Paracha Chemini ‘La force de la matière’ par le Rav Yaakov Abergel

Paracha Chemini ‘La force de la matière’ par le Rav Yaakov Abergel

 

Il est un mouvement de l’âme du bas vers le haut, ‘Ratso‘, qui est un désir de l’âme de s’unir à D.ieu, au point même de quitter le corps. Il est un mouvement de l’âme du haut vers le bas, ‘Chov‘, de descendre, et de demeurer dans le corps afin d’y accomplir sa mission.

 

Le Rabbi enseigne que l’étude de la Torah permet d’accorder les deux mouvements de l’âme, son désir de s’unir à la lumière infinie de D.ieu, avec la Volonté de D.ieu de résider dans ce monde, qui implique que l’âme demeure et reste dans le corps.

 

Le Rabbi nous enseigne que c’est l’étude de la Torah qui possède la force d’unir les deux mouvements de l’âme. C’est pour cela qu’il est dit que le don de la Torah correspond à l’attribut de Tifereth.

 

L’attribut de Tifereth reçoit de la Sefira de Keter un reflet de la lumière infinie de D.ieu, qui lui donne la force d’unir deux contraires, l’eau et le feu, l’attribut de ‘Hessed et celui de Gvurah, le désir de l’âme de se fondre en D.ieu avec celui de se confronter à la matière physique de ce monde.

 

De fait, le service divin ne consiste pas seulement à ce que l’âme s’élève dans les mondes supérieurs afin d’y recevoir de très hautes lumières. En fait, la descente de l’âme dans un corps matériel a pour finalité une élévation considérable. C’est la raison pour laquelle dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Chemini le Rabbi met l’accent sur le fait que c’est en travaillant dans les limites de ce monde que l’on peut accéder ensuite au dévoilement du divin qui brise toutes les limites.

 

A l’époque du Temple l’âme Juive était le réceptacle de très hauts dévoilements divins. Cependant, à cette époque, les Juifs n’atteignirent pas le dévoilement de l’essence de l’âme. C’est quand, bien plus tard, les enfants d’Israël furent menacés par le décret d’Aman, qu’ils furent capables de faire don de leurs propres vies. A l’époque de Pourim les Juifs révélèrent la force de l’essence de l’âme, la soumission la plus totale vis-à-vis de l’Eternel.

 

Nous devons comprendre que c’est précisément l’exil qui fut à l’origine de ce dévoilement supérieur (par les limites on parvient à l’illimité).

 

La raison donnée par le Rabbi est que l’origine de l’obscurité est extrêmement élevée, elle n’est autre que l’essence divine.

 

Bien que la matière soit liée à l’obscurité de ce monde, du fait quelle cache la Parole divine qui crée le monde à chaque instant, il n’en demeure pas moins que son origine est l’essence divine.

 

Aussi, le dévoilement de l’essence divine dépend de notre service divin au moyen des Commandements divins (accomplis pour la plupart au moyen de ‘la poussière de la terre’, Rachi). L’importance du corps apparaît ici à l’évidence. De même que la matière cache la Parole divine, le corps cache l’âme, et son origine est encore plus élevée que celle de l’âme. C’est à ce sujet qu’il est dit ‘De ma chair (a partir des limites ) je verrais D.ieu (j’atteindrais l’illimité).

 

C’est par notre attachement au Rabbi, par son enseignement, que l’on parvient à unir le divin illimité, l’essence divine, à notre corps et aux forces limitées de notre âme.

 

Le Rabbi dévoile l’essence de notre âme, et dans ce cas notre amour pour D.ieu pour Israël et pour la Torah perd ses mesures et ses limites. C’est par les limites que l’on atteint l’illimité. C’est en agissant, l’âme dans le corps, dans ce monde inférieur, que l’on peut dévoiler le véritable niveau de l’obscurité du ‘corps’ de ce monde et du corps de l’homme.

 

C’est à ce sujet qu’il est dit que dans les temps messianiques ‘l’âme sera nourrie par le corps.

 

Très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu, il apparaîtra à nos yeux ‘la lumière qu’aucun œil n’a vue’, la Parole divine qui se cache dans le corps de chaque chose.

 

Peut-être que la beauté d’un paysage trahit un tant soi peu la présence de cette Parole qui se cache dans la nature, et nous donne un avant goût de la beauté infinie que l’Eternel délivrera lors de la venue de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu

Rav Yaakov Abergel

Paracha Béchala’h ‘Et vous m’écrirez un Chant’ par le Rav Yaakov Abergel

Paracha Béchala’h ‘Et vous m’écrirez un Chant’ par le Rav Yaakov Abergel

Dans le Dvar Mal’hout de la Paracha Béchala’h, le Rabbi rapporte un Midrach selon lequel, seulement onze étapes séparaient l’Egypte de la Terre d’Israël, mais l’Eternel détourna Son peuple du chemin le plus direct, en les conduisant dans le désert où ils séjournèrent pendant quarante ans.

 

La présence des enfants d’Israël pendant une période aussi longue et dans un lieu aussi désolé, avait pour but d’élever les étincelles divines, les lumières du monde de Tohou, qui tombèrent dans le désert au moment de la brisure des vases (Chvirat ha Kélim).

 

Le travail de purification des étincelles divines permit aux enfants d’Israël de faire pénétrer dans ce monde de manière profonde, une lumière qui au départ se trouvait au-delà de ce monde.

