‘Hassid, on mange comme un ‘Hassid, on dort comme un ‘Hassid.

L’attachement au Rabbi doit permettre à un ‘Hassid de réaliser n’importe quelle activité, sans le moindre a priori, dès lors que celle-ci lui est confiée par le Rabbi. Dans une lettre figurant dans ses Iguerot Kodech, tome 3, à la page 89, le Rabbi écrit :

En fait, si l’émissaire connaît le sens du verset : « Et, Adam connut… », qui fait allusion à une perception profonde, au point de supprimer sa propre existence et son ego, d’être uniquement l’homme qui a été envoyé par celui qui le délègue, peu lui importe de se consacrer à ce qui n’est, selon sa propre analyse, que des bottines. En quoi cela le dérangerait-il ?

 

Le Rabbi a recours à plusieurs images pour illustrer l’attachement d’un ‘Hassid. L’une des plus courantes est la poignée de la porte du Rabbi. On trouve, à ce sujet, l’extrait suivant, dans le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, à la page 315 :

Un principe s’applique à chacun d’entre nous. Si le Rabbi confie une mission à quelqu’un, un certain accomplissement, celui-ci doit alors tenir la poignée de la porte du Rabbi et avancer sur : « le chemin droit qu’il nous a enseigné, parmi ses voies et que nous suivrons ». C’est ainsi que l’on est heureux dans ce monde et dans le monde futur.

Une autre image usuelle est le lien céleste, qui préserve de la chute. Il est dit, à ce propos, dans le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, à la page 97 :

Celui qui est attaché de la manière qui convient n’a aucune crainte à avoir, car il possède un lien céleste et, dès lors, selon le proverbe bien connu, « celui qui est attaché là-haut ne tombe pas en bas ».

En d’autres termes, même s’il est nécessaire qu’il se trouve « en bas » pour y effectuer sa mission, il ne tombera pas et ne chancellera pas, car il est lié là-haut. Ce n’est pas lui qui avance, mais celui qui le délègue.

Le Rabbi souligne aussi cette présence du maître près de son ‘Hassid dans le Likouteï Si’hot, tome 14, à la page 245, qui rapporte l’affirmation suivante :

Un ‘Hassid attaché à notre chef, mon beau-père et maître, le Rabbi se préoccupe uniquement de la mission qu’il lui a confiée. La force de celui qui le délègue l’accompagne donc, en tout ce qu’il accomplit.

Tout ceci permet de comprendre pourquoi la mission confiée ne doit jamais être abandonnée, comme le précise une lettre du Rabbi, figurant dans le Likouteï Si’hot, tome 17, à la page 527 :

Le Rabbi vous a confié cette mission et, à n’en pas douter, cela est préférable pour vous. Même si vos propos étaient vérifiés, vous ne devez pas changer de mission. Il vous faut mener à bien celle qui vous a été confiée !

 

Le Rabbi définit la marge de manœuvre de son émissaire, dans une causerie figurant dans le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 497, de la façon suivante :

L’épisode des explorateurs permet d’établir que ce qui est laissé à l’appréciation de l’émissaire, « selon ton avis », concerne uniquement la façon de mettre en pratique la mission, non pas cette mission proprement dite, l’opportunité de l’assumer. L’émissaire n’a pas son mot à dire, sur ce point.

Celui qui le délègue, le Moché notre maître de cette génération, lui a expliqué que telle est sa mission. Il doit donc la mettre en pratique. Il ne peut en aucune façon faire intervenir son propre intellect, dans ce domaine, y compris quand ce que l’on attend de lui est difficile et même si : « le peuple est puissant ».

Sur le même sujet, le Rabbi dit également ceci, comme le rapporte le Likouteï Si’hot, tome 22, à la page 94 :

Un Juif doit savoir que, même lorsqu’il met en pratique l’Injonction : « nous comprendrons », lorsqu’il se sert de sa propre force d’analyse, « selon ton avis », il lui faut toujours garder à l’esprit qu’il est un émissaire de Moché.

