Dans l’univers de la musique juive contemporaine, certaines collaborations transcendent les frontières linguistiques et culturelles, touchant le cœur des auditeurs par-delà les mots. L’adaptation française du célèbre titre « Crack of Dawn », fruit du talent du compositeur Yossi Green et magnifié par l’interprétation de Mordechai Ben David (surnommé affectueusement « MBD » ou « The King » par ses fans), constitue l’un de ces moments rares où l’art dépasse ses origines pour atteindre une dimension universelle.
La genèse d’un chef-d’œuvre
Yossi Green, figure emblématique de la composition musicale juive contemporaine, a su créer avec « Crack of Dawn » une mélodie qui résonne profondément avec les thèmes de l’espoir et de la rédemption. Ces thèmes, centraux dans la tradition juive, prennent une dimension particulière lorsqu’ils sont incarnés par la voix puissante et émotive de Mordechai Ben David, souvent considéré comme le roi de la musique juive moderne.
L’œuvre originale, en anglais et en hébreu, explore la métaphore de l’obscurité et de la lumière, symboles universels de l’exil et de la rédemption dans la tradition juive. La Galout (l’exil) représentée par les ténèbres, contraste avec l’espoir de la Geoula (rédemption) symbolisée par la lumière qui point à l’horizon.
Les paroles de « Le Jour se Lève »
L’adaptation française de Rivka Sudry, intitulée « Le Jour se Lève » et interprétée par Haïm-Hillel Zekri, met en avant des paroles profondément symboliques qui suivent la structure narrative de l’original « Crack of Dawn ». Les voici dans leur intégralité :
Plongé dans les ténèbres En rampant il progresse
Soudain, le soldat se fige Chaque bruissement le paralyse!
Oh! Mon D-ieu!! Son coeur bat à tout rompre, Une prière il prononce
Il sait, qu’en un éclair, Toute sa vie peut disparaître!
Attends, le jour se lève! Ressaisis toi, observe tes prouesses
Tu rejoindras tes frères d’arme Ensemble vous chanterez votre victoire
Et là, sous le soleil, Instants magiques, c’est la conquête
Tes anxiétés, sont parties Comme la lumière qui chassa la nuit.
Tremblants dans les ténèbres Implorant la lumière
Elle semble inatteignable Tant subsiste encore le mal
Oh oui! Cette Galout est tellement sombre Un chant de bataille incertain
Ya t’il au bout du chemin La lumière de la rédemption?
Attends, le jour se lève! L’horizon s’éclaire, bientôt le soleil
Observe Machia’h apparaître Nos angoisses nos peurs vont disparaître
Le passé, n’est qu’un rêve! A Yerushalayim, au Beth Hamikdach
Oui cette Galout est finie Comme la lumière qui chassa la nuit
Célébration!! Exaltation!! Jeunes et vieux tous dansent joyeusement!
Nous y avons cru, fermement tenu Paradis éternel, euphorie!!
Le passé, n’est qu’un rêve! A Yerushalayim, au Beth Hamikdach
Oui cette Galout est finie Comme la lumière qui chassa la nuit
Une peine si longue terminée, Nuit finie à jamais,
Le jour se lève L’aube a pointé !!!!
Premier mouvement : L’obscurité et l’angoisse
Les premières strophes dépeignent un soldat avançant dans les ténèbres, paralysé par chaque bruissement, le cœur battant la chamade. Cette image puissante représente l’âme en exil, confrontée à ses peurs et à l’incertitude. La prière qu’il prononce évoque la fragilité de l’existence et la foi comme refuge.
Le refrain : L’espoir qui se lève
Le refrain constitue le pivot émotionnel de l’œuvre avec son appel rassurant : « Attends, le jour se lève ! ». Cette promesse d’une aube nouvelle symbolise l’espérance messianique, la confiance que l’obscurité n’est que temporaire.
Second mouvement : La Galout et l’attente
La seconde partie plonge plus explicitement dans les thèmes spirituels avec des références directes à la Galout (l’exil) décrite comme « tellement sombre » et à l’incertitude du « chant de bataille ». La question existentielle est posée : « Y a-t-il au bout du chemin la lumière de la rédemption ? »
L’apothéose : La rédemption et la célébration
L’œuvre culmine avec l’évocation de l’arrivée de Machia’h (le Messie), de Yerushalayim (Jérusalem) et du Beth Hamikdach (le Temple). La « célébration » et « l’exaltation » remplacent l’angoisse, avec l’image de « jeunes et vieux » dansant ensemble, symbolisant l’unité retrouvée. La conclusion « L’aube a pointé ! » referme magnifiquement le cycle narratif.
L’adaptation française conserve ainsi la puissance des images originales tout en les rendant accessibles au public francophone. La progression thématique de l’obscurité vers la lumière, de l’angoisse vers la joie, reflète fidèlement le message d’espoir de l’œuvre originale de Yossi Green.
Une production de qualité
L’interprétation de cette adaptation française a été confiée à Haïm-Hillel, dont la voix parvient à transmettre l’émotion et la profondeur du message. La production réalisée par Spin Records et l’Agence Exister témoigne d’un souci de qualité et d’authenticité dans la transmission de cette œuvre.
Un pont entre les cultures
Cette adaptation française de « Crack of Dawn » intitulée « Le Jour se Lève » représente bien plus qu’une simple traduction : elle constitue un véritable pont culturel permettant au public francophone d’accéder à la richesse de la musique juive contemporaine. Elle illustre également comment les thèmes universels de l’espoir, de la foi et de la rédemption peuvent transcender les barrières linguistiques et culturelles.
Le travail d’adaptation réalisé par Rivka Sudry témoigne d’une sensibilité particulière aux nuances spirituelles et culturelles du texte original, tout en créant une œuvre qui résonne avec la sensibilité francophone. Les images poétiques choisies, comme celle du soldat dans l’obscurité ou de l’aube qui pointe, sont universelles et permettent une appropriation immédiate par le public, quelle que soit sa familiarité avec la tradition juive.
Un message intemporel
Le succès de cette adaptation réside dans sa capacité à conserver la puissance émotionnelle et spirituelle de l’œuvre originale tout en la rendant accessible à un nouveau public. La métaphore de la nuit qui cède la place à l’aube nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, l’espoir d’un avenir meilleur demeure.
En définitive, cette adaptation française de « Crack of Dawn » constitue un exemple remarquable de la façon dont la musique peut unir les traditions, les langues et les cœurs autour de valeurs et d’aspirations communes. Elle témoigne également de la vitalité de la création musicale juive contemporaine, capable de toucher un public toujours plus large tout en restant fidèle à ses racines.
La chaine Youtube de Haim Hillel Zekri
Version originale chantée par Mordehai Ben David