Il y a déjà neuf ans, le Rav Adin Éven-Israël était l’invité de la Jeunesse Loubavitch à l’occasion de la célébration du Youd Teth Kislev au Théatre Mogador, devant une salle comble. Lors de ce même voyage, son livre : Mon maître le Rabbi (Éditions du Cerf) venait de sortir en librairie et pendant les deux jours qui suivirent le Rav Adin Éven Israël fut interviewé à ce propos par les plus grands journaux français. La somme de ces interviews donna d’ailleurs naissance au chapitre « Autour de mon maître le Rabbi » dans le livre Laisse mon peuple apprendre (paru également aux Éditions du Cerf). Les lignes suivantes présentent un résumé de son intervention, fidèle à son style particulier, invitant à la réflexion autant qu’à l’action. Un souvenir personnel : en l’accompagnant à l’hôtel, je l’ai entendu soudain soupirer par deux fois : « oye, oye… ». J’eus a lors l’audace de lui en demander la raison, ce à quoi il me répondit sans hésiter :  « Je me demande si tout ce que j’ai dit a pu avoir un quelconque effet. Dans le noir de la salle, je ne voyais même pas les gens à qui je m’adressais…Mais après tout, comment savoir, parfois une phrase, voire un seul mot peuvent suffire. Voilà, tel est la raison de ces deux ‘oye’… ».

Michel Allouche, Jérusalem

 

Rav Adin se plait, d’entrée, à « piquer » son auditoire : « Non, je n’ai aucune raison de présenter mes excuses car je m’adresse à vous en hébreu. Ne serait-il pas temps que vous vous mettiez à l’apprendre, jeunes et vieux confondus ? ». Son intervention est relativement brève mais va comme d’habitude au fond des choses. La ‘hassidout n’a en fait rien inventé. Elle cherche seulement à atteindre l’intériorité de l’être, là où se trouve le « émeth », la vérité. Qu’est-ce que la vérité ? De nombreux philosophes se sont heurtés à de nombreuses difficultés en tentant de la définir. L’un d’entre eux a cependant prétendu que la vérité ne se définit pas mais se reconnaît. Lorsqu’on la rencontre, on s’exclame immédiatement : « Ah, ah [c’est bien cela] ! ». Tel est là l’un des projets de la ‘hassidout, nous amener à chercher et retrouver cette vérité profonde que cachent un nigoune, une parole de Torah ou de téfilla.

Le 19 Kislev est aussi désigné comme le Nouvel an de la ‘Hassidout. Or à l’instar de Roch Hachana qui n’est pas l’anniversaire de la Création du monde mais celle de l’homme car ce dernier en est le but ultime, la ‘hassidout existait déjà bien avant le 19 Kislev et la libération de l’Admour Hazaken. D’ailleurs, à ne D-ieu plaise, si, comme Rabbi Akiva, l’Admour Hazaken avait été condamné à mort, la ‘hassidout aurait sans doute continué son chemin. Qu’y a-t-il donc de si spécial pour que le 19 Kislev représente en quelque sorte le but ultime de la ‘hassidout ? Le fait que la dispute entre les ‘hassidim et les mitnagdim soit passée par le terrain d’un procès intenté par la cour royale avait en fait un sens plus profond. En fait, ce même procès se déroulait dans les sphères célestes qui débattaient de l’opportunité de laisser la ‘hassidout, précurseur des temps messianiques, se répandre en tout lieu. Le verdict en faveur de l’Admour Hazaken signifiait que le feu vert était donné à la ‘hassidout et aux ‘hassidim pour qu’ils se mettent en marche. « En marche, avancez toujours et encore ! », Tel est bien là le message de 19 Kislev. Et Rav Adin de remarquer : certes, la salle du théâtre est pleine à craquer et loin est le temps où il fallait soudoyer un clochard juif le vendredi soir pour qu’il vienne compléter le mynian de la synagogue ‘Habad de Paris, 17 rue des rosiers. Mais il ajouta immédiatement que cela est loin d’être suffisant : chaque ‘hassid a le devoir d’avancer plus encore, d’aller au-devant des centaines de milliers de Juifs à Paris et en France pour leur porter le message du 19 Kislev et les inciter eux aussi à rejoindre cette marche, qui n’est autre que celle en direction de la guéoula.