Il ne doit pas avoir le désir d’agir de la manière dont il le comprend. Il doit savoir que telle est la Volonté de D.ieu. C’est seulement à cette condition que son intellect fonctionnera de la manière qui convient et qu’il adoptera la conclusion la plus favorable.

 

Le Rabbi définit le principe de la nomination d’un émissaire dans un texte qui figure dans le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, à la page 101 :

Il importe que celui qui délègue nomme un émissaire et lui confère sa force. S’il en était autrement, il ne pourrait pas devenir son émissaire. Ce terme établit, en effet, qu’il possède une existence propre, une force d’analyse, indépendante de celui qui le délègue. Une force particulière, celle de la Torah, est donc nécessaire pour qu’un homme puisse en désigner un autre et lui demander d’agir à sa place.

Le Rabbi précise ensuite l’effet de cette nomination, dans le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 139 :

Pour mener à bien la mission, il faut, tout d’abord, savoir, avoir pleinement conscience que l’on est l’émissaire du Saint béni soit-Il, que l’on ne peut donc pas modifier l’avis et la volonté de celui qui délègue, ce qu’à D.ieu ne plaise. De fait, en le faisant, on mettrait un terme immédiat à cette mission.

Sur ce même point, qui est fondamental, le Rabbi dit aussi, dans le Likouteï Si’hot, tome 11, à la page 265 :

Un émissaire fidèle ne modifie pas les termes de la mission qui lui est confiée. Il possède, en effet, la force et la détermination de celui qui le mandate, alors qu’en changeant la mission, il n’agit plus que par ses moyens propres.

 

Et, le Rabbi souligne qu’il accueillera le Machia’h en compagnie de ses émissaires, comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout publié en Erets Israël, à la page 42 :

Mon beau-père et maître, le Rabbi conclut son propos en affirmant qu’il ira, avec tous ceux qu’il a formés, tous ceux qui ont accepté la mission qu’il leur a confiée, tous ceux qui l’acceptent encore maintenant et tous ceux qui l’accepteront par la suite, à la rencontre de notre juste Machia’h, très prochainement.

 

Le Rabbi souligne aussi qu’un abus d’alcool est incompatible avec la mission qu’il confie. Comme le rapporte le Séfer Ha Cheli’hout, paru en Erets Israël, à la page 269, le Rabbi dit, à ce propos :

Ceux qui ne savent pas limiter leur prise d’alcool ne sont pas mes émissaires et je leur demande de ne pas participer aux missions du Merkaz Le Inyaneï ‘Hinou’h. Concernant le passé, je n’ai aucune rancune envers eux, ce qu’à D.ieu ne plaise, strictement aucune.

En revanche, ceux qui ont trébuché, en la matière, doivent s’engager à respecter scrupuleusement cette limitation, à l’avenir. Ils pourront ainsi prendre part à ces missions et puisse D.ieu faire qu’ils aient une grande réussite.

 

Le Rabbi souligne également l’importance de la continuité dans le service du Rabbi, comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, paru en Erets Israël, à la page 274 :

Certains ont servi le Rabbi, quand il vivait encore dans ce monde, dans un domaine ou dans un autre et ils souhaitent continuer à le faire. Ils doivent donc savoir qu’en assumant la mission du Rabbi, ils le servent effectivement.

Le Rabbi est avec eux, dans l’endroit où ils se trouvent, y compris dans un pays lointain, dès lors qu’ils assument cette mission.

Il peut en être ainsi pour chacun. Le Rabbi est avec eux et ils peuvent le voir, en état d’éveil. De cette façon, ils peuvent voir aussi tous nos autres maîtres.

Le Rabbi énumère les différentes formes de ce service, dans une lettre figurant dans ses Iguerot Kodech, tome 11, à la page 332 :

Les livres des derniers Sages définissent différents aspects de la mission : l’action réalisée acquitte-t-elle celui qui délègue de son obligation ? Cette action devient-elle un accomplissement de celui qui délègue ? L’émissaire s’identifie-t-il à celui qui le délègue ?

Ceci peut être rapproché de ce qui est expliqué, notamment, dans la séquence de discours ‘hassidiques de 5666, à propos du serviteur intègre.

Le serviteur intègre est celui qui sert D.ieu en tout ce qu’il fait, qui n’a pas d’autre préoccupation que ce service. Et, le Rabbi explique que l’on peut appliquer à un émissaire le principe selon lequel : « le serviteur du roi est lui-même un roi », notamment dans la causerie du Chabbat Parchat Noa’h 5744 (1984) :

On assume la mission de mon beau-père et maître, le Rabbi, chef de notre génération, celle des chefs et des Sages d’Israël de toutes les générations, depuis Moché, notre maître, le berger fidèle, le premier berger des enfants d’Israël.

Et, il est un équivalent de Moché en chaque génération, y compris le chef de la nôtre. On peut donc se consacrer à tout cela, non seulement en « étant suffisamment humecté pour humecter les autres », mais aussi en s’identifiant à celui qui confie la mission, car : « le serviteur du roi est lui-même un roi ».

 

L’émissaire qui est à sa place se trouve ainsi face à face avec le Rabbi, comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, publié en Erets Israël, à la page 83 :

On peut se trouver, physiquement, à une distance de nombreux kilomètres, mais, en réalité, c’est précisément dans cet endroit que se trouvent les quatre coudées du Rabbi, du chef. C’est là que l’on est véritablement près de lui, tout au long de sa vie dans ce monde.

C’est de cette façon que l’on peut connaître le bien, avec tous les membres de sa famille, matériellement et spirituellement, au sens le plus littéral, ici-bas, d’une manière concrète, dans ce monde.

Bien plus, l’émissaire peut s’attacher à l’Essence de D.ieu, précisément dans l’endroit où sa mission lui est confiée, comme l’indique une causerie figurant dans le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 141 :

Par chaque bonne action qu’un Juif accomplit pour mener à bien la mission qui lui est confiée, même s’il ne s’agit, en apparence, que d’une petite action, celle d’un petit enfant, l’Essence de D.ieu, béni soit-Il, se révèle !

 

Le Rabbi souligne que la mission qu’il confie est une situation définitive, comme le précise le Likouteï Si’hot, tome 21, à la page 330 :

La mission véritable ne se limite pas à une action ponctuelle, réalisée lorsque cette mission a été confiée. Elle doit se prolonger dans la durée, comme si elle était confiée, d’une façon renouvelée, à chaque instant, afin de bâtir la Résidence de D.ieu, béni soit-Il, parmi les créatures inférieures.

De ce fait, lorsqu’il délègue de nouveaux émissaires dans un endroit, le Rabbi leur souligne qu’ils poursuivent l’action de ceux qui les ont précédés. Les propos suivants sont rapportés par le Likouteï Si’hot, tome 12, à la page 241 :

Vous me transmettrez également les noms des émissaires qui vont ont précédés, depuis le début, car leur action se prolonge dans le temps et vous-même êtes chargés de poursuivre leurs accomplissements.

De même, souligne le Rabbi, son beau-père, après avoir quitté ce monde, continue à y exercer son influence, au point que l’on puisse réciter le Psaume correspondant au nombre de ses années, comme s’il vivait encore physiquement, comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, paru en Erets Israël, à la page 478 :

Il est certain que le Rabbi le veut et tout dépend donc de vous. Le Rabbi accomplit cette action par votre intermédiaire. Récitez donc le Psaume correspondant au nombre d’années qu’il aurait actuellement, afin d’intégrer ce qu’il attend de nous. Prenez un discours ‘hassidique du Rabbi, de même que sa photographie.

Sans doute pour la même raison, le Rabbi inclut dans le programme de la réunion de ses émissaires une visite auprès du tombeau du Rabbi Rayats, son prédécesseur. Le Sefer Ha Cheli’hout, paru en Erets Israël, rapporte ses propos, sur ce point, à la page 85 :

Pour renforcer tout cela, il serait bon, avant la fin de votre réunion, que tous les émissaires se rendent auprès du saint tombeau de celui qui les a délégués, mon beau-père et maître, le Rabbi, chef de notre génération.

