Balak – A la lumière du Dvar Mal’hout – « Voir le Rabbi » – Rav Yaacov Abergel

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Balak, le Rabbi explique la signification du jeûne du 17 Tamouz quand il tombe le jour du Chabbat, comme c’est le cas cette année. Dans un tel cas, le jeûne est repoussé au lendemain du Chabbat, car le Chabbat est un jour de joie qui ne laisse aucune place à la mortification et au jeûne. Plus encore, le Rabbi nous enseigne que les repas de ce Chabbat, et cela inclut aussi le repas de ‘Mélaveh Malka’ de Motsaeï-Chabbat, doivent être plus copieux que d’habitude.

D’après l’enseignement donné ici par le Rabbi, chaque jour de jeûne possède deux aspects. Un aspect superficiel et négatif et un aspect profond et positif.

L’aspect superficiel du jeûne du 17 Tamouz s’exprime par le fait qu’en ce jour commença le siège de Jérusalem qui a fini par aboutir à la destruction du Temple le jour du 9 Av, le début de l’exil. Cependant, ‘toute descente a pour but une élévation’, et le Rabbi nous explique ici que l’exil est une préparation à la Délivrance :

‘Le but de chaque chose est la profondeur de cette chose, et la profondeur du jour du 17 Tamouz est qu’il est une préparation à la Délivrance, comme cela est allusionné par le fait que 17 est la valeur numérique du mot ‘Tov’ (‘Bien’).

La ‘Hassidout nous enseigne que le jour du Chabbat représente le dévoilement de la Volonté profonde et intérieure du Saint béni soit-Il. De ce fait, lorsque le jour du jeûne du 17 Tamouz tombe le jour du Chabbat l’aspect négatif du jeûne est alors repoussé au lendemain. L’accent est donc mis sur l’aspect positif du jeûne : le second Temple ne fut détruit que dans le but d’être reconstruit.

Ce fut aussi le cas pour les premières Tables que Moché brisa précisément le jour du 17 Tamouz. En effet, les secondes Tables que reçut Moché sont beaucoup plus élevées que les premières car elles contiennent toute la Torah orale. Ainsi, comme pour le Temple, la destruction des premières Tables avait pour but l’élévation des secondes, conformément à l’enseignement du Rabbi selon lequel ‘le but de chaque chose est la profondeur de cette chose’.

En se conformant au principe selon lequel ‘toute descente a pour but une élévation’, le second Temple ne fut détruit que pour l’édification du troisième Temple, lequel sera infiniment plus élevé que les deux premiers.

C’est pourquoi le Rabbi nous demande d’ajouter en nourriture et en boisson, en ce jour du Chabbat du 17 Tamouz (contrairement aux jours de jeûne pendant lesquels nous nous privons de toute nourriture et de toute boisson), car en agissant de la sorte nous exprimons le lien de ce jour avec la Délivrance finale, pendant laquelle ‘les jours de jeûnes seront transformés en jours de fêtes’.

Cet enseignement du Rabbi s’accorde à cet autre enseignement du Rabbi, extrait du Dvar Malhout, sur la Paracha Balak, d’après lequel L’Eternel transforma les malédictions de Bilam en Bénédictions tout comme il transformera les jours de jeûnes en jours de fêtes lors de la Délivrance finale. Aussi, le Rabbi nous enseigne que ‘lorsque le jour du jeûne du 17 Tamouz tombe le jour du Chabbat, alors les jours des 3 semaines d’afflictions (qui commencent le lendemain du Chabbat et qui se terminent le 9 Av) sont illuminés par la lumière cachée du 17 Tamouz qui tombe le jour du Chabbat’.

A la lumière de cette leçon du Rabbi, nous comprenons que nous ne pouvons absolument pas nous suffire de l’aspect superficiel de la réalité. Au contraire, le regard et le comportement que nous devons adopter est celui de nous attacher profondément aux enseignements du Rabbi afin de toujours percevoir le contenu profond des évènements que nous vivons. L’étude de la partie profonde de la Torah nous donne à voir la profondeur de la Réalité afin que nos pensées nos paroles et nos actes s’inscrivent dans le projet divin qui n’est autre que le dévoilement de l’Essence de D.ieu.

Percevoir le contenu profond de chaque chose est une priorité dans notre mission de faire de ce monde une demeure pour D.ieu. C’est la raison pour laquelle le Rabbi nous demande d’ajouter dans notre étude des sujets du Machia’h et de la Guéoula car de cette façon nous pourrons vivre véritablement ces sujets de manière profonde, ainsi qu’il est écrit dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha : ‘L’intellect doit être pénétré de ces sujets, et la lumière de notre compréhension doit également se répandre et pénétrer nos sentiments dans le cœur, jusqu’à atteindre notre action concrète, nos pensées nos paroles et nos actes.’