 

C’est à cela que se rapporte le verset (Ki Tavo, 29, 3), ‘l’Eternel vous a donné un coeur pour comprendre, des yeux pour voir et des oreilles pour entendre’. Il ne s’agit pas en effet seulement de ressentir de voir et d’entendre de manière superficielle, mais bien au contraire d’accéder à une véritable et une profonde perception du divin.

 

L’accession à ce niveau supérieur est symbolisée par le chiffre 11. Le chiffre 11, des onze étapes qui séparaient l’Egypte de la Terre Israël, est une allusion à ce qui dépasse la nature de ce monde.

 

D’une part, le chiffre 10 représente la Création du monde qui a été créé en 10 Paroles, et d’autre part, le chiffre 11 représente ce qui est au-delà de la Parole divine, et donc au-delà de ce monde. L’enseignement du Rabbi est alors le suivant.

 

Les quarantes années passées dans le désert, qui représentent le travail de purification de la matière, permirent d’attirer dans ce monde, et de manière profonde, ‘la lumière qui entoure les mondes’, symbolisée par le chiffre 11.

 

Les expressions ‘Or Makif’ ou ‘Or Sovev’ désignent ‘la lumière qui entoure les mondes’.

 

La volonté, par exemple, est une force de l’âme ‘qui nous entoure’, du fait qu’elle n’est pas présente et révélée constamment en nous-même. Nous devons en effet la réveiller, puis l’attirer, la rapprocher de nous afin qu’elle se révèle profondément et anime nos pensées nos paroles et nos actes.

 

Ce travail qui consiste à révéler une chose, au départ abstraite et qui semble nous échapper, de manière à l’intégrer de manière profonde en nous-même est aussi le principe du Chant.

 

La Hassidout explique que ‘le Chant’ avec son refrain revient toujours sur lui-même. Le chant est à l’image de ‘la lumière qui entoure les mondes’, car il est comme un cercle qui revient toujours à son point de départ.

 

De fait, le Chant, nous permet d’accéder à cette ‘lumière qui nous entoure’, Or sovev. Il nous fait remonter les niveaux de l’enchaînement des mondes.

 

C’est à ce sujet que le Rabbi nous enseigne que le Chant ‘Chirat Ha Yam’ inclut en lui les 42 élévations des voyages des enfants d’Israël dans le désert, et que ce chant nous permet de ressentir le lien et la fusion de notre âme avec l’Essence divine (symbolisée par le chiffre 11).

 

Par ailleurs le Rabbi souligne que ‘Chirat Ha Yam’ est lié au chant du roi Chlomoh ‘Chir Ha Chirim’, ‘le Cantiques des Cantiques’, que l’on appelle aussi ‘le Saint des Saints’.

 

Le Rabbi écrit que ‘Chir Ha Chirim’ représente ‘l’élévation (à partir) de la Séfira de ‘Hokhmah vers la Séfira de Kéter’. Autrement dit, cela signifie que ce Chant nous permet d’accéder au dévoilement de l’Essence de la Torah (le chiffre 11).

 

Plus encore que cela le Rabbi nous enseigne que ‘Chirat Ha Yam’ nous relie directement avec le Chant de la Délivrance, ‘Chir ‘Hadach’. En effet, celui-ci représente l’élévation la plus considérable, ‘le passage de la Séfira de Kéter à l’Ein sof béni’, l’Essence divine.

 

Par ailleurs, le Rabbi explique que le mot Chira (Chant) de l’expression ‘Chirat Ha Yam’ est du genre féminin, alors que le mot ‘Chir’ (Chant) de l’expression ‘Chir ‘Hadach’ est du genre masculin.

 

La raison est simple, ‘Chirat Ha Yam’ est écrit au féminin car bien que ce chant nous relie à la Séfira de Kéter’, il demeure cependant lié à notre exil, contrairement au chant ‘Chir ‘Hadach’ qui est le Chant de la Délivrance finale, lequel exprime la révélation de l’Essence de D.ieu dans un monde qui ne connaîtra plus l’exil.

 

La fusion avec l’Essence divine s’exprime vraiment dans la relation qui unit le Rabbi à son beau-père le Rabbi précédent. Le Rabbi lui-même nous enseigne que le Maître de ‘Habad dévoile l’essence de l’âme de celui qui se trouve dans ses quatres coudées. Combien cela est vrai. Il suffit pour s’en rendre compte d’observer une photo où le Rabbi se tient tout près de son beau-père. Il suffit d’admirer la douceur infinie de leurs regards, l’expression vraie de la lumière infinie de D.ieu qui brille dans leurs yeux.

 

Par ailleurs, sous l’inspiration de la colonne de lumière des enseignements du Rabbi, nous pouvons apporter l’enseignement suivant. La Torah unit l’esprit à la matière, elle nous permet d’unir ce monde matériel, symbolisé par le Nom divin ‘Ban’, avec l’Esprit divin, symbolisé par le Nom divin ‘Mah’.

 

Or, si nous ajoutons le chiffre 770 (l’adresse de la Maison du Rabbi, laquelle représente l’Essence de la Torah, la ‘Hassidout) à la valeur numérique du Nom divin ‘Ban’ qui est égale au chiffre 52, qui représente le travail de raffinement du corps, nous obtenons le chiffre 822, qui n’est autre que la valeur numérique de l’expression ‘Chir ‘Hadach’.

 

Puisse l’Eternel nous aider à nous attacher avec toujours plus de profondeur au Rabbi, et puisse-t-Il définitivement ‘effacer l’impureté de la terre’ afin de nous révéler Son Essence bénie, très bientôt et de nos jours avec la venue de notre Juste Machia’h.

 

Rav Yaakov Abergel