Là, vous lirez une demande de bénédiction au nom de tous les émissaires, qui la signeront. Et, vous laisserez cette demande près de son tombeau, comme le veut l’usage établi.

S’adressant à ses émissaires réunis, en 5750 (1990), le Rabbi rappelle que son beau-père, le Rabbi Rayats, a quitté ce monde en 5710 (1950) et que, selon l’affirmation de la Guemara, quarante ans sont nécessaires au disciple pour comprendre ce que son maître lui a enseigné. Il en déduit qu’il est possible, désormais, d’assumer la mission à un niveau beaucoup plus haut, comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, paru à New York, à la page 107 :

Passée la quarantième année après 5710, la mission confiée et ceux qui l’assument reçoivent une perfection nouvelle. En effet, c’est à l’issue de ce délai que : « un homme perçoit l’avis de son maître », de celui qui le délègue, mon beau-père et maître, le Rabbi.

Désormais, la soumission de l’émissaire à celui qui le délègue peut être beaucoup plus parfaite et ceci doit se révéler en toutes les forces de l’émissaire, au point de les pénétrer profondément.

Le Rabbi attend cette soumission de la part de ses émissaires, comme il le souligne lui-même dans une causerie figurant dans le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 81 :

Avant tout, est nécessaire l’acceptation du joug de la Royauté céleste. L’émissaire doit accepter la Royauté de D.ieu, béni soit-Il. Puis, vient l’acceptation du joug des Mitsvot, le détail de ces Mitsvot et de la mission.

En ce sens, le manque de soumission est bien une faute, comme l’indique le Sefer Ha Si’hot 5750 (1990), tome 2, à la page 542 :

Le changement et l’ajout à la mission confiée par Moché furent précisément la faute des premiers explorateurs.

Et, ce manque de soumission remet en cause, à terme, la mission qui a été confiée, comme l’indique le Rabbi, selon le Sefer Ha Cheli’hout, paru en Erets Israël, à la page 476 :

Un émissaire modifiant un seul détail de sa mission la remet totalement en cause.

 

En outre, un émissaire se distingue également par son étude de l’enseignement de celui qui le délègue, comme le Rabbi l’explique dans une causerie figurant dans le Sefer Ha Si’hot 5748 (1988), à la page 99 :

L’émissaire étudie l’enseignement de celui qui le délègue et il suscite, de cette façon, « une union extraordinaire » avec lui. De cette façon, il renforce encore plus clairement son attachement avec celui qui le mandate, tel qu’il est par lui-même.

Le Rabbi fait référence également à la mission d’un Rav, au sein de sa communauté, comme il l’indique dans une lettre, figurant dans ses Iguerot Kodech, tome 15, à la page 247 :

L’objet et la puissance d’un Rav sont d’être l’émissaire qui transmet l’avis de la Torah. Sa mission réside dans les piliers de la Torah, les premiers Sages, les plus antérieurs, ceux qui ont reçu l’ordination, d’une génération à l’autre, depuis Moché, notre maître, qui reçut la Torah sur le mont Sinaï et qui fut lui-même l’émissaire de D.ieu.

 

Le Rabbi souligne l’importance de conserver une trace en images des activités de ses émissaires, comme le rapporte le Sefer Ha Cheli’hout, paru en Erets Israël, à la page 193 :

Il serait bon que vous fassiez parvenir des photographies, l’une du Beth ‘Habad, les autres d’une réunion ‘hassidique des Tsivot Hachem, les armées de D.ieu, d’une réunion des Anciens d’Israël et d’une réunion de ceux qui ont un âge intermédiaire, de même qu’une photographie des autres activités.

Comme le veut l’usage, dans ce pays, lorsque l’on montre une photographie, on est plus efficace qu’avec de nombreuses paroles.