Au Baal Chem Tov qui lui demanda quand il viendrait, le Machia’h répondit : ‘Quand tes sources se répandront à l’extérieur !’.

C’est précisément sur cette déclaration du Machia’h que le Rabbi écrit au chapitre18 de son ouvrage intitulé ‘Iniana chel Torat ha Hassidout’ que ‘Plus la ‘Hassidout est diffusée jusqu’aux niveaux les plus bas de l’être et de la Création et plus la nature de la ‘Hassidout se trouve intensément exprimée. C’est pourquoi Rabbi Yossef-Itzhak soulignait tant, lors de ses interventions, le fait que chaque concept étudie en ‘Hassidout doit être cristallisé par les actes, car c’est seulement dans sa concrétisation qu’est appréhendée la nature essentielle de la ‘Hassidout’.

Le Rabbi nous apprend que notre devoir est de ‘diffuser la ‘Hassidout jusqu’aux aspects les plus triviaux de la Création, pour transformer jusqu’à la nature de l’âme animale laquelle constitue un ‘extérieur’ au sein même de l’individu, au point même que l’individu parvienne à sublimer la part du monde qui lui a été assignée à cet effet, et qui caractérise son extérieur véritable’.

A la lumière de ce qui vient d’être dit il nous apparait que le Rabbi définit ‘l’extérieur’ de deux façons. ‘Répandre les sources à l’extérieur’ signifie que l’étude de la ‘Hassidout et le fait d’adopter un comportement ‘hassidique nous permettent de transformer la nature de l’âme animale, laquelle constitue un ‘extérieur’ au sein même de l’individu. D’autre part, ‘répandre les sources à l’extérieur’ désigne nos actions ‘à l’extérieur’, c’est à dire dans la part du monde qui nous a été assignée, en diffusant la ‘Hassidout à travers le monde jusqu’à atteindre les lieux et les êtres qui lui sont le plus étrangers.

Il est également possible d’expliquer la réponse du Machia’h au Baal Chem Tov à partir de l’enseignement du Rabbi Rayats selon lequel ‘Lè’h-Lé’ha’ (‘Va pour toi’) signifie de manière profonde : ‘Lè’h lé-atsmé’ha !’ c’est à dire ‘Va jusqu’à la source et la racine de ton âme !

Dans cet enseignement le Rabbi Rayats définit l’Essence de l’âme comme étant ‘la source et la racine de l’âme’. Dans ce cas, peut-être que lorsque le Machia’h assigne au Baal Chem Tov la mission de ‘répandre les sources à l’extérieur’, son intention est que le Baal Chem Tov dévoile ‘la source et la racine de l’âme’, l’Essence de l’âme, des enfants d’Israël. Au point d’atteindre ceux qui sont le plus à l’extérieur.

La réponse du Machia’h au Baal Chem Tov met en évidence que le dévoilement de l’Essence de notre âme dans la partie de l’âme qui s’habille dans le corps (les forces révélées de notre âme qui sont l’intellect les sentiments et l’action) détient le pouvoir de percevoir la profondeur de l’existence. Le fait de nous attacher à l’étude de l’Essence de la Torah nous permet de voir que nous entendons habituellement. Chaque force de l’âme s’habille dans l’un des membres du corps (la force de la vision s’habille dans l’œil, la force de l’audition dans l’oreille). Or, le membre qui habille cette force la limite. A l’opposé, lorsque cette force de l’âme se trouve dans l’Essence de l’âme (avant de s’habiller dans l’un des membres du corps) elle est illimitée.

Pendant le don de la Torah, l’Essence de l’âme fut dévoilée et il fut donc permis à l’œil de ‘voir ce que l’on entend’ c’est-à-dire de voir ce qu’il n’a pas l’habitude de voir. C’est le sens que donne le Rabbi du verset : ‘le Peuple vit les Voix’.

‘Voir ce que l’on entend habituellement’ signifie que notre perception s’élève à un niveau supérieur. Aujourd’hui nous ne faisons qu’entendre la Torah, c’est à dire que notre étude ne nous permet pas de voir vraiment l’enseignement que nous étudions. Nous ‘entendons’ exprime l’idée que la chose est encore loin de nous. En revanche, lorsque nous voyons une chose avec nos yeux alors cette chose est vraiment proche de nous, à notre portée, notre proximité. Au moment de notre Délivrance ‘la permission nous sera donnée de voir la Parole divine qui vit en chaque chose, la porte à l’existence et la maintient en vie’. De la sorte, le Machia’h nous donnera à voir l’Essence de la Torah et en même temps nous percevrons la profondeur de notre existence, sans aucuns voiles. Très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem.