Cette année 5782 est une année embolismique. Aussi, notre calendrier complète cette fois treize mois. Au lieu d’un seul Adar, nous en avons deux: Adar-Richon («Premier Adar») et Adar-Chéni («Deuxième Adar»).

 

Notre calendrier juif est basé sur la lune. Celle-ci, au commencement de chaque mois hébraïque, paraît dans le ciel sous forme de mince croissant qui grandit chaque nuit jusqu’à devenir une pleine lune bien ronde au milieu du mois. En suite elle commence à décroître et finit par disparaître complètement vers la fin du mois; pour paraître de nouveau au commencement du mois suivant.

Quand la lune paraît d’abord sous forme de mince croissant, elle est appelée «Nouvelle Lune» (en hébreu Molad: naissance de la lune). Le Chabbat qui précède la nouvelle lune, nous annonçons et bénissons le mois nouveau (sauf celui de Tichri qui est béni par Dieu seul). La période comprise entre une nouvelle lune et une autre est d’un peu plus de vingt-neuf jours et demi. C’est la durée d’un mois lunaire. Toutefois, comme nous ne pouvons avoir une moitié de jour appartenant à un mois, et l’autre moitié au mois suivant, notre calendrier a été arrangé de telle sorte que nous avons des mois hébraïques comprenant tantôt vingt-neuf jours, tantôt trente. Jamais plus, jamais moins.

Voilà pourquoi nous avons parfois un seul jour de Roche-‘Hodèche, et parfois deux. Un seul, cela signifie que le mois en cours compte vingt-neuf jours. Dans le cas où il y en a deux, le second jour de Roche-‘Hodèche est le premier jour du mois nouveau, tandis que le premier est le dernier jour (le trentième) du mois finissant. Ainsi, quand nous annoncerons la nouvelle lune d’Adar-Richon (cette année), le Chabbat précédent, nous dirons : «Roche-‘Hodèche Adar-richon sera le mercredi et le jeudi; puisse-t-il nous être bénéfique!». Cette annonce nous fait comprendre immédiatement que le mois finissant de Chevat compte trente jours, et que le premier jour d’Adar-I est le jeudi qui suit.

Dans une année «régulière» nous avons six mois «pleins» de trente jours chacun, et six mois «courts» de vingt-neuf, s’alternant les uns les autres (30-29, 30-29, etc.). Ce qui nous donne un total de 354 jours dans l’année hébraïque (certaines années, nous «perdons» un jour, d’autres, nous en «gagnons» un, ce qui fait un total annuel de 353 ou 355 jours selon le cas. Il y a de bonnes raisons à ces fluctuations: celle par exemple d’éviter que Yom-Kippour ne tombe un vendredi ou un dimanche.

L’Importance des Saisons

II est, certes, important pour nous de connaître notre calendrier; c’est par lui que nous savons les dates de nos fêtes. Roch Hachanah est le premier et le deux Tichri; Yom-Kippour, le 10, et Souccoth commence le 15 du même mois. Pessa’h commence le 15 Nissan, et Chavouot, le cinquantième et cinquante et unième jours suivants (soit le 6 et 7 Sivan). Puis viennent ‘Hanouccah, Pourim et les jours de jeûne. Roche-‘Hodèche même est comme une petite fête qui comporte des prières spéciales, etc.

Les fêtes posent néanmois un problème; car la Torah nous dit non seulement quel mois et quel jour elles doivent être célébrées, mais aussi en quelle saison. Par exemple, elle nous prescrit de célébrer Pessa’h au printemps (l’époque de l’année où nos ancêtres quittèrent l’Egypte), et Souccot en automne.

Or, la Lune n’a rien à voir avec les quatre saisons de l’année. Celles-ci sont, comme chacun sait, le résultat du mouvement du soleil dans le ciel. Un jour d’été, à midi, le soleil est juste au-dessus de nos têtes et il darde ses rayons sur nous suivant une ligne presque verticale. En hiver, le soleil est bas et oblique, il ne nous réchauffe guère. Les quatre saisons occupent une année entière, laquelle est différente de l’année lunaire. L’année solaire compte 365 jours et un peu moins de six heures; tandis que l’année lunaire compte onze jours de moins.

Un Rajustement Nécessaire

Si donc nous négligions totalement l’année solaire, nos fêtes ne tomberaient pas dans la même saison d’une année à l’autre. Chaque année, elles reculeraient de onze jours. Il suffirait d’une succession de trois ans pour qu’elles soient en retard d’un mois environ sur leurs saisons respectives. En neuf ans, il y aurait trois mois de différence, et Pessa’h ne viendrait plus au printemps, mais en hiver !

Pour cette raison, nous ne devons pas laisser dériver loin l’une de l’autre les années lunaire et solaire. A intervalles nous devons les rapprocher. C’est pourquoi notre calendrier hébraïque compte un mois supplémentaire tous les trois ans environ, quand la différence de onze jours se multiplie jusqu’à atteindre un mois à peu près. Ce mois supplémentaire, nous l’ajoutons après celui de Chevat, repoussant ainsi Nissan de ce qu’il faut pour le remettre à la place qui est la sienne, c’est-à-dire au printemps. Une fois ce rajustement opéré, toutes les autres fêtes tombent quand il faut et à leur saison adéquate. Notre calendrier est vraiment un instrument merveilleux. Nos Sages qui l’ont arrangé une fois pour toutes et pour tous les temps étaient véritablement versés en astronomie et en mathématiques.

Rythme des Années Embolismiques

Quelle est la fréquence de l’année embolismique? Il faut dix-neuf ans pour ajuster l’année lunaire à l’année solaire, de sorte que toutes deux commencent presque exactement en même temps. C’est pourquoi le calendrier hébraïque est divisé en périodes (ou cycles) de dix-neuf ans. Chacune d’elles comprend sept années embolismique. Ce sont les 3e, 6e, 8e, lie, 14e, 17e et 19e.
Il est donc facile de savoir si une année quelconque est embolismique. Il suffit de diviser l’année en question par 19. Si, une fois la division faite, il reste 3, 6, 8, 11, 14, 17 ou 19 (c’est-à-dire zéro dans ce dernier cas), c’est une année embolismique. Prenons par exemple l’année: 5757, divisons-la par 19, il reste 0 (en effet, 303×19=5757). Cela signifie que nous sommes dans la dernière année du 303e cycle (depuis la Création du monde), et qu’elle est une année embolismique. Sarah AZINCOT / Loubavitch.fr